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 Octave Mirbeau

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Marie kiss la joue
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Marie kiss la joue


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MessageSujet: Octave Mirbeau   Octave Mirbeau EmptyMer 04 Juin 2008, 18:57

Octave Mirbeau Mir10
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Octave Mirbeau (1848-1917) est né à Trévières (Clavados). A quinze ans, il se fait renvoyer de son collège jésuite.
Il monte à Paris en 1872, et devient le secrétaire particulier d'un Maréchal. Il fut journaliste au service des bonapartiste puis critique d'art, romancier et dramaturge, pamphlétaire.
Il débute dans l'écriture en qualité de "nègre", mais finalement se libère de cette charge pour publier son premier roman : Le calvaire en 1866 qui lui apporte le succès. Par la suite, il rédige Le journal d'une femme de chambre, et le Jardin des Supplices (1899).

J'avais lu il y a deux ans environ Le journal..., dans lequel Célestine, une jeune femme de chambre au service de différentes familles bourgeoises, consignait dans son journal tous les vices et les aspects "sombres" de ces familles en apparence irréprochables.
J'ai donc eu envie de replonger dans l'univers de Mirbeau, et j'ai opté pour le jardin, oeuvre considérée comme un modèle de décadence (et pour cause !).
Le narrateur, qui a subi un important échec politique, se voit dans l'obligation de "changer d'air"; il se voit confier une mission scientifique (il ne connait rien à la science, cela dit) dans une île reculée aux fin fond des mers...Il s'y rend donc en bateau; sur celui-ci, il va rencontrer miss Clara, une jeune anglaise, archétype de la femme fatale de la fin du siècle, mystérieuse et perverse, qui se rend à Canton, ville qu'elle connait bien. Le narrateur, fasciné par sa beauté,va la suivre jusqu'à Canton. Celle-ci va alors lui faire découvrir les moeurs raffinées de la Chine, qui sait, selon Mirbeau, varier ses supplices...Face aux executions, Clara, très loin d'en être horrifiée, semble plutôt éprouver du plaisir.
Dans ce roman, l'amour et la mort entretiennent des rapports ambigus, puisque Clara déclare elle-même que ces deux choses sont identiques. De même, la beauté est liée à l'horreur, la cruauté : dans le jardin des supplices, les plus belles et plus rares fleurs cotoient les gibets et les potences. Le sang des condamnés sert de terreau à la terre, qui produit des fleurs encore plus belles...

J'ai vraiment aimé ce roman, son rythme, l'importance des exclamations, des répétitions; on est très rapidement happé par la folie de Clara, ses névroses. Le contrepoint apporté par le narrateur, qui ne parviendra jamais à partager sa jubilation vis-à-vis du sang, est très intéressant.
D'autre part, le roman revient sur la question posée par Sade (Mirbeau s'est d'ailleurs inspiré des 120 journées de Sodome), à savoir : peut-on tout faire impunément sous prétexte que cela procure du plaisir à certains ?
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rotko
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rotko


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MessageSujet: Re: Octave Mirbeau   Octave Mirbeau EmptyMer 04 Juin 2008, 19:34

Un compte-rendu qui donne envie de lire le livre et de connaître cet auteur.

"Le jardin des supplices" chez folio.

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troglodyte
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MessageSujet: Re: Octave Mirbeau   Octave Mirbeau EmptyJeu 24 Juil 2008, 20:37

Le Jardin des supplices est une longue suffocation ; on attend toujours un paroxysme qui ne vient jamais, c'est une suite de sas de compression. Par exemple le voyage en bateau :
Citation :
Nous ne nous intéressions à rien. Rien, du reste, ne nous distrayait du supplice de nous sentir cuire avec une lenteur et une régularité de pot-au-feu. Le paquebot naviguait au milieu du golfe : au-dessus de nous, autour de nous, rien que le bleu du ciel et le bleu de la mer, un bleu sombre, un bleu de métal chauffé qui, çà et là, garde à sa surface les incandescences de la forge ; à peine si nous distinguions les cotes somalies, la masse rouge, lointaine, en quelque sorte vaporisée de ces montagnes de sable ardent, où pas un arbre, pas une herbe ne poussent, et qui enserrent comme d'un brasier, sans cesse en feu, cette mer sinistre, semblable à un immense réservoir d'eau bouillante.
Cette suffocation est également obtenue par le lancinant rappel du motif tout du long du récit :
Citation :
[...] une très vieille dame, d'esprit vulgaire, d'éducation négligée, extrèmement vicieuse, par surcroît, et qui, ne pouvant plus cultiver la fleur du vice en son propre jardin, la cultivait en celui des autres, avec une impudeur tranquille, [...]
D'ailleurs ce thème n'est pas sans rappeler Baudelaire et ses Fleurs du mal !
Sur un pont des commerçants vendent toutes sortes de viandes plus ou moins avariées :
Citation :
Je crus que le coeur allait me manquer, à cause de l'épouvantable odeur de charnier qui s'exhalait de ces boutiques, de ces bassines remuées, de toute cette foule, se ruant aux charognes, comme si ç'eût été des fleurs.
Il est impossible de résister à la force d'attraction de ce roman ; on avance dans l'espace (le bateau, une ville, un pont, le pénitencier, le jardin des supplices), un peu comme chez Dante dans sa Divine comédie puisque chaque étape est associée à une notion morale, mais aussi dans la connaissance de cette femme troublante, Clara, qui se délecte à assister aux tortures jusqu'à quel point ?
Par moment l'auteur nous étouffe par ses luxuriantes descriptions de plantes, c'est-à-dire qu'il parvient à nous torturer par accumulation de beau !
Le style n'est pas toujours très heureux *, il y a ci et là quelques lourdeurs, mais l'ensemble est admirable.
Un dernier petit morceau bien représentatif (un bourreau nettoie ses outils après le travail) :
Citation :
Un petit morceau blanchâtre et graisseux était resté entre les dents de la scie... Il le fit sauter d'un coup d'ongle et l'envoya se perdre dans le gazon, parmi les fleurettes...

Edit :
* notamment par l'emploi extrèmement fréquent du double adjectif épithète, comme dans "morceau blanchâtre et graisseux".
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Bobby Watson
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MessageSujet: Re: Octave Mirbeau   Octave Mirbeau EmptyJeu 29 Jan 2009, 19:28

Moi, quand on me montre un sujet "Mirbeau", je vais poster.


Ah ce cher Octave Mirbeau ...

J'ai lu trois de ses "romans" : Le journal d'une femme de chambre, Les 21 jours d'un neurasthénique et dernièrement, Le jardin des supplices. J'ai choisi de mettre des guillemets, car il se trouve que le bonhomme joue volontairement avec la forme romanesque, sans grand soucis de vraisemblance, utilisant même parfois d'anciens articles publiés dans la presse replacés ensemble, cousus avec plus ou moins de succès. Cela donne des formes volontairement éclatées, une narration qui part dans tous les sens, et ça a son charme. D'autant plus que la tentative de destruction du roman à la fin du XIXème est intéressante !



Il y a également un aspect de Mirbeau qui n'apparaît pas dans ces messages mais qui est primordial : l'engagement, la dénonciation. Le jardin des supplices est publié en pleine affaire Dreyfus et présente dans son frontispice l'antisémitisme comme un des excipients de la violence et de la cruauté humaine.
Que ce soit dans Le journal ... , dans Le jardin ... ou dans les 21 jours ..., il y a une volonté de mettre en lumière les vices de la société, d'arracher les masques de la respectabilité et de présenter l'horreur du monde au grand jour. Célestine, femme de chambre, décrit sans complaisance les hideurs du monde bourgeois mais se révèle pleine de contradictions et sa grande attirance pour Joseph, violeur et meurtrier, n'est pas très claire ... Par ses écrits, Mirbeau donne à voir une société dont les piliers sont vermoulus, et veut déranger, voire inviter à agir, devant les absurdités du monde administratif. Il y a quelque chose de passionné et d'assez militant dans cette démarche. Et il n'y a pas à dire, c'est destructeur.

Le Jardin des supplices commence tout de même par cette dédicace : « Aux Prêtres, aux Soldats, aux Juges, aux Hommes, qui éduquent, dirigent, gouvernent les hommes, ces pages de Meurtre et de Sang ».
Et on lit plus tard que ce jardin où se mêlent les plus belles fleurs et les pires tortures, n'est qu'une image du monde social en son entier.

Citation :
Et l'univers m'apparaît comme un immense, comme un inexorable jardin des supplices ... Partout du sang, et là où il y a plus de vie, partout d'horribles tourmenteurs qui fouillent les chairs, scient les os, vous retournent la peau, avec des faces sinistres de joie ...

Ah oui ! Le jardin des supplices ! ... Les passions, les appétits, les intérêts, les haines, le mensonge ; et les lois, et les institutions sociales, et la justice, l'amour, la gloire, l'héroïsme, les religions, en sont les fleurs monstrueuses et les hideux instruments de l'éternelle souffrance humaine ... Ce que j'ai vu aujourd'hui, ce que j'ai entendu, existe et crie et hurle au-delà de ce jardin, qui n'est plus pour moi qu'un symbole, sur toute la terre ... J'ai beau chercher une halte dans le crime, un repos dans la mort, je ne les trouve nulle part ...

Je voudrais, oui, je voudrais me rassurer, me décrasser l'âme et le cerveau avec des souvenirs anciens, avec le souvenir de visages connus et familiers ... [...] C'est tous ceux et toutes celles que j'ai aimées ou que j'ai cru aimer, petites âmes indifférentes et frivoles, et sur qui s'étale maintenant l'ineffaçable tâche rouge ... Et ce sont les juges, les soldats, les prêtres qui, partout, dans les églises, les casernes, les temples de justice s'acharnent à l'œuvre de mort ...

Il n'y va pas de main morte ! Il y a donc une très forte dimension polémique chez lui, reflet de ses engagements politiques et de la teneur de ses idéaux.
Au final, j'adore l'écriture de Mirbeau, je ne résiste pas à son humour mordant, à ses descriptions sans complaisance, mais je suis aussi marquée par la force de ses attaques à l'administration, l'armée, le gouvernement, la religion et les idées que sous-tendent ces textes. Un point important à ne pas négliger.

Je précise aussi qu'il faut avoir le cœur bien accroché pour lire Le jardin des supplices, les extraits cités sont très soft par rapport à ce qu'on peut lire dans l'ouvrage ... Ce livre n'est d'ailleurs pas mon préféré, je le trouve d'accès plus difficile que les autres que j'ai lus. Je recommanderais personnellement de commencer par Le journal d'une femme de chambre, vitriolé mais plus léger et plus drôle tout de même.

lov!
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MessageSujet: MIRBEAU (1848-1917)   Octave Mirbeau EmptyDim 17 Avr 2011, 15:07

Citation :
Octave Mirbeau, né le 16 février 1848 à Trévières (Calvados) et mort le 16 février 1917 à Paris, est un écrivain et un journaliste français. Octave Mirbeau a connu une célébrité européenne et de grands succès populaires, tout en étant également apprécié et reconnu par les avant-gardes littéraires et artistiques, ce qui n'est pas commun.

Journaliste influent et fort bien rémunéré, critique d’art défenseur des avant-gardes, pamphlétaire redouté, il a été aussi un romancier novateur, qui a contribué à l'évolution du genre romanesque, et un dramaturge, à la fois classique et moderne, qui a triomphé sur toutes les grandes scènes du monde. Mais, après sa mort, il a traversé pendant un demi-siècle une période de purgatoire : il était visiblement trop dérangeant pour la classe dirigeante, tant sur le plan littéraire et esthétique que sur le plan politique et social. Littérairement incorrect, il était inclassable, il faisait fi des étiquettes, des théories et des écoles, et il étendait à tous les genres littéraires sa contestation radicale des institutions culturelles ; également politiquement incorrect, farouchement individualiste et libertaire, il incarnait une figure d'intellectuel critique, potentiellement subversif et « irrécupérable », selon l'expression de Jean-Paul Sartre dans Les Mains sales.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Octave_Mirbeau

Je lis Le journal d'une femme de chambre ou la bourgeoisie vue par le petit trou de la serrure et l'oeil de ses domestiques.
Un récit sous forme d'un journal qui mêle humour, ironie et cruauté des "honnêtes gens". Je perçois un vrai style d'écriture.
Ce livre a été adapté au ciném, notamment par Bunuel où Jeanne Moreau joue Célestine (la femme de chambre).

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Marie kiss la joue
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Marie kiss la joue


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MessageSujet: Re: Octave Mirbeau   Octave Mirbeau EmptyDim 17 Avr 2011, 15:09

J'avais adoré ce livre ! Très cruel Razz
Je me souviens notamment du passage évoquant le fétichiste des bottines de Célestine bof
Le Jardin des Supplices est génial aussi, je l'avais lu pour mon mémoire.

edit : ah ben voilà, je me disais bien que j'en avais parlé plus longuement Laughing
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MessageSujet: Re: Octave Mirbeau   Octave Mirbeau EmptyDim 17 Avr 2011, 16:24

Marie kiss la joue a écrit:

Je me souviens notamment du passage évoquant le fétichiste des bottines de Célestine bof

Moi aussi mais dans le film de Bunuel Smile à tel point que j'avais cru remarquer que Bunuel dans plusieurs films pratiquaient le fétichisme du pied. Au fond, pourquoi pas ?

les scènes de jalousie sont aussi terribles chez Bunuel, j'avais vu plusieurs films à la suite, ça devenait obsédant cheese
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