Grain de sel - Forum littéraire et culturel
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 William T. Vollmann

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Le mouton sauvage
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MessageSujet: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 13:27

Peu de temps après l’inscription sur ce forum hautement culturel (peut-être même trop pour moi), quelqu’un que je ne mentionnerai pas (U----E) m’a dit que je pouvais accepter quelques petites responsabilités sur ce site (genre modérer une rubrique), parce que les grains étaient sympas, conviviaux, « normaux ». Pas de détraqués, pas de désaxés, ni de spammeurs fous…

Cette opinion risque de changer après avoir découvert ce que certains grains (en l’occurrence, moi) sont capables de lire !

Henry Tyler est un privé neurasthénique. Il excelle, non pas dans les filatures, les constats d’adultères et les recherches de personnes disparues comme son métier pourrait le prévoir, mais dans la médiocrité négative. Sans aucune estime de lui, il considère sa vie sans saveur et sans intérêt. Il est même du genre à faire fuir ses éventuels clients plutôt que de les embobiner pour obtenir l’enquête. Ses journées, il les passe dans les tréfonds de San Francisco, dans les bars les plus miteux du quartier chaud de Tenderloin.

William T. Vollmann La_fam10


Jusque là, rien de bien choquant, sauf que ce bon vieux Henry Tyler sera chargé d’une enquête un peu spéciale : retrouver la Reine des Putes. Il va errer dans les bas-fonds de San Francisco à la recherche de cette reine, celle qui deviendra plus tard SA reine. Mais que lui arrive t’il ? Tel un zombie fatigué, il navigue dans la chaleur et la puanteur de ces déchets de la société. Il est proche du précipice, d’un abîme dans lequel il semble incapable de sortir. Son seul tort : aimer Irène, la femme de son frère prétentieux et imbu. Alors lorsque le jour où Irène met fin à ses jours, Henry s’enfonce encore plus dans son gouffre. Peut-être sera-t-il sauvé par sa reine ? Quelle doit être sa rédemption pour expier ses péchés, pour le punir d’avoir aimé sa belle-soeur ?
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 13:29

Henry Tyler met 200 pages à retrouver cette reine des putes. Alors que va-t-il faire dans les 1100 pages restantes ? Il erre, il s’enfonce, il boit et baise des putes dans le Tenderloin. Il navigue parmi la pourriture tel une âme en peine. Il se clochardise petit à petit, en sombrant de plus en plus bas dans l’échelle de l’humanité. Il cherche sa voie, en même temps que sa foi parmi les autres détritus de la société. Et si en fait la réelle héroïne de ce roman était tout simplement la ville de San Francisco et son quartier chaud de Tenderloin. Je sens cet amour de l’auteur pour ce secteur et la passion qu’il s’est découvert pour ses prostituées. Le langage est cru, celui de la rue des putes, les images plutôt immondes et la morale loin d’être saine. Mais c’est la vie et Henry côtoiera parfois avec plaisir, parfois avec des dégoûts d’autres déchets humains, tel Dan Smooth, un pédophile qui se prétend son ami et qui affirme que sa nièce de 5 ans prenait réellement du plaisir sexuellement. Rien ne lui sera épargné dans le Tenderloin où il découvrira tous les plaisirs sexuels les plus extrêmes dont j’ignorais presque leur existence tels l’ondinisme, la scatophilie ou la coprophagie. Je n’insisterai pas sur l’abject Smooth, ni sur les abus sexuels sur des handicapées mentales ou sur les scènes sado-masochistes. Mais au milieu de toutes les ordures de notre société, ce roman rend l’un des plus bel et vibrant hommage aux prostituées en même temps qu’une vision plus que sombre de la vie californienne. La nouvelle bible de San Francisco. Indispensable !

Elles se prénomment Domino, Kitty, Tournesol, Fraise, Saphir, Oiseau Jaune ou même Chocolat, et font le difficile et peu valorisant métier de « putes ». Sous la plume de Vollmann, elles apparaissent comme les véritables héroïnes de ce roman. Elles sont belles ou laides, parfois grosses et souvent sales, rarement en bonne santé physique ni même mentale. 1300 pages au milieu des putes, je suis un lecteur heureux !
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 15:15

quelques extraits...

Spoiler:

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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 15:22

Merci pour les extraits, ton commentaire attire la curiosité, le nombre de pages me laisse un peu rêveuse, surtout que je ne pense pas le trouver à la biblio... à suivre...
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 15:40

Le mouton sauvage a écrit:
je suis un lecteur heureux !

Donc tu n'es pas déç(h)u rire
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 16:57

Vollmann, William Gass, Richard Ford, Richard Powers, Thomas Pynchon, Robert Coover, McCarthy, ce sont les auteurs américains contemporains indispensables, le haut du panier.
Je n'ai pas encore abordé Vollmann, mais je le ferai par celui que conseille Mouton Sauvage, il donne envie.
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 17:20

dommage qu'ils ecrivent des pavés !

j'ai eu l'occasion de lire le tunnel, mais devant le volume (mot choisi), j'ai différé.

Aux prochaines vacances, peut-être ?
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyLun 01 Sep 2008, 18:14

rotko a écrit:
Aux prochaines vacances, peut-être ?

Deux autres pavés de Vollmann pour les prochaines grandes vacances (ou la retraite) :

- Central Europe

Installé au centre de la scène de l'Histoire du XXe siècle telle qu'elle s'est en partie jouée entre l'Allemagne et l'Union soviétique, Central Europe est une colossale machine littéraire qui. en faisant entrer en résonance une trentaine de récits enchevêtrés procède à l'autopsie des mécanismes totalitaires qui ravagèrent l'Europe au siècle dernier. En s'attachant à quelques destins singuliers - dont celui du compositeur Chostakovitch ou du cinéaste Roman Karmen, du général russe Vlassov ou de son homologue allemand Paulus- sur lesquels planent l'ombre à deux têtes du Somnambule ( Hitler) et du Réaliste ( Staline ), le livre entraîne le lecteur sur les complexes chemins que durent, sous l'emprise de dictatures adverses, emprunter des hommes et des femmes dont il fait partager les passions, les doutes ou les aveuglements. Et c'est en choisissant d'interpréter, à la lumière de l'histoire la plus intime comme de l'Histoire collective, le parcours du geste artistique aussi bien que celui de l'action guerrière que Vollmann dévoile l'horizon éthique dont chacun eut, dans ces décennies de fer et de sang, tant de fois à se détourner, afin de poursuivre sa mission ou sa vocation propres... Cette incroyable traversée de l'Europe des guerres et des pogroms. qui brûle de l'éternelle déchirure où s'abîment, à l'heure des choix, des pans entiers de l'humanité, se voit transformée par les puissances de la fiction en un creuset d'où surgit la sidérante cacophonie de l'individu dans toutes les " vérités " qui le fondent. Et c'est pourquoi, si Central Europe réussit, au fil d'une impeccable orchestration, le prodige de se constituer tout ensemble comme une critique éclairée du totalitarisme, comme un surprenant portrait de Chostakovitch et une analyse de la gestation des œuvres d'un compositeur, ou encore comme une implacable radiographie de la conscience créatrice, ces pages peuvent sans conteste également se lire comme un traité d'éthique à l'usage de l'Europe que nous habitons aujourd'hui.

- Les Fusils

1815 : le continent américain a été cartographié à l'est, à l'ouest et au sud. Parti à la découverte du mythique passage du Nord-Ouest, Sir John Franklin disparaît dans les glaces avec tout son équipage. Alternant l'histoire détaillée de l'expédition Franklin et les tribulations plus contemporaines du capitaine Subzéro, un Américain obsédé par la blancheur apocalyptique du Grand Nord qui vit une histoire d'amour avec une jeune Inuit, William T. Vollmann signe un fascinant roman où récit historique, reportage et fiction s'entrelacent en une étonnante composition pour rendre hommage à la beauté aveuglante d'une région plongée dans la nuit perpétuelle et à un peuple en lutte pour sa survie.

J'espère, un jour, pouvoir m'y atteler...
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyMar 02 Sep 2008, 09:15

Et un petit lien sur Pourquoi êtes vous pauvres, dernière parution de l'auteur mêlant portraits et photos.
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyMer 03 Sep 2008, 21:04

Ahhhh ...
j'ai lu de lui "la famille royale" puis "les fusils".
J'attendais la sortie poche de centrale europe.
Je me réjouis du dernier ouvrage "pourquoi etre vous pauvres",
que, ma foi, je risque d'acheter plein pot.

Cet auteur me fascine. Il se lance à chaque fois dans des projets fous, avec une documentation monstreuse,
et beaucoup d'implication personnelles (il se déplace en personne !).
Ce auteur semble acharné de travail, il est tout simplement fascinant. Acharné de travail.

J'aurais du mal à parler de "la famille royale". Je pense que c'est une lecture qui demande une certaine implication.
Le roman est long, certes, il relativement répétitif (Il se réveilla avec le goût du con d’Irène dans la bouche),
si bien que le livre devient obsédant. J'étais vraiment ailleurs quand je l'ai lu,
et ça ne m'arrive pas souvent. Une lecture qui m'a vraiment touchée.

Pour les fusils... ça demanderait aussi pas mal de temps pour expliquer le livre.
Une fois encore, très documenté, une grande part aux reves et à l'imaginaire.
Cette fois, la nature joue un grand rôle... un roman déboussolant...

Comme le dit Caroline, je pense qu'il est incontournable. Et comme à chaque fois il touche des sujets complètement différents,
il donne vraiment envie de lire tout ce qu'il a écrit...
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyVen 05 Sep 2008, 09:14

Le mouton sauvage a écrit:
Henry Tyler met 200 pages à retrouver cette reine des putes. Alors que va-t-il faire dans les 1100 pages restantes ?
1300 pages au milieu des putes, je suis un lecteur heureux !

Combien de temps as-tu mis pour lire ce livre ?
je ne vois aucun inconvénient à ce que tu aies eu du plaisir dans le milieu miam
mais je crains de m'imprègner d'une ambiance morbide pendant un long moment. c'est pourquoi je ne lirai pas de sitôt les bienveillantes, par exemple.
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyVen 05 Sep 2008, 09:48

La recherche de reine est le fil rouge, mais nous avons aussi
il y a aussi le personnage de Dan Smooth, pédophile au service du FBI,
la relation très complexe de Tyler et son frère, et biensûr, Irene, la belle soeur
au destin tragique.
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyVen 12 Sep 2008, 18:17

Pour info, un papier sur Vollmann dans l'express, page 94 (11/09/08).
Il a mené une enquête dans le monde entier, fréquentant les bas quartiers les plus sordides, pour demander aux gens : "Pourquoi êtes-vous pauvres ?" (titre du dernier livre paru chez Actes Sud).

Non sans rappeler au lecteur, en début de son livre : "Vous et moi sommes riches".

Quelques réponses au gré de ses rencontres :

A une prostituée de Bangkok :
- Pourquoi êtes-vous pauvre ?
- "Parce que j'étais déjà pauvre dans une vie antérieure"

A un pêcheur de thon au Yémen :
- Pourquoi êtes-vous pauvre ?
- "Allah fait ce qui est bien pour nous"

A une veuve russe mendiant dans la rue :
- Pourquoi êtes-vous pauvre ?
- "Parce qu'une gitane m'a jeté un sort"

La dernière question de l'auteur, "dérangeante" : "Pourquoi sommes-nous riches" ?



...
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyJeu 25 Sep 2008, 13:38

Les nuits du papillon – Vollmann

Un roman étonnant, qui suit diverses déclinaisons. Les thèmes s’imbriquent : désir physique, maladie, mort.

L’intrigue : un photographe et un journaliste partent au Cambodge et au Vietnam.
Pour leur travail.

Mais cette épopée sera vite détournée au profit d’un véritable « shoot de sexe », aussi boulimique que scientifique. Il y a en effet comparaison entre toutes les prostituées fréquentées, qui font don de leur corps pour manger et pour tenter d’attirer un éventuel riche prétendant au mariage.

Vollmann est un auteur particulier qui procède par mini épisodes. Souvent répétitifs. Plus ou moins longs, qu’il termine par le mot « fin » et qu’il reprend au paragraphe suivant, en rassurant le lecteur « non, il n’y a jamais de fin ».

Les fils conducteurs de cette histoire : la vente du corps, le désir, la folie du sexe, et le traumatisme.

Des allusions aux horreurs khmères apparaissent périodiquement, comme des taches de sang. Ainsi, cette prostituée, Vanna, qui a quelques entailles sur le dos. Stigmates silencieux, d’une époque où chaque jour était dédié au massacre d’une catégorie humaine : enfants, femmes, hommes. Soigneusement photographiés par le pouvoir avant et après.

Ce livre dégage une odeur de charnier, omniprésente, et pourtant seulement effleurée de la plume. Le carnage des khmers rouges n’a pas besoin d’une quantité de mots.

Le héros est le journaliste. Car il tombe amoureux d’une de ces filles de nuit : Vanna. Il en collectionne pourtant des centaines, mais ne peut pas oublier celle-là.

De retour aux Etats-Unis, il divorce, fermement décidé à la rapatrier, coûte que coûte. Mais entre temps, il perd sa trace, son ombre et la fantasme partout où il se trouve.

Le roman est donc une poursuite. Pas celle d’une chimère, celle d’une femme, qui s’est vendue à lui et qui a touché droit au cœur.

Il la retrouvera, certes. A la fin. Au moment où lui-même sera rongé par le sida. Il retournera au Cambodge, pour l’apercevoir derrière les barbelés d’un camp et s’abandonner avec elle à la mort.

Trop tard pour l’amour fou.

Qu’importe !

Sa quête ne fut pas vaine.

Il faut insister sur l’aspect obsessionnel de cette recherche de la femme aimée. Son aspect foudroyant, crucifiant tout au long du livre.

Parfois, le lecteur se lasse de cette Vanna, qui traîne à droite ou à gauche, dans un bar interlope, mais qui échappe sans cesse au héros. L’auteur a voulu souligner l’addiction à l’amour.

Au milieu d’un climat sordide, vil, abject.

Une littérature franchement hors du sentier battu. Peu de mots pour traquer le sentiment amoureux. Pourtant tenace, aliénant et si sublime.


L’homme qui aime : un papillon de nuit ?




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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyJeu 25 Sep 2008, 14:43

Un PS important : le livre que je viens de lire n'est pas un pavé.
400 pages.
Cela retiendra votre attention.
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyJeu 25 Sep 2008, 20:35

Une question en forme de provocation evil :
Si nous autres, grains qui sommes censés être mordus de lecture, rechignons à lire des "pavés" de plus de 1000, 700, 400 pages, qui les lira? scratch

Débuts de réponse: en fait, ce n'est pas tant la taille qui fait peur, mais la crainte de s'engager dans des livres qui se donnent pour ambitieux. Les pavés de Dantec ou de Barbara Cartland, ou encore les Millenium se vendent bien, mais parce qu'ils sont moins littéraires. Autrefois, ces livres effrayaient moins - voir les grandes saga genre Buddenbrock, la Comédie humaine ou les Dostoivevski et autres Tolstoï. Serions-nous devenus paresseux???? scratch
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyVen 26 Sep 2008, 07:31

Ah comme tu as raison !
J'avoue pourtant n'avoir jamais dépassé les 700 pages pour un livre.
La raison : trop longtemps dans la même histoire, je m'ennuie.

Voilà pourquoi j'hésite à me lancer dans plus.

Mais sur le fond, un vrai littéraire ne saurait avancer un argument aussi faible.

Je tenterai...

On verra si geek ou si Sleep ou encore si cheers .
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyVen 26 Sep 2008, 20:14

Arc a écrit:
Ah comme tu as raison !
Quand je dis "serions-nous devenus paresseux?", il va de soi que je m'inclus dans le "nous" !
Malgré tout, Vollmann me tente plus que Pynchon(ne). J'ai essayé le Tunnel de Gass, j'ai trouvé qu'il y avait de très beaux passages mais globalement pas accroché. J'ai aussi lu les Bienveillantes de Littell et je n'ai pas eu de pb de longueur - c'est quand même très prenant - plutôt la sensation d'être embarqué malgré moi, un peu comme si l'auteur me disait: "tu lis, tu admires mon talent et tu la fermes". Wink
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyMer 01 Oct 2008, 10:11

sous les pavés la plage ...
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptySam 25 Oct 2008, 17:37

caroline a écrit:
Et un petit lien sur Pourquoi êtes vous pauvres, dernière parution de l'auteur mêlant portraits et photos.

William T. Vollmann Affich10
clic !


Citation :
Il offre, photos à l'appui, des « instantanés » d'existences vouées à « la difformité, l'invisibilité, le rejet, la dépendance, la vulnérabilité, la douleur, l'indifférence et l'aliénation »,
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyJeu 30 Avr 2009, 08:12

je suis en train de le lire. Ca me met parfois dans des situations inconfortables
(le titre est un peu provacateur quand on est sollicité dans les transports en commun !).
Pour l'instant, ça me plait beaucoup... On retrouve pas mal de points communs avec ses autres romans
(il a toujours été obsédé par la pauvreté), toujours aussi honnête aussi (il dit clairement quand il paie pour avoir des informations).

Affaire à suivre...
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyJeu 30 Avr 2009, 08:21

Monique Rannou a écrit:
(le titre est un peu provacateur quand on est sollicité dans les transports en commun !)
mais moins provovateur que Sachez recevoir vos hôtes dans votre château ou Toutes mes recettes au caviar Laughing
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyDim 03 Mai 2009, 09:43

Citation :
Vous êtes riches ; alors dites-moi : Qu'est-ce que cela vous fait ?
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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyDim 03 Mai 2009, 10:00

Un petit extrait (légal)

JE PENSE QUE JE SUIS RICHE
(Thaïlande, 2001)

1

La première fois que j’ai rencontré Sunee, j’étais à Klong Toey afin de trouver un pauvre à qui demander pourquoi la pauvreté existait,
et elle s’est jetée sur moi, ivre, en tirant sur ma manche et en me suppliant de venir chez elle. D’après mon interprète,
c’était sûrement une ancienne prostituée car elle connaissait quelques mots de japonais, et quand elle nous servit
de l’eau elle s’écria jovialement, en anglais, exactement comme les entraîneuses des bars de Patpong : Dlink, dlink !

Contre l’avis de mon interprète, je décidai d’accepter la proposition de Sunee. Nous n’étions à Klong Toey
que depuis à peine cinq minutes. Une fois dans le plus proche bidonville, qui se trouvait à une cinquantaine de mètres,
nous nous sommes retrouvés dans un dédale de rues aux trottoirs humides et affaissés, avec des maisons-boîtes
suffisamment proches les unes des autres pour que leurs cloisons se touchent. Les habitants m’inspectaient timidement
depuis leurs fenêtres-trous : Voulais-je acheter de l’héroïne ou des petites filles ? Sunee s’est avancée fièrement
devant nous en titubant, et se comprimant la poitrine. Deux minutes plus tard nous arrivions chez elle, ou,
plus précisément, dans la cabane de sa mère, dont le plafond et les murs se résumaient à des planches clouées ensemble,
avec des fentes ici et là pour la plus grande commodité des moustiques thaïlandais. Nous nous sommes
assis tous les quatre en tailleur sur un drap en vinyle bleu qui recouvrait le sol en béton. La première chose
que je remarquai, ce fut le chat roux et maigre qui se léchait et se mordillait – sans doute avait-il des puces
– puis le cercle d’un miroir qui réfléchissait immanquablement la paroi de tôle ondulé (des bocaux sur une étagère),
et enfin l’odeur d’eau croupie qui régnait partout. Ce que remarqua mon interprète (qui m’en voulait encore),
ce fut les biens domestiques de la mère de Sunee, en particulier les deux ventilateurs, dont l’un,
en activité au plafond, avait été allumé par notre hôte en signe de bienvenue ; je devrais également signaler
le filtre à eau, la télévision et le minuscule réfrigérateur. L’interprète m’informa d’un air morne que Sunee
ne pouvait en aucune façon être pauvre, car Sunee, ou, du moins, la mère de Sunee, possédait plus d’appareils
électriques qu’elle ! – Mon interprète était rusée, expérimentée, et, sauf quand l’amertume l’égarait,
ne se trompait jamais. Dans ce cas précis, son jugement se révéla aussi exact qu’il avait été péremptoire,
car j’appris très vite que la vieille femme était la propriétaire de cette maison ; elle l’avait achetée avec
son propre argent. Soit. Elles étaient donc riches. Tout ce temps, Sunee ne cessa de me regarder,
en se caressant vaguement les seins par dessus son chemisier, s’essuyant continuellement le visage avec les pans et le col de son vêtement.
[…]
Et sa mère, avec une large grimace affectueuse qui découvrait des dents brisées, regardait fixement la femme ivre.
[…]
Puisque tu es si malheureuse, voudrais-tu devenir une religieuse ? demanda l’interprète.

Non, je ne veux pas. Donne-moi ton numéro de téléphone, me dit-elle. La mère lui toucha le genou d’un air triste ;
mais Sunee, ignorant cet avertissement, se mit soudain à quémander et supplier, en se penchant en avant,
en faisant des grands gestes, lissant ses cheveux en arrière. Mon interprète, qui aimait et aidait presque tout le monde,
y compris les terroristes, ne parvenait pas à éprouver le moindre respect pour Sunee, qui ne cessait de répéter :
Ma fille est bonne ; ma mère est bonne. Je suis une ivrogne.

Qu’est-ce que tu aimes boire ? De la mekong ?
Le whiskey du coin.
Si tu pouvais avoir ce que tu veux, que voudrais-tu ?
Elle pressa ses poings contre ses seins et déclara d’une voix pleine de sanglots : de l’argent !
Environ dix mille baht pour l’éducation de la plus jeune. Ma fille est bonne. Ma propre vie n’a pas d’importance maintenant.

Un moustique me piqua le bras.
Sunee croyait que j’étais être une sorte de missionnaire chrétien. Sinon, pourquoi un caucasien de sexe masculin
aurait-il accepté d’entrer dans cette maison ? Après tout, elle était trop vieille pour être sexy, non ?
De même, pourquoi est-ce que je refusais de lui donner mon numéro de téléphone ? Me fixant avec malice
ou peut-être avec méfiance, elle s’écria : Jésus a dit, je peux mourir pour les hommes. Moi, aussi, je peux mourir – pour ma fille.
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Monique Rannou
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Monique Rannou


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MessageSujet: Re: William T. Vollmann   William T. Vollmann EmptyMer 06 Mai 2009, 21:37

Je l'ai finin il est bien moins long que ce que je pensais,
vu qu'une bonne partie est constituée par des photos.

Je le conseille, comme tous les livres lus de Vollmann...
J'ai eu envie de garder des passages. J'ai cru reconnaître les regards
dans certaines personnes.
Ca m'a rappelé aussi certaines rencontres, en France tant qu'à l'étranger,
avec toutes les questions que soulèvent les inégalités.

Ce roman n'est pas dans des considérations politiques ou économiques
(meme si il donne quelque chiffres), mais se contente de laisser parler des personnes dépossédées,
suite à un prise de contact plus ou moins facile.
De nombreuses réponses pour expliquer une pauvreté tout aussi variée.

Je n'ai pas le courage d'en écrire plus ce soir. Ce n'est pas la lecture idéale à lire en ce moment...
meme si j'admire énormément l'auteur, qui avoue,
sans froufrous ses faiblesses, et montre une fois encore
son goût prononcé et sincère pour les sujets difficiles.
Il ne cache pas les incohérences des récits, mais conserve toujours
cette grande humanité qui me touche beaucoup chez lui,
qu'il s'agisse de parler de prostituées,
ou de personnes déféquant sur les murs par acte de protestation.

Je l'ai trouvé finalement un peu trop court...

Voilà. Il me reste a lire central europe. Des qu'il sera en poche !
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