Alvaro Mutis( Colombie)

Aujourd'hui, sous un soleil de pluie j'aimerais vous présenter un des plus grand écrivain de l'Amérique latine selon moi : Alvaro Mutis

Dans la lignée presque "normale" du romantisme magique de la littérature du continent hispanique, Mutis nous livre dans " Quand Ilona vient avec la pluie" un nouvel opus de l'aventure de son Capitaine Maqroll, qui par bien des mers et péripéties ne rencontre que l'infortune. C'est l'homme dans tout son non-fonctionnement, celui qui entreprend mais que l'infortune rattrape toujours à un moment ou à un autre.

Le style est propre et lisse, proche de Marquez ( dont il liera amitié très rapidement ) et fait rêver car outre l'histoire d'un personnage comme on en fait plus, ce don quichotte des mers nous fait voyager et rire au travers ces océans d'êtres humains.

A lire, à découvrir, à partager et à commenter

Bonne lecture

éminent écrivain, j'ai lu la saga de Magroll il y a longtemps et si GDS* est d'accord, je peux envoyer un fragment, demain. C'est agréable á lire et très bien écrit.
"Abdul Bashur"rêveur de navires"

le livre que j'ai beaucoup aimé, je ne l'ai plus, ce qui me reste est un fragment, que je suis en train d'écrire et si vous trouvez le livre, n'héstez pas à le lire, vous ne serez pas décus.

"Abdul Bashur, rêveur de navires"

Le fragment

Il y a longtemps que j’ai l’idée de réunir quelques épisodes de la vie d’Abdul Bashur, ami et complice du gabier, pendant une bonne partie de sa vie, et protagoniste, nullement secondaire, d’un grand nombre d’entreprises dans lesquelles Magroll, s’engageait d’habitude avec une facilité douteuse.

Dans beaucoup d’elles, Bashur joua le rôle de sauveur, en secourant Magroll dans les moments critiques, grâce à cette patience astucieuse, qui est l’un des traits prédominants du caractère levantin. Je décidai maintenant d’entreprendre cette tâche de chroniqueur que je remettais pour plus tard indéfiniment. La raison de ma décision naquit d’un fait extraordinaire, caractéristique des changements fluctuants et surprenants, qui peuplèrent la vie du gabier.

Lors d’un changement de trains, à la gare de Rennes, quand j’étais en route pour Saint-Malo, où j’allais prendre part á une réunion d’amis, qui s’occupaient de préserver la tradition des livres d’aventures et de voyages, je manquai la correspondance et je dus attendre le train suivant, dont la destination était l’illustre port breton.

Une pluie obsédante et glacée tombait et je décidai de rester tranquillement dans la salle d’attente en lisant un livre de Michel de Bris sur l’Occitanie médiévale. Ces salles sont toutes pareilles dans le monde entier : une ambiance qui semble n’appartenir à personne, un lieu sans âme.

A suivre.

246 p. chez Grasset.

merci à vous deux, Enviedelire et Amadak, pour cette nouvelle piste.

On creusera le sillon.

Le comptoir usé, où l’on vous offre l’inévitable café insipide, au goût indéfinissable à désarroi, et les harcelantes liqueurs tord-boyaux, de la région, de la couleur et la saveur fort imbuvables.

Un kiosque, un point de journaux et de revues, vieillis de plusieurs semaines, qui n’attirent plus l’attention de personne à cause de leurs nouvelles périmées, et de leurs images locales qui manquent de goût et décolorées .Les affiches de tourisme collées aux murs, suggèrent toujours des stations balnéaires où elles montrent des pics enneigés dont le nom ne nous dit rien et qui n’invitent pas du tout la niaise prouesse de les escalader.

Les bancs toujours durs et branlants accueillent les passagers anonymes qui attendent leur train avec cette résignation fatale de celui qui a déjà perdu l’espoir de dormir chez soi cette nuit. Tout le monde se retrouve là résigné à quoi qu’il advienne. Tout à coup quelqu’un prononça mon nom, d’un coin de la salle où un radiateur à gaz avait beau de lutter contre le froid et l’humidité ambiantes.

A suivre.

Je ne vis pas qui m’appelait, entre curieux et intrigué que quelqu’un dans la gare de Rennes oú jamais j’avais mis les pieds, pût me connaître. Tout près du radiateur une femme qui gardait cette beauté des femmes du Moyen Orient assise et portant un enfant d’environ dix ans dans ses bras, me souriait, mi curieuse mi inquiète à la fois. Ses traits, son accent libanais, quelque chose dans ses gestes éveillèrent au fond de ma mémoire une vague de souvenirs imprécis.

- Je suis Fátima- Fatima Bashur, ça ne vous dit rien ? Nous nous sommes vus à Barcelone lorsque j’apportais l’argent pour faire sortir Magroll de prison, me dit-elle entre souriante et contrite.

Je me penchai pour l’embrasser sur les joues et m’assis près d’elle en murmurant une abrupte excuse ( que j’ai oubliée) pour ma vacillation à la reconnaître.

Fatima Bashur. Pourquoi souvent le hasard s’obstine-t-il à prendre l’accent d’une saisissante demande des Dieux ?

Alvaro Mutis
« Abdul Bashur, rêveur de navires »

traduire c'est trahir, ce texte je l'ai traduit de l'espagnol et je ne pense pas qu'elle soit des meilleures traductions, mais je me jette à l'eau et je fais ce que peux, parce que j'aime.

Parfait pour moi, Amadak, merci encore, ce sera mon premier texte lu d'Alvaro Mutis !

Dans ma mediathèque,

La Neige de l'amiral -- Alvaro Mutis ; trad. de l'espagnol (Colombie) par Annie Morvan 216 p.

La Dernière escale du tramp steamer -- Alvaro Mutis ; trad. de l'espagnol par Chantal Mairot, 163 p.

Ilona vient avec la pluie -- Alvaro Mutis ; trad. de l'espagnol par Annie Morvan 210 p.

j'y jetterai un oeil dès que possible, le mois prochain, par exemple

"" Alvaro Mutis

Alvaro Mutis est né en 1923 à Bogotá ,Colombie poète et romancier. Auteur de la célèbre saga de Magroll le Gabier et d’une remarquable poésie.
« la neige de l’amiral » est son premier livre d’uneº
série de sept, consacré à Magroll le Gabier.Le titre du livre se prête à confusion : c’est le nom du minable magasin de Flor Estevez, la femme qu’il aime et pour qui il écrit son journal.

Il commence ce voyage à bord d’une chaloupe en bois à moteur diesel voyageant vers l’inconnu, à la recherche de scieries dont il craint l’existence
Son équipage se compose de deux passagers d’un passé douteux, le capitaine ivre mort, le lamaneur, le mécanicien et l’indien taciturne Miguel. Tous sauf Magroll subiront une triste fin, ce qui pousse Magroll à des réflexions philosophiques sur le sens de la vie et de la mort.

« tout le malheur des hommes vient de l’espérance »
Camus

.
a`la suite la litanie de Magroll

Voici la litanie que récitait le Gabier quand il se baignait dans les eaux du delta :

la brûlure de ses chairs lacérées par les travaux les plus variés et les plus obscurs.


Agonie des obscurs

cueille tes fruits.
Peur des grands
dissous l'espérance.
Angoisse des faibles
Fleur des morts
mesure ton cours
apaise tes branches.
Cloche des mines
modère tes voix.
Orgueil du désir
oublie tes présents.
Héritage des forts
rends tes armes.
Plainte des oubliés
sauve tes fruits.


Il poursuivait ainsi indéfiniment, dans le fracas des eaux qui couvrait sa voix et dans le soir qui calmait

La neige de l'Amiral, éditions Sylvie Messinger.

Tu as raison d’être discrète sur l’histoire, Amadak, et de ne pas empiéter sur le futur plaisir des lecteurs.

Un narrateur tient un journal de bord, trouvé incidemment par Alvaro Mutis : on sait donc que ce narrateur a voulu confier quelque chose, qu’il va le faire progressivement au cours de cette expédition sur le fleuve, en compagnie de gens peu recommandables, dont il doit se méfier.

Où va-t-il ? Pourquoi nous dit-il que sa vie est jalonnée d’échecs ? Que lui réservent ses compagnons et cette aventure ?

Dis-nous si ce livre t’a plu, Amadak, je suis en cours de lecture, ça se lit facilement.

Tout le monde raconte des histoires dans ce livre : le soldat, le capitaine, le major, le narrateur… et on écoute

je pense que le narrateur c'est Mutis qui a trouvé ce journal, puis il laisse à Magroll de raconter son épouvantable voyage

Dans son journal,plein de nostalgie dans ce voyage douteux, il regrette son ami Abdul Bashur, camarade de tant de nuits tout près du Bosphore, de tant d’essais de faire fortune à Valence ou à Toulon, l’attendant peut-être et pensant qu’il était déjà mort. .Il s’étonne de comment, toujours ses décisions, à tort et travers, sont erronées dès le début, sans issue et en somme toute, serait l’histoire de sa vie.

Le livre m'a plu , bien que ce ne soit un ´récit d'aventures plus réussis par d'autres auteurs.

Il raconte ce voyage, comblé d’événements tragiques les lieux et les indigènes qu’il trouve sur son chemin, ses maladies et surtout ses rêves chimériques qui le soutiennent.

Après son nouvel échec, il retourne vers Flor Estevez et comme toujours dans sa vie, le malheur n’arrive , ne vient jamais seul : le magasin a été brûlé et rien que des ruines ne restent.

Le poids de sa détresse est infini, le sort semble
s’acharner à faire tomber ses rêves en cauchemars,
mais il doit faire face à son destin de Gabier errant.

Flor Estevez, etait la femme qu'il aimait qui l'avait soigné et la seule qui comprenne le sac d'embrouilles qu'etait devenue sa vie.

Merci Amadak d'avoir lu ce livre difficile à trouver et que tu as réussi à te procurer dans des conditions difficiles pour la lecture.

Un récit d'aventures, mais aussi d'une expérience personnelle, pour le narrateur, comme pour ceux qui l'accompagnent, et qui, par le biais de conversations ou de confidences, disent ce que fut leur vie et ce qu'ils arrivent à déchiffrer.

Remonter le fleuve Xurando, c'est pour chacun remonter plus ou moins dans sa vie, dans ses rêves personnels, savoir ce qu'ils cherchent ou vont récolter.

Chaque paysage a son importance : la forêt, la lagune, le fleuve, la Cordillère, avec ses mystères. Il serait temps de savoir ce qu'on veut avant que la mort ne vienne. Mais est-ce possible ? La mort et le décryptage de soi imprègnent tout le récit.

La scierie :

Citation :

"... un inconcevable édifice. un vague malaise s'est emparé de moi, que je tente de dissiper en écrivant ce journal afin de ne pas regarder la merveille gothique d'aluminium et de verre qui flotte, baignée dans cette lumière de morgue".

Rotko, tu sais rehausser un livre avec des reflexions et jugements que moi j'ai laissés sous silence et qui sont le noyau de l'histoire, et tout le livre est un reflet de la désespérance.

Amadak a écrit:

tout le livre est un reflet de la désespérance.

très juste, et le narrateur ne comprend pas ce que veulent lui dire les autres, il est vrai que c'est par le silence

"il était vain de vouloir les questionner. La vérité est impossible à transmettre; « vous verrez », c'est tout ce qu'en dernière instance, ils finissaient par me dire refusant plus de détails. Ils avaient raison.

Eh bien, une fois de plus, el Gaviero s'est retrouvé devant une surprise des plus insolites et des plus infructueuses. c'est sans remède. il en sera toujours ainsi".

Alvaro Mutis, la neige de l'amiral

La remontée du fleuve dure du 15 mars au 29 juin,

Le temps de voir que le but initialement poursuivi n‘en vaut peut-être pas la peine et que comptent bien plus ce dont on n‘avait pas conscience.

La Cordillère des Andes se dresse à l’horizon, devant nous, avec une étonnante netteté. Je m’aperçois que j’avais oublié les sentiments qu’elle m’inspire et à quel point elle représente pour moi un environnement protecteur, une source inépuisable d’exercices tonifiants;[…]elle explique et donne un sens à chaque heure de ma vie : « je suis de là-bas. Lorsque j‘en pars, je commence à mourir »


Flor, ma dame,[…]
J’écris quand je le peux sur des feuilles de qualité et d’origine variables, un journal où je consigne tout, depuis mes rêves jusqu’aux accidents d e parcours[…] je me suis rendu compte de la place de jour en jour plus grande que vous prenez dans ma vie, et de la façon dont votre corps et votre caractère, qui n’est pas toujours doux, régissent les tribulations et le désespoir dans lequel je trouve refuge lorsque je suis las des errances et des surprises.

1/2


On pense à des auteurs comme Conrad, B. Traven (le vaisseau des morts) ou Simenon (pour le personnage principal).

L'Alcyon est l'un de ces vaisseaux délabrés qui parcourt les mers pour de petits trafics. Il porte lamort sur sa coque, et pourtant il ne sombre pas.

L'histoire se déroule en deux temps : d'abord l'auteur raconte comment il a rencontré par trois fois (le destin ?) ce navire rouillé, et l'attirance mêlée de crainte qu'il a eue pour lui, son équipage, et sa destinée.

Puis un hasard le met en présence d'un Basque : celui-ci, au cours de nuits de navigation, lui raconte son histoire. Curieuses coïncidences ! il commandait le bateau les trois fois que le narrateur l'a aperçu !

Vision extérieure, puis intérieure, miroir dont on perce les reflets, le livre de 170 p. séduit par ces deux témoignages d'hommes des mers.

Le récit du capitaine de l'Alcyon est tressé comme un câble marin : l'histoire du capitaine, ponctuée de silences, s'entremêle avec les impressions ou compléments du premier narrateur.

Il me reste une vingtaine de pages, je me les garde, j'ai certes hâte de les lire, mais je veux une ultime pause sur le navire.

Tramp Steamer

2/2

Par ce nom, comme chacun sait, on désigne les cargos de petit tonnage qui ne dépendent d'aucune des grandes compagnies de navigation et voguent de port en port, cherchant un chargement occasionnel à acheminer n'importe où.

Entre le bateau et son capitaine, les ressemblances sont grandes, et l'histoire d'amour d'Iturri avec Warda, une des soeurs de Abdul Bashur, explique la destinée du bateau et de son capitaine.

Un bien beau récit !

Ressemblance aussi entre le bateau et le narrateur-auteur du livre !

Citation :

" Je trouvai en lui un frère malheureux, une sorte de victime de la négligence et de l'avidité des hommes, auxquelles il répondait par sa volonté obstinée de continuer à tracer sur toutes les mers le terne sillage de ses souffrances."

disparition d'un "rêveur de navires"

Álvaro Mutis était un des rares écrivains à savoir parler en termes féconds et exacts de la relation étrange qui lie un homme et son bateau, de leurs voyages avortés, de leurs dérives. Les livres d'Álvaro Mutis ne se résument pas. Il faut les lire du dedans, car aucun ne relate une expérience directe ou autobiographique.

Toutes ces errances, vécues par El Gaviero, dans des lieux connus de l'auteur, se nourrissent de récits imaginaires, aventures physiques et culturelles, faisant d'Álvaro Mutis un gabier des lettres, l'explorateur lucide d'une littérature du voyage intérieur. Álvaro Mutis portait un soin minutieux à l'écriture, à la musique de la phrase, à son rythme.

Pourquoi avoir choisi Maqroll le Gabier, un marin aventureux, comme héros récurrent ?

Citation :

En tant que chef des relations publiques de la Standard Oil en Colombie, j'avais la gestion d'un budget compliqué et j'ai détourné pas mal de fonds destinés aux dames patronnesses et autres institutions charitables. C'était le seul moyen d'aider mes amis aux prises avec la dictature militaire. Un jour, j'ai été sincèrement étonné d'apprendre que j'avais commis un délit très grave. Un ami avocat m'a conseillé de m'enfuir : ‘‘Si tu n'es pas parti dans les vingt-quatre heures, tu vas te retrouver en prison.’’

Citation :

La prison m'a permis de donner à Maqroll une présence humaine. Au début, c'était un alter ego avec plus d'expérience. Il était plus âgé que moi. J'écrivais une poésie d'un amer désespoir. Je ne crois toujours pas en l'espoir, d'ailleurs. C'est l'espoir qui fait souffrir. Ce séjour de quinze mois fut important mais non décisif. A 33 ans, j'avais déjà une philosophie personnelle de la vie. En prison, j'ai fait une psychanalyse qui a certainement marqué mon oeuvre. En prison, comme à la guerre, tout mensonge et toute illusion finissent. La vérité éclate.

tiens ! bonne idée, embarquer sur un bateau de Mutis ....