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 Pétrus Borel

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Prince d'Aquitaine
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MessageSujet: Pétrus Borel   Pétrus Borel EmptyLun 22 Mar 2010, 19:39

Autre romantique frénétique, mais importance plus grande.

Pétrus Borel, né en 1809 et mort en 1859, est la figure de proue du frénétisme. Surnommé par lui-même "le Lycanthrope", Borel participe à la bataille d'Hernani et est membre du Petit Cénacle. Touché par la misère, il construit une œuvre mêlant prose et poésie, avec notamment un recueil de nouvelles, Champavert. Contes immoraux.

Comme le titre l'indique, Borel livre des nouvelles où l'immoralité règne en maîtresse. Cependant, ce sont les mœurs de la société de 1830 que Borel critique, et par ce biais il fait une œuvre de moraliste. Parfois très sec, à l'orthographe archaïque, le style de Borel se prête parfaitement à ces nouvelles.

Pour finir, je donne une citation de Baudelaire :

« Il y a des noms qui deviennent proverbes et adjectifs. Quand un petit journal veut, en 1859, exprimer tout le dégoût et le mépris que lui inspire une poésie ou un roman d’un caractère sombre et outré, il lance le mot: Pétrus Borel! et tout est dit. Le jugement est prononcé, l’auteur est foudroyé. Pétrus Borel, ou Champavert le Lycanthrope, auteur de Rhapsodies, de Contes immoraux et de Madame Putiphar, fut une des étoiles du sombre ciel romantique. [...] Sans Pétrus Borel, il y aurait une lacune dans le Romantisme. [...] Pour moi, j'avoue sincèrement, quand même j'y sentirais un ridicule, que j'ai toujours eu quelque sympathie pour ce malheureux écrivain dont le génie manqué, plein d'ambition et de maladresse, n'a su produire que des ébauches minutieuses, des éclairs orageux, des figures dont quelque chose de trop bizarre... altère la naïve grandeur. »

A noter que Borel sera très lu par les surréalistes (Tzara, Breton, Aragon...).
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MessageSujet: Re: Pétrus Borel   Pétrus Borel EmptyMer 07 Juil 2010, 18:14

Pétrus Borel. Sa vie et son œuvre, Aristide Marie, 1922

Ouvrage court mais incisif, le livre de Marie livre un portrait du Lycanthrope en restant objectif, ce qui est miraculeux dans le cas de Borel.

Né en 1809 d'un père "clincailler" à Lyon, Borel rentre en école religieuse puis dans une école d'architecture. A Paris, il rencontre Devéria et Jehan Du Seigneur. Membre du Petit Cénacle, il participe à la révolution romantique et publie deux œuvres importantes en 1832 et 1833 : les Rhapsodies et Champavert. Chef de file du romantisme frénétique, il impose un grand respect à tous les Bousingos qui voient en lui un auteur plus grand que Hugo.

Ses œuvres se démarquent par une profonde misanthropie et une haine du bourgeois. Le macabre et l'immoralité explosent dans des textes qui mêlent héritage frénétique et réalisme noir.

Après ses échecs littéraires, il part pour Le Baizil en Champagne, où il vit dans une cahutte et mange les légumes qu'il plante et les fruits qu'il ramasse. Miséreux au plus haut point, il ne peut plus nourrir son chien qui finit pas mourir; Borel creuse alors la terre à main nue pour l'enterrer. Durant son exil campagnard, il rédige Madame Putiphar (1839), dont le prologue en vers est resté dans les grands textes du XIXe, salué par la critique et par Baudelaire. Cependant, la lucidité de Baudelaire voit bien la profonde inégalité de l'œuvre de Borel.

Revenu à Paris, traînant sa misère, Borel rencontre Théophile Gautier, qui lui suggère de porter une candidature au Ministère de la Guerre dans le cadre de la colonisation de l'Algérie. Nommé fonctionnaire à Mostaganem, Borel connaît heur et malheur, malheur notamment parce que sa nature reprend toujours les devants. Il finit d'ailleurs par être radié.

Il meurt en 1859, à l'âge de 50 ans, totalement oublié. Nerval s'est pendu en 1855, Gautier n'est plus qu'un petit bourgeois, O'Neddy est un vieux retraité...

On doit la persistance de Borel dans la littérature à quelques auteurs, dont Baudelaire, Lautréamont, les surréalistes... et à quelques critiques, parmi lesquels Jean-Luc Steinmetz.

Soleil noir du sombre ciel romantique, Borel est un auteur à (re)découvrir.
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