Grain de sel - Forum littéraire et culturel
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 Crébillon fils

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Kervinia
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Kervinia


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MessageSujet: Crébillon fils   Crébillon fils EmptyVen 23 Juil 2010, 11:55

J'ai bien regardé, et visiblement, il n'existe toujours pas de fil au sujet de cet auteur. Si je me trompe, je compte sur vous pour corriger mon erreur.

J'ai lu récemment les Lettres de la marquise de M*** au comte de R***.

Crébillon fils Claude-prosper-crebillon-fils-lettres-de-la-marquise-de-m-au-comte-de-r_6179048-6179048

J'ai beaucoup aimé ! La plume de cet auteur est très agréable à lire, et j'ai apprécié le côté "pastiche" de cette œuvre, duquel découle la tendance de la marquise à se donner la posture d'une héroïne tragique, tout en disant au comte : "Arrêtez d'en faire trop." Mauvaise foi d'une femme, qui est pourtant d'une rare lucidité...

Citation :
Hé quoi ! mon pauvre Comte, vous êtes malade, et malade d'amour, le cas est singulier ! mes rigueurs vous coûteront la vie ! je ne me croyais pas si redoutable. N'allez pas vous aviser de mourir, cela me donnerait dans la postérité une réputation d'insensible que je ne mérite peut-être pas. Quelque poète chargerait votre tombeau d'une épitaphe ridicule, dans laquelle je serais injuriée ; et je ne veux pas être mêlée dans les caquets de ces Messieurs-là. (IX)

Il est à noter qu'à l'instar des Lettres portugaises, Crébillon ne nous donne à entendre que la voix de la femme ; ce livre est en somme, avant d'être une histoire d'amour, l'histoire d'un cœur, d'une conscience. La marquise se livre à son amant, et par là même au lecteur, comme elle se livrerait à son confesseur. Des confessions où perce sa volonté d'être une femme extraordinaire, trop consciente que la banalité et le ridicule empoisonnent l'aristocratie...

Citation :
Le fade marquis de ***, moitié malade, moitié amoureux, la grande mouche au front et le teint blafard, marmottant un air d'opéra, regardait languissamment la prude Mme de H***, qui, d'un air dévot et contrit, soupirait sensuellement pour le chevalier de N***, qui dans le même temps disait des fadeurs respectueuses à la fille de la bigote. (XXIX)
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troglodyte
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptyVen 23 Juil 2010, 14:11

Tu n'es donc pas du même avis que Mme du Deffand qui, dans une lettre de 1777, écrit
Citation :
Vous avez en vérité beaucoup d'esprit et de goût ; cependant ce dernier s'égare quelquefois, témoin le jugement que vous portez des Lettres de Crébillon ; j'ai voulu les relire, croyant que je m'étais trompée ; oh ! non, je persiste à les trouver insupportables ; c'est un petit esprit que cette marquise, qui se donne des airs, qui fait la jolie femme, qui n'a ni sentiment ni passion, et de la tournure des dames de Beauharnais, et de toutes nos prétendues spirituelles qui n'ont pas le sens commun. J'aimerais cent fois mieux être comparée aux héroïnes de Scudéry qu'aux bégueules de Crébillon.
Il semble qu'elle ne l'ait jamais bien aimé, puisque déjà en 1768 elle écrivait
Citation :
Vous m'avez fait relire les romans de Crébillon, ce sont les mauvais lieux de la métaphysique ; il n'y a rien de plus dégoûtant, de plus entortillé, de plus précieux et de plus obscène ;
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Kervinia
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptyVen 23 Juil 2010, 17:27

Dans le genre plus obscène, je lui propose Anéantis de Sarah Kane. Laughing

Plus sérieusement, je ne suis pas de son avis, non. J'ai eu beaucoup de plaisir à lire Crébillon. Si elle veut faire dans la psychologie, certes la marquise n'est pas une grande héroïne, elle joue plutôt les grandes héroïnes, et elle ne sort finalement du lot commun que par sa mort et le fait qu'elle devient écrivain sans l'avoir prévu. Mais est-ce un sujet de blâme ? Bien au contraire, cela va dans le sens de Crébillon, qui entend faire un pastiche. Il ne se prend pas au sérieux, et c'est en bonne partie la raison pour laquelle, à mon sens, j'ai eu si souvent l'occasion de sourire.
En un sens, Crébillon fait œuvre de moraliste ; mais la morale n'est pas "suivez l'exemple de la marquise"...
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Kervinia
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 15:02

Crébillon fils 97820710

Résumé

Ce roman se présente comme des Mémoires, celles de M. de Meilcour. A la fois roman d'apprentissage et roman d'analyse, il relate ses premières amours. D'abord sous le charme de Madame de Lursay, femme mûre amie de sa mère, il se prendra d'une vive passion pour la jeune Hortense de Théville.

Comme j'ai décidé d'être "sage" pour une fois, et surtout comme ça fait longtemps que je n'ai pas écrit quelque chose d'un tant soit peu "utile" par ici, je vous proposerai tout mon "patati patata" dans mon prochain message. Je pense même faire mon "patati patata" en plusieurs parties, car j'ai beaucoup de choses à dire... Pertinentes ou non, je ne sais pas. Ce sera à vous d'en débattre !
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 17:36

On attend ton "patati-patata" avec anticipation cheese
J'avais beaucoup aimé les "Egarements du coeur et de l'esprit" et "La nuit et le moment", j'en ai gardé une bonne impression. Par contre, ça fait tellement longtemps que je les ai lus... qu'il faudrait que je m'y replonge.
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 18:20

Moi aussi, j'ai hâte d'en savoir plus.

A propos, c'est quoi ces fameuses lettres portugaises ?

Question
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 18:39

Ce sont des lettres écrites par Guilleragues, un auteur du XVIIe siècle. On les a pendant un moment attribuées réellement à la dite religieuse portugaise ; mais déjà Rousseau, dans sa Lettre à d'Alembert, pariait qu'elles étaient forcément écrites par la main d'un homme... parce que, selon ce misogyne de première, une femme ne peut écrire aussi bien (trop aimable, ce Rousseau !). Pour paraphraser une ancienne prof : "Et il avait raison, ce sal*** !" xD

Enfin, je t'en dirai plus d'ici peu car je compte les lire demain (c'est assez court).
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 18:45

tout ce que tu dis est juste, sauf tes qualificatifs sur Rousseau.

Ces lettres d'amour sont monnaie courante au XVIIIe siecle, si bien que Gf n° 379 adjoint aux lettres portugaises les lettres d'une péruvienne etc. ce sont les chants d'amour d'un coeur blessé, les cris de douleur d'une amante délaissée.

L'identification de l'auteur des lettres portugaises comme étant guilleragues est due à Frederic Deloffre, specialiste du XVIII qui s'est fondé sur des tics de style et l'emploi recurrent de certains mots. On doit aussi à ce Deloffre (prof à la Sorbonne) des introductions pertinentes aux romans de Marivaux, et notamment à la vie de Marianne.

Dans le rouge et le noir, Julien Sorel dispose d'un jeu de lettres destinées à faire fléchir un coeur réticent, et il les envoie sans les lire, en suivant l'odre indiqué Smile
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:01

Mes qualificatifs sur Rousseau ? C'est-à-dire ?
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:06


relis-toi
selon ce misogyne de première, une femme ne peut écrire aussi bien (trop aimable, ce Rousseau !). Pour paraphraser une ancienne prof : "Et il avait raison, ce sal*** !" xD
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:16

Je me rappelle très bien l'avoir lu dans la Lettre à d'Alembert il y a quelques années, donc je ne comprends pas, et je te demande donc pourquoi tu dis ça.
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:32

Enfin, en attendant la réponse de rotko, voici mes "Patati patata" sur Les Egarements du coeur et de l'esprit de Crébillon - 1ère partie geek

Il s'agit en fait de mes notes de lecture, prises au fur et à mesure de mon avancée dans le roman. Les chiffres entre parenthèses correspondent aux pages de mon édition dans lesquelles on rencontre les différentes citations.

**************************************

Le livre s’ouvre sur ce qui apparaît comme une seconde naissance : « J’entrai dans le monde à dix-sept ans, et avec tous les avantages qui peuvent y faire remarquer. » (47)
Grande insistance, durant toute la première partie, sur l’ignorance de Meilcour en matière d’amour, mais également vis-à-vis du monde. C’est un véritable novice. Voici quelques exemples parmi tant d’autres :

Citation :
« Je désirais une félicité dont je n’avais pas une idée bien distincte ; je fus quelque temps sans comprendre la sorte de volupté qui m’était nécessaire. » (48)
« J’avais si peu d’expérience des femmes » (49)
« Quelqu’un aussi peu instruit que moi » (50)
« Jeune et sans expérience comme vous êtes » (62 ; paroles de Mme de Lursay)
« Tout, à quelqu’un plus instruit que moi, lui aurait appris combien il était aimé. Mais tous les regards tendres qu’elle m’adressait, ses sourires, me paraissaient de nouvelles insultes. » (67 ; contresens total qui prouve son ignorance)
« Elle ignorait que j’avais besoin de l’explication la plus claire. » (171)

Son ignorance est d’autant plus mise en valeur qu’il est amené à cotoyer des personnes ayant, au contraire, beaucoup d’expérience de l’amour et du monde :

  • Mme de Lursay = Il s’agit de la première femme qui l’attire. Il est persuadé d’éprouver de la passion pour elle, alors que c’est pas le cas : « Je voulais aimer, mais je n’aimais point. » Là encore, c’est son ignorance qui l’induit en erreur. Mme de Lursay est une amie de sa mère ; elle a 40 ans. Elle est présentée comme une femme d’expérience : « Elle avait étudié avec soin son sexe et le nôtre, et connaissait tous les ressorts qui les font agir. » (54) On sent cette expérience à travers ses discours. Elle dit ainsi au jeune Meilcour : « Vous cesseriez de sentir du goût pour celle qui vous en aurait inspiré le plus, dans l’instant qu’elle vous offrirait une conquête aisée. » (60) Il s’agit ici d’une sentence : elle fait la leçon à Meilcour, elle est sa formatrice. « Voilà, me dit-elle, en se remettant sur le sopha, une timidité dont je veux vous corriger. Il faut toujours la distinguer du respect : l’un est convenable et l’autre est ridicule. » (125) On constate un vrai système d’opposition entre ces deux personnages. Par exemple, à la page 55, une phrase commence par « Elle savait », et la suivante par « J’ignorais ». Toutefois, en dépit de son expérience, Mme de Lursay ne parvient pas réellement à cerner le jeune Meilcour. L’ignorance et l’inexpérience de celui-ci contribuent à brouiller son analyse. Elle lui dit ainsi qu’elle refuse de s’attacher à lui car : « Trop jeune pour vous attacher longtemps, vous vous en prendriez à moi des caprices de votre âge. » (122) Or, c’est déjà le cas... Elle fait preuve ici d’ironie involontaire. Elle peut se tromper encore davantage : « Je ne répondait à tout ce qu’elle me disait que par un sourire niais, ou par des discours mal arrangés qui ne valaient pas mieux, et ne disaient pas davantage. J’aurais fait cent fois pis que je n’en aurais pas perdu plus auprès d’elle. Ma rêverie, mes distractions et ma stupidité n’étaient pour elle que des preuves plus incontestables que j’étais fortement épris ; et je ne voyais jamais plus de tendresse dans ses yeux que quand je lui avais répondu quelque chose de bien absurde. » (114) Et lorsqu’elle comprend enfin qu’il ne l’aime plus, elle ne s’imagine pas une seconde qu’il a jeté son dévolu sur Hortense : elle le pense épris de Mme de Senanges.

  • Le comte de Versac = Lorsque le narrateur le présente, il déclare que les femmes « l’avaient mis à la mode dès l’instant qu’il était entré dans le monde, et il était depuis dix ans en possession de vaincre les plus insensibles, de fixer les plus coquettes et de déplacer les amants les plus accrédités ; ou s’il lui était arrivé de ne pas réussir, il avait toujours su tourner les choses si bien à son avantage, que la Dame n’en passait pas moins pour lui avoir appartenu. » (130) Les termes que j’ai souligné montre à quel point cet homme est un véritable expert, et qui plus est un expert particulièrement précoce, en matière d’amour et de manipulation de la cour. Il est le deuxième formateur de Meilcour. En effet, le jeune Meilcour est destiné à devenir un double du comte de Versac, qu’il admire : « Personne ne pouvait lui ressembler, et moi-même, qui ai depuis marché si avantageusement sur ses traces et qui parvins enfin à mettre la Cour et Paris entre nous deux, je me suis vu longtemps au nombre de ces copies gauches et contraintes qui, sans posséder aucune de ses grâces, ne faisait que défigurer ses défauts et les ajouter aux leurs. » (131) De plus, il participe activement à mettre Meilcour dans les bras de Senanges. Il lui dit ainsi clairement qu’il a « besoin » d’elle car elle seule peut le « mett[re] dans le monde » (239), et qu’il ne peut en conséquence se permettre de ne pas répondre à ses avances, allant ainsi à l’encontre du propre enseignement de Mme de Lursay, qui soutient que Meilcour ne peut gagner que de la honte à fréquenter une femme comme Mme de Senanges. Le comte a donc bel et bien un rôle d’initiateur, bien que cette initiation soit plus corruptrice qu’autre chose. Il le dit d’ailleurs lui-même : « Je n’ai d’autre but que celui de vous instruire. » (240)

  • Mme de Senanges = Troisième initiatrice de Meilcour – là encore, une initiatrice corruptrice −, cette femme est une coquette. « J’ai eu le malheur de [lui] devoir mon éducation » (151), avoue le narrateur. « Elle se mit en tête de me former. Terme à la mode, qui couvre bien des idées qu’il serait difficile de rendre. » (153) Lorsque Mme de Lursay déclare au comte de Versac : « Je ne la crois redoutable ici pour personne » (154), elle ne sait pas à quel point elle est dans l’erreur.


Outre cette opposition flagrante entre le jeune Meilcour et ces trois personnages expérimentés, l’insistance du narrateur sur le contraste frappant entre le Je passé et le Je présent met également en valeur l’ignorance du jeune Meilcour. Exemple : « J’avais si peu d’usage du monde que je crus l’avoir fâchée véritablement. Je ne savais pas qu’une femme suit rarement une conversation amoureuse avec quelqu’un qu’elle veut engager ; et que celle qui a le plus envie de se rendre montre, du moins dans le premier entretien, quelque sorte de vertu. On ne pouvait pas résister plus mollement qu’elle venait de le faire ; cependant, je crus que je ne la vaincrais jamais. » (66) On remarque la répétition du verbe « croire », qui souligne la distance entre les deux instances du moi : ce qui était tenu pour réel par le Je passé est rejeté dans le monde contrefactuel par le Je narrateur.

L’ironie dont fait parfois preuve le narrateur participe de cette distanciation du Je narrateur par rapport au Je raconté. Prenons pour exemple la scène où Meilcour se rend à l’Opéra, pour se consoler des duretés que lui fait subir Mme de Lursay, source d’un « extrême » chagrin et d’un « ennui » accablant. A l’Opéra, il se dit « tout entier à Madame de Lursay » (75). Et voilà qu’en un clin d’oeil, toutes ces formules perdent toute crédibilité : « Une loge s’ouvrit à côté de la mienne. Curieux de voir les personnes qui l’allaient occuper, j’y portai mes regards, et l’objet qui s’y offrit les fixa. Qu’on se figure tout ce que la beauté la plus régulière a de plus noble, tous ce que les grâces ont de plus séduisant, en un mot, tout ce que la jeunesse peut répandre de fraîcheur et d’éclat ; à peine pourra-t-on se faire une idée de la personne que je voudrais décrire. Je ne sais quel mouvement singulier et subit m’agita à cette vue : frappé de tant de beautés, je demeurai comme anéanti. » (75) Le surgissement soudain de cette nouvelle passion donne le sentiment que l’attitude du jeune Meilcour, qui se croyait passionné et désespéré, était totalement puérile. Le passage d’une passion à l’autre en deux malheureuses lignes a vraiment quelque chose d’ironique, qui confirme les propres propos du narrateur, peu de temps auparavant : « A force de me persuader que j’étais l’homme du monde le plus amoureux, je sentais tous les mouvements d’une passion avec autant de violence que si en effet je les eusse éprouvés. » (74)
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:34

On ne va pas se disputer pour çà, on est d'ailleurs hors-sujet.

Je trouve etonnant qu'on affuble un ecrivain comme Rousseau de qualificatifs dévalorisants gratuits, ("misogyne de première") à moins qu'on ne lui fasse un procès étayé sur son fil.

Mais qu'une prof de français parle en classe d'un auteur en disant "il avait raison ce salaud-là !" me paraît déplacé.
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:42

"Patati patata" sur Les Égarements du cœur et de l'esprit de Crébillon - 2ème partie


Nous sommes dans le cadre d’un roman d’apprentissage ; ignorant, le héros apprend progressivement ce qu’il doit savoir sur l’amour et sur le monde. Nous en avons un exemple dans la seconde partie du roman : « A force de disserter, nous perdîmes le fond de la question, et je la terminai en lui baisant la main, qu’elle me tendit en m’assurant pourtant qu’elle prendrait à l’avenir des précautions contre moi. / Cette menace m’effrayait ; jusque dans sa colère même, j’avais vu l’excès de sa facilité. » (145) S’il perd en ignorance, il ne gagne pas pour autant en vertu : « Je l’avouerai, mon crime me plut » (291), déclare ainsi le narrateur à la fin du roman, ajoutant peu après : « L’usage du monde ne nous rend plus éclairés que parce qu’il nous a corrompus. » (293)

Cette ignorance initiale est le propre de tout jeune homme : « Parmi les jeunes gens que je voyais, il n’y en avait pas un qui eût plus d’expérience que moi, ou qui du moins eût acquis celle qui aurait pu me servir. » (52) A ce titre, Meilcour est représentatif des jeunes hommes de son âge. Il incarne la figure du jeune premier. Crébillon fait une œuvre morale dans le sens où il fait une peinture des mœurs, et à ce titre, le fait que Meilcour ne se distingue pas des autres n’est guère étonnant. Il y a, dans ce roman, la volonté d’élucider le cœur humain, Crébillon invitant son lecteur à participer à cette élucidation (≠ leçon). Dès la préface, ses intentions sont d’ailleurs très claires : « On verra dans ces Mémoires un homme comme ils sont presque tous dans une extrême jeunesse, simple d’abord et sans art, et ne connaissant pas encore le monde où il est obligé de vivre. La première et la seconde partie roulent sur cette ignorance et sur ses premières amours. » (44)

D’une façon générale, ce roman propose au lecteur une peinture des mœurs de la noblesse de l’époque – c’est en ce sens que l’on peut parler de « roman moral », de « roman de mœurs ». Dans la préface, l’auteur nie le fait que ce roman soit un roman à clés − « Que l’on peigne des Petits-Maîtres et des Prudes, ce ne seront ni Messieurs tels ni Mesdames telles » (43) – même s’ « il est sûr qu’ils [ces portraits] seraient manqués, s’ils ne ressemblaient à personne » (43). Les personnages sont des « caractères » (43). Exemple :

Hortense = jeune fille noble et vertueuse, quoique sensible : la présentation de ce caractère nous est donné par l’intermédiaire d’un dialogue, surpris par le héros, entre Hortense et une Dame, aux Tuileries. On remarque d’ailleurs qu’à partir de la situation de Hortense, la Dame tient un long discours très général, qui prouve que Hortense est l’incarnation d’un caractère plus qu’une individualité : « L’amour dans un coeur vertueux se masque longtemps, repartit la Dame. Sa première impression se fait même sans qu’on s’en aperçoive ; il ne paraît d’abord qu’un goût simple, et qu’on peut se justifier aisément. Ce goût s’accroit-il, nous trouvons des raisons pour excuser ses progrès. Quand enfin nous en connaissons le désordre, ou il n’est plus temps de le combattre, ou nous ne le voulons pas. »

Autres exemples beaucoup plus rapides :

Mme de Lursay = figure de prude.
Mme de Senanges = figure de femme galante, de coquette : le comte de Versac dit ainsi à Meilcour que tout ce qu’il l’intéresse, c’est « une sorte de commerce intime, une amitié vive qui ressemble à l’amour par les plaisirs, sans en avoir les sottes délicatesses. » (238)
Le comte de Versac = figure de libertin.

On peut parler d’une peinture des moeurs de la noblesse également parce que le narrateur s’intéresse à la vie de cour en général :

  • Dangerosité des périodes de paix pour les nobles d’épée : « L’idée du plaisir fut, à mon entrée dans le monde, la seule qui m’occupa. La paix qui régnait alors me laissa dans un loisir dangereux. Le peu d’occupation que se font communément les gens de mon rang et de mon âge, le faux air, la liberté, l’exemple, tout m’entraînait vers les plaisirs » (48).

  • Conception que la cour se fait de l’amour : « Ce qu’alors les deux sexes nommaient amour, était une sorte de commerce où l’on s’engageait, souvent même sans goût, où la commodité était toujours préférée à la sympathie, l’intérêt au vice, et le plaisir au sentiment. / On disait trois fois à une femme qu’elle était jolie, car il n’en fallait pas plus : dès la première, assurément elle vous croyait, vous remerciait à la seconde, et assez communément vous en récompensait à la troisième. / [...] Un homme, pour plaire, n’avait pas besoin d’être amoureux : dans des cas pressés, on le dispensait même d’être aimable. » (50) Cette conception de l’amour est opposée à celle de temps plus anciens : « Si nous en croyons d’anciens Mémoires, les femmes étaient autrefois plus flattées d’inspirer le respect que le désir ; et peut-être y gagnaient-elles. A la vérité, on leur parlait amour moins promptement, mais celui qu’elles faisaient naître n’en était que plus satisfaisant, et que plus durable. / Alors elles imaginaient qu’elles ne devaient jamais se rendre, et en effet elles résistaient. » (50-51)

  • Goût de la noblesse pour le théâtre : il s’agit de l’un de ses principaux loisirs ; il permet ainsi à Mme de Lursay de trouver un sujet de conversation pour rompre le silence installé entre Meilcour et elle. Elle commente ainsi la pièce qu’ils ont vue tous deux : « J’ai trouvé dans cette pièce des endroits touchés avec art : il y a surtout une déclaration d’amour qui à mon sens est extrêmement délicate, et c’est un des morceaux que j’en estime le plus. » (58)

  • Un monde de masques : il faut savoir feindre à la cour ; c’est ce que Mme de Lursay, passée maître dans ce domaine, apprend à Meilcour, le soir où elle veut rester en tête à tête avec lui, lorsque les autres seront partis, sans éveiller pour autant les soupçons. Faisant mine d’adopter la stratégie de Meilcour, alors que l’idée vient d’elle, elle déclare : « En effet, le prétexte d’attendre vos gens est suffisant pour rester » (118). Pour faire en sorte que les autres invités partent au plus vite, elle feint alors la migraine, mais à la grande stupéfaction du jeune Meilcour, les dits invités « commett[ent] l’incivilité de ne point abandonner le jeu, et de ne la pas laisser jouir de ce repos dont elle semblait avoir besoin. » (118) Lorsqu’ils se décident enfin à partir, c’est au tour de Meilcour de tenter une feintise : « Je sortis avec tout le monde, et je feignis d’être étonné de ne trouver personne à moi dans l’antichambre. » (118) Mais lorsqu’on lui propose de le ramener, il ne sait que faire, si bien que Mme de Lursay se trouve dans l’obligation de voler à son secours : « Ne voyez-vous pas, dit-elle en souriant à ceux qui me tourmentaient le plus poliment du monde, que vous le gêneriez et qu’il ne veut pas apparemment que l’on sache où il veut aller ? Il a sans doute quelque rendez-vous. » (119) On ne masque pas seulement ses actions et ses sentiments amoureux, on masque également l’animosité que l’on peut ressentir pour telle ou telle personne, quitte à se faire des « compliments aussi faux que fades » (150). Le comte va plus loin que Mme de Lursay, dans son enseignement. Il dit ainsi au jeune Meilcour : « Il faut encore que vous joignez à l’art de tromper les autres, celui de les pénétrer. » (245) Quoiqu’il en soit, si l’on porte des masques, c’est que la cour est un théâtre. Le narrateur dit ainsi au lecteur : « Las du personnage qu’il jouait, il [le comte] se détermina à prendre congé de Madame de Lursay. » (176) De même, le dit comte, lors de sa leçon au jeune Meilcour, lui déclare : « Être passionné sans sentiment, pleurer sans être attendri, tourmenter sans être jaloux : voilà tous les rôles que vous devez jouer, voilà ce que vous devez être. » (250) On remarque ici une intéressante symétrie entre les deux dernières propositions : l’apparence devient l’essence.

  • Un monde de médisants : autre raison qui souligne la nécessité de porter un masque. Mme de Lursay signale ainsi au jeune Meilcour, lors de leur tête à tête : « Au fond, si l’on savait que vous êtes ici de mon consentement, que j’en ai lié volontairement la partie avec vous, en un mot que ce n’est pas un coup imprévu, que ne serait-on pas en droit d’en dire ? » (123-124) Mme de Lursay emploie ici une cadence mineure pour mettre en évidence la dangerosité de la situation. Les deux champions de la médisance, dans le roman, sont le comte de Versac et Mme de Senanges. Pensons ainsi à l’entrée en scène du comte : il médit ainsi sur Mme de Lursay, ce qui a pour conséquence de pousser Meilcour à vouloir se venger. Dans la seconde partie de l’oeuvre, ce même comte reconnaît que la cour est très bavarde : « Dieu sait combien de propos se tiennent sur ces petits commerces tendres si scrupuleusement voilés, et si parfaitement connus : je ne me pique pas d’être plus fin qu’un autre, et cependant rien ne m’échappe. » (141) Il reconnaît également qu’il fait partie des médisants de la cour : « L’amant arriva, l’on le reçut froidement, à peine voulut-on le traiter comme connaissance ; mais pourtant, les yeux parlèrent, malgré qu’on en eût. La voix s’adoucit : le petit homme, fort neuf encore, fut embarrassé de la situation ; et moi, à qui rien n’échappa, je sortis le plus tôt que je pus pour le dire à tout le monde. » (141)

  • Le mariage et l’amour n’ont rien à voir : on ne se marie pas par amour. Ainsi, lors de leur conversation, la Dame dit ainsi à Hortense qu’elle est « faite pour être immolée, peut-être à celui de tous que vous choisiriez le moins » (102). De plus, lorsque la mère de Meilcour se rend compte que celui-ci aime Hortense, elle est contrariée, car elle a d’autres « vues » pour son fils : « Elles n’ont pas Mademoiselle de Théville pour objet : elle n’est pas faite pour occuper votre caprice, et je ne vous conseille pas, encore un coup, de lui rendre des soins bien sérieux. » (180) Cela étant bien inscrit dans la coutume, Meilcour ne cherche pas à lutter, du moins frontalement : « Vous êtes cependant, Madame, ajoutai-je, maîtresse d’ordonner de mes démarches, et je renonce à la voir jamais, si vous croyez que je le doive. » (181)
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:45

rotko a écrit:
On ne va pas se disputer pour çà, on est d'ailleurs hors-sujet.

Je trouve etonnant qu'on affuble un ecrivain comme Rousseau de qualificatifs dévalorisants gratuits, ("misogyne de première") à moins qu'on ne lui fasse un procès étayé sur son fil.

Mais qu'une prof de français parle en classe d'un auteur en disant "il avait raison ce salaud-là !" me paraît déplacé.

Tu n'as vraiment pas le sens de l'humour ! Ma prof (qui pourtant elle-même n'avait pas beaucoup d'humour) l'avait dit en riant.

Lis ou relis La Lettre à d'Alembert, et tu verras bien qu'il y a toutes les raisons du monde de parler de misogynie. Il dit des choses sur les femmes qui sont vraiment ahurissantes. Après désolée si je suis trop occupée dans ma tite vie pour me charger de prouver avec une belle dissertation que j'ai raison. Je m'en chargerai après l'écrit de l'agreg, si ça peut te faire plaisir, mais d'ici là, je ne pense pas avoir le temps de m'en occuper.
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 19:57

"Patati patata" sur Les Égarements du cœur et de l'esprit de Crébillon - 3ème et dernière partie


L’auteur ne se limite pas aux hommes de son temps : il veut parler de l’homme en général. Il défend, dans sa préface, l’idée de romans où « l’homme verrait enfin l’homme tel qu’il est ; on l'éblouirait moins, mais on l’instruirait davantage. » (42) Comme exemple, citons cette exclamation du narrateur, qui, à partir de la situation du jeune homme qu’il a été, tire une conclusion beaucoup plus générale sur la vanité de l’être humain : « Quelle bizarrerie ! Et nous osons reprocher aux femmes leur vanité ! Nous ! qui sommes sans cesse le jouet de la nôtre, qu’elle fait passer à son gré de la haine à l’amour, et de l’amour à la haine » (266).

C’est d’ailleurs sa conception du roman idéal qui le pousse à rejeter les invraisemblances que beaucoup de romanciers se complaisent à utiliser dans leurs romans : « Le Roman, si méprisé des personnes sensées, et souvent avec justice, serait peut-être celui de tous les genres qu’on pourrait rendre le plus utile, s’il était bien manié, si, au lieu de le remplir de situations ténébreuses et forcées, de héros dont les caractères et les aventures sont toujours hors du vraisemblable, on le rendait, comme la Comédie, le tableau de la vie humaine, et qu’on y censurât les vices et les ridicules. » (préface, 41) Ce reproche transparaît également à travers les propos du narrateur lui-même, lorsqu’il relate une scène où il ne sait que faire pour aborder Hortense : « Je me rappelais alors toutes les occasions que j’avais lues dans les romans de parler à sa maîtresse, et je fus surpris qu’il n’y en eût pas une dont je pusse faire usage. Je souhaitai mille fois qu’elle fît un faux pas, qu’elle se donnât même une entorse : je ne voyais plus que ce moyen pour engager la conversation. » (105)

L’importance des sentences, dans le roman, est liée à cette volonté de peindre l’homme et les moeurs :

Citation :
« L’amant que l’on redoute le plus est toujours celui que l’on est le plus près d’aimer. » (64)
« Une passion est toujours un malheur pour une femme. » (65)
« Tout paraît passion a qui n’en a point éprouvé. » (91)
« L’amour dans un coeur vertueux se masque longtemps. » (100)

Roman d’apprentissage, roman de mœurs, ce roman est tout de même surtout un roman sur l’amour, et plus précisément, comme le dit Étiemble dans la préface de mon édition : « L’amour sous toutes ses formes, l’amour fou et l’amour goût, l’amour vénal et l’amour désintéressé, les débauches de la femme qu’on disait alors "insensible" (celle que nos sexologues ont baptisée "frigides"), les fiascos du semi-babilan et les exploits des amants inspirés. » (21) A ce titre, le roman de Crébillon nous offre beaucoup de réflexions sur l’amour et nous dépeint sans cesse l’état du cœur et de l’esprit des différents protagonistes – surtout du héros, évidemment. Il est d’ailleurs singulier que le narrateur dise, dans la seconde partie du roman : « Je passe sur les sentiments qui m’occupèrent cette nuit-là. Il n’y a pas d’homme sur la terre assez malheureux pour n’avoir jamais assez aimé, et aucun qui ne soit par conséquent en état de se les peindre. » (177) Le narrateur ne se dispense pas, d’ordinaire, de peindre les sentiments que quantité d’autres personnes ont pu éprouver.

Ce compte-rendu de l’état de ses différents coeurs et esprits peut être donné par la narration, certes, surtout pour le héros puisque c’est lui le narrateur, mais il peut également être donné par l’intermédiaire de dialogues, et à ce titre, il convient de noter l’importance considérable que Crébillon fils leur accorde.

Par ailleurs, Crébillon fils ne s’intéresse aux détails que dans la mesure où s’ils permettent de préciser l’état des coeurs et des esprits ; de ce point de vue-là, aucune nuance n’est oubliée. Pour le reste, aucune attention n’est donnée aux détails. Si l’auteur orchestre un souper, on ne saura ainsi jamais quels mets sont proposés aux convives. Les informations données doivent toujours servir à l’action. En ce sens, on peut parler d’une esthétique du dépouillement. « L’histoire est conduite avec l’économie d’une action dramatique : pas une scène qu’on puisse couper sans dommage » (31), remarque Étiemble, dans sa préface.


*******************************

Voilou, plus de "patati patata" ! Bravo et merci à ceux qui sont arrivés au bout ! chapeau
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptySam 23 Oct 2010, 20:25

je lirai tout demain, je ne connais pas Crebillon, sinon un sopha que j'ai oublié, et je serai bien content de replonger dans le XVIIIe. Merci Kervinia !
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MessageSujet: Re: Crébillon fils   Crébillon fils EmptyDim 24 Oct 2010, 09:46

Ben dis donc, quand tu te lances dans les patati-patata, tu y vas à fond ! Bravo Kervinia et merci cheers
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