Litterature et peinture

On trouve parfois un roman qui met en scène un peintre, un romancier qui parle de peinture, ou qui brosse des portraits et construit des tableaux.

Sur GDS* nous avons des peintres qui aiment lire et des lecteurs qui aiment peindre ou s'intéressent à la peinture.

Ce fil est maintenant ouvert pour vous !

Comme ça...
je citerais les livres très drôles de Daniel Arasse :

Comment sensibiliser les gens qui ne s'y connaissent pas (moi...).

(Dans la même lignée, le dernier album de claire diterzi est directement inspiré d'oeuvre, dont des peintures, jouissif !).

Un des plus beaux textes de Herman Hesse: Le dernier été de Klingsor.
Klingsor est peintre, il va mourir, il a atteint l'apogée de son art et trouvé les rouges les plus beaux, les bleus les plus lumineux. Un ami vient lui rendre visite.

l'oeuvre, de Zola, bien sûr.

Les livres de Rezvani, Les années lumière, Les années Lula, et surtout L'origine du monde.
Rezvani était peintre avant d'être écrivain, ça se sent dans son écriture de coloriste. Il en parle tout le temps.

L'origine du monde est un livre bizarre, un peu mal fichu, limite ennuyeux parfois si on n'aime pas déjà beaucoup l'auteur.

Imaginez un nain étrange qui vole des tableaux (il y va au culot, en plein jour) pour les retoucher jusqu'à ce qu'ils soient parfaits à son goût. Le conservateur du Grand Musée commence par l'interpeller, par le prendre pour un doux dingue, le sermonner, le moraliser, mais rien n'y fait, le nain continue. Il veut, en fait, voler le tableau de Courbet L'origine du Monde, qui préfigure pour lui la mort de l'art en présentant un corps disloqué. Je ne raconte pas la suite (il y a une intrigue, mais ce sont les discours et théories sur l'Art, sous forme de dialogues, qui sont prépondérants dans ce livre intéressant si on a envie de réfléchir à ce sujet.

Si on va du côté des Turcs, deux livres me viennent immédiatement à l'esprit :

• Mon nom est rouge, de Orhan Pamuk
  
• Les turbans de Venise, de Nedim Gürsel
  

avec notamment des comparaisons/confrontations entre les conceptions occidentale et orientale de la peinture...

Je ne connais ni l'un ni l'autre, et ça a l'air intéressant...

Philippe Besson qui a donné vie au tableau d'Edward Hopper "les rôdeurs de la nuit" :

Il y a plus ancien ( 1946), car l´oeil ne se contente pas de voir.



Avec le magnifique chapitre sur la peinture espagnole, ou " La chair spirituelle"

Un très connus mais assez agréable à lire. La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier. L'auteur brode autour du tableau et imagine la vie de cette jeune femme et du peintre.

Toujours à propos de Vermeer... il faut dire que le sujet s'y prête.

La double vie de Vermeer de Guarnieri. Je ne sais pas si je vous en ai déjà parlé. J'ai beaucoup aimé ce roman qui imagine un peintre du début du XXe siècle, peu reconnu par les critiques et qui décide de peindre de faux Vermeer.

Alors Moon, contente du soleil breton ?

Pour littérature et peinture, y aurait pas un Balzac dans tes cartons ?

On a dû en citer pas mal comme La jeune fille à la perle, je ne sais où ...

Il y a La femme en bleu – Cécile Guérard et d'autres qui me reviendront !


ps : un petit mot pour les images très très grandes Monique et Moon, je vais reprendre celles-ci, ça serait sympa de les redimensionner

C'est déjà fait Utopie, simple erreur manip'. A moins que cela ne soit encore trop grand ?

Coucou rotko. Non, pas de Balzac dans mes cartons. Pour le moment c'est plutôt XXe siècle.

Le chef d'oeuvre inconnu de Balzac n'en finit pas d'interroger

- les lecteurs,

- les cinéastes ( Jacques Rivette et son film La Belle Noiseuse avec Michel Piccoli, Emmanuelle Béart);

- les critiques
Georges Didi-Huberman, La Peinture incarnée
suivi de Le Chef-d’œuvre inconnu, d’Honoré de Balzac dans la collection « Critique »,

Michel Serres dans Genèse,

les peintres:

Cézanne (cf. aussi l'oeuvre de Zola)

Citation :

"Frenhofer, c'est moi":

telle est l'amère conclusion de Cézanne lorsqu'il achève la lecture du "Chef-d'œuvre inconnu" de Balzac.

et Picasso :
Le Chef-d’oeuvre inconnu de Balzac (1931), un chef d’œuvre de treize eaux-fortes et de soixante-sept bois gravés de Picasso

Giulio Paolini; Le Chef-d’œuvre inconnu, « avec lequel mes modestes et imprudentes intentions voudraient se situer en correspondance symétrique et complémentaire .

Je songe en particulier à ce passage du conte où Frenhofer, le vieux peintre protagoniste de l’histoire, ne peut s’empêcher d’apporter les corrections nécessaires, la touche résolutive au tableau pour qu’il soit émendé et qu’il atteigne son heureux accomplissement.»

Trois auteurs, notamment, ont mis un peintre dans leur roman, comme s'il représentait un autre versant de leur propre démarche, et exposait une conception de l'art qu'ils partagent :

Marcel Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleur, avec le peintre Elstir, peintre des métaphores;

Citation :

Elstir avait préparé l'esprit du spectateur en n'employant pour la petite ville que des termes marins, et que des termes urbains pour la mer.

Virginia Woolf avec Lily Briscoe dans la promenade au phare. C'est elle qui donne au roman sa touche finale.

George Pérec, dans la vie mode d'emploi , avec Serge Valène : il peint le tableau d’une coupe de l’immeuble du 11, rue Simon-Crubellier, comme le romancier en fait la description et raconte l’histoire de ses habitants.

Un titre que je lirai prochainement, c'est à dire .. en 2008 !
Quelqu'un l'a lu ? ...

Les sept noms du peintre de Philippe Le Guillou



Erich Sebastian Berg naît à Munich en 1940. Après des études au collège bavarois d'Ettal, il entreprend son initiation de peintre chez un vieux maître d'Anvers. Il arrive à Paris et connaît un succès immédiat.
Mais Erich Sebastian Berg est l'homme des passions, des emballements, des ruptures, des départs. Il disparaît, erre du côté de la Bretagne et de l'Irlande, continue de peindre, sous d'autres noms. Il aime, désire, peint des corps, des triptyques.

Caché sous ses hétéronymes, il ne cesse de voyager et de produire, malgré les deuils, la solitude, la folie. Ce livre retrace les cheminements de ce peintre imaginaire, ses rencontres, ses fascinations, ses oeuvres, sa double vie, affective et créatrice.

C'est l'histoire d'un homme immergé dans l'histoire et la création - des années 50 au début du nouveau millénaire, on voit, en effet, passer de Paris à Rome évènements et figures qui auront marqué leur temps , l'aventure d'un homme en quête du secret de son identité et de son art.

Pierre Paul Rubens

Rubens, fleuve d'oubli, jardin de la paresse,
Oreiller de chair fraîche où l'on ne peut aimer,
Mais où la vie afflue et s'agite sans cesse,
Comme l'air dans le ciel et la mer dans la mer

.

.

Eugène Fromentin

Un tapissier, Jean Rubens, échevin d'Anvers, suspect de calvinisme, était parti pour Cologne en 1568 avec sa femme, Maria Pypelinex, après l'exécution, des comtes d.'Egmont et de Hornes. Il eut là l'occasion d'assister, comme juriste, la femme de Guillaume le Taciturne; entraîné par elle dans des relations clandestines, il fut emprisonné à Siegen (1574) par le comte de Nassau, frère de Guillaume. Maria Pypelinex, cœur généreux et femme de tête, profitant de ce que les Nassau craignaient le scandale, obtint à prix d'or son internement d'abord à Siegen (1573), puis à Cologne (1578), enfin sa liberté complète (1583).

Voilà comment Pierre-Paul Rubens naquit et fut élevé en terre germaine. Ramené à Anvers après la mort de son père, en juin 1587, il apprit le flamand, le français et le latin. Il devait, plus tard, se servir couramment de l'italien dans sa correspondance.

La maison qu’il avait achetée en 1611 et embellie renfermait des œuvres de Titien, Tintoret, Véronèse, Léonard, Raphaël, Ribéra, Holbein, Antonio Moro, Van Eyck, Breughel le Vieux, Brouwer, etc. Il y recevait les visiteurs dans son atelier et causait parfois avec eux en même temps qu’il peignait, dictait une lettre et se faisait lire Tacite. Il s’intéressait d’ailleurs à tout : voyages, histoire naturelle, art antique, archéologie, comme en témoigne sa longue correspondance avec le célèbre érudit provençal Peiresc, qu’il ne devait connaître personnellement qu’en 1622.


Rubens, resté profondément Flamand par le choix de ses modèles, a mis dans sa Descente de croix certains mérites propres aux grand Italiens, le parfait équilibre dans la combinaison des lignes et des masses, parfois la vraie noblesse : Fromentin a pu comparer le corps du Christ à une «belle fleur coupée» ; mais c’est surtout au Caravage que Rubens a emprunté – sans imitation servile – la concentration de l’effet lumineux, la sobriété de la couleur et la solidité du modelé des figures.

Un grand peintre empreint d'universalisme et cosmique !

soussou

Tiens, je n'ai jamais vu ce fil!
Je vais piocher des idées de lectures prochaines.
J'ai beaucoup aimé lire Fromentin.

Sinon, je conseille les prodiges de la vie de S.Zweig.

Les frères Goncourt se sont rendus coupables (vous allez comprendre ensuite) d'un roman totalement consacré à la peinture, mises à part leurs célèbres études sur Hiroshige, Hokusaï et Utamaro.
Il s'agit de Manette Salomon. On y suit deux jeunes peintres, qui sont les meilleurs amis du monde, l'un (Pierre, je crois) calme, travailleur, introverti, l'autre (Anatole) joyeux luron, extraverti, commençant tout et ne finissant rien. Les milieux picturaux des années 1850 / 60 sont finement étudiés, et tout particulièrement les peintres de l'Ecole de Barbizon, qui figurent dans le roman sous d'autres noms, ainsi que Corot. Les passionnés de ce courant devraient lire ce livre, par ailleurs intéressant pour la description du village, de son auberge remplie de peintres, de leur art, et aussi du petit quartier de la rue des Barres, alors un des "bas-fonds" de Paris.
Mais là où le bât blesse, c'est lorsque la jolie modèle de Pierre, Manette Salomon, après avoir été épousée par lui et en avoir eu un beau petit garçon, devient une harpie cupide et mesquine "parce que juive" (!!) , et le gamin devient moche et sournois pour la même "raison" . C'est au point qu'on se demande si ce changement très mal étayé n'est pas attribuable à la mort de Jules de Goncourt, à qui Edmond a survécu fort longtemps. De plus, il faut apprécier le style un peu trop apprêté des Goncourt...

Je lirai le livre que tu cites Ernst mais fais attention à ne pas trop dévoiler l'histoire.
Merci pour ce nouveau livre à rajouter à ma liste.

Hé oui Cleo, tu as raison, j'en ai un peu trop dit, mais fallait bien que je prévienne ; quoiqu'en fait le vrai personnage central est le bohème irresponsable Anatole, c'est surtout lui qu'on suit, et il est réellement attachant.
Sinon l'essai richement illustré Histoire de la Laideur d'Umberto Eco mérite vraiment le détour. Je connaissais le Kitsch, mais à présent je connais aussi le Camp, grâce à lui !
Il existe un très beau manga, L'Ile Panorama, qui reprend une nouvelle d'Edogawa Ranpo (prononcez "Edgar Allan Poe" ) superbement illustrée par Maruo et remplie de références à Klimt, à Aubrey Beardsley, à Arnold Böcklin, à Klinger, et surtout à Jérôme Bosch, mais attention, ce n'est pas destiné aux bambins (chez l'éditeur Sakka).

Ernst a écrit:

!
Il existe un très beau manga, L'Ile Panorama, qui reprend une nouvelle d'Edogawa Ranpo (prononcez "Edgar Allan Poe" ) superbement illustrée par Maruo et remplie de références à Klimt, à Aubrey Beardsley, à Arnold Böcklin, à Klinger, et surtout à Jérôme Bosch.

Bruxelles , Casterman -- 2010

Description : 270 p. : illustrations en noir et blanc


Merci du tuyau. Edogawa Ranpo mérite d'être illustré pour cette nouvelle, très visuelle. J'aime bien. je pourrai avoir cet album

rotko a écrit:

Ernst a écrit:

!
Il existe un très beau manga, L'Ile Panorama, qui reprend une nouvelle d'Edogawa Ranpo (prononcez "Edgar Allan Poe" ) superbement illustrée par Maruo et remplie de références à Klimt, à Aubrey Beardsley, à Arnold Böcklin, à Klinger, et surtout à Jérôme Bosch.

Bruxelles , Casterman -- 2010

Description : 270 p. : illustrations en noir et blanc


Merci du tuyau. Edogawa Ranpo mérite d'être illustré pour cette nouvelle, très visuelle. J'aime bien. je pourrai avoir cet album

Impossible que tu regrettes cet achat, Rotko !
En revanche le prochain Sakka + Maruo annoncé, "La Chenille", brrrrr , je passe, pour avoir lu le récit jadis...