Grain de sel - Forum littéraire et culturel
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 Blaise Cendrars

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MessageSujet: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 05:45

Blaise Cendrars

Trouées

Echappées sur la mer
Chutes d'eau
Arbres chevelus moussus
Lourdes feuilles caoutchoutées luisantes
Un vernis de soleil
Une chaleur bien astiquée
Reluisance
Je n'écoute plus la conversation animée de mes amis qui se partagent les nouvelles que j'ai apportées de Paris
Des deux côtés du train toute proche ou alors de l'autre côté de la vallée lointaine
La forêt est là et me regarde et m'inquiète et m'attire comme le masque d'une momie
Je regarde
Pas l'ombre d'un œil
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 05:47

Tu m'as dit ...

Tu m'as dit si tu m'écris
Ne tape pas tout à la machine
Ajoute une ligne de ta main
Un mot un rien oh pas grand chose
Oui oui oui oui oui oui oui oui
Ma Remington est belle pourtant
Je l'aime beaucoup et travaille bien
Mon écriture est nette est claire
On voit très bien que c'est moi
qui l'ai tapée
Il y a des blancs que je suis seul à savoir faire
Vois donc l'oeil qu'à ma page
Pourtant, pour te faire plaisir j'ajoute à l'encre
Deux trois mots
Et une grosse tache d'encre
Pour que tu ne puisses pas les lire.
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 05:50

prose du transiberien

En ce temps-là, j'étais en mon adolescence
J'avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J'étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J'étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n'avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d'Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j'étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu'au bout.

http://franceweb.fr/poesie/transib1.htm
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 15:14

Beaucoup aimé la presentation, Rotko, on passe les pages, à l´aide de la petite image qui accompagne le texte, presque comme s´il s´agaissait d´un livre. Merci pour le lien.
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 17:58

Les Grands fétiches

I
Une gangue de bois dur,
Deux bras d’embryon,
L’homme déchire son ventre
Et adore son membre dressé.

II
Qui menaces-tu
Toi qui t'en vas
Poings sur les hanches
A peine d'aplomb
Juste hors de grossir?

III
Noeud de bois
Tête en forme de gland
Dur et réfractaire
Visage dépouillé
Jeune dieu insexuée et cyniquement hilare."

IV
L’envie t’a rongé le menton
La convoitise te pipe
Tu te dresses
Ce qui te manque du visages
Te rend géométrique
Arborescent
Adolescent

V
Voici l’homme et la femme
Egalements laids et également nus
Lui moins gras quelle mais plus fort
Les mains sur le ventre et la bouche en tire-lire

VI
Elle
La pain de son sexe qu’elle fait cuire trois fois par jour
Et la pleine outre de son ventre
Tirent
Sur le cou et les épaules […]


British Museum
Londres, février 1916

in Poèmes nègres, Blaises Cendrars, Oeuvres complètes,
le club français du livre.
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 18:10

swallow a écrit:
Beaucoup aimé la presentation, on passe les pages, à l´aide de la petite image qui accompagne le texte, presque comme s´il s´agissait d´un livre.

C'est encore plus vrai ici, et en cliquant sur les titres manuscrits en bas de page, tu ouvres la porte aux poèmes.

http://services.wanadoo.fr/dossiers/cendrars/
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 18:44

Des poèmes en prose qui nous sont lus. Parfait.
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 27 Avr 2006, 19:24

Contrastes

Les fenêtres de ma poésie sont grand'ouvertes sur les
boulevards et dans ses vitrines
Brillent
Les pierreries de la lumière
Écoute les violons des limousines et les xylophones des
linotypes
Le pocheur se lave dans l'essuie-main du ciel
Tout est taches de couleur
Et les chapeaux des femmes qui passent sont des comètes
dans l'incendie du soir...
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyDim 15 Juil 2007, 15:53

Ceux qui connaissent bien Cendrars disent le préférer à Apollinaire

Tu es plus belle que le ciel et la mer

Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir
Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises
II y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre


la suite et quelques poèmes
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyMar 18 Sep 2007, 15:21

Il manque un bon bout du poème Constrastes.

Contrastes

Les fenêtres de ma poésie sont grand’ouvertes sur les boulevards et dans ses vitrines
Brillent
Les pierreries de la lumière
Écoute les violons des limousines et les xylophones des linotypes
Le pocheur se lave dans l’essuie-main du ciel
Tout est taches de couleur
Et les chapeaux des femmes qui passent sont des comètes dans l’incendie du soir

L’unité
Il n’y a plus d’unité
Toutes les horloges marquent maintenant 24 heures après avoir été retardées de dix minutes
Il n’y a plus de temps.
II n’y a plus d’argent.
A la Chambre
On gâche les éléments merveilleux de la matière première

Chez le bistro
Les ouvriers en blouse bleue boivent du vin rouge
Tous les samedis poule au gibier
On joue
On parie
De temps en temps un bandit passe en automobile
Ou un enfant joue avec l’Arc de Triomphe...
Je conseille à M. Cochon de loger ses protégés à la Tour Eiffel.

Aujourd’hui
Changement de propriétaire
Le Saint-Esprit se détaille chez les plus petits bouti quiers
Je lis avec ravissement les bandes de calicot
De coquelicot
II n’y a que les pierres ponces de la Sorbonne qui ne sont jamais fleuries
L’enseigne de la Samaritaine laboure par contre la Seine
Et du côté de Saint-Séverin
J’entends
Les sonnettes acharnées des tramways

Il pleut les globes électriques
Montrouge Gare de l’Est Métro Nord-Sud bateaux-mouches monde
Tout est halo
Profondeur
Rue de Buci on crie L'Intransigeant et Paris-Sports
L’aérodrome du ciel est maintenant, embrasé, un tableau de Cimabue
Quand par devant
Les hommes sont
Longs
Noirs
Tristes
Et fument, cheminées d’usine
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyDim 29 Mar 2009, 17:37

Je ne connais qu'Académie Medrano de Cendrars, poème en vers très livbes, plein de rebondissements, un véritable pied de nez à la poésie classique.

Blaise Cendrars Acadmiemedrano
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyJeu 24 Nov 2011, 16:13

Les Paques A New-York

Les fleurs de la Passion sont blanches comme des cierges,
Ce sont les plus douces fleurs au Jardin de la Bonne Vierge.

C'est à cette heure-ci, c'est vers la neuvième heure,
Que votre tête, Seigneur, tomba sur votre Coeur.

Je suis assis au bord de l'océan
Et je me remémore un cantique allemand,

Où il est dit, avec des mots très doux, très simples, très purs,
La beauté de votre Face dans la torture.

Dans une église, à Sienne, dans un caveau,
J'ai vu la même Face, au mur, sous un rideau.

Et dans un ermitage, à Bourrié-Wladislasz,
Elle est bossuée d'or dans une châsse.

De troubles cabochons sont à la place des yeux
Et des paysans baisent à genoux Vos yeux.

Sur le mouchoir de Véronique Elle est empreinte
Et c'est pourquoi Sainte Véronique est votre sainte.

C'est la meilleure relique promenée par les champs,
Elle guérit tous les malades, tous les méchants.

Elle fait encore mille et mille autres miracles,
Mais je n'ai jamais assisté à ce spectacle.

Peut-être que la foi me manque, Seigneur, et la bonté
Pour voir ce rayonnement de votre Beauté.

Pourtant, Seigneur, j'ai fait un périlleux voyage
Pour contempler dans un béryl l'intaille de votre image.

Faites, Seigneur, que mon visage appuyé dans les mains
Y laisse tomber le masque d'angoisse qui m'étreint.

Faites, Seigneur, que mes deux mains appuyées sur ma bouche
N'y lèchent pas l'écume d'un désespoir farouche.

Je suis triste et malade. Peut-être à cause de Vous,
Peut-être à cause d'un autre. Peut-être à cause de Vous.

Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice
Est ici, parquée tassée, comme du bétail, dans les hospices.

D'immenses bateaux noirs viennent des horizons
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.

Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.

Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.

C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.

un extrait du poeme j'ai pas mis tout le poeme car c'est tres long
Cendrars a envoye ce poeme à Apollinaire et il a dit que il a influence apollinaire en ecrivant Zone.Une querrelle qui n'est jamais reglee, Ce poeme marque l'esprit nouveau de l'epoque cat
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MessageSujet: Re: Blaise Cendrars   Blaise Cendrars EmptyMer 22 Mai 2013, 18:52

Cendrars, poète de la partance


Ses “Œuvres autobiographiques complètes” y paraissent en deux volumes établis par Claude Leroy. Accompagnés d’un émouvant album dû à Laurence Campa, célébrant l’auteur de “La Main coupée”.
Avec Apollinaire, Cendrars est l’un des écrivains du XXe siècle qui ouvrirent la poésie française à la modernité : de 1912, en effet, datent les strophes de ses "Pâques à New York", texte d’un rien antérieur à "Zone" du précité Apo. C’est en 1912, aussi, qu’il commence à écrire ce qui deviendra son prodigieux poème fleuve, "Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France" : les mots à l’aventure.

Blaise Cendrars 14778



En ce temps-là, j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance
J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon coeur tour à tour brûlait comme le temple d’Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Et j’étais déjà si mauvais poète
Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.
Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare croustillé d’or,
Avec les grandes amandes des cathédrales, toutes blanches
Et l’or mielleux des cloches...
Un vieux moine me lisait la légende de Novgorode
J’avais soif
Et je déchiffrais des caractères cunéiformes
Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place
Et mes mains s’envolaient aussi avec des bruissements d’albatros
Et ceci, c’était les dernières réminiscences
Du dernier jour
Du tout dernier voyage
Et de la mer.

Pourtant, j’étais fort mauvais poète.
Je ne savais pas aller jusqu’au bout.
J’avais faim
Et tous les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres
J’aurais voulu les boire et les casser
Et toutes les vitrines et toutes les rues
Et toutes les maisons et toutes les vies
Et toutes les roues des fiacres qui tournaient en tourbillon sur les mauvais pavés
J’aurais voulu les plonger dans une fournaise de glaive
Et j’aurais voulu broyer tous les os
Et arracher toutes les langues
Et liquéfier tous ces grands corps étranges et nus sous les vêtements qui m’affolent...
Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe...
Et le soleil était une mauvaise plaie
Qui s’ouvrait comme un brasier
En ce temps-là j’étais en mon adolescence
J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance
J’étais à Moscou où je voulais me nourrir de flammes
Et je n’avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux
En Sibérie tonnait le canon, c’était la guerre
La faim le froid la peste et le choléra
Et les eaux limoneuses de l’Amour charriaient des millions de charognes
Dans toutes les gares je voyais partir tous les dernier trains
Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de billets
Et les soldats qui s’en allaient auraient bien voulu rester...
Un vieux moine me chantait la légende de Novgorode. […]
Or, un vendredi matin, ce fut enfin mon tour
On était en décembre
Et je partis moi aussi pour accompagner le voyageur en bijouterie qui se rendait à Kharbine
Nous avions deux coupés dans l’express et 34 coffres de joailleries de Pforzheim
De la camelote allemande "Made in Germany"
Il m’avait habillé de neuf et en montant dans le train j’avais perdu un bouton
- Je m’en souviens, je m’en souviens, j’y ai souvent pensé depuis -
Je couchais sur les coffres et j’étais tout heureux de pouvoir jouer avec le browning nickelé qu’il m’avait aussi donné
J’étais très heureux, insouciant
Je croyais jouer au brigand
Nous avions volé le trésor de Golconde
Et nous allions, grâce au Transsibérien, le cacher de l’autre côté du monde
Je devais le défendre contre les voleurs de l’Oural qui avaient attaqué les saltimbanques de Jules Verne
Contre les khoungouzes, les boxers de la Chine
Et les enragés petits mongols du Grand-Lama
Alibaba et les quarante voleurs
Et les fidèles du terrible Vieux de la montagne
Et surtout contre les plus modernes
Les rats d’hôtels
Et les spécialistes des express internationaux.
Et pourtant, et pourtant
J’étais triste comme un enfant
Les rythmes du train
La "moelle chemin-de-fer" des psychiatres américains
Le bruit des portes des voix des essieux grinçant sur les rails congelés
Le ferlin d’or de mon avenir
Mon browning le piano et les jurons des joueurs de cartes dans le compartiment d’à côté
L’épatante présence de Jeanne
L’homme aux lunettes bleues qui se promenait nerveusement dans le couloir et me regardait en passant
Froissis de femmes
Et le sifflement de la vapeur
Et le bruit éternel des roues en folie dans les ornières du ciel
Les vitres sont givrées
Pas de nature!
Et derrière, les plaines sibériennes le ciel bas et les grands ombres des taciturnes qui montent et qui descendent
Je suis couché dans un plaid
Bariolé
Comme ma vie
Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle écossais
Et l’Europe toute entière aperçue au coupe-vent d’un express à toute vapeur
N’est pas plus riche que ma vie
Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d’or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l’univers
Est une pauvre pensée...


Beaucoup lu de son vivant (pour ses grands reportages autant que pour ses récits et romans), tôt publié en "Livre de poche" (où l’on redécouvrit le terrifiant "Moravagine", son "double démoniaque"), B.C. entre aujourd’hui dans le Louvre des Lettres qu’est La Pléiade. Y paraissent simultanément deux volumes de ses "Œuvres autobiographiques complètes" dans une édition admirablement établie sous la direction de Claude Leroy (avec la collaboration de Jean-Carlo Flückiger, Christine Le Quellec Cottier et Michèle Touret) ainsi qu’un "Album Blaise Cendrars" dû à Laurence Campa. L’auteur de "L’Or" ne se prénommait Blaise pas plus qu’il ne se nommait Cendrars : Frédéric Louis Sauser naquit en Suisse, à La Chaux-de-Fonds le 1er septembre 1887 (en la même ville et la même année que Le Corbusier), au sein d’une famille peu unie dont vite il s’éloignera. Ne le retrouve-t-on pas, dès ses 17 ans, à Saint Pétersbourg, travaillant chez un horloger ? Les voyages étoileront la vie de cet insaisissable recréateur du réel.

Engagé en août 14, transféré en 15 dans la Légion étrangère et combattant sur le front de la Somme, il y sera amputé du bras droit - son bras d’écrivain. Les deux volumes sont axés autour des années 1945-1949, quand parurent "L’Homme foudroyé", "La Main coupée", "Bourlinguer" et "Le Lotissement du ciel". Cendrars reçut le Grand prix littéraire de la ville de Paris le 17 janvier 1961, quatre jours avant d’y mourir. Dans sa préface au tome 1, Claude Leroy écrit : "Cendrars s’enivre de départs. Ce qui le comble plus que tout est le mot magique de partance ( )". Cendrars qui dira, dans "Le Lotissement du ciel" : "On rêve./On n’est nulle part./ Il ne faudrait jamais arriver ( )". Francis Matthys

Œuvres autobiographiques complètes Blaise Cendrars Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade
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Amadak
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MessageSujet: Blaise Cendars-page I   Blaise Cendrars EmptySam 25 Mai 2013, 20:48

pour Soussou:
intéressant commentaire sur cet écrivain. Je ne le connaissais pas comme poète, maintenant j'ai ,grace à toi ,lu plusieurs poèmes: ce dernier que tu as mis est une autobiographie en vers. Nous avons lu sur GDS* Moravagine, ce livre m'avait fascinée. J'ai entendu que "l'Or" avait abouti au cinéma.
Un personnage Blaise Cendars´merci de l'avoir évoqué.
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