Projet de roman : conseils et avis

Je travaille en ce moment à un projet de roman qui satisfasse mes intérêts pour l'histoire, la généalogie, la famille et l'écriture. Je me propose d'écrire l'histoire d'une branche de ma famille avec une base de personnages ayant existé et d'un maximum de faits réels et vérifiés. Je suis en ce moment en train de rassembler les documents (actes d'état civil, dossier militaire...) et de réviser mon histoire de France pour jalonner le récit de bouées historiques.

Deux questions pour commencer :

- Je compte écrire pour moi et pour ma famille un récit qui colle le plus près à la réalité. Pour servir de témoignage. Les personnages sont donc réels et les faits aussi. Sauf une part qui sera romancée, bien sûr : je ne peux pas tout retrouver. Dans l'hypothèse où ce bouquin serait accepté par un éditeur (on peut rêver), est-il choquant d'avoir fait revivre des personnages réels et d'avoir brodé sur leur vie ? D'autres descendants peuvent-ils s'en offusquer ? (fin du roman en 1916 avec un personnage qui a vécu jusqu'en 1950).

- Je compte couper le récit en 3 périodes. Et j'avais imaginé changer de narrateur à chaque "rupture". Première période : le père encore célibataire jusqu'à la veille de son mariage ; seconde période : la mère depuis le mariage au décès du père ; 3e et dernière période : le fils ainé de la mort du père jusqu'à son propre mariage.
Ces changements vous choquent-ils ? L'idée est-elle intéressante ou est-il préférable de garder le même narrateur (soit le fils qui conte l'histoire des siens en remontant à la jeunesse de son père, soit le père qui conte la 3e partie depuis l'au-delà, soit la mère) ?

Vos avis m’intéressent.

Est ce que les descendants peuvent s'en offusquer?
Il n'y a qu'eux qui puissent répondre.......pourquoi ne pas le leur demander, si ce sont leurs sentiments qui t'inquiètent?

Ou alors se passer de leur avis, mais vérifier si juridiquement ils peuvent te créer des problèmes. 1916, ça me semble assez lointain pour que ça n'interfère pas dans leurs vies.

Maintenant j'ai d'autres interrogations:
Est ce que ce récit, qui t'intéresse au premier chef, puisque ce sont tes racines, est susceptible d'intéresser des lecteurs qui ne sont pas impliqués personnellement?
Pour cela, il me semble qu'il faut qu'il y ait une réelle dimension historique ou romanesque. Est ce qu'elle existe, si tu colles à la réalité?

Il me semble qu'un récit, pour être intéressant, doit dépasser les souvenirs personnels (sauf si ce sont ceux de quelqu'un comme alexandra david neel), c'est à dire ne pas faire partie des récits de diction, mais des récits de fiction(notions élaborées par Jean Pierre KLEIN, psychiatrie de l'ellipse).

Le récit de fiction est symbolisé, dépasse l'histoire personnelle, pour arriver à qque chose de plus universel.

Le risque, quand on est très impliqué dans un récit, c 'est de ne pas aller au delà du plaisir qu'on éprouve à parler de ce qu'on aime.

Mais ce n'est peut être pas ton cas.
Par exemple, je trouve que Georges Emmanuel Clancier, l'a très bien réussi, dans le pain noir

Albert a parfaitement répondu.
Changer de narrateur me paraît indispensable, pour éviter la monotonie.

Merci à tous deux pour vos réponses.

1916, c'est effectivement assez lointain. Mais pas tant que ça. Un document d'état civil tombe dans le domaine public au bout d'un siècle : on n'y est pas encore tout à fait. Pour ce qui est des descendants, je ne les connais pas tous. Mon histoire concerne trois frères. Je suis issu du plus jeune qui n'a eu qu'une fille (ma grand-mère). Verdun l'a empêché d'avoir d'autre enfant. Le second fils n'a pas eu le temps d'en avoir (du moins, à ma connaissance). A cause de Verdun également.

L'aîné, pour des raisons de santé, est resté à l'arrière et à donc survécu à la boucherie de 14-18 et a engendré au moins un fils. Tous les descendants de cet enfant me sont inconnus. Ce sont eux qui pourraient trouver à redire. Au sujet de mes cousins, pas de souci de ce côté.
Une parade simple consisterait à changer les patronymes. Ou a attendre 2016.

Albert a écrit:

Est ce que ce récit, qui t'intéresse au premier chef, puisque ce sont tes racines, est susceptible d'intéresser des lecteurs qui ne sont pas impliqués personnellement?
Pour cela, il me semble qu'il faut qu'il y ait une réelle dimension historique ou romanesque. Est ce qu'elle existe, si tu colles à la réalité ?

Les faits sont anciens. Je ne pourrais probablement pas tout reconstituer. Les dates de naissance, de mariage, de décès, les noms des témoins, des employeurs... tout ceci peut être identifié. Mais le caractère des personnages, leur vie quotidienne seront plus difficile à trouver. La part romancée, destinée à souder entre eux les épisodes connus, sera donc importante. Je suis un grand amateur de romans historiques et l'Histoire (avec un grand H) sera bien sût l'un des personnages principaux de ce livre. Mais je veillerai néanmoins à ce que cette dimension historique reste en toile de fond. Je ne veux pas faire un essai sur l'histoire de France de cette époque. Ce qui m'intéresse, c'est la vie de mes personnages dans un contexte historique particulier.

Albert a écrit:

Il me semble qu'un récit, pour être intéressant, doit dépasser les souvenirs personnels (sauf si ce sont ceux de quelqu'un comme alexandra david neel), c'est à dire ne pas faire partie des récits de diction, mais des récits de fiction (notions élaborées par Jean Pierre KLEIN, psychiatrie de l'ellipse).

Le récit de fiction est symbolisé, dépasse l'histoire personnelle, pour arriver à qque chose de plus universel.

Le risque, quand on est très impliqué dans un récit, c'est de ne pas aller au delà du plaisir qu'on éprouve à parler de ce qu'on aime.

Mais ce n'est peut être pas ton cas.

Je ne te suis plus tout à fait. Dépasser les souvenirs personnels ? Pourtant, beaucoup de livres se contentent, par le truchement de leur narrateur, de conter la vie d'un seul homme. Martin Eden qu'on vient de terminer sur GDS* me semble être de ceux-là...
Mais le fait de changer de narrateur à chaque partie devrait apporter à chaque début de partie un peu de sang neuf. Le nouveau narrateur pouvant nuancer (ou contredire) ce qu'a affirmé son prédécesseur.

j'arrive un peu comme un cheveu sur la soupe mais à mon avis:
soit tu racontes vraiment des choses en citant des lieux et des noms et dans ce cas il est évident que les descendants vivants qui peuvent s'y retrouver auraient le droit de te demander des comptes

soit:
tu changes les noms et tu écris sous un pseudo.

ça n'engage que moi cet avis, mais je ne vois pas comment quelqu'un pourrait, même si la situation que tu décris a été la sienne, comment peut-il le prouver?

conclusion: si tu connais les personnes que tu vas citer préviens les ce sera mieux pour vous tous

déguise tout, porte un masque, et avance incognito !

Bravo Harelde
Quel excellent projet! Vas-y! Fonce

Il me semble que tous les romans ont une toile de fond autobiographique, surtout les premiers romans. Si tu changes les noms des personnages, des lieux, les dates, etc.. et que tu romances tout ce qu'il y a entre les épisodes réels, on n'y verra que du feu. Ensuite, tu publies sous un pseudo et personne ne viendra te chercher des poux.

Les membres de ta famille te seront peut-être même reconnaissants de raconter l'histoire de votre dynastie

Un roman français d'Andreï Makine, par exemple, c'est sûrement autobiographique.

Changer de narrateur: prends l'exemple de Belle du Seigneur d'Albert Cohen ou de Saga de Tonino Benaquista. Personnellement, j'adore ce procédé, surtout lorsqu'il s'accompagne de ruptures de style, pour souligner le changement de perspective.

Tu nous tiendras au courant, hein?

Citation :

Changer de narrateur:[...] j'adore ce procédé, surtout lorsqu'il s'accompagne de ruptures de style, pour souligner le changement de perspective.

là est la difficulté, trouver un style pour chacun, mais c'est indispensable.

Oui, oui, je vous tiendrai au courant.
J'en suis toujours a amasser les doc. J'ai commencé à réfléchir au plan que je vais suivre, mais n'ai encore rien écrit (je souhaite ne pas mettre la charrue avant les boeufs pour ne pas risquer de partir dans tous les sens).

Changer les noms, oui. Je crois que je vais le faire. Pour le reste, je ne sais pas. Car, malheureusement, les chances d'être édité sont minces. Le livre a donc plus de chance de n'être qu'un témoignage ne sortant pas de la famille. J'aimerais donc qu'on puisse s'y raccrocher avec les dates et les lieux. Vous pensez qu'il est nécessaire de tout déguiser ?

Ecrire sous un pseudo ? Pourquoi ? Je ne vois pas l'intérêt...

Il peut être édité si la dimension historique est détaillée.
C'est ce qu'attend le lecteur moyen : apprendre.

Quoique...


Si la psychologie des personnages est bien travaillée, ça retient aussi l'attention.

Bon courage en tout cas - sale période...

Crevette a écrit:

Il peut être édité si la dimension historique est détaillée.
C'est ce qu'attend le lecteur moyen : apprendre.

Quoique...


Si la psychologie des personnages est bien travaillée, ça retient aussi l'attention.

Bon courage en tout cas - sale période...

Merci !
C'est un plongeon dans un monde inconnu et pour lequel je n'ai aucune compétence particulière. Juste une forte motivation. Des moments difficiles en perspective, probablement. Mais l'exercice promet d'être passionnant !

un pseudo ne te garantit que si tu ne veux pas que l'on sache qui a écrit... sinon d'accord aucune utilité! cela dit moi j'écris avec un pseudo et cela me permet justement d'écrire parfois sur la famille ou ma vie sans que personne ne se sente concerné.

Si ton texte est long, envoie-le moi, j'ai la réputation d'éliminer 4 mots sur 5

rotko a écrit:

Si ton texte est long, envoie-le moi, j'ai la réputation d'éliminer 4 mots sur 5

Je n'ai pas encore un lourd passé d'écrivain. Mais j'ai déjà remarqué que je n'étais pas un bavard. Je suis souvent trop concis...

Tu envoies ta saga à Rotko, il en fait un haïku

mais certainement un très bon haïku.....

J'ai de nouveau besoin de votre avis de grands lecteurs et de littéraires.
J'ai réfléchi à la forme que je souhaitais donner à mon roman. Et je vois trois possibilités.

• Le roman classique, tel que je vous en parlais : un livre en 3 ou 4 parties chronologiques chacune raconter par un narrateur différents. Je suis en train de voir pour faire 4 parties au lieu de 3 (sinon, ma 2e partie sera beaucoup plus longue que les deux autres et risque de rendre le bouquin bancal). Dans ce cas, je pense qu'un des 3 narrateurs sera responsable de deux parties différentes (mais non consécutives).
  
• Un roman sous forme de journal. Un seul narrateur bien sûr, avec une date en italique en guise de sous-titre pour introduire chaque nouvelle partie. Je vois donc un style plus sec, éventuellement télégraphique à l'occasion (sans en abuser) de coups de fatigue ou de ras le bol du héros.
  
• Un roman épistolaire entre mon personnage principal et un second à déterminer. On perd la progression chronologique et les informations sont distillées au fur et à mesure que le personnage 1 se les remémore et des questions du personnage 2. Personnage 2 qui peut-être fictif et ne jamais répondre d'ailleurs. A voir.

Vers quelle forme vont vos préférences ?
Personnellement, je préfère la première solution. La seconde est sympa aussi, plus simple pour le non-littéraire que je suis. La dernière me tente moins même si je l'envisage.

C'est, à mon avis, celle que tu préfères et dans laquelle tu te sens à l'aise qui sera la meilleure.

Albert a écrit:

C'est, à mon avis, celle que tu préfères et dans laquelle tu te sens à l'aise qui sera la meilleure.

Mais justement, je crains que celle que je préfère ne soit pas celle dans laquelle je me sens le plus à l'aise...

Là ça devient cornélien! Je te proposerais bien une réponse à la Salomon, moitié/moitié, mais je ne suis pas sûr que ce soit cohérent pour un roman!

Maintenant, il me semble qu'il y a deux éléments à prendre en compte:

d'une part c'est un travail de longue haleine, si tu ne prend pas plaisir à l'écrire, tu risques de te lasser avant la fin.

d'autre part, tu as droit à l'erreur. Je ne pense pas qu'un éditeur l'attende avec une date limite. Tu peux donc commencer comme tu le sens, et puis si ça ne fonctionne pas refaire autrement!

Albert a écrit:

Là ça devient cornélien! Je te proposerais bien une réponse à la Salomon, moitié/moitié, mais je ne suis pas sûr que ce soit cohérent pour un roman!

Maintenant, il me semble qu'il y a deux éléments à prendre en compte:

d'une part c'est un travail de longue haleine, si tu ne prend pas plaisir à l'écrire, tu risques de te lasser avant la fin.

d'autre part, tu as droit à l'erreur. Je ne pense pas qu'un éditeur l'attende avec une date limite. Tu peux donc commencer comme tu le sens, et puis si ça ne fonctionne pas refaire autrement!

Tu as raison...
Vais suivre mon idée (la solution 1).
Si d'autres grains ont un avis...