Nicolas Offenstadt, L'HISTOIRE BLING-BLING

L'HISTOIRE BLING-BLING. LE RETOUR DU ROMAN NATIONAL de Nicolas Offenstadt. Stock, "Parti pris",



compte-rendu du Monde

Citation :

Nicolas Sarkozy, conscient de la crise identitaire de la France, entend restaurer le grand récit. Entreprise "ringarde", selon Nicolas Offenstadt, et qui repose sur des erreurs historiques : la nation française ne remonte pas à la nuit des temps. Son unité est récente. La France n'a pas d'"âme". Ce vocabulaire mystique n'est plus de mise.
Il y a plus grave à ses yeux. La politique mémorielle de Nicolas Sarkozy est une politique bling-bling, "pipole", qui utilise la communication moderne.

Spoiler:

L'auteur dans un entretien à 20 minutes :

- Que vous inspire la création d’un ministère de l’Identité nationale?

-

Citation :

Cela traduit un repli sur soi. Le président et son entourage estiment que la France traverse une crise identitaire et qu’il fallait donner des références aux Français pour affirmer l’identité de la France. Ce diagnostic est discutable car il suppose que le pays n’a connu qu’une identité continue. Or, l’identité d’un pays varie selon les époques. Pour répondre à cette «crise», le président préfère offrir de belles images puisées dans la mythologie de l’histoire de France au lieu de situer le pays en Europe et dans le monde. L’Histoire selon Nicolas Sarkozy relève du discours idéologique

tout l'entretien

20 minutes

- Vous évoquez également les propos de Brice Hortefeux qui, au cours d’une réunion publique, a déclaré «on en a ras le bol de cette histoire du passé» en parlant de Vichy (cf vidéo)…

Citation :

Comment un homme politique français peut-il dire ceci si légèrement? Est-ce pour séduire une partie de la population? Le régime de Vichy reste encore aujourd’hui un point très délicat de l’histoire de France. Or, c’est le rôle de l’homme politique d’assumer cet héritage, même douloureux.

La video : Hortefeux et Vichy

Nicolas Offenstadt ? Mais c'était mon prof d'historiographie à la fac.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Offenstadt

Bah oui, c'est vraiment le même!

Ce qui m'a plu dans la presentation de son ouvrage, c'est la vision historienne qui decoule de ces attitudes.

Sur la table rase du passé, je ne suis evidemment pas d'accord, et j' en fais le reproche à Gaston Kelman.

Autant je suis kelman sur la condamnation des "générosités naïves" qui auraient tendance à tout accepter de minorités jadis opprimées, au nom d'un sentiment de culpabilité (racisme, esclavage), autant je crois que le passé doit être déplié sur la table. Pour en finir avec les malentendus et les procès d'intention.
Il faut mettre les partenaires sur le divan, comme dans les conflits familiaux.

Alain Mabanckou le dit justement à propos de Tintin au Congo(1) mais je ne vois pas pourquoi il évite la question d'une annonce, discrète mais claire, sur le contexte de la parution de cet album.

(1) il souhaite indispensable la mise à nu du colonialisme, dans l'enseignement notamment.

As-tu lu "Qu'est-ce que la France?" sous la direction
A.Finkielkraut?



Ce livre est constitué d'une série de dialogues qui sont repris de son émission Réplique sur France Culture. C'est très éclairant sur les questions de la décolonisation, repentances, intégration, laïcité....
Pour une fois, on observe un vrai débat constructif sur ces sujets polémiques.

Citation :

Autant je suis kelman sur la condamnation des "générosités naïves" qui auraient tendance à tout accepter de minorités jadis opprimées, au nom d'un sentiment de culpabilité (racisme, esclavage), autant je crois que le passé doit être déplié sur la table. Pour en finir avec les malentendus et les procès d'intention.
Il faut mettre les partenaires sur le divan, comme dans les conflits familiaux.

Je suis d'accord.
Mais c'est toute l'histoire qui devrait être dépliée. Par exemple, pour la colonisation et l'eslavage, on oublie trop souvent que l'Europe (ou l'Occident) n'est pas la seule à avoir utilisé cette pratique. Pourquoi ne pas parler de l'esclavage entre peuples africains? de la colonisation des Arabes?

C'est vrai qu'il est très facile de faire dire ce que l'on veut à l'Histoire afin de modeler le mental des masses rendu extrèmement poreux et mou par la consommation quotidienne de video-clips débiles, de publicités dégoulinantes de libidinosité, de retransmissions d'épreuves sportives polluées par l'argent, de films truffés d'effets spéciaux spécialement abrutissants, de dessins animés sans âme, de jeux en direct où l'on peut gagner gros les doigts dans le nez.
Le citoyen qui fait l'effort de se pencher sur le passé en se frottant à des documents pertinents est à même de démasquer la manipulation qui se cache derrière les formules réductrices que l'on entend deci delà.

cleo a écrit:

on oublie trop souvent que l'Europe (ou l'Occident) n'est pas la seule à avoir utilisé cette pratique. Pourquoi ne pas parler de l'esclavage entre peuples africains? de la colonisation des Arabes?

Mais oui, je suis d'accord,

- sauf que ces colonisations "internes" ne doivent pas, comme tentent de le faire certains, exonérer les Européens d'un trafic qui a pris au XVIIIe siecle une envergure internationale inédite.

Patrick Chamoiseau s'étonne à juste titre que des négriers aient leurs rues à Bordeaux et à Nantes. On peut trouver plus méritants !! qu'on enlève les pancartes qui les honorent aujourd'hui me paraît normal.

- sauf que ces colonisations "internes" ne doivent pas, comme tentent de le faire certains, exonérer les Européens d'un trafic qui a pris au XVIIIe siecle une envergure internationale inédite.

Oui, je suis d'accord. Il ne faut pas avoir peur de raconter la stricte vérité.
Je trouve juste étonnant d'observer des tabous en Histoire.

J'ai lu à ce sujet Historiquement Correct de Sévillia.

Citation :

Présentation de l'éditeur
L’historiquement correct part du présent pour juger le passé. Dans cet état d’esprit, l’histoire n’est plus un objet d’étude serein. Elle devient un écran où se projettent toutes les passions contemporaines. L’historiquement correct pratique l’anachronisme (les événements d’hier sont évalués selon les critères d’aujourd’hui, et non sur les valeurs qui avaient cours à l’époque) et porte des jugements manichéens, le Bien et le Mal étant estimés à l’aune d’aujourd’hui. Ces vues simplistes, trop souvent relayées par la vulgarisation scolaire ou médiatique, faussent la complexité de l’histoire. En histoire, le mal n’est pas toujours où l’on dit, le bien n’est pas toujours où l’on croit.
Quatrième de couverture
L’historiquement correct ne cherche pas à comprendre le passé pour éclairer le présent. Il part du présent pour juger le passé. Dans cet état d’esprit, l’histoire n’est plus un objet d’études serein. Elle devient un écran où se projettent toutes les passions contemporaines.
Ce livre expose les événements en les replaçant dans leur contexte. Il rappelle des faits oubliés ou dissimulés qui bousculent les schémas préétablis et les jugements préconçus.
En histoire, le mal n’est pas toujours où l’on dit, le bien n’est pas toujours où l’on croit.

Bon après, je ne suis pas sûre que Sévillia soit une référence mais son livre a le mérite de poser des interrogations.