alphonse de Lamartine

Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyre ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.

Alphonse de Lamartine

Petite histoire vraie : il y a quelques années, je me trouvais assis sur le banc de pierre dans le parc à l'arrière du château de Lamartine à Saint-Point (71). Il faisait beau, un peu frisquet. Je rêvassais à la place du poète, pensant à lui, à Hugo et autres visiteurs célèbres. Tout à coup, alors que le ciel était tout bleu, il s'est mis à neiger. Emotion à avoir des bouffées de larmes joyeuses.

Au retour, touché par la "grâce", j'ai lu "Jocelyn" d'une seule traite en chantant les milliers de vers.

Et n'ai pas été interné depuis.

L'isolement


Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "


c'est un extrait qui annonce le theme du mal du siecle,un theme cher aux romantiques. lamartine pleure sa femme morte et trouve dans la nature une consolatrice.

bhhhhhhhhhh! vous n'aimez pas Lamartine dans ce forum

SHM a écrit:

bhhhhhhhhhh! vous n'aimez pas Lamartine dans ce forum

Si, si ; j'ai ses oeuvres poétiques complètes sous la main.

Voici le château de Montculot où il a écrit une partie de son oeuvre :

C'est que forme poétique ample, à laquelle on peut être plus ou moins sensible, voir les titres harmonies poetiques et religieuses.

Je n'en raffole pas, sinon ponctuellement, car il me donne parfois l'impression d'habiller du vide.

SHM, on t'attend toujours (c'est une invitation) pour une lecture commune, par exemple d'une nouvelle de Balzac ou d'un chronique de Stendhal.

rotko a écrit:

Je n'en raffole pas, sinon ponctuellement, car il me donne parfois l'impression d'habiller du vide.

Idem. Un grand poète, mais un peu trop pompeux pour moi. Ce n'est pas le romantisme que je préfère...

Trop pompeux pour moi aussi...

SHM a écrit:

bhhhhhhhhhh! vous n'aimez pas Lamartine dans ce forum

J'aime beaucoup ce poète également, en particulier le poème Pourquoi mon âme est-elle triste ? En voici un court extrait :

Et qu'est-ce que la vie ? Un réveil d'un moment !
De naître et de mourir un court étonnement !
Un mot qu'avec mépris l'Etre éternel prononce !
Labyrinthe sans clef ! question sans réponse,
Songe qui s'évapore, étincelle qui fuit !
Eclair qui sort de l'ombre et rentre dans la nuit,
Minute que le temps prête et retire à l'homme,
Chose qui ne vaut pas le mot dont on la nomme !

Et qu'est-ce que la gloire ? Un vain son répété,
Une dérision de notre vanité !
Un nom qui retentit sur des lèvres mortelles,
Vain, trompeur, inconstant, périssable comme elles,
Et qui, tantôt croissant et tantôt affaibli,
Passe de bouche en bouche à l'éternel oubli !
Nectar empoisonné dont notre orgueil s'enivre,
Qui fait mourir deux fois ce qui veut toujours vivre !

Oh que si !.... je l'ai aimé quand j'avais 15 ans ! à en savoir des pans, des poèmes entiers que je me récitais en marchant seule dans les allées des jardins du collège. Romantisme, quand tu nous tiens.

Ysandre a écrit:

je me récitais en marchant seule dans les allées des jardins du collège.

entraînant, à ma suite, une armée de soupirants promis aux grands naufrages des coeurs ♪♫♪♫

Ne serait-ce pas le "joueur de flûte de Hamelin" ??

rhoooooooooooooooooo ! les moqueurs ! les persifleurs et autres drôlissous !!!
surtout pas Hamelin ! il y aurait eu trop de monde pour une petite Ysandre

Prince d'Aquitaine a écrit:

Ne serait-ce pas le "joueur de flûte de Hamelin" ??

oui, et les exemples ne manquent pas, dans la littérature , d'hommes suivant une femme aperçue dans la rue : c'est le superbe début de Ferragus de Balzac.

Quant aux femmes entraînant les hommes à leur perte, depuis les sirènes de l'Odyssée, en passant par la lorelei, on voit qu'Ysandre, chantonnant du Lamartine dans les parcs, se situe dans une belle tradition littéraire

,Koâ ? je me branche en vitesse sur internet, et.... qu'asperge ? je mène les hommes à leur perte en leur chantonnant du Lamartine dans un parc ?!
mais sire Rotko je suis innocente ! je le jure !
ohé les Grains, ne le croyez pas ! je suis un lémurien blanc comme neige ! une sorte d'isatis.....
sire Rotko, sur la plage ou le pré, vous m'en rendrez raison si vous persistez en cette voie !

Citation :

si vous persistez en cette voie !

je retire mes mauvaises paroles

je n'en attendais pas moins de votre mansuétude, mon doux sire
mais.... il me vient une idée ! et si je marchais sur la plage en déclamant du Lamartine, à c't'heure ?
l'est jamais trop tard pour... mal faire