La cachetteDol, devenue adulte, nous raconte son enfance, ressurgie par bribes, à l’occasion de l’enterrement de sa mère. Le livre est donc une suite de tableaux très vivants, narrant la vie de cette femme qui fut une enfant brûlée très jeune dans l’incendie de sa maison, incendie allumé par sa pyromane de sœur.
Dol fait partie d’une famille nombreuse d’Angleterre, évoluant avec 5 sœurs, un père flambeur et une mère dépressive. Enfant sensible, défigurée et mutilée, elle ne pleure pourtant jamais. Elle relate la misère matérielle et morale de cette famille vouée au drame et à l’éclatement. Le père perd son magasin sur un pari, puis une de ses filles...qu’il donne pour payer ses dettes !
Dire que Dol est née dans un milieu sordide, crasseux et abject serait un euphémisme. Et pourtant !
Le regard de la narratrice, devenue adulte, n’en tire aucune noirceur. Elle réussit à faire jaillir de nombreuses étincelles de vie, de joie, de rebondissements dans ce qui est tragique.
C’est l’évocation d’une existence misérable,
mais dans sa grandeur.
Ce livre est tout simplement exceptionnel de nuances et d’humanité. L’écriture virtuose vous ravira. Trezza a été nominée pour le Booker Prize en 2000, à sa parution, alors que c’était un premier roman. Inouï.
Je suis touchée, émue par Dol, qui est l’abréviation de Dolores.
Certaines scènes sont bouleversantes, comme la naissance de Dol. Son père souhaitant un fils, après avoir eu 5 filles, refuse de la toucher et sa mère enferme le nourrisson dans une malle.
Mais n’attendez pas de psychodrame. L’histoire est vue avec des yeux candides, très purs.
En un mot : chef d’œuvre.
mais la couverture a dû me sembler moins appétissante.