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| | Patrick Deville | |
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Auteur | Message |
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mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Patrick Deville Lun 05 Nov 2012, 16:33 | |
| bien travaillé Rotko ! et tu nous conseilles lequel ? | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Lun 05 Nov 2012, 16:45 | |
| - mazel a écrit:
- bien travaillé Rotko ! et tu nous conseilles lequel ?
la peste et le cholera, le dernier, que je n'ai pas lu. Sinon Kampuchea est présenté sur le fil, avec un contexte et des renvois qui permettent de comprendre le récit. Deville n'est pas toujours simple à lire, il suppose des connaissances préalables (données historiques précises) chez son lecteur. | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Patrick Deville Lun 05 Nov 2012, 17:00 | |
| je viens de faire un tour sur "amazon"... je pense que tu as raison, certainement un peu compliqué. Tant pis, | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Lun 05 Nov 2012, 17:20 | |
| les posts sur Kampuchea signalent les films de rithy pan, rithy pan et ses telefilms et le livre de jean François bizot, le silence du bourreautrès accessible et interessant à lire. les données sont alors réunies, et il y a d'autres livres parus récemment sur le sujet. Kampuchea n'est donc pas hors de portée. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Ven 14 Déc 2012, 13:22 | |
| «Le Prix des Prix» se présente comme le dernier prix littéraire de l’année.
Patrick Deville remporte la deuxième édition avec son beau «Peste & Choléra» (Seuil). Après avoir décroché le prix du Roman Fnac dès la fin août, il avait raflé le Femina début novembre. | |
| | | mona pilier
Nombre de messages : 752 Age : 65 Localisation : Morbihan Date d'inscription : 18/08/2006
| Sujet: Re: Patrick Deville Ven 28 Déc 2012, 09:57 | |
| Peste et choléraUn livre très bien construit, d'une écriture incisive qui n'épargne rien ...très visuelle avec des raccourcis (phrases sans verbe) qui saisissent et emportent le lecteur. De l'action avant tout. Patrick Deville vit dans ses tripes son sujet, il connaît les lieux et l'Histoire et nous fait accéder avec brio à ceux ci. Un tourbillon qui m'a laissée ébahie et avec l'envie de lire Kampuchéa ... Édité au Seuil dans la collection " Fiction & Cie ". Fiction car Patrick Deville donne à Yersin et à son entourage des pensées qui sont nées de l'interprétation de ses recherches. Et qui sont peut être fausses, mais on s'en fout | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Jeu 03 Jan 2013, 13:51 | |
| L'incipit de la peste et du Choléra
La vieille main tavelée au pouce fendu écarte un voilage de pongé. Après la nuit d'insomnie, le vermeil de l'aube, la glorieuse cymbale. La chambre d'hôtel blanc neige et or pâle. Au loin lalumière à croisillons de la grande tour en fer derrière unpeu de brume. En bas les arbres très verts du square Boucicaut.
La ville est calme dans le printemps guerrier. Envahie par les réfugiés. Tous ceux-là qui pensaient que leur vie était de ne pas bouger. La vieille main lâche la crémone et saisit la poignée de la valise. Six étages plus bas, Yersin franchit le tambour de bois verni et de cuivre jaune. Un voiturier en habit referme sur lui la portière du taxi. Yersin ne fuit pas. Il n'a jamais fui. Ce vol, il l'a réservé des mois plus tôt dans une agence de Saigon.
C'est visuel (un souvenir du début de la condition humaine ?) dans un style précis et concis. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Sam 05 Jan 2013, 16:14 | |
| - mona a écrit:
- Peste et choléra
Édité au Seuil dans la collection " Fiction & Cie ". Fiction car Patrick Deville donne à Yersin et à son entourage des pensées qui sont nées de l'interprétation de ses recherches.
Et qui sont peut être fausses, mais on s'en fout oui, le texte est annoncé comme "roman", mais ce terme ne veut plus rien dire. Il faudra, vieux projet, que je lise une revue sur les genres. En fait "roman" englobe tout. je ne suis pas sûr que Deville apprécie qu'on mette en doute ses données : il les cite à plusieurs reprises : les lettres de Yersin à Emilie sa soeur et à Fanny sa mère, les correspondances avec les pasteuriens dont il donne précisément les citations. Dans les remerciements, il nomme aussi d'autres sources. Il connaît parfaitement l'époque du second empire jusqu'à 1945, et il domine vraiment son sujet, en histoire et en géographie. D'ailleurs cette époque renvoie à d'autres sujets abordés dans des oeuvres précédentes ... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Dim 06 Jan 2013, 08:59 | |
| Peste et Choléra
1/3
Toutes les données sur Yersin ont été abondamment relatées par la presse : Yersin bactériologiste, ingénieur, explorateur, éleveur, horticulteur, producteur de caoutchouc et de quinquina etc..
Deville échappe au modèle courant de la biographie, fût-elle admirative, en tordant le cou à la chronologie : il procède à un montage qui sert chaque aspect de son personnage, et le met en relation avec son époque comme avec le lieu où il opère. On ainsi des instantanés de la carrière de Yersin comme des photographies à un moment donné.
Il crée aussi des « attelages » d’hommes par similitudes d’activités ou d’attitude : Yersin et Rimbaud, Yersin et Calmette, Yersin et Roux, par bandes, la bandes des pasteuriens/ la bande des parnassiens, ou par couples rivaux voire hostiles, le clan Pasteur vs le clan Koch, - à l’image de la guerre franco-allemande sur d’autres terrains, ou les rivalités franco-anglaises dans les colonies.
Certains rapprochements ne manquent pas d’humour, entre Ader prenant l’avion et Yersin quittant le train, tandis que d‘autres s‘imposent d‘eux-mêmes entre la yersinia pestis, et la peste brune fasciste…
Le montage crée un effet d’attente puisque sont annoncés des personnes ou des événements qu’on verra expliqués dans une rétrospective : « la vieille main tavelée au pouce fendu » de l’incipit trouve son origine à la page 99. On attend aussi pour savoir qui est le fameux fantôme du futur qui nous intrigue, autant dire qu’on lit le « roman » avec intérêt, sensibles aussi à l’humour du ton et à l’hommage rendu.
Dernière édition par rotko le Mar 08 Jan 2013, 13:30, édité 1 fois | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Lun 07 Jan 2013, 16:32 | |
| Peste et Choléra
2/3
Je ne sais pas si les pasteuriens ont le goût de la blague comme peuvent l’avoir des carabins ou des Khâgneux, mais ce livre très documenté, et au style très travaillé, l’humour (cf.le titre) donne une bouffée d’air pur. Ce serait dommage de ne pas le signaler.
Il s’agit d’anachronismes délibérés sur une marque de cigarette (Marlborough) ou l’appel de Yersin sur un téléphone portable, des rapprochements incongrus entre deux personnages historiques, des blagues potaches où "les poules s’interrogent" sur les projets que couve Yersin, patron de la basse cour.
Plus sérieusement, pourrait-on dire, Patrick Deville traduit en termes familiers, les questionnements, les réflexions de l’entourage du savant, comme cette réflexion de sa mère sur les photographies envoyées par son fils
« Voilà que le petit chanteur de psaumes photographie des négresses à poil ! »
Il est normal que le langage se fasse le reflet de situations parfois cocasses, excellent antidote à la dramatisation facile que ne manqueraient pas de faire des auteurs complaisants. On voit le fossé de mentalités différentes mis ainsi à notre portée.
D’autres fois, Deville s’amuse à détourner des citations, et le léger décalage dans l’expression permet de reconnaître des citations de Baudelaire (notamment dans l’invitation au voyage) ou un impératif moral de Kant.
C’est un sourire de l’auteur, un clin d’œil au lecteur, comme dans une conférence publique pour détendre l’atmosphère et refocaliser l’attention. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Mar 08 Jan 2013, 13:11 | |
| Peste et Choléra3/3 Avec un style précis et des bouffées d’humour, Peste et Choléra retrace la geste de Yersin comme une épopée, celle d’un génial touche-à-tout, qui moquait bien des honneurs et d’un statut figé. Deville en fait un exercice d’admiration par l’hommage qu’il lui rend en termes sobres. Mais on ne s’y trompe pas, les petites phrases qui ponctuent le texte et les activités du savant, du type « c’est bien du Yersin ! » sont des exclamatives d’admiration, sans surenchère. Si l’époque est « troublée », mortifère avec les deux guerres mondiales, Yersin et ses semblables poursuivent leurs routes d hommes de conscience, entièrement pris par leurs passions, sans entrer dans le jeu des bellicistes. D’où l’interrogation de l’auteur : « que serait-il arrivé si… ? » Car un détail, une chance à saisir, orientent toute une vie, et le souvenir qu’en gardent les hommes. Yersin a su mener sa vie, son travail, ses découvertes, comme Patrick Deville sait mener son roman. J’aurais aimé trouver mention de Victor Segalen avec lequel Yersin avait des points communs, mais je ferai tout seul sa rencontre. Souhaitons bonne route à Patrick Deville pour Tina Modoti, un personnage fascinant, dans un autre genre ... | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Patrick Deville Sam 19 Jan 2013, 22:38 | |
| Je termine Peste et Choléra ; je viens de lire avec attention les commentaires qui précèdent. Pour ma part, je ne m'étendrai pas car c'est un livre que j'ai modérément apprécié. Je suis trop souvent restée "en dehors", parfois même je me suis ennuyée, je le dis au risque de scandaliser certains Grains puisque apparemment la louange est unanime. Déjà, je suis gênée de ne pas savoir jusqu'à quel point c'est une fiction, le "roman" annoncé n'en est pas un, cela paraît évident, mais ce n'est pas une biographie non plus, peut-être est-ce pour cela que je ne me sens pas à l'aise ? Le côté foisonnant du livre m'a également plus d'une fois fatiguée, j'avais du mal à suivre ! Cela dit, j'ai trouvé certains passages remarquables, en particulier la controverse des poulets qui m'a bien fait rire . | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Ven 25 Jan 2013, 07:35 | |
| j'ai eu des echos : "trop de personnages, on s'y perd", ai-je entendu
Pour ma part, je vois dans ce portrait nourri d'exactitude et documenté, le portrait d'un touche-à-tout génial, qui refusait d'être classé, etiqueté ou récupéré. Un modèle d'indépendance, en quelque sorte.
Pour le titre "roman", il n'a ici, je crois, aucune signification, à supposer que l'ecrivain ait été tenu au courant de l'appellation. D'ailleurs il s'en moque, je suis à peu près sûr, le terme n'a plus aucune specificité...
L'architecture du roman : comment imaginer un recit chronologique et plat pour quelqu'un qui renaissait "de sauts et de gambades", passant d'un univers à l'autre.
Là, une vraie virtuosité, m'a-t-il semblé, permettant de la part de l'ecrivain, une grande liberté dans les divers rapprochements. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Patrick Deville Ven 25 Jan 2013, 07:58 | |
| - rotko a écrit:
- Pour ma part, je vois dans ce portrait nourri d'exactitude et documenté, le portrait d'un touche-à-tout génial, qui refusait d'être classé, etiqueté ou récupéré. Un modèle d'indépendance, en quelque sorte.
Tout à fait d'accord sur ce point : le portrait est saisissant de vérité. Une petite anecdote pesonnelle : à un moment où je travaillais avec mon amie vietnamienne, elle a prononcé avec beaucoup de respect le nom de Yersin, que, à ma grande honte, je ne connaissais pas du tout. Elle en a été très surprise et c'est elle qui m'a appris que les Vietnamiens le considèrent comme un bienfaiteur, encore vénéré par certains (autel dans un temple bouddhiste). Mon amie a insisté sur le fait que son peuple se souvient autant de sa simplicité et de sa gentillesse que de ses géniales découvertes. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Lun 02 Sep 2013, 13:25 | |
| Patrick Deville aussi, fait sa rentrée :
sur France -culture, du lundi au vendredi de 20h30 à 21 heures feuilleton :
" PURA VIDA" :Vie et mort de William Walker en 10 épisodes
ce soir, c'est le premier épisode
William Walker est un Lecteur de Byron, un enfant du siècle romantique. Quand sa fiancée meurt, il noie son chagrin dans l'aventure, arme un équipage, part en flibuste et devient président du Nicaragua. Il finira fusillé sur une plage hondurienne. De William Walker à La chute des sandinistes à la fin du XXe siècle, en passant par Simon Bolivar et Che Guevara, deux siècles de révolutions latino-américaines.
sinon 277 p chez Points Seuil | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Mar 03 Sep 2013, 12:28 | |
| Pura Vida
Episode 1
Ce récit, à la fois roman, chronique et journal de voyage, tourne autour de la vie et de la mort d'un aventurier américain du XIXe siècle, William Walker, éphémère président du Nicaragua qui finira fusillé sur une plage hondurienne.
De William Walker à la chute des sandinistes à la fin du XXe siècle, en passant par Simon Bolivar et Che Guevara, ce sont deux siècles de révolutions latino-américaines que Patrick Deville et son narrateur, sorte de double de l’écrivain-voyageur, parcourt à travers des rencontres que l’on ne fait qu’en sachant accueillir l’imprévu. vous pouvez écouter en différé le premier épisode; | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Ven 15 Nov 2013, 07:39 | |
| Pura Vida
1/2 le voyageur.
Beau feuilleton, parfois difficle à suivre en raison de la complexité du livre.
Il se déroule, en , gros sur 3 niveaux temporels : le présent du voyageur, la révolution sandiniste de 79, l'histoire de william Walker, mais aussi tout le passé de l'Amérique centrale (Nicaragua, Honduras, Salvador etc.)
Le présent est lui-même complexe puisque le voyageur rencontre des écrivains (Roberto Castillo, Sosa), des mythomanes, lit la presse, discute avec des chauffeurs de taxi, évoque d'autres lieux de résidence et d'autres époques, dans une unité qui est celle de sa vie, évoquée par bribes. La lecture de la presse lui fournit des faits divers qu'il commente brièvement, sans les envolées de Ferrari. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Sam 16 Nov 2013, 07:52 | |
| Pura vida2/2 Pasages incessants entre la révolution sandiniste et le passé de l'Amérique centrale. Un regard synthétique embrasse toute cette histoire, s'attardant sur les figures d'entreprises hasardeuses : escrocs, aventuriers, mégalomanes charismatiques, aux destins vite bouclés. L'apogée amène parfois à la présidence de plusieurs états, le plus souvent à des exécutions, où les amis d'hier règlent leurs comptes. D'autres échouent plus rapidement et se retrouvent amnésiques sur une plage, avec une mallette, une photo de femme ; On les retrouve dans des cafés douteux dont le sol est jonché de vieilles lettres d'amour. "je connais gens de toutes sortes Ils n'égalent pas leurs destins, leurs coeurs bougent comme des portes". Deville pourrait reprendre ces vers d'Apollinaire, lui qui se dit fasciné par les échecs grandioses de ses personnages historiques. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Mer 20 Nov 2013, 08:21 | |
| - Citation :
- Sait-on jamais ce qui fait agir les hommmes. Parfois suffisent les rêves de garagiste.
- Citation :
- Pura vida est un idiotisme costa-ricien, un ticismo intraduisible.En deux mots, c'est le plus beau compliment qui se puisse adresser à la vie. Lorsque de temps à autre elle le mérite.
| |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Sam 30 Nov 2013, 18:32 | |
| Rencontre avec Patrick Deville qui évoque son parcours.
Le prix fémina n' a rien changé à sa production littéraire, il n'est pas sensible aux "timbales".
Au départ 5 "romans expérimentaux" chez Minuit. Il fréquentait, comme aujourd'hui, Echenoz, Toussaint discutant du style indirect libre et de l'utilisation des tirets pour un dialogue...
Actuellement il est au Seuil, et il explore la période de 1860 à nos jours avec une "petite bande" de personnages familiers (Savorgnan de Brazza, Stanley, Rimbaud etc) et des clans (les pasteuriens, la navale de Brest) dont il sait exactement ce qu'ils faisaient en 1860 comme en 1880.
A travers eux et sur les "Zones", comprendre les espaces géographiques, il étudie l'exploration, la colonisation, les deux guerres mondiales, la décolonisation, la guerre froide, l'effondrement du Mur...
Avec ces personnages, et ces "carottages historiques" dans les zones - Asie, Afrique, Cuba, Amérique latine, selon le modèle des vies parallèles de Plutarque, il veut aboutir à une vision actuelle du présent.
Pour lui les chapitres constituent un livre, qui, lui-même est un chapitre dans une grande fresque historique dont il souligne les lignes de force pour comprendre notre époque.
Tout est lié planétairement, et amène à se poser la question : serions-nous actuellement du côté des bourreaux ou des héros ?
Cette vision synthétique l'amène à ausculter/écouter, au ras du terrain comme à une grande hauteur de vue, donc fréquenter les chauffeurs de taxi comme lire les journaux, ou enquêter sur des destins individuels comme prêter l'oreille aux diagnostics des écrivains du pays. | |
| | | Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
| Sujet: Re: Patrick Deville Sam 30 Nov 2013, 21:08 | |
| tu as l'air passionné. C'était donc une belle rencontre ! contente pour toi | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Patrick Deville Dim 01 Déc 2013, 07:17 | |
| ma foi, c'est toujours intéressant d'ecouter un auteur parler d'un projet d'envergure.
La peste et le cholera, avec le personnage de yersin (prononcer yersaint) est un codicille à Kampuchea où Yersin apparaît deux fois.
j'ai eu du mal à m'y retrouver avec pura vida adapté à la radio, j'ai emprunté le livre, laissé décanter, et finalement compris le projet de Deville.
la première impression est désarmante car il fait appel à des connaissances transversales auxquelles nous ne sommes pas familiers.
Deville mélange les genres, n'est pas un écrivain voyageur, mais un esprit synthétique, qui examine du "point de vue de Sirius" notre planète, tout en posant ses pieds sur le terrain. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Patrick Deville Dim 16 Fév 2014, 22:12 | |
| J’ai relu, ces jours derniers, Peste et choléra. Je l’avais modérément apprécié la première fois. Cette fois-ci, je l’ai lu autrement. J’y ai trouvé une sorte de biographie éclatée, qui rend compte, je pense, avec exactitude du personnage étonnant que fut Yersin. Et en même temps, comme la vie de cet homme fut un véritable roman, Deville a pu en effet en écrire un avec les matériaux trouvés. « Ce n’est pas une vie que de ne pas bouger ! » a-t-il écrit à sa mère et il a beaucoup bougé sauf à la fin de son existence, contraint par l’âge de rester dans son fauteuil et en profitant pour traduire les grands auteurs de l’antiquité. Perpétuellement en mouvement, l’écriture brève de Deville l’est également et lui permet de passer rapidement, comme son héros, d’une activité à une autre mais aussi, par la même occasion, d’une époque à une autre, tout en brossant l’essentiel de cette longue vie et d’un siècle riche en événements. « Le fantôme du futur », qui représente l’auteur lui-même , m’a paru à la limite de l’artifice et m’a moins plu. Parfois aussi, il m’a semblé que le ton ironique adopté était discutable, j’avais presque le sentiment d’une forme de condescendance à l’égard de ce savant génial que ni la gloire ni l’argent n’intéressaient mais qui trouva l’une au sein même du peuple vietnamien et l’autre naturellement sans le chercher véritablement, au point qu’il disposa d’une véritable fortune. | |
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| Sujet: Re: Patrick Deville | |
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| | | | Patrick Deville | |
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