Isabelle Jarry

J'ai nom sans bruit.

« J’ay nom sans bruit
Feuille sans fruit,
Dures espines me font flours :
Ainsi me gouvernent amours,
Sans avoir autre saufconduit :
Le jour m’est nuit. »
Martin Le Franc (1410-1461)

Le livre commence ainsi : « Il y a quelques temps, je suis partie vivre à la campagne. »
La narratrice, c’est Marie, une poétesse que la douleur de perdre son mari, Philippe, a privée de l’usage des mots. Alors, très vite, elle sombre dans la déchéance sociale et se voit aussi enlever sa petite Nisa, confiée à une institution spécialisée.
Sans ressources, Marie se retrouve dans la rue, à Paris où elle vit, seule et minée par le chagrin. Pendant cinq mois, elle va errer « là où rien n’existe parce que le regard n’y pénètre plus ».
Désespérée, elle choisit de rejoindre une très modeste maison que Philippe avait hérité en pleine campagne. Ce sera son refuge. Elle va laver, ranger cette maison presque abandonnée et sans confort. Elle qui ne connaît rien à la campagne, elle coupe du bois, défriche le terrain. Son dernier espoir, c’est de reconstruire un cadre de vie décent pour Nisa qu’elle veut retrouver.
Ce livre est le portrait poignant d’une femme admirable, pure et sage. En filigrane aussi, la critique d’un monde où les liens sociaux se sont délités et où la création est en danger.

Ce livre vient de ressortir en édition de poche.

Je fais remonter...parce que c'est une auteure peu connue et qui mérite de l'être!

j'ai nom sans bruit 2004 était son roman le plus connu,

Citation :

Depuis la mort de son compagnon, Marie a tout perdu : son grand amour mais aussi sa maison, son travail, sa fille de cinq ans. Un désastre qui la conduit dans la rue puis à la campagne dans une solitude totale. Elle y vivra une dernière épreuve la perte des mots.

après L'Homme de la passerelle, prix du premier roman, voici le dernier

Millefeuille de onze ans d'Isabelle Jarry chez Stock,
où elle parle de sa vocation d'écrivain, et de ses romanciers favoris.

Mille feuille de onze ans, paru chez Stock est d'une lecture facile : la couverture rend bien compte de cette évocation d'une élève de sixième réservée et bien sage : jeannette, bonne en français, elle découvre en entrant au collège des idées plus hardies, des comportements plus audacieux, mais elle poursuit son itinéraire de petite écolière intéressée par l'amour des mots et la mythologie.

Les premières pages sont les plus interessantes : la déception, l'humiliation, et l'amertume de l'auteur à voir son précédent manuscrit refusé par l'editeur.

Je viens de le terminer

Le livre est bien écrit , une écriture limpide , sobre et élégante. Le personnage de Marie m'a touchée , elle a tout perdu et toutes ses certitudes s'envolent . Elle voit dans le regard des autres qu'elle n'est plus rien , commence pour elle une lente descente, où elle perdra même l'usage des mots, qu'elle tentera de retrouver, à force de volonté, comme elle fera pour retrouver sa fille. Envers et contre tout, elle parviendra à se reconstruire.

Un livre qui nous renvoie à nos propres peurs (celles de tout perdre, de se perdre ? de la déchéance?)

La fin, en demi teinte, m'a un peu déçue , l'histoire n'évolue pas vraiment, c'est un beau récit, pas inoubliable, mais à lire pour la prose et le récit percutant , la beauté bouleversante des sentiments entre une mère et sa fille et de son combat

extrait
"J'habitais dans la rue, certes, mais je restais la même femme. Je n'étais pas folle, ni mal élevée,, j'avais un peu de culture et je savais réflechir, j'étais capable d'échanger des idées, à plus forte raison des banalités. Mais non, personne ne désirait bavarder avec moi. Etait-ce parceque j'étais sale ? Mal habillée ? De quoi avaient peur ceux qui se détournaient, vaguement offusqués ? Ils vivaient dans un monde et j'en étais exclue, cela suffisait à empêcher le moindre dialogue. Ils se réveillaient le matin dans leur lit et prenaient leur café dans la cuisine, je me réveillais tout habillée sur le trottoir et ne buvais plus jamais de café , ils descendaient dans la rue pour aller travailler, je ramassais mes affaires et levais le camp à la recherche d'une autre rue ou m'ennuyer des heures durant. Ils se dépêchaient déjà, plongès dans l'excitation d'une nouvelle journée qui commençait, je traînais les pieds, écrasée dès le matin par l'indigence de ma condition et l'absence de toute perspective."

plume a écrit:

La fin, en demi teinte, m'a un peu déçue, l'histoire n'évolue pas vraiment

Aparemment, tu n'es pas la seule à avoir perçu cela, j'avais lu quelques critiques qui le soulignaient également.

En lisant vos avis sur ce livre, je me dis qu'il faut toujours frapper fort pour faire ouvrir les yeux, non ?

C'est à dire que je pense qu'il y a beaucoup d'exclus de la société pour des raisons affectives, maladies, ou autres et là le sujet du Sans domicile fixe est fort donc il y a réaction. Dans le sens exclus je veux dire, sur lesquels les personnes ne portent d'attention, trop pris dans leurs vies, dans ce tourbillon.
Ca me fait penser à une phrase que j'ai retenue, on peut toujours prendre le temps, ce n'est pas qu'une question d'agenda mais d'attention.

Belle phrase, en effet, qui me rappelle le nombre de fois, au contraire, où on peut ne pas perdre son temps en faisant semblant de s'intéresser (en ayant une oreille pour pouvoir répondre) très fort à quelqu'un, tout en pensant à tout autre chose

Seuguh a écrit:

Belle phrase, en effet, qui me rappelle le nombre de fois, au contraire, où on peut ne pas perdre son temps en faisant semblant de s'intéresser (en ayant une oreille pour pouvoir répondre) très fort à quelqu'unE, tout en pensant à tout autre chose

Respirer le parfum aide à avoir un air extasié

On m'a conseillé de cet auteur la voix des êtres aimés chez Stock

Au début de l’été, Céleste retrouve Paul qu’elle n’a pas vu depuis quinze ans.
Il était son professeur de philosophie, elle a été sa jeune maîtresse pendant trois ans.
Paul est très malade. Se sachant condamné, il demande à Céleste de venir passer quelques jours avec lui à la campagne. Il lui demande aussi de lui raconter une histoire d’amour. Céleste lui fait le récit d’une aventure qu’elle a eue au Vietnam, des années auparavant, avec un pêcheur du nom de Hoàng.

Spoiler:

J'ai actuellement le livre, mais j'aurais besoin d'un encouragement pour le lire, je crains le pathos.