Discussions autour du haïku

J'ai hésité à mettre ce petit article car je n'ai ni l'auteur, ni la source, mis de côté il y a quelques temps, je ne sais pas où je l'ai trouvé.
A corriger à l'avenir ...

Citation :

En passe de devenir ici un gadget littéraire à la mode, le haïku est à l’origine un des fondements de la poésie japonaise. Petite touche impressionniste, il évoque en trois vers et 17 syllabes (5/7/5) un sentiment fugace, une impression volatile, un sentiment profond… Parfois grinçant d’humour, il ne rechigne pas à la moquerie légère, mais aussi à l’évocation du désespoir.

A l’époque impériale, le haïkaï (au singulier) signifie « poème libre » c’est à dire échappant à la surveillance des autorités. Il est le premier maillon d’un jeu littéraire à plusieurs, où chacun ajoute son couplet, dans un contexte de philosophie bouddhique zen des moines guerriers. Souvent attaché à une saison, il évoque le temps qui passe et les métamorphoses de l’âme. Il joue aussi avec la métaphore basée sur les symboles de la nature. Au Japon, sa forme plastique est aussi un élément important car les idéogrammes se répondent dans leur forme, de même que leur sonorité équivaut à nos rimes.

Le haïku compte parmi ses maîtres de célèbres auteurs depuis le 17e siècle, comme Bashô (1644-1694) et beaucoup d’autres tels Buson (1716-1783), Shiki (1867-1902). Objet d’un succès international, il est pratiqué au Japon comme l’ikebana (l’art du bouquet), tel un loisir philosophique.

J'adore les haïkus
Ces courts poèmes sont commes des photographies : un instant, un sentiment, non plus figés dans l'image mais dans les mots.
J'adore car cela dit tout comme cela ne dit rien. Le sens est sans cesse à reconstruire.
J'aime cette forme de poésie où le langage est chichement calculé. Un langage qui, en définitive, se fait silence.

Quand je lis ces vers :

A l'entré du jardin
fleurit le blanc
d'un camélia

Ueshima Onitsura

je ne ressens rien si ce n'est un immense silence qui m'envahit. C'est comme être en admiration devant une image suggestive.

Certains voient le haïku en langue française comme la mauvaise dérive d'une pratique d'Extrême-Orient. Je trouve au contraire que c'est en s'inspirant d'eux que l'on peut y puiser une grande source d'inspiration, une approche économe de l'écriture qui n'est pas tellement dans la tradition littéraire française.

Je suis toutefois d'accord sur l'idée que n'importe qui ne peut si aisément en égaler les maitres d'Orient.

Ceci dit, voici quelques uns de ces haïku (faut-il un "s" ?) que j'ai trouvés bons.

Les dents
du clochard hilare
- un clavier de piano.

(Jean-Louis Bouzou)


Les boules brillantes
Sont plus loin du cochonnet
Que les boules usées

(Bill Bilquin)


Fleurs multicolores
La fleuriste
Est habillée de noir.

(Jean-Claude César)

oui, vas-y ! c'est à la fois drôle et suggestif ! et la précision des mots comme du rythme est formatrice.

J'aime lire (et écrire) des haïkus. Leur facilité n'est qu'apparente, leur brièveté aussi, car quand ils sont réussis, ils parlent longtemps à ceux qui les lisent et les écoutent.
Il faudra que j'apporte ici quelques-uns de ceux qui m'ont frappée... Les éditions liroli publient de beaux recueils d'haïkus, joliment illustrés.

Alors, on peut également parler des haïbuns, qui sont des formes littéraires japonaises importées surtout par les anglos saxons. Ce sont des sortes de poèmes en prose, d'inspiration zen qui contiennent un ou plusieurs haïkus.
Peu connus en France, à ma connaissance. Les éditions l'Iroli en publient, une édition sur internet également dont j'ai oublié le nom.

L'haïbun est une composition littéraire mêlant prose et haïku.

Avec quelques photos, on a une narration agréable.

J'aime les haîkus moi aussi.
J'ai toujours pensé que c'était un super outil multimédia très puissant puisque avec
juste quelques mots on voit des images, on entends des sons, ravive la mémoire d'un parfum
ou d'une texture sous le touché.

Une image vaut mieux que 1000 mots
mais 17 syllabes valent bien une image.

Je viens d'écouter en podcast, une émission sur les HAÏKUS Japonais..c'est une conférence de Roland Barthes du 13 01 79 un régal! même si parfois l'écoute en est un peu difficile..Mais grand moment! Je vous en cite un.. dommage, l'auteur n'est pas cité..

"Dans le saké dérobé, il a trempé une rose..."

oui, bonne idée de parler des haikus avec Roland Barthes

Cliquer pour écouter l'émission.

Haiku, mode d'emploi pour le lecteur

"Le haïku ne renferme aucun sens caché, aucune signification symbolique. Le lecteur doit arriver à recréer en lui l’atmosphère qui a présidé chez l’auteur à la création du haïku. La lecture à haute voix est parfois une aide précieuse. "

un exemple commenté

J'avais dit que j'attendrais pour publier, désolée, la passion a pris le dessus.

Cueillir un flocon
Tenir la vie un instant
Fondre bêtement

Il est de moi celui-là.

Si vous voulez approfondir sur le sujet, il existe un excellent livre qui s'intitule L'art du Haïku, pour une philosophie de l'instant. Textes de Vincent Brochard et Pascale Senk traitant de Bashô, Issa et Shiki. Trois maîtres de cet art.
Bref, le Haïku est une philosophie de l'instant.
Loin de moi l'idée d'avoir l'air prétentieuse, c'est juste que c'est un sujet qui me passionne.
Mirika

Merci, Mirika, pour le cadeau
Je m'intéresse aussi beaucoup à l'haïku, comme lectrice et comme auteur. Dans ma région (en Roussillon), j'ai suivi récemment, sur son histoire et son évolution, une conférence très intéressante.

Bonjour Nicole ! Je suis allée voir votre site perso, très intéressant. D'ailleurs, j'ai signé dans votre livre d'or. Félicitations pour vos prix, vous êtes inspirante.

Merci, Mirika, c'est sympa, ton passage sur mon site.
Au fait, sur Grain de sel*, l'usage est de se tutoyer
Je te souhaite une bonne soirée et te dis à bientôt

D'accord, perso, je trouve que l'usage du vous fait un peu coincé. Merci pour l'info.
Bonne fin de semaine.

Bonsoir Mirika,
je te rejoins ici pour cette passion commune du haiku, je l'illustre par mes aquarelles.
en voici un que j'aime particulièrement de Basho
Bashô est l'homme du voyage, géographique mais aussi spirituel et poétique («Cela me fait sourire / un printemps à nouveau / sous le ciel du voyage »). Parfois cela l'angoisse («Cloches muettes / que fait donc ce village / soir de printemps »), mais la route est aussi l'occasion d'émerveillements nouveaux («Epuisé / je cherchais une auberge quand / ces fleurs de glycine»). C'est de ces émerveillements que vont naitre les poèmes, émerveillement qui est éveil («Nées du dégel / pour mon pinceau recueillies / quelques gouttes d'eau pure»), c'est par l'écriture que la sensation encore obscure va se muer en expérience tangible, offerte à tous («Que jaillisse un poème / différent de moi / premier cerisier »).




Juste pour le plaisir, un petit haïku à déguster…

“

Brise légère

L’ombre de la glycine

Tremble à peine.”




…



Bashô 1644 – 1694.

Magnifique, Soussou...
Merci pour ces cadeaux délicats

Merci pour ces haïkus, ils sont très beaux.
Désolée pour ma réponse tardive, mais le congé Pascal oblige.
Bonne journée !