les polars : une histoire de femmes ?

Evidemment, les hommes écrivent aussi des polars, des thrillers etc., mais les femmes ont fait leur trou dans ce créneau, et elles y ont imprimé leur marque.

Ouest-France donne la parole à François Gueriff, directeur de la collection Rivages Noir Payot,

Citation :

« les romans policiers de femmes sont souvent plus noirs, insidieux, plus cruels aussi ». Pour lui, les auteures se placent du côté de la victime. « Elles fouillent davantage le profil psychologique des personnages et cherchent fréquemment à tirer une morale de leurs fables policières. »

Autre élément clé de l'écriture féminine dans le roman noir : la construction de héros plutôt éloignés des canons du genre. Enquêteur homosexuel chez Dominique Manotti, handicapé chez Elizabeth George, asocial chez Fred Vargas...

- Une écriture féminine ? les femmes auraient-elles le sens de l'intrigue ?

pour moi, c'est Oui.

- quel auteur féminin préférez-vous dans les polars ?

je n'aime guère higgins Clark ; j'apprécie patricia Highsmith et Agatha Christie, mais modérement, pour en avoir fait une surconsommation.

Elisabeth georges, fred vargas, agatha christie, c'est un peu mon trio de tête chez les femmes.

Les femmes me semblent avoir une écriture plus littéraire, pour ce que j'en ai lu, que les hommes. Elles me semblent moins dans les faits bruts, et plus dans l'analyse du relationnel entre les gens, elles sont plus subtiles. Il me semble également y avoir une épaisseur de ce qui est en dehors de l'action.
Ce que j'ai trouvé de plus approchant chez les hommes:
Tonton Clarinette de Nick Stone

Citation :

Tonton Clarinette de Nick Stone

Il n'est pas sur GDS*. Chiche que tu nous en parles

j'avais lu andrea Japp, un mauvais cru, si j'en crois ceux qui la connaissent et la disent inégale.

Ngaio Marsh, j'en ai entendu parler mais je la connais pas. 32 titres sur wikipedia. La neo-zélandaise est prolifique. Dans pratiquement chacun de ses titres : on trouve mort, crime, meurtre


L'assassin entre en scène
.La clinique du crime
Initiation à la mort

avec un petit côté mondanités

Et vous êtes priés d'assister au meurtre de
Mort au champagne

Sont-elles un peu moins gore ?
Il me semble.

Quant à Highsmith, L'inconnu du nord-express : rien à faire, je l'abandonne ! (c'est pas faute d'avoir essayé de poursuivre ! )

Une intrigue excellente, avec de belles pages de suspens psychologique, mais alors du délayage... Elle ne tient pas son récit, on se déconcentre.

C'est le défaut des Américains.

tu ne trouves pas de délayage chez les Anglaises (1) comme Elisabeth George ?

sans l'ombre d'un témoin, 919 pages chez Pocket.

(1) si l'auteur te promène dans la campagne, tu réponds que c'est la belle "campagne anglaise" avec gazon et rhododendrons

Ah la la...

Pas encore lue, celle-là.

Bon, je veux bien tenter aussi.

Je reviendrai en causer... (si j'arrive à dépasser les 100 pages !)

ah ! mais attention !
je sais qu'Elisabeth George est très appréciée par des gens très convenables, mais je n'ai pas dit que j'étais un inconditionnel d'ailleurs je ne suis pas un lecteur "convenable"

Ben, non, t'as même pas lu King !

regarde le fil King, et tu t'apercevras de la grave injustice que tu commets à "mon edgar" !

et si j'ai arrêté lisey ou titre équivalent, c'est parce que la détonation du livre qu'on referme fut pour moi un coup de grâce [Si grande est mon imagina-ti-on (diérèse)].

je ne sais pas si on peut classer ça dans les "polars"mais Eliette Abécassis a frappé fort avec QUMRAN et LE TRESOR DU TEMPLE. Elle est la seule femme écrivain a avoir réussi à me faire flipper...

le fil Eliette Abecassis existe, je l'ai rencontré sur GDS*, mais il ne mentionne pas ce titre, ce qui manque cruellement, n'est-ce pas Simon ?

Attention, Elizabeth George écrit des histoires qui se passent en Angleterre, mais elle est américaine.

En fait, s'il existe une différence d'écriture entre hommes et femmes, cela vient sans doute de l'éducation, et de nos propres clichés qui voudraient qu'une femme soit plus "sensible" ou "psychologue".

Enfin côté femme auteur, je pense à Patricia Melo, la brésilienne à l'écriture bien noire, ou encore Mildred Davis, publiée à 18 ans avec son premier roman La chambre du haut (1948). Côté français, sans hésitation une grande admiration pour Dominique Manotti, en attendant d'aller voir du côté de l'espagnole Alicia Gimenez Bartlett. Sans oublier l'italienne Simona Vinci, et puis Stéphanie Benson, et aussi Patricia Highsmith car j'ai lu un recueil d'elle plutôt excellent. Ah, et Brigitte Aubert avec l'incroyable La mort des bois, et une autre française publiée au Masque, Barbara Abel, dont je me souviens avoir lu des suspenses bien fichus.

ah, des noms nouveaux, merci ! on y butinera

on a parlé de brigitte Aubert et je conserve un bon souvenir de stephanie Benson, un meurtre de corbeaux.

L'intériorisation du drame m'avait bien plu :

Roland Vidal, veilleur de nuit dans une institution pour handicapés, découvre le cadavre de la petite Katia, étalé en travers de la route. Elle a la gorge tranchée. Quelques heures plus tard, c'est Armand dont il trouve le corps sans vie, dans son lit. Pour Roland, les deux jeunes victimes ont été assassinées, "et ça ne peut être que l'un d'entre nous". Pour le capitaine de gendarmerie, le principal suspect est forcément Roland, ex-peintre reconnu et ex-toxicomane. Roland qui va devoir rouvrir ses vieilles blessures. Roland qui a un trou noir de quelques années dans sa vie.

Sur ce thème de l'intériorisation, j'ai lu récemment Juan Jose SAER, L'Enquête dont l'intrigue est compliquée, car bifide, mais dont la première branche devrait te plaire, Caroline, car particulièrement perverse (on parle d'intrigue, n'est-ce pas ?)

Oh ben je découvre un mot, bifide. Je me demande si ça a à voir avec le bifidus
Enfin, merci pour le nom de SAER, je note d'autant plus que la littérature hispanique m'intéresse, il faudra un jour que j'explore en détail tout le fuseau qui lui est consacrée.

Caroline a cité Brigitte Aubert, française, mais me semble-t-il pas très connue. elle a pourtant écrit pas mal de choses : non seulement des romans (la morts des bois - la morts des neiges - le chant des sables...) mais aussi des nouvelles policières
autre française : Véronique Roy (Museum)
Il y a bien sûr les très classiques : Agatha Christie ; Patricia Cornwell ; Higgins Clark (mère et fille) ; Elizabeth Georges ; Ruth Rendell ; Fred Vargas
Les anglaises Georgette Heyer ou PD James ; Patricia Wentworth (décédée en 1960 mais avec une bibliographie importante)

Les femmes ont un style particulier et une approche de l'énigme différente de celle des hommes, avec plus d'insistance sur la psychologie des personnages.
J'aime bien de climat qu'elle savent instaurer.

Ceci étant j'apprécie aussi les polars masculins : Grisham, Exbrayat, Indridason, Simenon ...

Et à celles déjà citées, l'on peut rajouter, dans les "anciennes" Dolorès Hitchens Ursula Curtiss et Margaret Millar, plus récemment Maj Sjowall de Sjowall et Walhöö, puis ne pas oublier Minette Walters, irrégulière mais qui a fait de très bon polars, Amanda Cross, indispensable pour les amateurs de littérature, Alicia Gimenez Barlett, Donna leon, vraiment bien et Magdalen Nabb, indispensable...

Certaines ont des fils, d'autres n'attendent que nous !

Tchipette a écrit:

Magdalen Nabb, indispensable...

je pourrai avoir
Au nom du sang -- Magdalen Nabb ; traduit de l'anglais par Bernard Cucchi,
2010 10-18

et Meurtre à la villa Torrini -- Magdalen Nabb ; trad. de l'anglais par Jean-Noël Chatain
2006 10-18

merci pour ces nouvelles (en tout cas pour moi !) pistes.

Je viens de lire La ferme du crime d'une auteure allemande Andréa Maria Schenkel paru chez acte sud/ actes noirs. Elle a écrit deux autres romans Le bunker et Un tueur à Munich

Merci pour les noms que je ne connaissais pas

J'avais lu en son temps "soupçon " de Laura Grimaldi. Excellent triller psychologique ! Proche de Boileau et Narcejac que j'adore personnellement.

Tchipette a écrit:

Magdalen Nabb, indispensable...

je note cet écrivain que je ne connais pas du tout

Tchipette

Je ne peux que vous recommander très très vivement Sophie di Ricci qui a publié un roman noir chez Moisson Rouge : Moi comme les chiens.
Attention ce n'est pas une histoire d'enquête avec un flic dépressif, mais plutôt du bien glauque sur ce que notre société offre à la jeunesse d'aujourd'hui. Et aussi une histoire d'amour bien sombre.