Sarah Kane

Anéantis



Un article court et intéressant d'une internaute, qui résume très bien la pièce : http://passiondeslivres.over-blog.com/article-1102901.html

Cette pièce est d'une violence extrême. A la lecture, ça va, mais je me dis que mise en scène, ça doit être terrible (quoique je suis curieuse en même temps de voir comment une telle pièce peut être mise en scène... un véritable challenge...). Si ça ne vous dérange pas, je vais éviter deciter les passages trop hard core de la pièce lol On ne sait jamais, si de jeunes yeux passent par ici...

Citation :

CATE : Imagine à quoi tes poumons doivent ressembler.
IAN : Pas besoin d'imaginer. J'ai vu.
CATE : Quand ?
IAN : L'année dernière. Quand je suis revenu à moi, le chirurgien a apporté ce morceau de cochon pourri, ça puait. Mon poumon.
CATE : Il l'a enlevé ?
IAN : L'autre est pareil maintenant.
CATE : Mais tu vas mourir.
IAN : Ouais.
CATE : S'il te plaît arrête de fumer.
IAN : Ça ne changera rien.
CATE : Ils ne peuvent rien faire ?
IAN : Non. C'est pas comme ton frère. On s'occupe de lui et ça va.
CATE : Ils meurent jeunes.
IAN : Je suis foutu.
CATE : Tu peux pas avoir une greffe ?
IAN : Ne sois pas idiote. Ils les filent aux gens qui ont la vie devant eux. Aux gosses.
CATE : Les gens n'arrêtent pas de mourir dans des accidents. Ils doivent avoir du rab.

L'un des thèmes majeurs de cette pièce, à mon sens : l'absurdité du monde.

Citation :

CATE : C'est mal de se tuer.
IAN : Non, c'est pas mal.
CATE : Dieu n'aimerait pas.
IAN : Il n'y en a pas.
CATE : Comment tu sais ?
IAN : Pas de Dieu. Pas de Père Noël. Pas de fées. Pas de forêt enchantée. Rien, putain de rien.
CATE : Il faut qu'il y ait quelque chose.
IAN : Pourquoi ?
CATE : Sinon ça n'a pas de sens.
IAN : Putain, sois pas idiote, de toute façon ça n'a pas de sens. Aucune raison qu'il y ait un Dieu uniquement parce que ce serait mieux s'il y en avait un.

Cette pièce m'a parfois fait éprouver un véritable dégoût - durant la scène de cannibalisme par exemple. Cependant, elle a su me "parler". J'ai senti que toute cette violence n'était pas gratuite, qu'il y avait bel et bien un sens derrière tout ça. Ce n'est pas le genre de pièces que je lirais tous les jours, mais je ne suis pas mécontente de l'avoir lue.

Oh mais c'est une pièce pour moi, ça Je pense que je me l'achèterai. J'aime bien les œuvres de ce type.

Je pense que rien que pour certaines répliques, elle vaut le coup. Pis, c'est une œuvre qui invite beaucoup à réfléchir. Tu peux difficilement rester passif en la lisant, si tu veux y comprendre quelque chose.

Question : ce que tu as posté est-il représentatif du style ?

C'est ras des pâquerettes, quand même.

Bon, faut voir sur scène.

Le style est bas, voire vulgaire. Ça participe de la violence du texte.
Je t'épargne le nombre de fois où l'on rencontre "putain", "connard", "enculer", etc.
Mais la violence la plus frappante est la violence scénique justement : viol d'un homme par un autre homme, fellation, cannibalisme, deux morts sur scène, etc.
Alors disons que mes citations sont représentatives du style si l'on se place du point de vue de l'écriture, mais pour le reste... ça reste soft.

J'ai beaucoup apprécié le dialogue "métaphysique" sur l'existence de Dieu; en fait, il est bref, mais il m'a semblé que toute la pièce en était imprégnée, et que même si Dieu n'est évoqué explicitement qu'à la quatrième scène (il me semble),il est présent dans toute la pièce. La violence omniprésente m'a fait penser au théâtre de Koltès, aussi...
Bon sinon, certains moments sont vraiment gores, mais comme ils ne sont pas trop détaillés, ça passe, on n'a pas vraiment le temps d'être dégoûté . Cela dit, je serais curieuse de lire un commentaire composé sur un passage de cette pièce...
Tous les non-dits, les ellipses font sens, sont parfois plus violents que les insultes ou les gestes eux-mêmes. Je pense vraiment que tout ceci sera très intéressant à étudier !

J'espère que les cours seront intéressants, car il y a matière, en effet !

J'ai lu dimanche après-midi L'Amour de Phèdre, une forme de réécriture de la Phèdre de Racine; dans cette nouvelle version, Hippolyte est devenu un gros beauf obsédé sexuel (et je n'exagère pas ) qui couche à peu près avec tout le monde, sauf avec sa belle-mère, pourtant amoureuse de lui.On y retrouve les thèmes chers à S.Kane, notamment la thématique de l'amour qui ne peut passer que par la violence et la destruction de soi-même et des autres.
C'est une pièce plutôt intéressante mais j'ai quand même du mal avec ce théâtre qui se veut provocant alors qu'au bout d'un moment, la surenchère d'obscénités (bon, cela dit, la fin n'est quand même pas drôle ) provoque le rire, ce qui n'est pas, j'imagine, l'effet recherché...

Marie kiss la joue a écrit:

bon, cela dit, la fin n'est quand même pas drôle

couic

D'ailleurs, ça me fait penser à L'Empire des sens, film de Nagisa Oshima.

"Couic" oui, tout à fait !

Il subit le même sort que le roi Edward II dans la pièce de Marlowe (oui, ce programme de comparée,et les lectures qui l'accompagnent autour, est d'une joie incroyable !). Je n'ai pas vu L'Empire des sens, c'est un peu érotiqueuh, non ? *pas de smiley pervers, dommage !*

Marie kiss la joue a écrit:

Je n'ai pas vu L'Empire des sens, c'est un peu érotiqueuh, non ? *pas de smiley pervers, dommage !*

Érotique, et même pornographique, oui. Mais c'est un grand classique du cinéma, qui passe rarement à la TV en raison de son contenu.

Ah ouais, il nous faut un smiley pervers

La bonne excuse, le "c'est un grand classique du cinéma"^^

Page Wikipédia :

Citation :

Après quelques ennuis, et grâce à la coproduction française, le film fut diffusé dans le monde entier et connut un grand succès. "L'Empire des sens" fut présenté au Festival de Cannes 1976, lors de la Quinzaine des réalisateurs.

Tu vois que c'est vrai : c'est un grand film Et en plus, c'est un DVD Arte !

L'empire des sens ah oui je trouve aussi que c'est un grand film, très beau, et très poignant !

les dialogues minimalistes de Sarah Kane me rappellent les échanges entre Vladimir et Estragon chez Beckett.

Quant à l'auteur, je suis très désireux de la lire, surtout après l'odieuse critique de Nancy Houston

:Sarah Kane,

« dont les pièces tant prisées de nos jours par les théâtres européens regorgent de meurtres, sodomisations forcées, cannibalisme et mutilations en tout genre, et dont l’acte artistique ultime a été de se pendre à l’âge de 28 ans. »

Peut-on ironiser sur le suicide d'une personne dont « l’acte artistique ultime a été de se pendre à l’âge de 28 ans.» ?

Est-un argument recevable en critique littéraire ?

C'est vrai qu'on peut les comparer, puisque Hippolyte, tout comme Ian dans Anéantis, a peur de la mort; c'est d'ailleurs ce qui justifie en partie ce besoin de violence...
Par contre, je ne comprends pas l'ironie dont parle Nancy Huston

Je viens de tomber sur ce forum par hasard.
Je vois que certain d'entre vous se demande comment cette pièce peut être mise en scène.
Je vous propose donc de venir la voir, au théâtre de Nesle
https://www.facebook.com/event.php?eid=223580244326521

je vous donne donc rdv au théâtre
charlotte alias cate ;-)

Nestor : je précise l''endroit :Théâtre de NESLES
8 rue de Nesles, paris 75006

merci de cette précision