Espagne Jean Manuel Serrat "hommage à Machado"

chanson sur un poème de Antonio Machado

Caminante no hay camino, se hace camino al andar

il n'ya pas de chemin, le chemin se fait en marchant

une chanson sur ce beau poème de Antonio Machado

Tout passe et tout demeure
Mais il nous incombe, à nous, de passer,
Passer en traçant des chemins,
Des chemins sur les mers.

Jamais je n'ai voulu la gloire,
Ni laisser dans la mémoire
Des hommes ma chanson ;
Moi, j'aime les mondes subtils,
En apesanteur et gracieux,
Comme des bulles de savon.

J'aime les voir se teindre
De soleil et de grenat, voler
Sous le ciel bleu, trembler
Soudainement et se rompre…

Jamais je n'ai voulu la gloire.

Toi qui chemines, tes empreintes sont
Le chemin, et rien d'autre ;
Toi qui chemines, point de chemin,
On trace son chemin en marchant.

En marchant on trace son chemin
Et quand on regarde en arrière
On voit le sentier que jamais
On ne prendra de nouveau.

Toi qui chemines, point de chemin,
Mais bien des traînées sur les mers.

Il y a quelques temps à cet endroit
Où aujourd'hui les bois s'habillent d'aubépines
On entendit la voix d'un poète crier
" Toi qui chemines, point de chemin,
On trace son chemin en marchant "

Coup après coup, vers après vers…

Il est mort, le poète, loin du foyer.
La poussière d'un pays voisin le recouvre.
En s'éloignant, on le vit pleurer.
" Toi qui chemines, point de chemin,
On trace son chemin en marchant "

Coup après coup, vers après vers…

Quand le chardonneret ne peut pas chanter.
Quand le poète est un pèlerin,
Quand il ne nous sert à rien de prier.

" Toi qui chemines, point de chemin,
On trace son chemin en marchant "

Coup après coup, vers après vers…

(Traduit par Francisco Roa Bastos)