Francis Alÿs

La photo ci-dessus est une action publique de Francis Alÿs.

Plutôt que de faire une sculpture sur une place de Mexico, Francis Alys a préféré faire plusieurs fois le tour d'un grand monument, suivi d'un, puis de deux, trois, puis quatre moutons.

Peu de temps auparavant, le gouvernement mexicain avait mobilisé des fonctionnaires en contre-manifestation de l'agitation étudiante.

le choix des moutons suiveurs se comprend bien

pour Francis Alys, la deambulation est essentielle, et il parcourt la ville par exemple avec un chien magnetique (tenu en laisse !), donc aimanté, qui attire sur son corps les déchets de ferraille trouvés sur l'itinéraire : capsules de bière, protecteurs de chaussures, etc..

il photographie ensuite la nouvelle apparence du chien après la promenade. L'imprévu devient une regle, et la rencontre du chien magnétique avec un vrai chien errant ne manque pas de piquant.



A noter que des écrivains comme Baudelaire ou Walter Benjamin parlent souvent de leurs errances urbaines,

sans oublier Paul Auster dans cité de verre, avec un vagabond hanté par une idée, celle de la Métropole !

J'avais bien apprécié à la maison rouge les photos prises par Francis Alÿs sur les "transports de fortune" dans la ville :



Verification faite, la série s'appelle les ambulants. On y voit les petits métiers et les grandes misères de l'univers urbain, autant de techniques de survie qui font de l'homme un animal résistant à l'adversité !

un site sur Francis Alÿs

L'oeuvre de francis Alÿs met en pratique des textes littéraires qui parlaient déjà de la modernité

En 1863, Charles Baudelaire, dans Le peintre de la vie moderne, exalte la figure du flâneur, qui se délecte du spectacle sublime du mouvement infini des foules anonymes. Analysé par Walter Benjamin dans Paris, capitale du XIXème siècle (1927-40), le flâneur devient le symbole de la modernité. L’isolement dans la foule, la masse, l’anonymat, la vitesse et le choc qui en résultent sont perçus comme autant d’emblèmes de notre monde moderne. Il est le point de départ d’une lignée d’artistes qui ont « confronté le problème de l’appréhension et de la représentation des situations et atmosphères propres aux espaces publics de la ville moderne. »[8] Francis Alÿs ne représente pas la ville, il la vit, l’investit.

On pourrait penser à Paul Auster et à son marcheur dans city of Glass ou à Georges Perec.

Pour les curieux, avides de connaître et de comprendre, j'indique
un blog très organisé et documenté, qui fournit une approche éclairante de Francis Alÿs.

Lunettes rouges lui consacre tout un article



l’action de Francis Alÿs les 4 et 5 juin 2004 à Jérusalem.

Citation :

Il marche du Sud au Nord de la ville en suivant la frontière internationalement reconnue après l’armistice de 1948 entre les Juifs et les Arabes, la ligne verte : frontière aujourd’hui gommée, abolie par la colonisation, absente des cartes officielles israéliennes, remplacée par le Mur de Séparation ou pire.

Il marche pendant deux jours, sur 24 kilomètres, utilisant 58 litres de peinture qu’il laisse négligemment couler d’un pot tenu au bout de son bras ballant, inscrivant la carte même sur la terre, à l’échelle 1:1. Furtif comme un Palestinien, il passe devant les soldats qui n’y voient rien, devant des enfants qui rient, devant des adultes qui ne comprennent pas. Comme un micro-terroriste, il passe, inexorable mais dérisoire messager du droit et de la justice

Une exposition à Bruxelles, jusqu'au 30 janvier.

"Francis Alÿs : A Story of Deception", Centre d'art Wiels, 354, avenue Van Volxem, Bruxelles. Du mercredi au dimanche, de 11 heures à 18 heures.

une rétrospective d'ampleur orchestrée par le Centre d'art Wiels, la première en sa patrie, où il reste méconnu. Elle a déjà fait étape à la Tate Modern de Londres et partira ensuite au Musée d'art moderne de New York

Invité à exposer à Lima, Alÿs a convaincu 500 étudiants péruviens de l'aider à déplacer une montagne. Au sens strict. Les voilà alignés en rang d'oignons, le long d'une dune de sable, du pied au sommet. Sous le soleil, une pioche à la main, ils modifient la face du monde. Pour rien ? A entendre les témoignages des jeunes gens, collectés en un film, on comprend combien cette expérience a pu changer leur vie, autant que leur vision de l'art.

l'article du Monde

L’artiste Francis Alÿs a rassemblé des centaines de copies d’un portrait de sainte Fabiola exécuté à la fin du XIXe siècle. Il les a installées dans le décor d’une belle maison-musée bâloise.


le Temps explique :

En 1885, le peintre académique Jean-Jacques Henner (1829-1905) exécute à Paris un portrait de sainte Fabiola, un portrait imaginaire puisqu’il s’agit d’une Romaine ayant vécu au IVe siècle. Fabiola est une riche patricienne. Elle est chrétienne mais elle a eu l’audace de divorcer et de se remarier. Elle perdra non seulement son deuxième mari, mais aussi le premier. Deux fois veuve, elle se tourne vers Dieu et consacre le reste de son existence à la repentance et à la charité.

La sainte n’est pas très populaire en Europe et son nom n’est pas à la mode, sauf en Belgique ou en Espagne, pays d’origine de la reine Fabiola épouse du roi Baudouin décédé en 1993

il émane de toutes ces Fabiola, quelle que soit leur qualité technique, un autre mystère, celui du culte de l’image multipliée. Mystère qui est amplifié tout en étant trivialisé par leur exposition dans la maison bourgeoise de Bâle où elles prennent place parmi d’autres images, celles que des habitants appartenant aux couches les plus élevées de la société disposent autour d’eux pour leur confort, leur mémoire et leur autocélébration

«Francis Alÿs: Fabiola». Le Schaulager à la Haus zum Kirschgarten, Elisabethenstrasse 27, Bâle

tout l'article

je viens de voir à la chapelle de l'oratoire à Nantes El GRingo



une video où l'artiste, pour montrer l'agressivité xénophobe, avance au milieu de chiens qui l'assaillent et le mordent. Finalement, il est contraint de s'enfuir, abandonnant sur place sa camera qui continue à tourner et dont les chiens s'approchent prudemment.