Marcel Proust: L'indifférent (nouvelle)

J'ai fait une petite trouvaille dans ma chère bibliothèque municipale ce matin: Une nouvelle de Proust

La quatrième de couverture m'a conquise:
"Parue, il y a quate-vingts ans dans une revue éphémère, cette nouvelle de Marcel Proust, oubliée de tous, a été retrouvée par Philip Kolb. Elle avait été publiée en 1896 dans la Vie contemporaine. On peut penser qu'elle fut écrite en 1893, alors que Proust avait vingt-deux ans.
On retrouvera avec amusement et curiosité, dans cette œuvre de jeunesse, bien des thèmes et des mots proustiens: les crises d'asthme, les cattleyas, l'Opéra, et surtout une étude de la cristalisation de l'amour qui est déjà celle qui sera développée dans Un amour de Swann et dans l'analyse des sentiments que le narrateur de la Recherche porte à la duchesse de Guermantes et à Albertine."

Cette nouvelle est très courte, une trentaine de pages environ. Le jeune Marcel se cherche encore comme écrivain. On ne retrouve donc pas la grandeur de l'écriture de la Recherche mais les thèmes récurrents sont déjà présents, à l'exception des réminiscences.
Je dirai que c'est une nouvelle à lire pour ceux qui ont déjà lu la Recherche mais que les autres ne comprendront pas en quoi Proust est un des plus grands écrivains en lisant cette oeuvre de jeunesse.

Pour finir un passage de la préface de Philip Kold:
"Le sujet de notre nouvelle est, à peu de chose près, essentiellement le même que celui d 'Un Amour de Swann. C'est l'étude de la "cristallisation" de l'amour chez une grande dame qui, par caprice, s'éprend soudain d'un homme à qui elle n'avait guère fait attention jusque-là. Ce qui provoque le phénomène, c'est l'indifférence de Lepré, dont Madeleine s'aperçoit juste au moment où elle apprend l'imminence du départ de cet homme pour un long voyage. C'est alors qu'elle se rend compte de son amour: ".... elle comprenant seulement, en sentant tout ce qui s'arrachait d'elle, ce qui y était entré". (...)
Quand Madeleine est en tête-à-tête avec Lepré, elle voudrait "presque inconsciemment appliquer les maximes de coquetterie contenue dans le célèbre; "Si je ne t'aime pas, tu m'aimes" ". Elle y écoue pourtant, et c'est elle qui y tombe victime. "

Ah Philip Kolb n'est-ce pas le mec qui a collecté toute la correspondance de Proust?

peut être, dans la préface il raconte que c'est la lecture d'une lettre de Proust, qui faisait référence de cette nouvelle, qui l'a amené à la rechercher....

Cette nouvelle appartient aux œuvres de jeunesse de Proust réunis dans Les Plaisirs et les Jours trouvable en folio. Il s'agit si je me rappelle bien d'une esquisse d'"Un Amour de Swann" inversé.

Dans la préface Philip Kolb raconte que Proust a supprimé la nouvelle du recueil Les plaisirs et les jours. donc si elle est dans l'édition Folio, c'est sans doute un ajout de l'éditeur mais non la volonté de Proust.
Oui, c'est bien une esquisse inversée d'un amour de Swann.
Sinon, je lirai bien le recueil.