Pour Lysandre

Le grand père et l’enfant




La moitié du pays, vautré dans sa bêtise
Comme un porc dans la boue, célèbre la traîtrise
Qu’une police aveugle, aux ordres du pouvoir
A tantôt accomplit. Bravo, Petit César !
Pour t’offrir le palais que tu espérais tant
On piégea un grand père, sous les yeux d’un enfant.

C’était l’heure où l’on mène les petits dans les classes.
L’heure tranquille et sereine… Et tout à coup, en masse
Débarquèrent les agents de la force civile,
Pour attraper un homme. On cru qu’ils étaient mille
Tout était préparé, et en un court instant
On piégea un grand père, sous les yeux d’un enfant.

Les témoins accoururent, hommes, femmes, parents.
Ils demandèrent des comptes, s’en prirent aux agents
Ils devinrent des rebelles, des voyous, des bandits.
Ils se mirent hors la loi, et le pouvoir en fit
Des criminels, alors qu’ils trouvaient révoltant
Qu’on piégea un grand père, sous les yeux d’un enfant.

Et ce vieillard, mon Dieu, qu’avait-il pu bien faire ?
Il vivait sans papiers, dans la plus noire misère,
Il fuyait les tyrans d’un pays assassin.
Mais, pour Petit César, il était clandestin.
Et pour le renvoyer « chez lui », discrètement
On piégeait le grand père, sous les yeux de l’enfant.

La force a triomphé des justes en colère.
Les amis de César, Bouygues, Dassault, Lagardère,
Ne crieront ni au scandale, ni à l’injustice ;
Le pouvoir et la presse, aujourd’hui, sont complices.
Et le Front National accepte en ricanant,
Qu’on piège les grands pères sous les yeux des enfants.

Notables abrutis, Racistes sans conscience,
Gens de droite prétendant gouverner la France,
Vous qui aimez tant l’ordre… Qui appelez « Justice »,
L’exécution de vos désirs par la police,
Minables, je vous hais, vous, qui trouvez si grand
De piéger les grands pères, sous les yeux des enfants

Il y a du Hugo dans ce texte !

C'est carrément brillant ....

J'imagine que ça repose sur un "fait divers", comme on dit....?

Du Hugo... Merci.
En fait, j'essaie d'écrire une version des "chatiments" version 2008, notre Divin Buveur d'eau remplaçant Napoléon le petit.

Un fait divers, en effet. Un grand père asiatique arretté devant l'école ou il conduisait son petit fils, devant le môme et les autres enfants.

oui, je me souviens de cette affaire, qui faisait suite, dans un domaine différent, à des intrusions de la police pour s'emparer d'enfants à la suite de litiges judiciaires entre des parents séparés.

Et Lysandre, l'ingrate qui ne se manifeste pas… ;-)

Pour la comparaison avec Hugo je ne sais pas, je l'ai si peu lu.
Mais ton texte Simon est en effet vraiment très bien.

Oh ! oui, Mag, tu as raison, Ysandre l'ingrate qui avait l'esprit ailleurs et n'avait pas vu la merveille que Simon lui avait pondu !
Simon c'est superbement écrit et je te remercie. Je ne t'arrive pas à la cheville, et consciente de mon insuffisance, je m'en vais m'acoiser pour apprendre de toi à écrire des pamphlets.

Allons Lysandre, tes pamphlets sont excellents. Pour le mien, je n'ai aucun mérite, Petit César rendrait talentueux n'importe quel analphabète ayant deux sous de bon sens... Tiens, en voici un autre... Ecrit il y a longtemps, mais toujours actuel :

L'idée juste


Assis dans son fauteuil, toutes lumières éteintes
Le petit homme songe à son destin immense
Forte est sa volonté de laisser son empreinte
Indélébile sur l'Histoire de la France

Cette victoire, ce triomphe tellement attendus
Les voilà qui s'échappe. Ô injustice, ô rage !
"Peuple déraisonnable, idiot et sans vertu
Tu es l'unique cause d'un douloureux naufrage.

Mon Dieu, tant d'énergie, et tant de volonté,
Tant de nuits sans dormir, et tout cela en vain ?
Ces victoires, ces conquêtes si bien planifiées
Ces oeuvres titanesques... Et tout cela pour rien ?"

Petit César médite, est ses pensées sont noires
La Puissances et la Gloire à ses mains se dérobent
Il lui faut une idée qui lui rendrait espoir
Il lui faut un agneau sur qui jeter l'opprobe

"L'apatride ! Le barbare, le métèque, l'étranger,
L'unique responsable des maux de la Nation".
Du drapeau tricolore, le Nain va se draper
Et reprendra sa route sous les acclamations

L'Egoïste est heureux, et l'Imbécile exulte,
Le raciste est aux anges, et reconstruit l'Enfer
Tandis qu'un sans papier marche sous les insultes
Et que des yeux du Juste coulent des larmes amères.

je n'aurais qu'un mot : magnifique ! digne des grands pamphlétaires des siècles passés. Méfie toi du petit césar, Simon, tu pourrais te retrouver embastillé après réception d'une lettre de cachet....