Raté rattrapé raté

"Trois chercheurs inventent les principes de base de leur propre physique et démontrent par leurs expériences que le chaos ou désordre est la fin certaine de toute chose.

Sans psychologie, ni discours, mais selon la logique propre au clown, les personnages évoluent au milieu d'objets de tout genre : carton, gobelets, oeufs... A chaque fois, analyse et tests sont déployés de manière méthodique. Les ratages successifs, la chute des balles de Nikolaus, celle du funambule comme de l'équilibriste, chahutent les trois protagonistes, interpellent les spectateurs et mettent en branle le lieu de représentation en démontrant par exemple que toute réflexion est vertigineuse."

C'est la présentation que j'ai trouvée dans le fascicule du centre culturel de Neuves-Maisons (54). Le spectacle avait lieu hier soir dans cette petite ville de Meurthe-et-Moselle et s'il passe près de chez vous, surtout, ne le ratez pas.

D'ordinaire, je déteste le cirque, ça me déprime. Mais, là, pas de chapiteau, pas de piste aux étoiles, pas de pauvres bêtes détournées de leur destin naturel. D'ordinaire, quand je vais au théâtre le vendredi soir, j'ai bien du mal à me concentrer et je lutte contre la fatigue mais hier soir, j'ai passé une excellente soirée.

On ne sait pas très bien si les trois personnes sur scène sont des clowns qui font du théâtre ou des comédiens qui font les clowns. Les prouesses physiques sont au service du burlesque et cette représentation de cirque métaphysique nous émerveille et nous fait rire aux larmes tout à la fois. Ceux qui ont l'humeur intello peuvent toujours trouver à disserter sur le big bang, le début de tout et la fin de l'univers, sur le fait que le présent n'existe pas ou sur la probabilité qu'une lapone vienne sur le théâtre récupérer sa jambe échangée par Nikolaus chez un brocanteur lapon contre des livres déjà lus. D'ailleurs, cette femme est peut-être dans la salle : "Madame, montrez vos jambes !"... Ceux qui ont simplement envie de s'amuser ne trouveront pas un temps mort : c'est loufoque, délirant, décalé de bout en bout. Les enfants bien évidemment sont aussi heureux que les adultes et ressortent de ce spectacle avec une lueur de bonheur dans les yeux.

ma foi on veut bien te croire, car ton billet est "inspiré".

Pour donner un petit aperçu de ce régal, un diaporama : cliquer sur la première image puis sur les flèches.

une petite remarque sur les pièces qui font la tournée des villes : très souvent on ne trouve sur le net, pour avoir une idée du spectacle, que les présentations de l'organisme chargé de la programmation, avec en prime des réflexions du réalisateur.

On est plus proche du billet de publicité que du compte rendu critique ; je trouve cette pratique gènante, comme si on nous faisait la leçon avant le spectacle, et que les spectateurs n'éprouvaient pas ensuite le besoin d'exprimer leur avis personnel.

C'est pourquoi, Solweig, ton message nous est précieux.

On peut aussi se fier à la critique d'Emmanuelle Bouchez dans Télérama qui octroie trois étoiles à ce spectacle :

"Je voulais créer un personnage comme Buster Keaton, mais le jour où j'ai vu un film de Buster Keaton, j'ai découvert que c'était déjà fait" raconte le clown-acrobate-jongleur Nikolaus, 45 ans, dont 20 de cirque. Cette pirouette lui ressemble joliment : sur scène, il a cette dégaine du personnage glissant à distance de tous les désagréments et cousine avec un autre burlesque du cinéma : Jacques Tati dont il a la même silhouette en déséquilibre avec pantalon trop court. A une différence près : Nikolaus est un clown bavard.

Aidé de deux compères, acrobate et funambule, il a entrepris depuis un an déjà (en passant par le village de cirque installé à Paris en octobre dernier) de se vouer corps et âme à l'élucubration métaphysique. Et l'on sort estomaqué de cette aventure-là, dénommée 'Raté rattrapé raté', tant les trois réussisent à mettre le monde en équation... dans un ordre-désordre de cartons et de bouts de scotch.

Ces modèles d'esprits scientifiques jusqu'au-boutistes testent la résistance des cartons jusqu'à en faire de très probables agrès. Ils creusent avec une insistance désespérée les insterstices du temps en brisant une simple baguette de pain (il y a un avant et un après mais maintenant, c'est quand ?), font frissonner d'inquiétude le public quand l'enchaînement des causes et des effets (montage de fers à repasser, lampadaire ou de jambes de bois) augure quelques éclaboussures.

Au milieu du spectacle, le verbe se fait trop présent, mais le cirque reprend vite le dessus. Le funambule à lunettes et au slip kangourou (Pierre Déaux), comme oublié dans un coin sur son fil, tente de faire remonter son pantalon jusqu'à la taille par déhanchements forcenés. Nikolaus, jongleur époustouflant, semble aimanter les balles rouge de tout son corps. Et l'acrobate Mika Kaski danse à l'envers comme pour échapper la pesanteur de cette drôle de physique.

* quel nom pour ceci dans l'index ? *

Citation :

RATÉ - RATTRAPÉ - RATÉ
création 2007

c'est un spectacle, on donne son nom

"Ceci" ?

J'avais quand même passé un certain temps à écrire un commentaire sur ce spectacle...

A quoi bon me prévenir qu'il y a une réponse ?

J'ai eu un bref instant l'espoir de lire une réponse intéressante...

Enfin, ce n'est pas bien grave...

"ceci" n'est pas péjoratif, et montre seulement la difficulté à classer un spectacle sans nom d'auteur. Bonjour, Solweig