Naomi Kawase

Avec Naissance et Maternité, Naomi Kawase réalise un documentaire qui secoue .

Elle entame un dialogue avec sa grand tante, devenue sa mère d’adoption quand elle fut abandonnée par ses parents à l’âge de trois ans. Quand elle a quatorze ans, sa « mère », qui vient de perdre son mari et s’irrite de voir une enfant introvertie et secrète, lui dit : « Si tu t’ennuies, pars ! ».

La cinéaste demande donc à des comptes sur ce qu’elle a ressenti comme un cruel renvoi.

Ce film explore les sentiments de filiation, d’attachement réciproque et les secrets des corps : on voit le corps de la grand-mère qui n’a pu enfanter. On voit aussi l’accouchement en direct de Naomi Kawaze.

Des scènes d’émotion et d’inspection physique, sortes de voyages au cœur de la vie, où trois générations entrent en contact.

De tels films ont une forte implication personnelle et valeur de témoignages des émotions et préoccupations des réalisateurs.
Ce sont des films forts comme le documentaire de Sandrine Bonnaire, des oeuvres qui traitent à vif.

je joins une photo de Valérie Winckler que ne désapprouverait pas naomi Kawaze très interessée par la photographie et les memes thèmes.

Laetitia Mikles a tourné un court métrage (28') sur les sourds aveugles : " touchée". Il montre l'importance chez eux du toucher, des signes qu'ils échangent par le contact physique.


Elle prépare actuellement un film sur Naomi Kawase en s'inspirant de sa méthode :

- créer chez l’individu un choc émotionnel pour permettre au sentiment de naître et de s’épanouir.

- s’intéresser au physique, au corps : faire des gros plans sur les visages ou les mains, des parties du corps ou des attitudes révélatrices de l’identité de la personne.

Ce qu’il faut éviter, c’est le lisse et les postures, donc faire tomber les « masques » sociaux ou personnels.

Son film sur Naomi Kawase comprendra donc cinq entrevues, chacune débutant par un cadeau :

- premier cadeau, une camera super huit, celle qui fut si souvent utilisée pour les vidéos familiales. L’usage qu’en fait Naomi Kawase révèle ses centres d’intérêt : des fleurs dans un jardin, les motifs géométriques d’un tissage ou d’une clôture.

Deuxième cadeau : une planchette avec un horoscope ou une calligraphie, pour voir Naomi Kawase manier les pinceaux et ce qu'elle calligraphie ou dessine.

Autant d’objets qui permettent de s’exprimer, et au cinéaste de mieux connaître la personne à qui elle veut rendre hommage.

A la différence de Naissance et Maternité, la forêt de Mogari est une fiction qui nous transporte dans une maison de retraite.
Y vivent des personnes qui n’arrivent pas à faire leur deuil d’un être cher, dont M.Shigeki





La vie -a-t-elle encore un sens ? Qu’est-ce qu’être vivant ? s’interroge un moine shintoïste.

Autour de cette maison, le cadre est superbe, semblable à une vie où on peut s’amuser comme un enfant.

Autour de cette maison, le cadre est superbe, semblable à une vie où on peut s’amuser comme un enfant. Une promenade de M.Shigeki avec une jeune femme de la maison de retraite tourne mal ! ils se retrouvent perdus dans un forêt, et passent par de multiples situations et sentiments.

Mais devant les difficultés, s’étreindre et se prêter main forte permet de survivre et de trouver une issue.
On s’ouvre alors à une autre vie si on regarde vers le ciel, une fois fini un deuil, on trouve enfin la sérénité.



Outre son intérêt pour les corps, Naomi Kawase s’intéresse aux paysages ! Les champs d’herbe frissonnent sous le vent, la forêt ondule de manière inquiétante, mais peut devenir après un désastre et une longue attente, un havre de paix.

Dans le silence du monde, Naomi Kawase raconte sa quête d’identité : le coup de téléphone à son père (rappel de dans ses bras) qui l’avait abandonnée il y a plus de vingt ans, son enquête auprès de sa mère et de ses parents adoptifs : sa grand tante qui lui renouvelle, à sa demande, des paroles affectueuses.

Des photos de son père, recueillies après sa mort , montrent qu’il portait un tatouage et donc ; confirme le tatoueur qu’il  était un yakuza.

La conversation entre Naomi la cinéaste et le tatoueur éclaire sur la pratique du tatouage qui marque à la fois le corps et l’âme de manière irréversible. Bien réfléchir avant de s’infliger ce « stigmate » social, dit le tatoueur.

On ne se fait pas tatouer par rancune, mais par besoin d’affection, par un acte d’amour, douloureux pour le corps car il exorcise une douleur vécue.

On retrouve l’intérêt de Naomi Kawase pour de belles prises de vue : sa mère adoptive souriante au milieu des roses trémières, et cette émotion qui transparaît dans des dialogues authentiques.

La fin du film s’ouvre comme une libération de la souffrance intérieure.

Shara de Naomi Kawase



Les Aso habitent avec leurs jumeaux, Kei et Shu, le vieux quartier de la ville historique de Nara, ancienne capitale du Japon.
La famille Aso perpétue depuis des générations la tradition de la fabrication artisanale de l’encre de Chine.
Le jour de la fête du Dieu Jizo, dans la chaleur torride de l’été, alors que les deux enfants se poursuivent, Kei disparaît soudainement au coin d’une ruelle… Comme enlevé par les dieux…
Ce jour-là, la vie s’est arrêtée pour la famille Aso.
Cinq années ont passé. Shun a maintenant dix-sept ans. Au lycée il s’est inscrit à l’atelier de peinture. Il travaille sur le portrait de son frère disparu qu’il n’a jamais pu oublier. Shun et son amie d’enfance Yu sont attirés l’un par l’autre, mais une douleur secrète les empêche de vivre cet amour.
Un jour, Yu découvre le secret de sa naissance, de son côté Shun apprend ce qu’il est advenu de son frère jumeau.
Ces révélations les délivrent. Shun et Yu sont alors prêts à prendre leur destin en main.

Un film que j'ai bien aimé, même si le début m'a semblée un peu lent, heureusement le film petit à petit monte en intensité et en vivacité.
Une histoire familiale ou les sujets du deuil, de l'amour et de renaissance sont abordés en finesse.



Beaucoup de pudeur autour de cette famille dont les sentiments sont plus ressentis que montrés, le blocage émotif des adolescents est aussi du même ordre, finement joué et l'épanouissement de tous est intelligemment vu.

Un bon film qui demande un petit peu de patience au spectacteur mais dont les différents chapitres attisent la curiosité. Ceux-ci m'ont fait penser aux actes dans une pièce de théâtre.

Une critique intéressante, elles sont toutes assez élogieuses sur le film

Citation :

Au premier abord, ce statisme s’avère quelque peu déroutant. On est tenté de céder à la somnolence ou à l’ennui et de se désintéresser de l’histoire, faute d’attention soutenue. Cette histoire, on a d’ailleurs du mal à la comprendre quand on ne possède pas tous les codes de la culture nippone. Mais le talent de la réalisatrice se révèle au fur et à mesure des circonvolutions du propos.

Au final, on est surpris d’être pris à défaut, presque au dépourvu : ce film, auquel on semblait indifférent, est inconsciemment entré en nous, pour nous imprégner durablement de la profondeur de son secret. Un être a disparu, comment, dès lors, réapprendre à vivre sans lui quand, quelque part, la vie s’est arrêtée ?

Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes (2003), SHARA est un film exigeant, qu’il faut être prêt à accueillir et à accepter dans sa singularité. Il est également ponctué de moments de grande beauté, comme cette parade festive* où des danseurs, tout de jaune vêtus, entreprennent une étonnante chorégraphie sous la pluie. Habité de philosophie zen, c’est un appel à l’apaisement, une invitation à prendre son temps. Le temps d’exister, tout simplement. Selon les dispositions, on peut être touché en profondeur. Ou passer totalement à côté…

Source et info

j'aime bien la video de Shara, du moins la bande annonce qui est sur le site.

La Forêt de Mogari (Mogari no mori), de Naomi Kawase (Japon/France 2007), avec Machiko Ono, Shigeki Uda, Makiko Watanabe, Kanako Masuda, Yoichiro Saito sort actuellement sur les ecrans. Mogari signifie "la fin du deuil"

synopsis

Citation :

Un pensionnaire d'une maison de retraite, Shigeki, s'engage dans une aventure non sans risques aux côtés de son aide-soignante (Machiko), devenue son amie, suite à un accident de voiture.
Désemparé, perdu, le vieil homme décide de partir par la forêt. Machiko n'a d'autre choix que de le rejoindre.

voir plus haut sur ce fil ce qui est dit du film : j'avais bien aimé.

La Forêt de Mogari
Si ... un jour, vous avez écho de sa sortie en DVD, merci !
J'ai hâte de le voir !

Moe no suzaku

Au Japon, un village au cœur de la forêt. La terrible crise économique oblige la plupart des habitants dont une famille qui vit de la sylviculture depuis des générations, à quitter les lieux. On parle alors d'un tunnel ferroviaire pour améliorer l'accès au village. Il symbolise un avenir meilleur...

Plus d'infos ici

Quelqu'un a-t-il vu le film ?
Je l'ai vu, certes dans de mauvaises conditions et je n'ai pas compris...
Je vais le revoir attttentivement, c'est un film au rythme assez lent et sombre.
J'ai eu des problèmes pour lire le sous titrage, ce n'est pas une excuse peut-être mais quand même ...

je viens de voir le DVD, et MOE NO SUZAKU n'est pas un film facile.

Pourtant on est sensible à un paysage qui abrite les personnages de ce village que tous doivent, successivement, quitter : ceux qui partent pour la maison de retraite, ceux qui pour des raisons de travail doivent s'installer dans un autre endroit.

Les liens entre les personnages sont forts, mais ils sont multiples et parfois contradictoires : le jeune Eisuku est attiré à la fois par sa jeune cousine et par sa tante.

Ce film est beau, et la musique de Shigeno articule la beauté des souvenirs familiaux et la mélancolie d'un présent fait de départs et de séparations.

Cineasie propose une analyse du film et de belles photos

Hanezu vu par 20 minutes

Forêts infinies, montagnes grandioses, vagues fracassantes. Bienvenue dans le Japon ancestral de Naomi Kawase, au milieu de fouilles archéologiques destinées à retrouver les vestiges ensevelis de la première capitale du Japon. C'est là, dans la région de Nara, au sud-ouest de l'archipel, que les montagnes sont habitées par des dieux. Et leur réveil est parfois brutal.

Plus sophistiqué que ses précédents films, Shara ou La Forêt de Mogari, moins spectaculaire aussi, Hanezu est parsemé de références poétiques et d'images que l'on croit prémonitoires d'une catastrophe annoncée. La fragilité du monde, Naomi Kawase en a conscience depuis longtemps.

Dans son film, la nature se rebelle. Les mauvaises nouvelles s'accompagnent non seulement d'un écoulement de sang, mais aussi d'images de tempête dans l'océan.

Hanezu no Tsuki vu par Fluctuat.

Quatre ans après son grand prix (La Forêt de Mogari) et quatorze ans après sa Caméra d'Or (Suzaku), la japonaise Naomi Kawase revient avec son septième long-métrage, Hanezu no Tsuki. [...]

Comme dans le dernier film de Malick, il est question de renaissance, de passages entre vie et mort, de connexions entre époques et de rédemption par la grâce, mais c'est exprimé à des lieues de l'intimidiant pompiérisme du Malick.

D'une manière plus intime, quotidienne, et en même temps mystérieuse et surnaturelle, grevée d'ellipses, la méditation de Kawase mise sur la fragilité d'un onirisme terrien, mais diffus, toujours à la limite de l'évaporation. De belles fulgurances naissant de cet équilibre précaire entre éphémère et atemporalité. Et rien que pour ça, on excusera au film ses quelques longueurs.

tout l'article.

"Hanezu no Tsuki" : les images de Naomi Kawase, un poème animiste et sensuel au Japon

Il ne se passe presque rien. Naomi Kawase filme la présence, l'inscription des corps dans la nature et des sentiments dans le mouvement du monde. Ses personnages sont mis à égalité avec de drôles d'insectes, avec des oisillons tout juste venus au monde, avec une toile d'araignée qui reflète la lumière. Ils marchent, se tiennent la main, se préparent à manger. Les dialogues sont réduits au minimum, fondus dans le lourd bruit de l'eau, du vent.

Evoluant par succession d'échos harmonieux entre l'histoire au présent, celle des grands-parents et celle de la légende, ce film-poème traduit une conception cyclique du temps et animiste du monde

l'article du Monde

Poème animiste, «Hanezu» évoque la vie dans le berceau du Japon. Naomi Kawase invoque les fantômes



Kayoko et Takumi vivent à Asuka. Ils mènent une existence paisible, en accord avec la nature. Elle teint des tissus, il cuisine. Le passé affleure par couches successives. Les parents sortent l’album photo. Le grand-père, mort à la guerre quand il avait 20 ans, s’invite dans la vie de ses descendants.

Conformément aux traditions orientales, telles que les rapportent Haruki Murakami ou Apichatpong Weerasethakul, ce revenant, à l’inverse de ses cousins gothiques, n’a rien d’effrayant: il est aimant, consubstantiel à la vie, aussi irréfutable que l’ADN

Elevée, puis adoptée par ses grands-parents maternels, elle a manqué, à 14 ans, un enregistrement demandé par son grand-père peu avant son décès. Depuis, elle n’a eu de cesse de se racheter et de «vivre sa vie le plus consciemment possible», à l’aide d’une caméra, malgré le stress que cela induit. Ni tsutsumarete (1992), enquête sur le père qu’elle n’a jamais connu, Katatsumori (1994), portrait de sa grand-mère Uno, KyaKaRaBaA (2001), sur sa dépression après la mort de ce père mafieux, et Tarachime (2006), autour de la naissance de son fils Mitsuki, ont été les premières étapes de ce travail de longue haleine, sorte de matrice de toute son œuvre.

Fin d’un cycle, Chiri remercie sa grand-mère, filmée jusqu’au bout, d’avoir rendu tout ce parcours possible, grâce à l’amour qu’elle a donné.

source : le Temps.


Le long métrage Chiri (2012), dont le titre se traduirait approximativement pas « Cendres », ou « Poussières », accompagne la fin de vie et la mort d’Uno. Il semble prendre au pied de la lettre, pour le contredire, la formule selon laquelle le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face, faisant l’un et l’autre avec un aplomb troublé et inquiet.

La manière singulière qu’a Naomi Kawase d’utiliser le gros plan comme une caresse prend ici une puissance d’évocation déployée par les réapparitions de la grand’mère filmée dans les films précédents mais aussi le rapport à la nature, à l’espace, aux changements de lumière, au long de plans souvent d’une grande beauté, parfois d’une inhabituelle crudité – plus exactement, d’une inhabituelle cruauté, mais au sens élevé du « théâtre de la cruauté », de l’affrontement direct de ce qui est humain chez les humains.

Expérience troublante, parfois déstabilisante, Chiri porte à incandescence la promesse, connue mais si rarement tenue, d’un partage ouvert à tous à partir de ce qu’il y a de plus personnel, de plus intérieur

source Slate.

Genpin


le film se déroule dans la maternité du docteur Yoshimura, située dans une forêt jouxtant la ville d'Okazaki.

Agé de 78 ans et converti à la pratique de l'accouchement naturel, le docteur Yoshimura fait figure de franc-tireur dans le monde de l'obstétrique nippone.

Venues de tout le pays, des femmes souhaitant accoucher loin du stress médicalisé et des exigences de rentabilité du système hospitalier fréquentent cette maternité, qui ménage un long travail de préparation physique et d'écoute de la parole des futures parturientes.

Un article fouillé.