l'art devenu mercantile , monnaie d'échange, spéculation ?

Ce matin j'apprends qu'un tableau de Pablo Picasso est vendu à
106,4 millions de dollars… Telle est la somme qu’un acheteur a déboursé pour s’offrir un tableau de Picasso, « Nu au plateau de sculpteur », lors des enchères chez Christie’s à New York.

"L'art est devenu un investissement rentable qui permet de réaliser des bénéfices en peu de temps. Et même s'il y existe encore des exceptions, les mécènes traditionnels et les collectionneurs amoureux de la beauté artistique laissent la place à des investisseurs purement mercantiles qui convertissent la peinture et la sculpture en de simples valeurs d'échange. Il est même devenu fréquent que des oeuvres achetées à prix d'or disparaissent de la circulation pendant des années. Le public, qui ne peut alors pas en profiter, doit se résoudre à assister avec impuissance à ces manoeuvres mercantiles".

Mise t-on sur l'oeuvre d'art comme sur une pouliche pur sang pour en faire un trésor de guerre?
Et les autres ceux qui pratiquent" l'art caché "quelle est leur valeur marchande?
Ahurissant!

Une petite histoire de l'art ne me semble pas inintéressante, on y va (j'ai un petit quart d'heure de libre^^) ?

Partons du Moyen-Age ou l'œuvre d'art n'existe pas, c'est un produit artisanal comme un autre, c'est un objet utile, d'ailleurs un peintre n'est pas un artiste mais un exécutant.

Citation :

"C'est le simple exécutant d'une commande et qui recevait d'un maitre, prêtre ou prince, le projet de l"ouvrage... il incombait seulement aux peintres de mettre en œuvre "l'ars", c'est à dire les procédés techniques qui permettent de fabriquer correctement la commande"

Georges Duby, Art et Société au Moyen-Age

L'invention de l'oeuvre d'art est un phénomène "récent" (Pierre Bourdieux, Hans Belting, Victor Stoichita), elle date du 17ème siècle et est le produit de 4 rencontres:
- Les artistes
- Les commanditaires ou acheteurs
- Les spectateurs
- Les lieux consacrés à l'amour et observation de l'art ( galerie, salon, Cabinet...)

On doit beaucoup au protestantisme quand à la naissance de l'œuvre d'art. En effet, pour les protestants, l'image ne peut servir d'intermédiaire entre le fidèle et Dieu, toute une série d'œuvres vont donc quitter les édifices religieux et se retrouver sur les marchés (à coté des produits artisanaux) et donc aussi dans la sphère privée.

On va alors peu à peu passer de l'imago théologique à l'œuvre d'art des collectionneurs et connaisseurs.


Sinon, pour en revenir aux propos de Soussou, il y a quatre catégories d'acheteurs d'œuvres d'art aujourd'hui (qui recoupent pour certains tes propos):
- Les amoureux de l'art qui vibrent devant les œuvres.
- Ceux qui cherchent une valeur refuge (comme l'or).
- Ceux qui font un placement à court ou moyen terme. Soit acheter pour revendre avec plus-value soit essayer d'avoir le maximum d'œuvres d'un artiste pas encore très connu et attendre sur sa mort pour voir le prix des œuvres grimper en flèche.
- Ceux qui veulent impressionner. Invitent des amis, des relations et veulent se faire passer pour des connaisseurs ayant des œuvres rares.
D'ailleurs, je ne sais si vous savez mais les musées louent, parfois juste pour une soirée, un certain nombre d'œuvres à des particuliers. Lesquels font alors semblant, aux yeux de leurs invités de posséder l'œuvre et après, hop, au petit matin, ils la rendent.

Aujourd’hui l’Art n’est plus seulement l’expression de la beauté, il devient le symbole de la puissance d’un État, d’une ville ou de riches collectionneurs privés.
Cette révolution date de l’ouverture du musée Guggenheim à Bilbao. Cet événement, la construction d’un musée conçu par un architecte primé dans une région économiquement sinistrée, est un succès. Depuis, les politiques font appel à des architectes emblématiques pour concevoir des musées étendards de leurs ambitions, souvent au détriment des oeuvres présentées.
Le coût de ces prouesses architecturales laisse les institutions exsangues pour l’achat d’oeuvres nouvelles, et les collections privées deviennent plus importantes que celles des musées. François Pinault et Bernard Arnault sont-ils prêts à jouer les mécènes contre quelques avantages fiscaux ? Les jeunes artistes, que ces tycoons adulent, bénéficient-ils de cette nouvelle donne ? Une chose est sûre, sans un vrai partenariat entre le privé et le public, l’Art contemporain risque de rester confiné dans une bulle élitiste.
L’Art et l’argent, l’architecture et le pouvoir, ces liaisons dangereuses sont au centre de ce livre où l’on découvre la face cachée de ce monde feutré et fortuné qui va devoir survivre à la crise financière.

L'art et l'argent de François Bourgineau.

Les oeuvres d'art deviennent une valeur refuge.

Les livres de Raymonde Moulin sont très intéressants pour comprendre la naissance et les enjeux du marché de l'art.

J'ai acheté le dernier "questions internationales" consacré à l'art dans la mondialisation.

"L'argent c'est le Diable, vade retro Satanas"
" Dans le Bon Vieux Temps, comme disait ma grand-mère, on faisait de l'art pour l'art, aujourd'hui ça n'est plus qu'un vil marché"
C'est tout ce que dit le livre de François Bourgineau, qui ne sait rien de rien sur l'histoire ni sur l'art. Ignorantus, ignoranta, ignorantum (j'abuse du latin, là).
Heureusement que Merwyn est passé pour remettre un peu les pendules à l'heure.

Le portrait de "Jeanne Hébuterne (Au chapeau)", muse et amante de Modigliani de 1917 à 1920, avait été estimé entre 16 et 22 millions de livres pour cette vente dédiée à l'art impressionniste et moderne.

une paille!

les oeuvres d'art se marchandent comme les pouliches d'écuries