Hélène Frappat, par effraction

Hélène Frappat, par effraction, chez Allia.

La petite fille a un don : elle perçoit les pensées intimes des adultes ! Avouez que c’est perturbant pour une enfant de sept ans !

Citation :

« A. connut sa condition implicite : l’impossibilité du silence. Jour et nuit, dans les rues bruyantes des villes où le calme feutré qui étouffait chaque bruit chez eux, seuls ou en compagnie, devant leurs amis ou leur miroir, jamais les adultes ne se taisaient.

Ils parlaient bien moins à leur interlocuteurs qu’à eux-mêmes, contredisant le plus souvent ce que leur bouche avait formulé civilement et à voix haute par un monologue secret où passions et rancoeurs se déchaînaient »

Beau début prometteur !

Citation :

« A avait appris, tout en maintenant son intrusion, l’art d’ inquiéter celui dont elle sondait les pensées, de distiller dans son esprit devenu transparent le soupçon d’un cambriolage intime. L’effet de ses excursions télépathiques dans le paysage mental de ses professeurs suscitait d’autant plus l’effroi que la jeune fille conservait en toute circonstance un masque impavide, dissimulant, aux yeux de ses interlocuteurs, la crainte que produisait, à l’intérieur d’elle-même, son don de clairvoyance. »

Hélène Frappat, par effraction, chez Allia.

On connaissait les « récits trouvés dans les papiers d’un inconnu », mais Hélène Frappat ouvre une autre piste : A partir d’un carton acheté 40 € aux puces, elle reconstitue le puzzle d’une série de bobines de super huit.

La gamine, A. comme Aurore, se découvre le don de lire les pensées d’autrui, ce qui la met à part dans son monde, familial, scolaire ou social.

Serait-elle une métaphore du réalisateur de cinéma qui imagine les actions et motivations de ses semblables ? à moins que ce ne soit du spectateur-voyeur. L’auteur est critique de cinéma.

L’ouvrage restitue la vie d’A, imagine ses monologues - qui entraînent ceux de l’auteur : Éclats d’existence, avec des blancs, mais aussi des pages noires, comme les fondus au noir des films muets.

Le livre intrigue et déconcerte, il interroge notamment sur les différents drames de l’existence, où il suffit d’un rien pour perdre pied. En ce sens le thème de l’eau qui porte/engloutit intervient plusieurs fois.

un récit original de 147 pages.

le point de vue de l'auteur :