Lucian Freud

au Centre Pompidou du 10 mars au 19 juillet 2010


La singularité du travail de Lucian Freud tient en grande part au traitement minutieux et quasi obsessionnel du portrait et du nu fondé sur une approche absolue du métier de la peinture. « Je veux que la peinture soit chair (…) » ou encore « Pour moi le tableau est la personne » dit-il... Le modèle est observé dans le monde clos de l'atelier, laboratoire du peintre.

Il est le petit-fils de Sigmund Freud.

Citation :

je ne sais pas quoi dire devant une telle puissance picturale .on n'a pas besoin de "médiateur(ses) pour apprécier ou pas d'ailleurs

m'écrit un grain timide.

Lunettes rouges - qui tient un blog très frequenté, est partagé :

Sans aller jusqu’à l’outrance langagière des règlements de compte de certains critiques (au Monde ou dans Beaux-Arts), je ne vois pas comment on peut encore apprécier aujourd’hui ces procédés répétitifs, ces effets de perspective, cet académisme décadent, ce cabotinage (le film en fin d’expo est incroyable).

Et pourtant j’avais été séduit il y a quelques années par telle ou telle toile vue dans des expositions collectives ou des collections de musée, mais la juxtaposition d’une centaine de tableaux ici est trop révélatrice.

Et pourtant j’y reviens, je reste longtemps devant ces toiles, devant ces nus monstrueux, ces murs maculés, ces tas informes de chiffons et, sans vraiment comprendre pourquoi, je ne peux m’en détacher.

Je suis totalement en accord avec l'article de ce blogueur, sauf que je n'éprouve aucune fascination pour ces corps grotesquement déformés, à la limite de la décomposition, dont l'enveloppe paraît ne pas pouvoir contenir les chairs ... Grand-papa Freud aurait eu du boulot pour analyser et expliquer la morbidité de l'oeuvre de Lucian ... :cho:

J'ai vu l'exposition.

Je ne suis pas apte à juger de la qualité de la peinture. L'impression d'ensemble est triste, à l'image du décor de son atelier.

le tableau two wrestlers(deux lutteurs) oriente le regard sur un évier avec un robinet qui fuit. Dans la glace on voit seulement le bas du corps des deux hommes. La chair est triste dans presque tous les tableaux.

Lucian Freud s'explique dans un film : il peint sans ses conceptions, tel qu'il ressent le monde. Ce n'est pas rassurant ou jouissif !

Quelle opinion intéressante !

J'ai ressenti l'inverse de toi !

Une sensation de vie intense, à travers les chairs flasques, une vibration, un souffle !

Et ce tableau du peintre lui-même qui évoque comme un homme préhistorique, surgissant du chaos primordial, nu avec ses grosses chaussures. Un vrai choc !

Certaines carnations sont nacrées...

Certes, il capte l'animalité humaine, la pulsion, la fugacité mais quand même, tout cela est si animé ! L'âme frissonne sous ces montagnes de chair (ou pas d'ailleurs, car il y a aussi des corps étiques).

Triste ?

Humain.

Et que dire des tableaux de son jardin, avec ce travail végétal presque à la Van Eyck !

J'en suis ressortie transportée...

Pour moi, un immense, immense artiste.

On sent une grande réserve dans ses yeux bleus...


Il paraît qu'il est venu discrètement voir l'accrochage.

Que n'y étais-je pas...

Le tableau two irishmen m'a aussi paru triste.

L'un des deux hommes est assis, l'autre, plus jeune, debout derrière la chaise, et semble nous regarder en saisissant bien que l'homme assis, fatigué, ce sera lui plus tard.

Les mains sont aussi importantes que les visages dans ce tableau. Quant à l'effet produit, ma foi, je l'ai ressenti ainsi.

Bien différent des tableaux de Delacroix, Gericault ou Chasserieau, à la maison de Victor Hugo.

Là-bas, la chair lumineuse de Cabanel donne l'impression d'être trop lisse et irréelle.

Ah oui, je ne nie pas la lassitude de certains personnages.
Mais quelle maestria est nécessaire pour la suggérer !
Je me demande s'il n'y a pas derrière tout ça une grande compassion pour l'humanité...

La maison Victor Hugo, j'aimerais trouver le temps, mais ils ferment tôt le soir.

Es-tu allé voir Proust ? (au MLM)

Non, je suis passé chez Kitano.

Two Irishmen in W11, 1984-1985


Two Irishmen in W11 est peint en 1984. La composition s’avère dynamique dans l’étrange va-et-vient qu’elle instaure, entre le centre du tableau et sa périphérie. Il s’agit d’un double portrait, où le visage inexpressif du personnage assis occupe le centre du tableau.
Pourtant, sa position centrale ne parvient pas à le rendre essentiel. Son regard détourné, comme celui absent de son jeune compagnon, nous pousse vers la fenêtre. Un peu comme dans un ascenseur où la proximité empêche de se dévisager, on cherche une issue. On la trouve en haut à gauche. Ce qui nous y attend n’est autre qu’une plongée vertigineuse dans le réel.
La représentation minutieuse de la ville contraste avec les grands coups de brosse horizontaux employés pour peindre le parquet. Rejetant les règles communes pour générer l’effet de profondeur, Freud exécute de manière expressive l’avant-plan et choisit de détailler l’arrière-plan.

La persistance de la vue extérieure et le déséquilibre provoqué par l’excès de détails nous oblige à revenir à l’intérieur, avec l’impression cette fois-ci de parcourir un tableau connu. Le dénouement se trouve dans deux petites esquisses de visages posées contre le mur. Deux fragments, comme pour souligner l’échec du regard comme élément central du portrait. Ce que dit la composition n’est autre que l’impossibilité de se concentrer sur un visage, surtout quand la ville à l’arrière nous appelle.

Two Japanese Wrestlers by a Sink, 1983-1987

Il a fallu cinq ans, de 1983 à 1987, pour que soit réalisée cette toile de taille moyenne. Il s’agit de l’évier de l’atelier W11 de Notting Hill, peint de nuit. L’architecture du tableau, notamment la façon d’arrêter le cadre sur le bord de l’évier, évoque un cadrage photographique. L’effet est renforcé par le choix d’excentrer aussi bien les lutteurs que les robinets.

Cette nature morte est une tentative réussie de représenter du mouvement. L’eau coule des deux robinets à la fois, et le regard s’aventure à suivre le fil d’eau jusqu’à son évacuation. Freud choisit de peindre un élément fuyant. Il lui oppose l’immobilité de l’image des lutteurs. Ce contraste entre le fil d’eau et la position figée des lutteurs crée un étrange effet de vitalité. L’eau représentée échappe à sa condition de représentation du simple fait d’être confrontée à une représentation d’image.

Si l’image de l’eau qui coule diffère une fois de la réalité, l’image des lutteurs s’en écarte doublement, puisqu’il s’agit de l’image d’une image. Cette échelle interne d’adéquation au réel augmente la vraisemblance du double fil d’eau.

Le point de convergence ultime entre la réalité du tableau et celle du monde est peut-être la saleté au fond de l’évier. Les tons marrons qui ont servi pour la représenter sont les mêmes qui maculent le véritable évier. Il s’agit des mêmes pigments. Comme pour les taches sur les murs reprises dans certains tableaux, la saleté de l’évier opère comme un point d’identité absolue entre notre réalité et celle du tableau.

Une citation de Lucian Freud dans l'exposition "Pour moi, le vrai voyage s'accomplit en profondeur."

J'ai eu l'impression que chaque tableau était une allégorie de la lutte entre la pulsion de vie et la pulsion de mort.

Selon sa sensibilité, ou le moment où on le regarde, on est peut être plus sensible à l'un ou à l'autre.
Je dois dire que j'ai apprécié cette exposition, même si certaines œuvres semblent très morbides, parce que finalement, c'est l'impression d'une grande vitalité qui m'est restée.

Je ne sais pas si les psychanalystes pourraient exposer ces oeuvres dans un cabinet ?
un peu trop morbide en effet. Quoi que ce serait peut etre un bon sujet de discussion entre le patient et l'analyste.

après la psychothérapie, l'art-psychothérapie : why not ?

henri a écrit:

après la psychothérapie, l'art-psychothérapie : why not ?

L’Art-Thérapie est l'exploitation du potentiel artistique dans une visée thérapeutique et humanitaire.

L'art-thérapeute sait exploiter les bienfaits de l'art, ses effets relationnels et son pouvoir expressif notamment. L'art-thérapie peut aider des personnes qui ont des difficultés à s'exprimer et à communiquer.

Dans la pratique d'une activité artistique, on met en place une suite de mécanismes, on observe, on écoute, on réfléchit, on éprouve l'envie de faire, on exprime un style, on communique des idées, sa personnalité, ses goûts. Tout cela est donc exploitable pour amener une personne à atteindre l'objectif thérapeutique défini au préalable (diminuer de l'anxiété, améliorer l'estime de soi, se projeter vers l'avenir

Wiki dixit.

Il y a deux écoles d'art thérapies sur Paris, l'une universitaire et liée à Sainte Anne, l'autre est celle de jean Pierre Klein (ou était? je n'ai pas trop suivi l'actualité!)
Le diplôme d'art thérapeute existe, mais trop souvent, on baptise art thérapie de vagues activités occupationnelles animées par des gens peu ou pas formés.
C'est dommage, parce que l'art thérapie a pour principal intérêt de ne pas passer uniquement par le verbal, et pour les personnes pour qui le verbal est difficile, c'est un moyen pour avancer.

Albert a écrit:

Il y a deux écoles d'art thérapies sur Paris, l'une universitaire liée à Sainte Anne,

je confirme : l'hopital Sainte Anne a une collection de tableaux, dessins etc très riche. In ne faut surtout pas rater les expositions de l'hopital Sainte Anne.

Lucian Freud (1922-2011)


Rétrospective sur la vie etl'oeuvre du petit-fils de Sigmund Freud : sur cette page.

le Louvre comparé à la cité interdite ? Du temps où les rois l'habitaient sans doute.
Moi, j'ai bien rigolé hier en voyant le portrait d'un empereur Chinois (j'ai oublié son nom, de toute façon imprononçable !), avec une perruque bouclée à la Louis 14.

La tronche de looser !

L'art au service du pouvoir (temporel et/ou spirituel) est aussi vieux que le monde.
Ce qui ne veut pas dire que les artistes soient mauvais.
Exemple : Charles Le Brun et Louis 14.
Rubens et Marie de Médicis.
Les effigies des rois anciens (Kushan, Goudéa, et j'en passe...)

Les grands artistes en profitent pour se moquer de leur modèle : le plus éloquent étant sans doute Goya, qui n'a pas loupé la famille de Charles IV ...
(bonjour les trombines !)

ah merci crevette de citer Goya un de mes peintres préférés dont je recherche désespérément la biographie que j'ai lue étant jeune mais dont je ne me souviens pas de l'édition

Le portrait de la reine Élisabeth par Lucian Freud, ça vaut les rois d’Espagne, non??!

Hélas, il nous a quittés il y a peu.

C'est vrai que la trombine de la reine est assez forcée dans la caricature. D'un autre côté, ce n'est pas un portrait officiel. La commande n'émane pas de la reine. Donc, liberté totale à l'artiste.

Je citais Goya car comme bon nombre de peintres de cour, il devait flatter un minimum pour exercer son art. Il n'était pas libre de ses sujets et il se vengeait, justement, par son art. Le vrai Goya est l'homme tourmenté et sombre qu'on connaît et qui incarne si bien la furia hispanique.

D'autres ont pu apprécier les grands qu'ils peignaient comme Titien et Charles Quint. Les puissants ne sont pas tous risibles, heureusement (bon, à notre époque, on en douterait quand même )

Maya, quels musées as-tu visité en Italie ?

Lucian Michael Freud, né le 8 décembre 1922 à Berlin (Allemagne) et mort le 20 juillet 2011 à Londres (Royaume-Uni)1, est un peintre figuratif britannique.

Lucian Freud est notamment célèbre pour avoir peint, en 2001, le portrait de la reine Élisabeth II à l'occasion de son jubilé, tableau qui a soulevé une polémique en Grande-Bretagne.

Par son style à la fois réaliste, acéré et presque caricatural, Lucian Freud est considéré comme un des peintres figuratifs contemporains les plus importants, et un des plus exemplaires.

Il est le petit-fils du médecin et fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud.

Informations sur Lucian Freud