la lecture à l'école

fulcanelli a écrit:

C'est vrai aussi, c'est souvent une histoire de moment, de réceptivité.
Quand j'ai lu Trois contes de Flaubert à l'école, je l'avais décrété livre le plus ennuyeux de tous les livres (que j'avais lu). Quand je l'ai relu des années plus tard j'ai découvert un texte fabuleux, riche, drôle et d'une écriture d'un tel équilibre. Mais pouvais je voir ça à treize ans avec un prof qui n'essaie même pas d'expliquer ce qui est génial dans le texte et chez l'auteur?

Lîlâ a écrit:

De toute façon, à partir du moment où c'est un prof qui a dit de lire un livre, on a une mauvaise réceptivité de base, on part du principe que cela risque d'être ennuyeux et rébarbatif, et l'on perd l'envie de le lire. Surtout quand on est jeune.

Terribles ces deux commentaires ! Les élèves qui m'ont dit avoir découvert un livre ou un auteur grâce à moi, l'auraient-ils fait pour me faire plaisir ou par flagornerie ?!

Je rassure Nicyrle, j'ai quand même eu des profs de français épatants (par exemple un certain Mr Godet en seconde, ancien champion de javelot, qui aimait réellement les livres et je pense toujours à lui en lisant Hérédia ou les poètes de la pléiade). Mais c'est vrai aussi que j'ai connu des profs (et pas qu'en français) qui auraient du faire comptable (et là je pense à une prof d'histoire où en seconde aussi j'en savais plus qu'elle -en tout cas c'est l'impression que j'en avais- et une prof d'allemand qui devait avoir pour but dans la vie de te dégoûter de la langue de l'autre côté du Rhin).

Siddhartha, c'est un prof qui me l'a fait lire et étudier.

J'ai eu quelques profs géniaux et qui m'ont fait découvrir des perles. Mais c'est vrai que c'est un discours récurrent chez les lycéens, et les collégiens, le rejet en bloc des bouquins ordonnés par le prof. La lecture imposée ne plaît pas. Mais si elle ne l'est pas, il n'y en a pas beaucoup qui liraient...

Et puis maintenant que je passe de l'autre côté de la barrière, je dois concéder qu'il est très dur de choisir les livres de façon judicieuse, tant il y a de paramètres, et de savoir si cela leur plaira ou pas...

Pour rassurer nycirle, on admettra qu'un prof sera accepté par certains et rejeté par d'autres, aucun ne fait l'unanimité, c'est une question de pourcentage entre satisfaits, indifférents et mecontents.

Entre aussi sans doute en jeu l'obligation de lire en un tmps déterminé, avec parfois un contrôle, ce qui n'accrôit pas l'appetit.
Mange-t-on sur commande ? il faut saliver d'abord...

je connais un prof qui commence chaque cours ou un courspar semaine, je ne saisplus trop, en lisant une ou deux pages d'un livre qu'il aime bien. Ca sert d'aperitif

la jf qui m'en a parlé appréciait beaucoup, mais je suis sûr aussi que s'il mettait les filles dans sa poche, certains garçons devaient ne pas apprécier et se fermer les oreilles par jalousie.

Il faisait ça avec des élèves de quelle classe, à peu près ?

C'est vrai qu'en général, toute activité originale autour de la lecture la rend plus attractive, pourvu que cela "prenne".

Ceci étant, je crois qu'il y a vraiment une difficulté première à attaquer un livre que l'on nous oblige à lire. J'ai beau adorer lire, j'avais toujours du mal à rentrer dans un bouquin que je devais obligatoirement lire dans un laps de temps imparti. Il faut réussir à prendre du recul, à dépasser le stade de l'obligation pour voir le livre autrement, en goûter la saveur. Et ça n'est pas toujours évident quand on est adolescent.

Après, je me demande si le fait que prof passe bien auprès de ses élèves ne rend pas ses lectures plus motivantes...

Lîlâ a écrit:

Il faisait ça avec des élèves de quelle classe, à peu près ?

seconde, je ne sais pas si en première il continuait.

Lîlâ a écrit:

Après, je me demande si le fait que prof passe bien auprès de ses élèves ne rend pas ses lectures plus motivantes...

c'est evident ! j'ai vu à la télé johnny Halliday faire un schéma des personnages dans romeo et juliette, je ne sais pas s'il en était l'auteur, mais c'était assez bateau.

les élèves n'avaient rien entendu de plus original et de plus profond : star oblige, à coté de lui le jeune agrégé, même cacique de l'Ens, ne fait pas le poids

Lîlâ a écrit:

Il faisait ça avec des élèves de quelle classe, à peu près ?

C'est vrai qu'en général, toute activité originale autour de la lecture la rend plus attractive, pourvu que cela "prenne".

Ceci étant, je crois qu'il y a vraiment une difficulté première à attaquer un livre que l'on nous oblige à lire. J'ai beau adorer lire, j'avais toujours du mal à rentrer dans un bouquin que je devais obligatoirement lire dans un laps de temps imparti. Il faut réussir à prendre du recul, à dépasser le stade de l'obligation pour voir le livre autrement, en goûter la saveur. Et ça n'est pas toujours évident quand on est adolescent.

Après, je me demande si le fait que prof passe bien auprès de ses élèves ne rend pas ses lectures plus motivantes...

C'est certain ! Mais je crois aussi qu'un prof doit être inventif, varier les lectures, sortir des sentiers battus, ne pas nécessairement infliger un contrôle ou une fiche de lecture (on peut parler d'un livre autrement), solliciter et accepter des suggestions d'élèves (quel que soit l'âge). Quant à lire soi-même quelques belles pages qu'on aime, pour l'avoir pratiqué dans toutes mes classes, de la 6e à la terminale, je peux affirmer que "ça marche", même auprès des plus récalcitrants !

Et ces quelques pages de lecture pour le plaisir, c'était fait dès le début de l'année, ou ponctuellement, et commençant plus tard ?

Je suis d'accord sur l'idée de varier les démarches et méthodes d'approche, mais ça n'est pas forcément évident à mettre en place quand on débute...

Tout cela me rappelle un prof qui faisait des "séances plaisir", en prépa. Quand il abordait un texte ou un auteur qui lui tenait à coeur, il nous faisait les intituler comme ça. Et ses cours vibrant de passion comme d'intelligent étaient totalement fascinants.

Lîlâ a écrit:

Et ces quelques pages de lecture pour le plaisir, c'était fait dès le début de l'année, ou ponctuellement, et commençant plus tard ?

Je suis d'accord sur l'idée de varier les démarches et méthodes d'approche, mais ça n'est pas forcément évident à mettre en place quand on débute...
Tout cela me rappelle un prof qui faisait des "séances plaisir", en prépa. Quand il abordait un texte ou un auteur qui lui tenait à coeur, il nous faisait les intituler comme ça. Et ses cours vibrant de passion comme d'intelligent étaient totalement fascinants.

Je l'ai toujours fait dès le début de l'année, histoire de mettre dans l'ambiance ! D'abord avec des textes courts, puis plu longs, avec parfois arrêt malicieux à un moment où justement on a envie de connaître la suite...
Rien n'est évident quand on commence, c'est vrai. Mais je crois qu'il faut suivre son instinct d'amoureux (se) de la littérature et avoir pour principal objectif de faire partager sa passion. Ensuite, c'est une affaire d'opportunité, de "public" aussi, car aucune classe ne ressemble à une autre.
Bon courage, Lîlâ : tu entres dans un métier magnifique ! Tous mes voeux t'accompagnent.

Disons que cette année, comme j'ai plein de choses à valider et des règles très strictes à respecter, je n'ose pas lâcher la bride sur l'imagination et la passion...trop obsédée par la nécessité de respecter scrupuleusement les exigences que l'on m'impose.

C'est aussi frustrant que de lire un livre en y étant contraint.

Croyez-vous que les élèves, qui râlent sur ce qu'on leur impose, se rendent parfois compte de ce qui est imposé à leurs profs ???

Citation :

Croyez-vous que les élèves, qui râlent sur ce qu'on leur impose, se rendent parfois compte de ce qui est imposé à leurs profs ???

Je ne pense pas. A mon avis, la prise de conscience vient plus tard. Je dirai à l'Université!

C'est bien ce qu'il me semblait. C'est pô juste.

Lîlâ a écrit:

Disons que cette année, comme j'ai plein de choses à valider et des règles très strictes à respecter, je n'ose pas lâcher la bride sur l'imagination et la passion...trop obsédée par la nécessité de respecter scrupuleusement les exigences que l'on m'impose.

C'est compréhensible mais, même dans ce cadre contraignant, d'abord l'année peut être, doit être, enrichissante et ensuite il sera peut-être possible de prendre quelques initiatives, non ? Il faut l'espérer tout de même !

oui, la desobeissance fait partie de l'education, et de tout apprentissage

rotko a écrit:

oui, la desobeissance fait partie de l'education, et de tout apprentissage

J'aime cette doctrine !
Lîlâ : tu as déjà des classes, ou tes enseignements seront encore ponctués de cours où tu seras toi même l'élève ?

Voui, mais il faut oser.

Je vais donner sept heures de vrais cours. Le reste du temps, j'aurai des formations à la pelle, toutes les semaines.

es-tu prête à faire chanter par tes élèves (toute la classe, ou un duo de volontaires) la version gainsbourg de verlaine : "je viens te dire que je m'en vais", et la version Ridan de Du Bellay que j'ai mise au bar en video ?

Si c'est non, je change de classe

Avec des secondes, faire chanter ça, je le sens mal.

Mais par contre, je sais que pas mal de profs, pour tenter d'intéresser les élèves, se basent sur des chansons. Outre ceux que tu as cités, j'ai vu des profs utiliser en cours Grand Corps Malade et faire écrire des textes de slam à leurs élèves. Notamment au collège. Cela fonctionnait plutôt bien, d'ailleurs.