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Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Jeu 28 Juin 2012, 13:40
C'est une question de goût. Moi, ça m'agresse, mais a priori tel est le but aussi non ?
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Jeu 28 Juin 2012, 14:07
Ce qui me gène, dans certains clips, l'utilisation de grosses cylindrées, et l'attitude de "qui roule des mecaniques".
Des attitudes de durs, bandes de gars machos qui se la pètent, qui friment dans une attitude violente...
Des morceaux diffusés très forts dans les bagnoles !
ce n'est pas ce que j'écoute à velo , et sans préjuger des attitudes, je me méfie un peu de tels conducteurs
Invité Invité
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Jeu 28 Juin 2012, 14:15
Tu oublies aussi la présence très "artistique" de demoiselles très ''classes'' dans ces vidéo clips (davantage US peut-être).
Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Jeu 28 Juin 2012, 16:17
Aglaé a écrit:
Tu oublies aussi la présence très "artistique" de demoiselles très ''classes'' dans ces vidéo clips (davantage US peut-être).
C'est quand même notre très soft Cloclo qui a inventé le concept.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Ven 29 Juin 2012, 05:13
Condamné pour une chanson menaçant "ce con d'Eric Zemmour", à 800 euros d'amende avec sursis, Youssoupha Mabiki de son vrai nom a fait appel.
jeudi 28 juin, Youssoupha est jugé "non coupable" par la Cour d'appel de Paris.
le texte : "A force de juger nos gueules, les gens le savent qu'à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit que c'est nous, je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d'Eric Zemmour".
Eric Zemmour avait porté plainte pour injure et diffamation, il qualifiait le rap de "sous-culture d'analphabètes".
Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Dim 19 Aoû 2012, 18:09
La BIP (Brigade d'intervention poétique) interprète un texte de Michel Besnier : Le rap des rats (éditions Motus).
Graciak habitué(e)
Nombre de messages : 25 Date d'inscription : 11/06/2013
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Mar 11 Juin 2013, 17:35
Le rap, je connais assez bien. J'y suis venu principalement par l'aspect "textuel", moi qui écoutait peu de musique avant de me mettre à ce genre. Je vous partages donc, avec paroles, les chansons de quelques artistes que je considères comme très doués dans ce registre là.
Casey à déjà été cité, mais c'était il y à 5 ans alors je rajoutes une couche de plus récent :
La chanson du mort vivant : https://www.youtube.com/watch?v=VCUUveerisg Je la trouves poignante. On sent très bien ce détachement dans la plupart de ses chansons mais là il atteint son paroxysme. Très bien écrit, on sent le texte comme la musique monter en puissance. Et puis toujours ce jeu quasi mécanique et frappant sur les allitérations, si bien exploité. A noter aussi que Casey est une femme(pas forcément évident à la première écoute d'ailleurs), et qu'elle ne met pas, dans cette chanson, les habituelles marques du féminin(cf "je ne suis ni exigent...". Façon sans doute de créer un personnage encore plus détaché et impersonnel, mais rappelons aussi, dans une autre chanson : "Cessez de bousculer l'exclue à la gueule masculine Mes origines et mon air androgyne, je ne sais pas faire sans"
Je recommandes cet album d'ailleurs. Un très bon mélange de rap et de rock, plutôt rare habituellement. Les paroles :
Spoiler:
« J’ai du mal à aimer, à trouver mes mots Et le sommeil sans prendre de comprimés Je suis inanimé, énormément abîmé Probablement mort-né et déjà embaumé Je n’ai le goût de rien, mais je sais le mimer Et mon entrain n’est qu’un écran de fumée J’ai toujours su très bien jouer à l’humain Manier les banalités et les lieux communs
Mon prénom a été gommé du roman J’ignore tout simplement où, quand et comment Et pourquoi je me suis sur moi-même renfermé Endormi apparemment pour un moment
Je ne suis ni exigeant, ni borné Ni sournois, ni attachant, ni acharné Ni content, ni méchant, ni charmant Seulement peu concerné et désincarné Comme à pas grand chose d’être interné Ou l’invité d’honneur de mon propre enterrement Détourné du monde, seul et épargné Par ces petits bonheurs ou ces grands tourments J’ai beau prendre le problème et le retourner J’ai effectué un très gros travail sur moi J’ai occupé la longueur de mes journées Je ne ressens ni l’envie, ni l’émoi Ni la peur, ni l’ennui, ni l’effroi Ni la lenteur des heures, ni le compteur des mois Pas une seule fois le poids des années Même une bonne déprime m’aurait bien dépanné
Mais il n’y a que mon crane noyé dans le néant Et mon corps broyé par un trou béant Alors dites-moi comment être foudroyé Sortir souriant, hilare et puis débraillé Bâtir un foyer, y être choyé Pouvoir bavarder sans bafouiller Etre le bon voisin ou le bon employé Le bon mari, le bon ami à côtoyer Ou ébloui par la nuit et ses néons Le vent, la pluie, le soleil et ses rayons Et j’ai essayé de crier mon tourbillon Mais ma voix n’a pas pu ôter son bâillon
J’ai un bataillon d’histoires à vous détailler De petits soirs sans festins ni cotillons De gosses que je ne verrai jamais brailler En se réclamant être de mon sillon Donc si vous me voyez qui que vous soyez Pitié, ne tentez pas de me réveiller D’être bienveillant, de vous apitoyer Car les morts-vivants ne savent pas s’émerveiller.
La rumeur, et Hamé plus particulièrement : Difficile de choisir une chanson, deux me viennent en particulier.
L'ombre sur la mesure : https://www.youtube.com/watch?v=mzbF5G76hNA Le couplet d'Hamé est le second. Les paroles :
Spoiler:
[Ekoué]
Je suis l'ombre sur la mesure, le violent poison à l'écart de tout soupçons. Dans ce sombre récit, dont personne se méfiera, il s'agira de sang sur les murs au crépuscule d'une bavure, je murmurais la haine enclavée dans les ZUP en région parisienne. L'amour comme rempart à la dérive, au registre de ces âmes charitables, plutôt naïves, se perd, donne à ma palabre son caractère. Sourire kabyle dans les artères de ma ville, voilà à quoi l'instinct de malfaiteurs, ma foi, se familiarisera. Aux effusions sanguines d’une trop commune routine. La rue se massacre sous le ciel des damnés ; n'importe quel trou du cul aujourd'hui est armé. Hier encore, l'ombre d'un regard de travers sur le pavé se dissipait dans un silence de mort. Le crime, désormais, a la parole trop facile, crois-moi, pour qu'on en rigole de joie sous ces lampadaires qui éclairent la misère. Et si j'exagère, l'obscurité la plus dense n'est jamais loin de la lumière la plus vive, nourrit ses rumeurs de peur et de paranoïa à des heures tardives, sous le tranchant de la lame d'un cran d'arrêt, à vos risques et périls, derrière les guirlandes d'acier d'une maison d'arrêt ou sur un disque vinyle.
Refrain Considère moi comme une bombe dont tu as allumé la mèche, et qui égrène les secondes d'une saison blanche et sèche.
[Hamé]
Je suis l'ombre sur la mesure, à la pointe d'une écriture, l'ombre de ces murs aux milles blessures que des bouches murmurent, entre deux rondes furibondes du bleu criard ou blafard d'un gyrophare. Je tisse ma toile noire sur des cœurs hagards, et je traîne mes guêtres sous les fenêtres de ces ruelles qui ont le lèpre, au carrefour de la cour des miracles en débâcles, sous les arcades malades où crissent les voix croisées de la faim et du vice. Je suis l'ombre cerclée de grilles rouillées, verrouillées sur une aire où rien ne brille, où les corps se compriment, où le vue décline et où les brigadiers fulminent. Regarde ces silhouettes grises dont les rêves gisent sur le pavé couvert de pisse, elles poussent toutes la même porte en crachant sur le trottoir de leurs illusions mortes. Nous n'avons à perdre que nos pensées ternes, te diront-elles avec le feu dans les yeux de ceux qui sont prêts à tenter la diable pourvu qu'il garnisse leurs tables, et conjure la misère, le fer et la pierre qui les enserrent. Je suis l'hombre sur la mesure et je sature dans les graves de cette basse qui monte d'une cave, parmi la crasse et l'éther, d'une trop vieille poudrière.
Refrain
Et Moha, en solo cette fois, description d'un prisonnier qui viens d'apprendre la mort de son père : https://www.youtube.com/watch?v=dnA-N40Igi8 Les paroles :
Spoiler:
Il se fait tard, très tard, bientôt le soleil et Moha n’a pas sommeil. Il veille les yeux vides sur le carreau aride au mur de sa minuscule cellule. Une cigarette mal roulée se consume et tremble aux bouts de ses doigts exsangues qui semblent mourir le long de sa jambe. Moha ne bronche pas, les mots sont froids, leur écho se cogne aux parois de cette cage qu’il partage avec un rayon de lune voilée et quelques rats pressés, aux pas vifs et feutrés. Par terre, un miroir s’est éparpillé en mille fragments de verre parmi deux, trois bibelots, des vêtements, une radio, et des livres coincés sous un meuble renversé. Une sale odeur aux relents d’urine et d’excréments flâne et se pavane depuis que les chiottes sont tombées en panne. La tête dans une volute de fumée diaphane, Moha accroupi aux pieds du lit serre dans sa main une photo jaunie, une vieille photo où un grand homme droit a mis sa plus belle chéchia, un grand homme droit que tout le monde fête à son retour de la Mecque. Mais un grand homme droit qui vient de partir dans un ultime soupir.
Un peu de sel sur une plaie ouverte…
Durant la promenade, à l’écart des camarades de misère habituels, et selon le rituel, Moha tourne et tourne, puis s’enroule en boule, dans des mots qu’il traîne, chuchotés à lui-même. Des mots qui malmènent, qui se referment et qui drainent de lourdes larmes blanches, très vite essuyées d’un revers de manche. Il avait tant à lui dire, tant de choses à finir, rattraper le pire, voir s’esquisser un sourire sur son visage où l’âge avait creusé les entailles d’une trop longue bataille sur des sentiers de feraille. Et Moha s’injurie, et Moha se maudit en tirant la courte corde de sa chienne de vie, sans grandes œuvres, ponctuée de basses manœuvres. Comme un mauvais fleuve, à la sortie de l’échec, qu’on lui a vite appris à conjuguer du bec, sur des pupitres en bois sec. Les blocs de Nanterre ont des mâchoires de fer et le cachot tire la chasse en effaçant les traces. Un coup de sifflet ramène tout le monde à l’entrée et on se presse encore, sans la force d’un effort, à l’exacte verticale des miradors.
Un peu de sel sur une plaie ouverte…
Il se fait tard, très tard, bientôt le soleil, Moha dort d’un lourd sommeil. Au matin, il se rendra à l’atelier souder des pièces d’acier, de quoi payer le miel de sa gamelle. Et puis, si la fatigue se tait, il relira cette lettre froissée, q’il n’a pas pu envoyer, et qui semble saigner sous les toits d’ardoise du pénitencier.
On lui accordera quand même un certain talent pour l'énumération, ainsi qu'une vrai qualité pour rendre ses descriptions visuelles, non ? Le lexique est particulièrement beau sur l'ombre sur la mesure, également, du moins c'est mon avis.
Le groupe chiens de paille également, porté par son unique rappeur Sakho(le second membre du groupe, Hal, assurant la production)
Le chant des sirènes : https://www.youtube.com/watch?v=ZYQEt54-LwA Je prends une des moins connues, parmi, selon moi, leurs meilleurs.
Les paroles :
Spoiler:
"Il était une fois mon histoire...". J'aimerais commencer comme ça mais je draine trop de peine et de larmes même pour romancer. Outrancier ? peut-être... Pourtant c'est. On en sait si peu sur moi, à croire que c'est condensé. Décontenançant mais digne de vous, je suis de tant de corps dans le sang. Je vois trop de cons danser. Laisse-moi te dire comment c'est parce que trop peu le savent. Tous se trompent donc rêvent. Trêve de fable sur mon compte. Je me montre pour que le voile se lève. Fallait que la voix de ceux qui savent serve mais tout le monde s'en fout. On me prend pour un con, je comprends pas et vous ? Il vous faut prendre combien de coups pour comprendre. Je compte rendre l'amour au désespoir. Tendre sera la mort tant il fait bon mourir là où je t'emmène. La vie y est si laide mais la route si longue. Ton agonie si lente fustigera tes lendemains - ne le fussent-ils déjà - puis lentement, ton présent passera. Tu ne seras plus qu'au passé. Tes jours ne seront plus qu'un, le même, dont les couleurs jaunissent à l'épreuve du temps. Pour l'heure, soit de ces vivants qui ne vivent plus, de ces morts dont le cœur bat, qu'on ne pleure pas. Les amis, c'est quand ça va pas que tu vois que t'en as pas. Vois comme ceux qui déclarent t'aimer décarrent. Très maigre, t'es aigri mais gars, c'est comme ça. Pire, tu n'y es pour rien.
Refrain Dans ce coeur que seuls les pleurs calment, trouve le courage, il est l'heure qu'on se sépare. On ne se prépare jamais assez à ce départ, je sais, mais il se fait tard, faut qu'on y vienne. Eh m'man, te mets pas dans cet état, embrasse ton gosse, je pense pas qu'il revienne.
Traits pour traits, ton visage devient le mien. Ton corps ? Une pierre. La peur, tu couches avec dans tes infectes couches. Tache de sourire quand ta mère cache ses larmes. Obscène scène. Elle cherche, pourquoi son petit ? De sales cernes se creusent sous ses yeux mais y'a pas de pourquoi. Tentant dès lors de taxer les toxs et les tentes mais y'a pas de coupables, juste un coup bas que de mon sceau je signe, scellant nos sorts. Un monceau de victimes qui peinent au combat. Au soir de ta vie, sentant ton corps s'éteindre, t'aimerais prier mais même l'Eglise te crache dessus. De rage. Pour eux, c'est Dieu qui m'envoie nettoyer cette terre de ces dévoyés. La morphine ? Il te reste que ça pour que la douleur cesse quelques heures, que le bonheur naisse. J'aime te voir vouloir vivre avec la même envie que j'ai de vouloir te voir mourir. Brûle tes dernières forces à te rappeler garçon, de toutes façons, t'as plus que ça. Ta vue baisse comme l'espoir en le vaccin, mais c'était du luxe ça. Ton traitement aussi. Vraiment, je comprend que tu sois aigri, tu sais. Si le sol s'ouvrait sous vos pieds, vous ne sombreriez pas moins, juste, les sans soucis n'auraient pas le temps de faire de rubans rouges. Sans succès au Sidaction, tes éminents discutent tous, pire, ils se disputent alors que tu passes à l'étage des stades terminaux. Avant que les médecins le perdent, minot, sache ça : j'ai décidé que je décimerai votre espèce, et même si des idées s'élèvent quelque peu, j'attends ceux qui me lessiveront mais l'horizon s'étale et je vois rien venir. Quinze ans que j'attend mec, et je vois rien venir.
Refrain
L'écriture chez Sako est plus "technique", comme on dit, que chez ceux précédemment cités. Il fait un usage récurrent de ces "rimes multisyllabique", ou du moins il y à des échos de sonorités "combat/coupables/coup bas"J'aimes ce rythme hachés, ces phrases très courte, ces questions amères et quasi rhétorique. Ca ne paraît pas forcément évident au premier abord alors je précises :Le narrateur, dans cette chanson, c'est le sida. Quand j'ai compris ça, j'avoues que j'étais tombé sur le cul. Personnifier le sida, avec cette part de regrets devant l'impuissance des hommes à lutter contre lui, j'ai trouvé ça très fort. A la fois triste et impitoyable.
Un dernier, très connu mais pas forcément pour son album solo, Métèque et Mat, Akhenaton(d'IAM) Au fin fond d'une contrée, en terme d'écriture, est clairement ma préféré le concernant, même si il à sortis énormément de chansons sublimes. https://www.youtube.com/watch?v=HZWaA2YC2PI Les paroles :
Spoiler:
Les ombres sont des rêves... Cette histoire est une fable, le conteur de celle-ci est fiable Et sans parler du Diable, le bonheur est friable Car mon rêgne en fait n'a jamais été minable Ma contrée était de sable, mes sujets des ombres inombrables Où l'amitié était le ciment, le jeu, le piment L'amour l'agrément, je joie, l'aliment Nous vivions tous dans nos rêves et nos passions Mais la vie d'adulte a déclenché un processus d'élimination De formidables randonnées à vélo A pautre sustentatoire dans une station de métro Où sont passés les rois, les reines qui naguère Fabriquairent des cendriers pour la fête des pères? Pourquoi ai-je perdu le sourire, avec un air si triste Pour mes amis qui se sont trompés de pistes? L'enfant qui sommeillait en moi s'est évaporé Et malgré, je désire rester
[Refrain] : Au fin fond d'une contrée par les vents battus Je suis le roi fou désuet souverain d'un peuple de statues Ils ont tous quitté mes rêves Et moi, je me souviens Les ombres sont des rêves x3
Je regrette ces soirées d'été où nous faisions des parties de cache-cache Les t-shirts pleins de taches, planqués sous des bâches, sache Que nous étions des gosses comme les autres Epris de liberté, les poumons gonflés de fierté Pour mon malheur, l'enfance n'est pas éternelle Le miel donna du fiel, et le rêve devint sel L'enveloppe corporelle à cru Les ombres m'ont quitté, mes compagnons sont devenus des statues De tous ceux qui jouaient au soldat avec moi La moitié ont désormais des traces sur les bras Et je ferme les yeux afin que s'envole Le souvenir de voir leurs mères les chercher à la sortie de l'école L'amour qu'lles leurs portaient, l'attention qu'elles leurs donnaient Se doutaient-elles qu'un jour, ils voleraient dans leurs porte-monnaies Mais JP, tu as grandi trop tôt Ton visage aujourd'hui me fait froid dans le dos Tu as quitté mon royaume sans prévenir Ton ombre est un souvenir, statue de glace fût ton devenir Tu hantes ma contrée avec un regard figé Ici tu as laissé notre amitié
[Refrain]
Comme le peuple de Loth, ils n'ont pas cru à la miséricorde Et quand je les aborde, dans leurs cœurs il pleut des cordes Sans ignorer qu'un peu d'amour peut changer la statue en Ombre, libre, souple et sombre Pour pouvoir absorber le maximum de lumière La licorne chevauchant la crinière d'un éclair Et tout est clair dans la nuit des songes Au moins je peux y chasser, ces terribles regrets qui me rongent La réponse au changement de cap Pourquoi suis-je devenu comme un souverain de l'île de Pâques Heureusement qu'une reine d'Orient m'a épousé Elle m'a redonné un peuple d'ombres afin de pouvoir gouverner Ma destinée est jonchée de paysages verts Depuis que j'ai quitté l'ennui de mon désert Ensuite, si mon mental va, des fois Je ne puis l'éviter, je me revois
[Refrain]
Ici, la métaphore est filé. Plus d'amertume que de rancœur, dans l'évocation de cette douleur qui constitue le passage de l'enfance à l'âge adulte. Les amis qui trahissent ou se perdent, et, maintenant, une terrible nostalgie. Je trouves beaucoup de douceur dans ce texte, même si c'est lié à l'interprétation également, il y à une réelle dimension poétique dans le choix de certaines métaphores (les ombres, les "statues de glace", le miel qui donne du fiel).
Bref, il y en à beaucoup d'autres, évidemment, mais ceux-ci sont clairement mes paroliers préférés.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Mar 11 Juin 2013, 17:54
merci pour ce message documenté et constructif
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Lun 17 Juin 2013, 04:50
la folle vie du rappeur Kery James
avec d'autres videos sur Rue 89
l’école, ça ne fonctionne pas. Il se signale autrement, par ses talents dans l’écriture,
Graciak habitué(e)
Nombre de messages : 25 Date d'inscription : 11/06/2013
Sujet: Re: Rap toi de là que je m'y mette Mer 11 Sep 2013, 23:03
En ce moment, je suis beaucoup sur des artistes-univers, des rappeurs qui ont vraiment du charisme et un propos, une ambiance différente, qui leur est propre, souvent très en dehors des codes du rap.
Le problème peut-être qu'ils mettent parfois de côté une certaine sincérité au profit d'une plus grande fascination, et c'est là que je trouve le dernier EP de Vîrus très fort. Il à su mettre de côté son personnage, la misanthropie peut-être légèrement redondante qui pouvait hanter ses trois premiers EP :14février, 15août et 31 décembre.
Cette fois, sur Faire Part, il s'ouvre beaucoup plus, tout en conservant son univers sombre. La progression est finalement très cohérente.
A l'écoute, le style peut-être rebutant au départ, a fortiori d'autant plus si on est pas spécialement fan de rap(je pense que je suis un des seuls ici à en écouter principalement), mais ça vaut le coup de persister, et rien que le texte de Des Fins vaut le détour. D'ailleurs, dur de saisir Vîrus en entier sans avoir le texte sous les yeux, au vu de la complexité des jeux de mots qui se dissimulent facilement à l'oral. Exemple : "Par peur de rater ma vie, j'ai préférer ne même pas l'attenter", semble être, à la première écoute un "Par peur de rater ma vie, j'ai préférer ne même pas la tenter" beaucoup plus banal...
Si certains sont intrigués, je vous laisse donc Des Fins avec les paroles : https://www.youtube.com/watch?v=dX31h-dO5po « Bouh… Il fait froid d’un coup / Dites si vous avez besoin de quelque chose pendant que j’suis debout / Tu l’sens quand tu fais ton trou / De ton vivant, les gens font déjà de toi un sujet tabou / Que tu refuses les concessions t’empêche pas de voir ton avenir partout où il manque un peu de gazon / À plus de deux, c’est plus des confessions / J’m’en veux, mes lèvres auraient dû rester collées sur un glaçon / Ils prendraient bien un bout de ta vie mais pas ton destin / J’réfléchis à la façon dont j’arriverai à rien / Oui, c’est grave de mourir défunt / Tu peux t’jeter dans la Seine, elle fera son chemin comme un intestin / À travers toutes ces villes dont les panneaux visibles à l’entrée offrent un résumé de la vi(e)…site / Hôpital, groupes scolaires, cimetière / Tu nais et pis taffes ; tu meurs, épitaphe / Ne restent que quelques mégots et des pistaches / Restées fermées pour l’occasion / De toute façon, ce n’est qu’un héritage de location / Tu peux être à fond dans ta passion, mourir restera ta vocation / D’où l’expression, tirer une gueule de 6 pieds de long / Résonnent encore les orgues du Requiem pour un Con / Tu meurs, les hommages me reviennent / J’me penche d’un balcon, réflexe moteur / J’me demande si on survivrait de cette hauteur ? / J’tiens à la vie comme ceux qui se tailladent les veines sur la largeur / Un bord de route, un drôle de marcheur / Les absents sont des lâcheurs, j’fais de l’autostop en levant le majeur / Me raccroche à c’que j’peux / Il pleut des cordes / Parle-moi ou tu devras fouiller dans ma chambre en désordre / Tous les ans, j’me remémore la levée du corps / Maintenant, quand tu dors, j’vérifie si tu respires encore…
Pour l’instant, qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? J’ai tenu / J’tente de garder les yeux ouverts quand j’éternue / Flippe des coups de fil la nuit ou très tôt le matin / À chaque fois que j’entends « au fait, t’as appris pour machin ? » / L’éthernel m’a prévenu / Souvent j’me dis qu’j’suis qu’un enculé, que j’vivrai peut-être plus longtemps que prévu / Une question perdure : est-ce qu’on souffre plus de c’qu’on a pas connu ou bien de c’qu’on a perdu ? (×2) …
S’faire du mal, vouloir connaître les circonstances exactes / On m’demande de tes nouvelles, j’dis qu’on est en contact / Que t’as juste perdu connaissance / J’laisse tes affaires telles quelles comme si t’étais juste parti en vacances / J’ai croisé quelqu’un qui te ressemblait trop de dos / Je souris aux éclairs pensant que c’est toi qui prends des photos / J’pense aux discussions qu’on aurait pu avoir / À c’que j’essaye de pas r’faire ou parfaire mais j’peux pas t’en faire part / Tout est devenu insignifiant / Et j’sens que j’t’enterre vraiment, j’parle de moins en moins de toi au présent / Il m’écoute pas, il veut savoir c’que j’compte faire plus tard / Sachant que beaucoup mettraient leur bite dans un trou de mémoire / Mon remords m’étouffera / Plus d’une fois, j’ai rêvé de toi / J’te prenais dans mes bras, t’étais tout froid / L’impression qu’on me voit mais que personne me perçoit / J’vis oppressant / Un décès, ça reste récent… »