Le je-m'en-foutisme élevé au rang de tradition

J'espère que vous me pardonnerez, mais je me contente de vous reproduire un article datant du début du mois de mai. Cela rejoindra peut-être le débat engagé sur les grandes écoles...

Citation :

En 2008, l'École Normale Supérieure de Lyon initiait une nouvelle tradition de concours à dimension humaine : un vice de procédure obligeait certains candidats à repasser l'épreuve orale de culture générale. On entend encore les latinistes chevronnés de l'école scander dans les couloirs de la sacro-sainte institution : « errare humanum est ! ». Le dérangement fut considérable pour des candidats qui avaient consacré les deux – voire les trois – dernières années de leur vie à préparer ce concours des plus éprouvants, mais, soit, l'erreur est humaine.

En 2009, la même école, réputée pour son incroyable propension à se renouveler, faisait migrer l'humanité de son concours vers l'épreuve de littérature, portant sur une oeuvre de Diderot : plutôt que de s'en tenir au texte original, le jury trouvait de meilleur goût de remplacer l'expression « multiplication de soi » par « explication de soi ». Soit, les moyens de communication actuels ne permettent pas de vérifier aisément la concordance du sujet avec le texte d'origine, et puis, l'erreur est humaine.

Toujours en 2009, l'école annonçait, un mois après la fin des épreuves écrites, que celle de géographie était annulée, et devait donc être repassée, à cause d'une « erreur humaine dans la phase de réception des copies ». Pour cause, un des correcteurs avait eu l'idée géniale de manifester son humanité en perdant une copie. Idée qui obligerait 3200 candidats, déjà partis en vacances pour certains, à repasser l'épreuve de géographie et à prendre en charge tous les frais (transport, alimentation, etc.) que cela implique. Pour le coup, l'erreur commençait à devenir une habitude trop récurrente de l'humain.

La semaine dernière, l'épreuve de littérature de la session 2010 – cette fois, commune aux deux Écoles Normales Supérieures – n'a pas eu à rougir de son aînée, les membres du jury ayant décidé de remplacer le terme d'« affection » par celui d'« affectation ». A leur décharge, les réductions d'effectifs mises en œuvre dans l'éducation nationale et les quelques mois mis à leur disposition pour préparer le sujet ne les mettaient pas dans les meilleures conditions pour s'assurer que les deux lignes qu'il contenait ne recelaient aucune coquille. Mais l'erreur commence à devenir sérieusement inhumaine pour les candidats.

Nous ne doutons pas que les correcteurs et organisateurs de ce concours, tous issus de l'élite intellectuelle de la nation, soient de fervents réformistes, mais il faut qu'ils sachent que les préparationnaires ne leur en tiendront pas rigueur si, par le plus pur des hasards, ils décidaient d'en revenir à un concours traditionnel, où l'humanité serait écrasée sous le poids de l'institution, réduite à ne pas s'exprimer. Bien sûr, les humbles étudiants qu'ils sont ne sauraient critiquer ces éminents professeurs dans leur folle entreprise de modernisation des textes de la tradition, mais ils aspirent à une stabilité d'au moins un an, entre l'annonce du programme et le passage des épreuves. Du reste, s'il s'avérait que les correcteurs, harassés par toute une vie de travail, ne pouvaient se retenir d'aller corriger leurs copies sous un climat plus estival, ils sont priés de ne pas emporter sur la plage l'aboutissement d'une année entière de travail, au risque de le voir emporté par le mistral.

Lorsque nous auront convoqué la crise économique, le réchauffement de la planète et le décès brutal de Roland Barthes en 1980, dont aucun correcteur ne s'est encore remis, quelles nouvelles excuses nous permettront de justifier le désœuvrement de ces chers humains ? Il est malheureusement à craindre que la Terre ne puisse soutenir un rythme de catastrophes équivalent à celui des « erreurs humaines » de l'École Normale Supérieure.

ouais, pas très brillant tout ça !
malheureusement les perles et coquilles de toutes sortes font partie du quotidien des examens et concours, et n'épargnent pas les plus modestes : BEPC, bac sont pas mal lotis aussi.

On ne parle pas non plus des erreurs de transcription de notes (sans parler des corrections elles-mêmes !).

Je sais qu'il y a des dactylos specialement formées et employées pour taper très vite les résultats de concours.
Mais elle sont aussi humaines et "errare.." (air ou er connu)

Ca me fait penser à un très cher secrétariat, qui chaque année me fait vivre des cauchemars...

Quant au CAPES, pour l'épreuve d'espagnol (que je n'ai heureusement pas eu), ils ont eu l'excellente idée de mettre un texte qui était déjà tombé il y a peu ! xD Résultat, les étudiants concernés ont dû la recommencer. Faut vraiment être con.