Tsai Ming-liang : I don't want to sleep alone

Tsai Ming-liang est connu pour exprimer la solitude, l'incommunicabilité et l'aliénation des villes urbaines et des sociétés modernes.

Son dernier film, je ne veux pas dormir tout seul ( I don't want sleep alone ) presente Kuala Lumpur, victime de la crise financière et de la corruption politique.

On y voit selon l'expression de Libé " la dissolution terminale de l'humain dans le grand vide marchand" en même temps que des moments poétiques vécus par un vagabond ou un vieux paralysé.

Film taïwanais de Tsai Ming-liang avec Lee Kang-sheng, Norman Atun, Chen Shiang-chyi, Pearlly Chua.

rotko a écrit:

On y voit selon l'expression de Libé " la dissolution terminale de l'humain dans le grand vide marchand".

C'est optimiste

sans doute, mais les compte rendus parlent d'instants poetiques vécus par les laissés pour compte. Faudra voir sur pièces. Kuala lumpur et un film malais, c'est quand même un depaysement assuré.

Mais comme je me mefie, je vais consulter cineasie qui à vrai dire n'est pas enthousiaste. En géneral leurs critiques sont pertinentes. Il semblerait que tout le monde reproche à ce film son parti-pris de plans fixes.

Citation :

Evoquant le thème des travailleurs immigrés et des relations sociales entre individus solitaires, il traite un fond riche mais dans une forme très pauvre, ce qui ne sert pas le film. Contrairement à son précédent film (la Saveur de la pastèque) où il disséquait la relation de deux personnages, ici, la notion de groupe est prégnante aboutissant à la formation d’un trio, flottant avec insouciance sur un matelas d’oisiveté

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cineasie.

I don’t want to sleep alone Film taïwanais de Tsai Ming-liang avec Lee Kang-sheng, Norman Atun, Chen Shiang-chyi.



Voici les personnages vite campés :

Un homme réduit à l'état de légume (Lee Kang-sheng), apparaît au début du film sur un lit d'hôpital et on le reverra régulièrement dans son état végétatif.

Un deuxième personnage (rêvé par le premier ? Ou lui-même avant le coma ?), un étranger sans le sou sévèrement tabassé par des autochtones, est miraculeusement recueilli par un ouvrier.

Ce dernier entreprend, en vraie mère poule, de le ramener à la vie dans son gourbi, avant d'en tomber sévèrement amoureux. Il y a aussi 2 femmes.

Tout n’est pas absolument clair dans ce film, mais on peut distinguer trois thèmes :

La tendresse entre ces réprouvés. Ils se côtoient dans une usine désaffectée, et ils s’entraident, se donnant des soins d’urgence pour survivre.

Un monde déshumanisé : les piétons traversent de grandes avenues nocturnes où circulent des voitures indifférentes.

Un milieu toxique qui oblige les personnages à porter de masques sanitaires, ce qui n’empêche pas des toux inquiétantes.

L'auteur use de métaphores

L’eau qui monte dans cette usine semble être une métaphore de la contagion ou du délabrement.

Le matelas qui circule, vrai personnage dans le film, symbolise sans doute une oasis de tendresse et d’amour dans ce désert humain.

C'est assurément un film riche du point de vue humain et formel, mais à mon sens, il est trop lent et les plans fixes finissent par lasser.

On peut raffiner sur les cadrages et les plans, les symboles et les intentions, mais si le rythme du film ne retient pas l'attention, l'auteur manque sa cible.

Tsai Ming-liang revendique la filiation d'Antonioni, ce qui est légitime et ambitieux, mais celui-ci est-il toujours abordable à la première vision ?

rotko a écrit:

C'est assurément un film riche du point de vue humain et formel, mais à mon sens, il est trop lent et les plans fixes finissent par lasser.

On peut raffiner sur les cadrages et les plans, les symboles et les intentions, mais si le rythme du film ne retient pas l'attention, l'auteur manque sa cible.

C'est le reproche qu'on peut faire à certains films d'auteurs. Je m'étais fait la même réflexion en visionnant La Moustache - même si par ailleurs, j'ai bien apprécié ce film.

Reste que le film met en scène trois personnages qui ne parlent pas la même langue. Les scènes sont donc muettes et les corps se touchent en permanence, c'est une forme de communication. On quitte aussi le terain du réel pour des envolées oniriques.

Ce film a de grandes qualités et une originalité certaine, malgré les obstacles que j'ai mentionnés.

C'est moins froid que certains films d'Antonioni (que je connais mal) et les chansons sous-titrées sont très tendres. Les sentimentaux (comme moi) y trouvent leur compte.

C'est pourquoi j'y suis allé avec la rentrée du cinéma : un billet payé, l'autre à un euro, c'est le moment de faire plaisir et de jouer la carte du valet de coeur