Cloé Korman, les hommes-couleurs

Prix du roman France inter 2010.


Ce livre a un site

Il y a des personnages mexicains dont on ne sait s'ils sont réels ou la forme humaine et actuelle de poteries anciennes.


Un pays vaguement inquiétant où rien n'est tel qu'en apparence.

L'intrigue semble être à double fond :

- en surface Georges et Florence, un couple qui dirige des chantiers immenses au Mexique.

- l'histoire est racontée, bien plus tard par Joshua Hopper qui reconstitue toute l'épopée de ce travail inutile.

Les fausses apparences :

- ce chantier officiellement pour créer un métro à Mexico ou de vagues projets ferroviaires à Minas Biancas,

- en sous-sol des marais, ou des galeries témoins de l'histoire du Mexique avec ses différentes strates dont témoignent des poteries ou des fresques.

De faux objectifs :

- Et si les projets ferroviaires ne servaient qu'à contourner la loi mexicaine pour découvrir des gisements de pétrole ?

- et si ces objectifs masqués ne servaient qu'à en dissimuler d'autres, différents selon les intervenants : la compagnie Pulman, les directeurs de chantier Gorges et Florence, les travailleurs mexicains dont on ne sait jamais les veritables intentions, pas plus qu'on ne sait déchiffrer leurs visages impénétrables ?

un extrait

Citation :

Georges dut rassembler tout ses forces pour soutenir la vue de l'éclosion hideuse : à chaque branche par dizaines, la plénitude solaire, les contours luisants, qui faisaient ployer l'arbre. Frémissant à peine sous l'effet d'une bourrasque, c'étaient des têtes humaines qu'on avait accrochées là, dont les mâchoires pendaient, souriaient d'une gratitude éternelle.

La suite

Citation :

la tête vola en mille éclats qui tombèrent doucement à travers le feuillage. Les hommes qui étaient sous l'arbre le montrèrent du doigt en riant. Ce n'était rien de grave...

Oui, le lecteur que je suis est intrigué et interessé par cette histoire insolite - et à étages, dont je viens de finir la première partie.

L'actualité rejoint l'univers romanesque de Cloé Korman.

Des archéologues mexicains ont découvert un tunnel long d'une centaine de mètres sous la pyramide de Quetzalcoatl, une des plus importantes du célèbre site préhispanique de Teotihuacan, près de Mexico.

L'équipe d'une trentaine d'experts a localisé "l'entrée du tunnel conduisant à une série de galeries sous le temple du Serpent à plumes" (Quezalcoatl)

les hommes-couleurs

Je suis étonné que ce livre ait eu le prix France-inter, d’ordinaire de lecture assez facile, car les hommes -couleurs demandent de la part du lecteur un attention soutenue.

Est-ce la manière de raconter du narrateur, qui fait du récit un labyrinthe aussi riche en déviations et bas-côtés que le tunnel du livre ?

Est-ce cette alternance entre la vue d’ensemble de cette histoire et des épisodes concrets de la vie familiale des Bernache ?

Le lecteur traverse des zones d’ombre, sur les fugues de Nino et Suzanne par exemple, pour retrouver ensuite ces personnages, si ce sont bien eux qui réapparaissent dans le récit.

De même le récit-miroir offre parfois des distorsions de la vie réelle ou des reflets/mirages qu’on suppose trompeurs.

On sort donc intéressés et intrigués de ce récit original, à la belle écriture, mais d’une facture déconcertante.

Petite remarque : comment se fait-il qu’on retrouve le même paragraphe page 296 et 309 ?