les plagiats

Ils sont nombreux à toutes les époques, volontaires ou désinvoltes, même les plus grands écrivains s'y livrent, avec plus ou moins de bonheur.

dit Roland de Chaudenay, dans les plagiaires, le nouveau dictionnaire chez Perrin.

On y recense les « emprunteurs et leurs emprunts » et on y trouve la définition du stellionat : «  consiste à se plagier soi-même et à vendre comme inédit un écrit que l’on a fait paraître ailleurs. »
Début du dictionnaire :

« Ceux qui ont lu le dictionnaire des plagiats paru en 1990 doivent être rassurés : il y a suffisamment de corrections et d’augmentations dans cette nouvelle édition pour qu’elle soit une nouveauté ».

Sacré Roland ! Il réactive sa camelote … (rire)

Voyons donc les classiques, et en particulier notre estimé Pierre Corneille :

On sait que le Cid est une adaptation assez fidèle la jeunesse du Cid de Guilhem de Castro, mais il y a d’autres emprunts !

- Ainsi, dans Horace , la fameuse tirade de Camille contre Rome, et son frère Horace, qui se termine par

[...] Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seul en être cause, et mourir de plaisir !

vient de la Sophonisbe de Mairet, quasiment mot pour mot !

- Idem pour la tirade fameuse dans Cinna

Prends un siège, Cinna, prends, et sur tout chose,
Observe exactement la loi que je t’impose.

elle vient de Montaigne (I, 23) qui l’avait lui-même fidèlement traduit... de Sénèque.

- Quant au sonnet, Epitaphe d'une Dame vertueuse, signé par Corneille, et qui débute par

Ne verse point de pleurs sur cette sépulture..

Il serait selon toute vraisemblance de Prébeuf.

En tout cas, les textes sont identiques.

Hélène Maurel-Indart, Plagiats, les coulisses de l'écriture,
Editions de la Différence, 2007

- Depuis la publication de l’ouvrage Du Plagiat (PUF, 1999), qui fait désormais référence sur les questions d’emprunt et d’originalité en littérature, l’actualité a apporté de nouveaux éléments de réflexion [...], - - Plagiats ou Les Coulisses de l’écriture, prolonge ces investigations, soit par des éclairages historiques qui permettent de mieux comprendre le présent, soit par des enquêtes inédites concernant des cas précis et contemporains de falsification ou de contrefaçon.

Les comptes-rendus de la presse(nouvel obs, télérama, Figaro etc) sur cette page nous donnent un aperçu savoureux du petit monde des lettres.

Je ne sais pas si vous avez entendu parler de l'affaire entre Camille Laurens et Marie Darrieussecq... C'est assez inédit me semble-t-il.

Citation :

L'écrivain Camille Laurens accuse de "plagiat psychique" sa consœur, Marie Darrieussecq, dont le nouveau roman "Tom est mort" doit paraître le 30 août chez P.O.L, leur éditeur commun, dans un long article à paraître début septembre dans La Revue littéraire. Une querelle littéraire de rentrée très passionnelle sur fond de deuil après la mort d'un enfant, et du droit d'un écrivain de franchir les frontières entre réalité et fiction.

La suite ici : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/culture/20070824.OBS1968/camille-laurens-accusemarie-darrieussecq-de-plagiat.html

On a déjà vu des plaintes pour plagiat dans des cas où ce n'était pas franchement flagrant, mais au moins, le plaignant s'en tenait plus ou moins au texte. J'ai pas trop suivi le débat, mais je trouve que l'argumentation de Camille Laurens est plutôt fragile. Si le "vécu" d'un auteur devient sa propriété exclusive, on va assister à une prolifération de procès entre des auteurs jaloux les uns des autres et on risque de se perdre dans les copyrights.

Patrick Poivre d'Arvor, connu comme PPDA.

Sa bio d’Hemingway, a emprunté «des dizaines et des dizaines de paragraphes» à un livre publié en 1985 par l’Américain Peter Griffin en oubliant maladroitement de citer sa source.

le voilà épinglé !

Il y a effectivement des tas d'exemples. Shakespeare lui même etc...
J'ai lu l'année dernière un exellent article sur le sujet dans Courrier international (au moment du salon du livre). En gros, les plus importants auteurs ont pillés sans vergogne les idées de leurs oeuvres chez d'autres auteurs moins "gonflés".
Le plus "amoral" est surement ce qui consiste à piller in extenso le texte d'un autre sans citer l'auteur comme cela s'est pratiqué par certains "people" ou "pseudo journaliste" en mal d'audience.
Le problème vient du fait qu'on ne sait pas réellement protéger une idée. Il suffit d'une simple modif (même de détail) pour que l'idée ne vous appartienne plus.

IRIS a écrit:

Le plus "amoral" est surement ce qui consiste à piller in extenso le texte d'un autre sans citer l'auteur comme cela s'est pratiqué par certains "people" ou "pseudo journaliste" en mal d'audience.

C'est d'autant plus inexcusable que ces pilleurs sont au premier rang de l'information. PPDA patronne des festivals du livre, organise des émissions littéraires etc.

On se rappelle aussi de faux entretiens en direct, ce qui en dit long sur la conscience professionnelle.

Arthaud au secours de PPDA

L’éditeur de la biographie d’Hemingway signée par l’ancien présentateur du JT avance qu’il s’agit d’une version pour la presse, non validée par le journaliste-écrivain, et présente ses excuses à l’auteur.

Oui, il y a eu aussi l'affaire Michel le Bris (organisateur du festival Etonnants voyageurs) et de ses pirates. Je ne sais pas d'ailleurs ce qu'il en est résulté du procés qui a suivi.

Je trouve assez lamentable ce procédé digne d'un "mauvais élève" de fin de collège. Je me suis toujours demandée comment on pouvait en arriver là. Pression des éditeurs ? Manque de temps ? Inconscience ? Croire que les lecteurs ne s'en apercevront pas relève d'une vanité certaine.
A l'ére d'Internet, c'est surtout faire preuve de bétise à moins que cela ne soit encore une façon de faire parler de soi.

Il y a aussi dans le genre l'usage intempestif des "nègres". J'avais lu un article récent dans le "Point" sur ce sujet. Seuls quelques courageux commencent à citer le nom de leur "nègre" dans leur livre. D'autres par contre font travailler ces "ouvriers" de l'écriture sans les rétribuer justement, allant même jusqu'à nier leur existence alors que le livre est devenu un best seller. Désolant !

Citation :

Il y a aussi dans le genre l'usage intempestif des "nègres".

L'un vend sa notorieté, l'autre, son talent ou son sens du lectorat ciblé à atteindre : on en a fait un fil, certainement à complèter...

En tout cas, l'affaire PPDA en une du Monde, ce n'est pas rien.

Je me disais hier justement que c'est tellement facile, quand on est célèbre, de vendre...

Encore plus facile le procédé qui consiste à faire une petite synthèse vite troussée de ce que les autres ont dit.

Moi, comme vous, je peux le faire aussi : dans un an, je vous rends un manuscrit sur un personnage historique quelconque après avoir pompé le vrai travail de biographe des autres (c'est à dire la recherche en archives, édifiante mais plutôt fastidieuse).

Sauf qu'avec mon nom anonyme, je n'en vendrai pas 10 !


Les mecs comme PPDA monnayent leur nom autant que possible.

C'est vraiment une utilisation maximale du "système" de starisation, médiatisation, réseau social...dont ces gens là sont les principaux acteurs. Ils en dictent les règles et en tirent des bénéfices énormes.

Au "consommateur" d'être lucide...

les "scandales" ont aussi de bon qu'ils mettent à jour les faces cachées de "l'écriture" ou prétendue telle des têtes d'affiche.

B. Marck ne nie pas en tout cas avoir pris part à la rédaction de cet « ouvrage », comme tout « nègre », même quand il veut en attribuer le mérite à PPDA : « (Il) a fait le gros du travail, soutient-il sans rire, (il) s'est beaucoup investi sur le livre ». N’en déduit-on pas que lui, le « nègre », a fait le reste ? Mais peut-il inverser les rôles sans rompre sans doute les termes au moins tacites de son contrat ? Nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. Même s’il l’a effectuée, il ne peut donc revendiquer la majeure partie du travail d’un livre qui sera signé par un autre dont la notoriété, fût-elle usurpée, garantit un minimum de ventes.

- B. Marck révèle même ses méthodes de travail contestables en croyant minimiser l’erreur commise par l'éditeur entre version inachevée et version définitive.« Quand vous écrivez une biographie, avoue-t-il, vous cherchez les proches, mais vous partez aussi de ce qui existe. En écrivant une bio de Guynemer, je m'étais rendu compte à la relecture que mon travail était un pur recopiage d'un livre de Jules Roy, que j'avais utilisé. »

voyez cet article

Crevette a écrit:

En tout cas, l'affaire PPDA en une du Monde, ce n'est pas rien.

Je me disais hier justement que c'est tellement facile, quand on est célèbre, de vendre...

Encore plus facile le procédé qui consiste à faire une petite synthèse vite troussée de ce que les autres ont dit.

Moi, comme vous, je peux le faire aussi : dans un an, je vous rends un manuscrit sur un personnage historique quelconque après avoir pompé le vrai travail de biographe des autres (c'est à dire la recherche en archives, édifiante mais plutôt fastidieuse).

Sauf qu'avec mon nom anonyme, je n'en vendrai pas 10 !


Les mecs comme PPDA monnayent leur nom autant que possible.

C'est vraiment une utilisation maximale du "système" de starisation, médiatisation, réseau social...dont ces gens là sont les principaux acteurs. Ils en dictent les règles et en tirent des bénéfices énormes.

Au "consommateur" d'être lucide...

C'est d'ailleurs souvent uniquement le nom qui fait vendre. Peu importe le contenu du roman...

Oui, on est en pleine "people..lisation" du système. Mais avec ses limites : quand je vais dans une librairie, je zappe direct le rayon. Je regarde même pas les images (lol)