Discussions autour du haïku

Le petit livre Neige de Maxence Fermine chez Arlea donne une bonne idée des Haikus

Citation :

Un court poème composé de trois vers et de dix-sept syllabes. Pas une de plus

on en trouve ici, de toutes les origines. http://pages.infinit.net/haiku/

En voici un de Rozenn Milin, en langue bretonne.

Linseriou gwenn-kann
O strakal en avel
Dudi eur gwele fresk

Deux draps blancs
Claquent au vent
Promesse de frisson nocturne

Fuyu-kamome sei ni ie nashi shi ni haka nashi

Mouettes d'hiver
Sans toit pour les vivantes
Sans tombe pour les mortes

Shiki MASAOKA

J’aime bien la malice de celui-ci :

Citation :

Nouvelle voisine -
des soutiens-gorge plus longs
sur la corde à linge

Yves BRILLON Canada français

Le vent se meurt
Les arbres ont revetu leurs habits de deuils ....

alexnihat a écrit:

Le vent se meurt
Les arbres ont revetu leurs habits de deuil ....

ben non, ils se sont dépouillés

venge-toi sur "ratures et biffures"

C'que c'est chiant ces haïkus, toujours les mêmes ritournelles à peine intelligibles. Et radins avec ça.

Dona a écrit:

C'que c'est chiant ces haïkus, toujours les mêmes ritournelles à peine intelligibles. Et radins avec ça.

Et après on m'&ccuse de tout le temps râler !! En tout cas merci Dona d'etre présente je me sens beaucoup moins seul entre tous ces culs-bénis... coincés

il y avait là un effet d'humour peut-être mal venu.
Mais de petits tableaux avec un minimum de mots sont une reussite. Il ne faut pas croire que chacun peut reusir d'emblée un haiku en disant n'importe quoi. Ce serait le raisonnement :"ma petite soeur fait des picasso à l'ecole primaire". vois les sites de Haïkus, et u changeras peut etre d'avis. Ceci dit, je reconnais franchement que je ne m'y connais pas.

j'ai tenté avec Neige de donner ma position. Bien sûr que je m'expose à la critique

alexnihat a écrit:

Et après on m'&ccuse de tout le temps râler !! En tout cas merci Dona d'etre présente je me sens beaucoup moins seul entre tous ces culs-bénis... coincés

Au poil
Mais moi je suis plus accomodante tout de même.

rotko a écrit:

il y avait là un effet d'humour peut-être mal venu.
Mais de petits tableaux avec un minimum de mots sont une reussite. Il ne faut pas croire que chacun peut reusir d'emblée un haiku en disant n'importe quoi. Ce serait le raisonnement :"ma petite soeur fait des picasso à l'ecole primaire". vois les sites de Haïkus, et u changeras peut etre d'avis. Ceci dit, je reconnais franchement que je ne m'y connais pas.

j'ai tenté avec Neige de donner ma position. Bien sûr que je m'expose à la critique

Je comprends bien mais vois-tu, autant dans le monde asiatique, le haïku a une valeur culturelle et identitaire très forte qu'elle est souvent une imitation blafarde en occident, un effet japonisant comme un autre qu'on se plaît à emprunter à une civilisation qui nous fascine
. C'est surtout ça qui m'empêche d'adhérer aux haïkus in french.

Le mieux sera de vous montrer des haikus reussis, d'accord ? je tâcherai de le faire, et on discutera sur du concret :-)

Dona a écrit:

le haïku a une valeur culturelle et identitaire très forte qu'elle est souvent une imitation blafarde en occident, un effet japonisant comme un autre qu'on se plaît à emprunter à une civilisation qui nous fascine.

D'accord avec toi, et c'est ce qui m'a dérangé dans Neige, l'exploitation de ce phénomène de mode.

Le Bashô édité chez Moundarren est plus intéressant, il donne des pistes et des clés.

Adepte moi aussi de la petite collection Gallimard (comme colbrune)... Le haiku est fascinant, (même si on est d'accord que c'est un sacré phénomène de mode, mais enfin, il était à la mode au XIXe aussi), pour moi ce sont vraiment des concentrations d'émotion, ils cherchent à la retranscrire à l'état brut.


Couvert de papillons
l'arbre mort
est en fleurs !
(Issa)

Puisqu'il le faut
entraînons-nous à mourir
à l'ombre des fleurs
(Issa)

sans savoir pourquoi
j'aime ce monde
où nous venons pour mourir
(Sôseki)

La fatigue et le froid
Donnent bon goût
Au thé

coline a écrit:

Ah! ceux-ci sont pour moi évocateurs!...
Trop de traductions ou de haïkus écrits en français me semblent carrément hermétiques.

Moi je suis d'accord avec Nam quand elle parle de "retranscrire l'emotion à l'état brut", et je pense que cultiver l'art du haïku permettrait d'obtenir, sur le seul plan formel, une grande concision du style.

Quant à "l'hermétisme", que pensez-vous de ces petits poèmes ?

18

Citation :

L’énigme qu’on devine
Bien vite on la méprise -
Rien ne s’évente aussi longtemps
Que d’Hier la Surprise -

22

L’Expérience nous escorte en dernier -
Son âpre société
Ne laissera pas à l’Axiome
De possibilité.

23

Les incidents de l’Amour
Surpassent ses Événements -
Du placement le meilleur révélateur
Est l’infime Pour Cent -

je fais un retour, pour ne pas être aussi

Citation :

radin

que les haïkus dixit Dona

17

Les faubourgs d'un Secret
Le Stratège doit les garder -
Plutôt que d'envhir un Rêve
Pour épier le Sommeil -

Vous les avez reconnus les quatrains ci-dessus ?
Emily Dickinson Quatrains poesie /Galllimard pp 111 113.

Moi aussi, j´aime le concentré des Haïkus. N´en déplaise à Dona qui les trouve radins.
j´ai trouvé cette illustration du Haïku pour ceux qui continuent à satisfaire leur inassouvible curiosité enfantine quand parfois on se repose, oisif, au bord du ruisseau ( ah là là... les reactions des ecolos quand ils me voient le faire...) ils comprendront bien de quoi il s´agit

"Le haïku, c'est comme une pierre. Avant de la soulever, elle est bien lisse, bien simple. Mais après, c'est toute une vie en-dessous qui vient au jour grouiller d'insectes, tout un monde offert à qui a eu la curiosité d'y aller."

swallow a écrit:

Moi aussi, j´aime le concentré des Haïkus. N´en déplaise à Dona qui les trouve radins.
"Le haïku, c'est comme une pierre. Avant de la soulever, elle est bien lisse, bien simple. Mais après, c'est toute une vie en-dessous qui vient au jour grouiller d'insectes, tout un monde offert à qui a eu la curiosité d'y aller."

La radinerie en écriture est une qualité majeure, à mes yeux. Merci ! Swallow, de relancer ce fil.

Ni fana ni spécialiste...je préfère tout de même un bon poème de Victor Hugo ...

Ceci cependant me plaît assez:

Une fleur tombée
Remonte à sa branche
Non, c'est un papillon!
Moritake

Le voleur
M'a tout emporté, sauf
La lune qui était à ma fenêtre.
Ryokan

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha

Qui se soucie de regarder
La fleur de la carotte sauvage
Au temps des cerisiers?
Sodo

Ou encore:

Sur fauteuil vautré

Couverture rejetée

Le livre se repose

Bernard TOURETTE

ah google rend service ! et c'est un plaisir de trouver

http://chanly.apinc.org/decembre2002.html

notre "vieille" connaissance josé chanly.

un peu d'humour dans ce haiku de Yoko SUGAWA

Citation :

à la cuisine
des poireaux sont lavés
nouvelle bru

Citation :

Au ciel s'en vont
Les pétales de cerisiers
D'une seule envolée

Suju TAKANO

Je partage ton idée de l´économie de l´écriture, Rotko, une qualité.

J´aime bien celui-là aussi:
La libellule
Se perche sur la trique
Qui le pourchasse

Kôhyô.

Et j´imagine la déconfiture du celui qui pourchassait l´insecte, et qui dans son excitation n´a pas immediatement vu où s´etait refugiée la libellule. C´est l´instant de la libellule, maîtresse de la situation.
Merci pour le lien de Jose Chanly.

Haïkus d'automne:

Telle la main droite / d'une sage-femme / la feuille d'érable en automne
Samboku, 17ème siècle

Les herbes se couvrent/ d'automne / Je m'assieds
Matsuo Bashô 1644-1694

Verse l'averse d'automne / je ne suis / pas encore mort!
Taneda Santôka , 1882-1939

avec les paysages :
http://nezumi.dumousseau.free.fr/japon/jap4saisons.htm#ha