La passion selon Juette
L’auteur :
Née en 1973 à Paris, Clara Dupont-Monod est l'auteur de deux romans : Eova Luciole (1998) et La Folie du roi Marc (2000) , et d'un document : Histoire d'une prostituée (2003).
Quartième de couverture :
« Juette est née en 1158 à Huy, une petite ville de l'actuelle Belgique. Cette enfant solitaire et rêveuse se marie à treize ans dans la demeure de ses riches parents. Elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes avides. Non au clergé corrompu. Violente et lucide sur la société de son temps, elle défend la liberté de croire, mais aussi celle de vivre à sa guise. Elle n'a qu'un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre : à quelles extrémités arrivera-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l'Eglise n'aime pas les âmes fortes... De ce Moyen Age traversé de courants mystiques et d'anges guerriers, qui voit naître les premières hérésies cathares, Clara Dupont-Monod a gardé ici une figure singulière de sainte laïque. Elle fait entendre enfin la voix de Juette l'insoumise. Peut-être l'une des premières féministes. »
Mon humble avis :
Un récit à deux voix de facture classique : celle de Juette et celle de Hugues alternent. La description des conditions de vie de ce Moyen-Age est pertinente et on ressent bien la montée en puissance de la bourgeoisie (surtout en ces villes du Nord), les doutes religieux face à la richesse de plus en plus frappante du clergé, clergé qui veut finir d’asseoir sa domination sur les âmes et par ce faire sur la politique et le commerce, la réaction des humbles et croyants intègres ce qui donne naissance à de nouvelles congrégations (cathares, béguines, etc…), et la répression qui s’ensuivra par l’Eglise, mais aussi par le pouvoir royal qui lui aussi veut asseoir sa puissance. Et Juette qui n’est qu’une femme et doit obéir, se plier aux ordres de ses parents, de son mari, des prêtres, rester dans l’ombre et ne pas penser, à peine rêver, s’effacer ; mais Juette des rêves, elle en a et en culpabilise ; entre chevaliers des romans courtois et saints ou saintes, la peur de la faute, du Diable s’infiltre. Juette se révolte ou se soumet tour à tour et se confie à Hugues qui dédramatise, la rassure, la conseille. Et bien que ayant atteint une certaine liberté et une grande force morale en quittant son monde pour s’occuper des lépreux, Juette est de plus en plus hantée par des visions et le discours que lui prête l’auteur devient de plus en plus haché, halluciné, voire incohérent : et cela me gène, car je trouve que le personnage perd de son intégrité et de sa cohérence. Même plus avant dans le texte, je ressentais Juette comme un personnage typée, une abstraction, plus qu’un personnage vivant et exixtant. Personnellement si donc j’ai trouvé la vie de ce monde moyen-âgeux bien documentée et riche d’intérêt, je suis restée sceptique face à cette Juette par trop stéréotypée et convenue ; le personnage de Hugues est de beaucoup plus complexe et moins caricatural, il paraît plus réel et présent.
