Geneviève Brisac

La marche du cavalier, éditions de l'Olivier.



Virginia Woolf cite une ingénue qui s'exclame devant ses textes :

" C'est ce que je voulais dire, les mots me manquaient !" (rire)

je reprends cette expression à la lecture de "la marche du cavalier" !

L'auteur fait une balade littéraire chez les femmes écrivains. elle parle avec bonheur de Grâce Paley, Rosetta Loy; Ludmila Oulistkaia, dont les nouvelles plongent dans les étonnements et les drames d e l'enfance. Nous avons parlé de ces auteurs et parfois des mêmes nouvelles sur GDS*.

Jane Austen et Virginia Woolf ont droit aussi à des belles pages. Geneviève Brisac cite Jean Rhys et karen Blixen, elle incite à lire la Médée de Christa Wolf. Autant dire que Geneviève Brisac serait bienvenue chez GDS*, car nous avons de nombreux points communs !!

Au départ de ce livre léger et attirant,, un coup de colère contre des réflexions de Nabokov contre les femmes écrivains. Mais geneviève Brisac, qui n'a pas la hargne de Nancy Huston, redresse en douceur les jugements hâtifs et tout faits, et on parcourt avec plaisir ces pages sensibles et intelligentes sur les auteurs que grains et graines apprécient.

Petite de geneviève Brisac, éditions de l'Olivier.

Citation :

Je remontai le boulevard Saint Michel à Paris. Il était six heures du soir. Et j'entendis derrière moi une voix de femme, tu as vu ses jambes, la pauvre petite, on dirait les barreaux d'une cage de canari, on dirait qu'elle sort de Dachau. ou d'Auswitch. Les gens disent souvent Auswitz comme sandwich.

Cà m'a fait peur qu'elle ait le droit de parler de mes jambes, dans leur collant blanc impeccable.

C'était un coup de tonnerre, une de ces phrases qu'on n'aurait pas dû entendre, parce qu'elles résonnnent ensuite dans votre tête pendant toute la vie [...]
Je me suis simplement mise à courir en pleurant, les sacs de papeterie battant mes pattes de canari, les coins des livres me tailladant les os. Si je n'ai pas mis mes mains rouges sur les oreilles, c'est que j'étais trop chargée.

A la maison, sacs renversés sur le sol, j'ai sangloté encore, avec le coeur qui continuait à battre trop fort, sans que je sache très bien pourquoi.

Petite de geneviève Brisac, éditions de l'Olivier.



Ce récit n'est pas un témoignage d'anorexique, ou pas seulment, mais l'histoire d'une adolescente malade mentale qui se livre aux mensonges et aux ruses.

Le séjour dans un hopital psychiatrique m'a surpris par ses méthodes et rappelé des sequences du film, je vais bien ne t'en fais pas.

Il aurait été facile de jeter la pierre à son milieu familial, mais Geneviève Brisac assume seule son malaise, ses comportements aberrants, et tout ce qu'elle fait subir aux autres.

J'ai apprécié ce livre pour ce qu'il dit et ne dit pas. L'écriture soignée, y est pourtant simple et touche juste, comme dans les dernières pages.

L'histoire se déroule dans les années 60 (il sera aussi question de 68) puisque le docteur chargé de suivre l'ado

Citation :

"me parle en adulte, je ne dois pas me laisser entraîner par une mode ridicule, par les magazines, par ce mannequin, Twiggy. Le charme féminin, ce sont des formes, nous allons passer un contrat. Ses paroles glissent sur moi [...]

je me sens traquée. Et troublée par une légère impression de mépris, comment peut-on m'accuser de copier des conseils de magazines, on me prend trop au sérieux, on me menace, on ne me prend pas assez au sérieux, comme si je faisais un régime pour être mince. je fais un régime pour être mince, j'ai la bouche pleine de caries, et mes dents tomberont, j'en suis sûre, le malentendu est total."

Je vois des choses que vous ne voyez pas, de Geneviève Brisac, avec Alice Butaud, Anne-Camille Le Heuzey-Bansat, Mathieu Duméry et Geoffroy Rondeau.
La Manufacture des Abbesses. 7, rue Véron, Paris-18e

C'est un conte musical pour les petits, apte à plaire aussi aux grands.

Citation :

On y retrouve certains thèmes chers à Geneviève Brisac, le mal de vivre adolescent que l'on peut confondre avec les maladies de langueur des belles histoires, les tentations de l'anorexie, le sentiment de l'étrangeté, celui de ne jamais être à la hauteur en dépit des efforts, une tendresse effarouchée. Et un ton souvent décalé

dit lemonde.

Une année avec mon père, Geneviève Brisac, chez l'olivier.

1/2

Citation :

L'officier de gendarmerie articule parfaitement.

Vos parents ont eu un accident.

J’ai besoin de faire le point après trois saisons decette année : automne, hiver, printemps.

Le père sort de l’hôpital, cassé et amoindri, mais bien décidé à remonter la pente,

Citation :

« Ses bretelles rouges sont toutes tordues dans son dos, ses vêtements flottent. Un des lacets défait.
Il ne veut pas me faire attendre. Il veut me montrer combien il est autonome, comme disent les journaux et les prospectus. Un homme libre, qui a envie qu’on le laisse vivre en paix. Un homme. Pas un animal domestique, Ou un vieillard infantilisé.

Il sourit quand j’entre. On y va, dit-il. »

C’est alors les soucis de ce couple père-fille.

A elle de cacher ses appréhensions, à lui de faire bonne mine. A elle de refouler des larmes, dans un décor familier où se montre le déclin, les nouvelles négligences, des symptômes d’abandon…

A lui de faire bon visage avec les maladresses humiliantes, une gaucherie inconnue jusqu’alors.

Citation :

« La soirée est torturante et l’effort qu’il faut faire pour ne pas pleurer est effroyable ».

Chaque lecteur y retrouvera des souvenirs, ou comprendra mieux les paroles d’un ami : la gêne dans des chambres habitées par le passé, l’énervement face à un entêtement ou une lenteur, la conversation factice, le non-dit douloureux.

Un récit, pudique évidemment, où la confidence est donnée avec mesure, et le sentiment avec retenue.

J’aime bien, et l’auteure et cette façon d’écrire.

rotko a écrit:

Mais geneviève Brisac, qui n'a pas la hargne de Nancy Huston, redresse en douceur les jugements hâtifs et tout faits, et on parcourt avec plaisir ces pages sensibles et intelligentes sur les auteurs que grains et graines apprécient.

Tout ce que tu ecrit sur Genevieve Brisac m'intrigue, Rotko et surtout

Citation :

Depuis janvier 2007, elle s'est engagée aux côtés de Bibliothèques Sans Frontières, une jeune ONG française qui vise à faciliter l'accès au savoir dans les pays en développement.

Je la lirai un jour avec toute mon admiration.

Ou vois-tu la hargne de Nancy Huston? Dans ses explosions de feminisme, dans son penchant pour le peuple juif?

j'ai répondu à ta question Maya sur le fil Nancy Huston.

Une année avec mon père, Geneviève Brisac, chez l'olivier.

2/2 la dernière saison.

On se doute bien qu’elle sera fatale.

Donc restent les souvenirs, une soirée sociale, les mésaventures d’un train attrapé de justesse, des conversations dans une brasserie, des « mots entravés » « pas d’effusion », et le quotidien, le dernier coup de téléphone, et trois objets...

J’aime bien ce récit où un trait d’humour pallie un silence, ou une histoire drôle masque un arrière-fond d’inquiétude. Le père et la fille se comprennent à demi mots...

Ainsi font le lecteur et Geneviève Brisac.