Alison Bechdel

Une dessinatrice selon mon coeur... J'aime beaucoup ses petites chroniques du quotidien et son ouvrage autobiographique est un véritable bijou ! C'est "Fun Home", chez Denoël.

En savoir plus sur sa série principale :

http://dykestowatchoutfor.com/

Résumé du livre
Bruce Bechdel enseigne l'anglais dans une petite ville de Pennsylvanie et dirige le salon funéraire familial (le 'Fun Home' du titre). Sa sensibilité, sa passion de la littérature, son raffinement s'expriment dans l'embaumement des corps et la restauration obsessionnelle de la maison gothique où il vit avec sa femme et ses enfants. Alison, sa fille, voit son adolescence envahie par l'ombre de ce père aux secrets douloureux, à la fois distant et trop proche. Elle découvre en même temps sa propre homosexualité et celle, soigneusement cachée, de ce tyran charmant et tourmenté, dont la mort brutale à quarante quatre ans a tout d'un suicide.
La critique [evene]
par Mathieu Laviolette-Slanka
Une petite histoire sans conséquence... Dans la lignée des biographies et autres romans sur soi qui inondent les rayons de nos librairies, ‘Fun Home’ tient une place légèrement à part. Alison Bechdel, auteur bien connue des communautés gay et lesbiennes, rend un hommage grinçant à son père, homosexuel refoulé alors qu’elle-même découvre son lesbianisme. La trame de l’histoire pourrait sembler réservée à une population restreinte ; pourtant, on se prend à suivre sans trop de difficultés ces pérégrinations familiales. En effet, au-delà de cette singulière situation, l’auteur a l’intelligence de nous dépeindre une société en pleine mutation (les Etats-Unis des années 60-70) avec un cynisme teinté d’émotion vraie. Jamais elle ne juge, jamais elle ne condamne, le constat se fait de lui-même.
Le trait graphique, très comics américain, tient aussi bien de Charles Schulz que de Howard Cruz ou encore Quino, en passant, selon l’auteur elle-même, par Hergé et la Famille Adams. C’est un genre que l’on aime ou pas, que l’on attendrait néanmoins plus dans des courts strips qu’appliqué à une histoire de 236 pages. Certains passages supporteraient ainsi d’être légèrement raccourcis, et l’ensemble manque de dynamisme à cause de sa longueur.
Faut-il donc lire cette tranche de vie relativement ordinaire d’une adolescente lambda ? Certes, on peut y voir un témoignage intéressant sur les mutations du rapport au sexe au XXe siècle. Certains se trouveront des points communs avec Alison, mais d’autres regretteront le point de vue autocentré de l’auteur, l’absence d’enjeux véritables. C’est certes une belle histoire d’amour, mais on attendait plus percutant de la part d’un auteur engagé comme elle.

La critique est nuancée, mais moi j'ai beaucoup aimé. Maintenant, quant à savoir s'il faut être directement concerné(e) pour vraiment apprécier, je ne sais pas... Je ne pense pas.

le critique est nul...
je l'ai lue dans libé à l'époque où elle était publiée,
je me suis régalée, surtout quand on aime les livres
et qu'on voit le rôle central qu'ils ont.

C'est vrai que dans la découverte de sa sexualité, il y a un côté très "intellectualisé", limite militant. Mais bon, je suppose que c'était l'époque qui voulait ça...
Notamment associer féminisme et homosexualité... C'est le genre de chose qui ne me parle pas beaucoup. Toutes ces définitions me fatiguent.
Enfin, je suppose qu'on peut toujours me rétorquer : il a fallu en passer par là pour que tu puisses t'en foutre à 25 ans, en 2009.

Eh bien, c'est peut-être désinvolte de ma part, mais je ne suis pas convaincue...

Cela dit, c'est aussi parce qu'il aborde des sujets qui me sont étrangers que ce bouquin m'a intéressée !

Citation :

Toutes ces définitions me fatiguent.
Enfin, je suppose qu'on peut toujours me rétorquer : il a fallu en passer par là pour que tu puisses t'en foutre à 25 ans, en 2009.

Et je rajouterai et dans ton environnement (ville, etc)...

En 2009, il y a de grandes inégalités selon les villes, et selon l'entourage.
Le taux de suicide chez les ados présumés homosexuels est encore trop élevé pour hurler victoire.

Heureusement que le milieu associatif est toujours là pour soutenir pas mal de personne...

Donc, non, je ne pense pas que ce soit démodé.
Par contre, il est vrai qu'au même titre que les féministes,
les combats sont plus dispersés, si bien qu'on s'y perd un peu.

Monique Rannou a écrit:

En 2009, il y a de grandes inégalités selon les villes, et selon l'entourage.
Le taux de suicide chez les ados présumés homosexuels est encore trop élevé pour hurler victoire.

C'est vrai, ça. Moi, j'ai eu énormément de chance. Dernièrement, une fille m'a raconté sa vie et j'ai pleuré. Pourtant, on habite la même ville... Mais dans son cas, c'est un problème, disons, culturel.

Citation :

Heureusement que le milieu associatif est toujours là pour soutenir pas mal de personne...

C'est vrai aussi, mais comme je n'y ai jamais eu recours, je connais assez mal. En plus, je suis très indépendante et les mots de "ghetto", "minorité", "communauté" ont tendance a me hérisser le poil. Même le fameux "gay friendly" n'a pas ma faveur. Il faut être "human friendly" : ça, c'est de la balle !

Citation :

les combats sont plus dispersés, si bien qu'on s'y perd un peu.

Moi, j'ai l'impression de combattre pour avoir le droit de ne pas avoir à le faire...