Sonate au Clair de Lune (nouvelle 2)

En préambule de cette nouvelle, je tenais à vous inciter à lire tout en écoutant cette fameuse sonate.
Vous la trouverez ici



Matin déprime. Comme chacun en connaît à l’occasion.

Dehors, le vent hurlait. La pluie, furieuse, cinglait les vitres ; depuis des heures maintenant, un air d’apocalypse flottait sur la ville. Les idées d’Alban s’harmonisaient avec la couleur des nuées qui défilaient à toute allure devant ses yeux. Longtemps il demeura devant la fenêtre à suivre les gouttes qui ruisselaient sur les carreaux. Sans toutefois les voir, tant il était préoccupé.

Il avait mal dormi. Les mauvais pressentiments qu’il nourrissait depuis sa visite rue Auguste Renoir se muaient rapidement en certitudes délétères. Son esprit s’échauffait, obnubilé. L’image de cette jeune femme rencontrée au hasard d’une errance printanière, le hantait. Son visage angélique demeurait là, devant lui, devant ses yeux. Ses yeux qu’il était inutile de clore.

Comment pouvait-elle accaparer ainsi ses pensées, son énergie ? Il se sentait vidé, privé de son essence, de sa vitalité. Se pouvait-il qu’il soit déjà amoureux ? A l’issue d’un simple regard, d’un seul sourire ?

Il irait de nouveau rôder autour de ce Moulin de la Galette local. Dès que la pluie cesserait.

Si elle devait cesser un jour…

Alban se dirigea vers le meuble dans lequel il rangeait ses CD et en prit un. Choisi avec le plus grand soin. Une minute plus tard, un piano se mit à égrener les notes de la sonate au Clair de Lune. Pourquoi son âme douloureuse éprouvait-elle le besoin de se torturer encore en se noyant dans une musique aussi mélancolique ? Elle n’allégerait probablement pas son humeur maussade. Cette langueur solidement ancrée en lui réclamait d’être nourrie, toujours davantage.

Cette pièce ne manquait jamais de lui procurer la plus vive émotion. Il ferma les yeux. Une larme perla et s’écoula lentement sur sa joue. Tout, dans l’intimité du salon, semblait suivre le rythme trainant de la partition.

L’instrument trônait devant lui. Des doigts qui ne pouvaient être les siens frappaient lentement les touches. Note après note, mesure après mesure, l’extraordinaire beauté de la mélodie emplit la pièce. Beethoven la composa dans une période de détresse morale alors qu’il prenait conscience de la surdité insidieuse qui gagnait son être. Comme lui, Alban se sentait glisser inexorablement sur une pente qu’il pensait ne jamais pouvoir gravir à nouveau. Qui était-elle ? Quel était son nom ? Où la reverrait-il ? La retrouverait-il seulement ?

Mais cette fois encore la magie opéra. La musique l’envahit et l’hypnotisa, au point que les images qui l’avaient dévoré s’estompèrent.

Et bientôt, plus rien d’autre n’exista plus.

J'aime beaucoup l'idée d'écrire sur une certaine musique, je fais souvent la même chose, et ici je trouve que l'écriture est en phase avec la sonate : mélancolique, avec une certaine détresse, mais qui n'appesantit pas non plus. La musique qui guérit de tout, je trouve que c'est un thème magnifique, que tu as vraiment bien rendu ici.

Alors Bulma, mets ton grain de sel ici.

Harelde, tu as un coeur d'adolescent - et une bonne sensibilité musicale.

magnifique récit , tu as touché mes sentiments les plus chers: la bonne musique et la belle écriture.
mes compliments!!!

Ce Harelde, quel tombeur !

rotko a écrit:

Ce Harelde, quel tombeur !

Jaloux !

rotko a écrit:

tu as un coeur d'adolescent

Je vois exactement ce que tu veux dire...