Arnaud Rykner

Une fois n'est pas coutume, on va entendre la voix de critiques
sur NUR d'Arnaud Rykner chez Babel

écoutez, je rajouterai mon grain de sel quand je l'aurai lu.

J'ai déjà lu la prose de ce bonhomme, mais dans un tout autre contexte ! C'est en effet l'auteur de l'appareil critique des pièces de Nathalie Sarraute en folio théâtre et il s'est également occupé de l'édition de ses œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade. Étant très intéressée par Sarraute, j'ai donc déjà lu ses commentaires qui sont très intéressants. C'est assez drôle de voir quelqu'un que l'on connaît comme critique écrire à côté. :hum:

NUR est l’histoire d’une passion. A lire, à savourer.

Avec l’étrange emploi du « tu » dans ce court récit, on se demande si le narrateur, tout étonné de ce qu’il vit, ne se le raconte pas pour mieux jouir de sa réalité, - à moins qu’il ne revive ces moments intenses par la mémoire.
Pour le lecteur, il se sent guidé vers ce qu’il vit à son tour, instant par instant, dans sa lecture.

Où se passe cette histoire ? On n’en sait rien, sauf qu’il y a un site avec des dessins : les premiers signes de l’humanité vont bien avec cette passion où tout est merveilleusement inédit, à ne pas croire, et c’est pourquoi on se la raconte.

attente...

Citation :

La chambre est vaste, elle est vide ; nue ; perdue. Abandonnée par son corps à elle.

On dirait qu’à présent elle ne sait plus qu’attendre, attendre que cette femme vienne de nouveau l’emplir, la remplir de son souffle, de cette odeur qui monte d’elle, de tous ses membres, de la jointure de ses membres, de ses cheveux que tu voudrais encore pouvoir tenir entre tes mains mais qui flottent quelque part au loin, très loin aux confins de sa ville.

chez la Brune, Arnaud Rykner publie le Wagon.

Contexte du récit :

6 juin 1944 - Débarquement de Normandie


APPEL AUX BARRICADES (22 AOUT 1944)
ORDRE POUR LA DEFENSE DE LA POPULATION PARISIENNE

Incipit, en forme de préface

Citation :

Le 2 juillet 1944 est parti de compiègne un des derniers trains de déportés.

Le dernier train de Compiègne à Dachau.

Mais il y eut encore des trains de la France vers les camps tout au long de l'été. Très longtemps, et jusqu'au début de l'automne, bien après le débarquement de Normandie, bien après la libération de Paris. Aussi incroyable que cela paraisse.

Arnaud Rykner, le Wagon.(la brune).

Dans ce train-ci de vingt-deux wagons, complétés des wagons d’escorte et d’un wagon de queue, avaient été entassés deux mille cent soixante-six hommes, arrêtés par la police française ou par la Gestapo.

Pour accomplir un trajet de vingt-quatre heures en temps normal, le convoi 7909 mit plus de trois jours, par une chaleur accablante, dans des régions où l’on enregistra les températures les plus élevées de la période. Les conditions furent telles que soixante-dix-sept heures après son départ, on compta cinq cent trente-six cadavres - ce qui ne laissait plus au camp que mille six cent trente rescapés provisoires dont beaucoup encore allaient périr sans revoir la France.

Bobby W a écrit:

l'auteur de l'appareil critique des pièces de Nathalie Sarraute en folio théâtre… Arnaud Rykner s'est également occupé de l'édition de ses œuvres complètes dans la Pléiade. […] C'est assez drôle de voir quelqu'un que l'on connaît comme critique écrire à côté.

Arnaud Rykner est aussi metteur en scène, et ce texte, mis dans la bouche d’un de ces « voyageurs » du convoi 7909, se prêterait bien à une lecture publique ou à une mise en scène.

C’est évident à la lecture. Il prend oralement toute sa dimension poignante.


Tenez bon. Mais à quoi on peut tenir quand on a soif comme j’ai soif, quand on étouffe comme dans un four, qu’on pue, qu’on ne sait pas où on va, qu’on ne sait plus où on est, qui on est, que votre ventre n’en peut plus de crampes, que votre dos vous fait crier A quoi tenir bon Dieu ?

J’ai soif. Je ne sais que ça. J’ai soif. Et je vais crever si on me donne pas à boire. Je vais crever et tous ceux-là autour de moi qui se mettent à crier autour de moi. Ça crie de partout. Ça crie « à boire! » autour de moi. Et moi je crie avec ça qui crie au-dehors comme au-dedans de moi. Tout mon corps n’est plus que soif, et cri, cri et soif. Soif. Soif.

la belle image

Citation :

Par discrétion, l'écrivain préfère ne pas donner de détails permettant d'identifier cet étudiant inhabituel, avec lequel il a noué une relation amicale à sa sortie de prison, et qu'il a accompagné jusqu'à sa soutenance de thèse. Il confirme néanmoins ce que laisse entendre La Belle Image, le livre issu de cette expérience "intellectuelle et humaine" : il s'agit d'un ancien professeur de lycée, dont la vie a basculé lorsqu'il a tenté d'étrangler sa compagne qui voulait le quitter.

in le Monde.

j'ai dans mon entourage un athlete qui, au moment du divorce, a tué sa femme qui le mettait au défi de tirer, dans une dispute sur une garde d'enfant. Il a tiré, et seul un de ses copains d'entraînement ne lui a pas tourné le dos.

Ça m'évoque l'anecdote sur William Burroughs qui a tué sa femme... en jouant complétement ivre à Guillaume Tell avec elle.