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| | Valéry | |
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+4L'émane Utopie rotko clmemont 8 participants | Auteur | Message |
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clmemont pilier
Nombre de messages : 941 Date d'inscription : 20/06/2006
| Sujet: Valéry Mar 31 Juil 2007, 05:48 | |
| Les pas
Tes pas, enfants de mon silence, Saintement, lentement placés, Vers le lit de ma vigilance Procèdent muets et glacés.
Personne pure, ombre divine, Qu'ils sont doux, tes pas retenus ! Dieux !... tous les dons que je devine Viennent à moi sur ces pieds nus !
Si, de tes lèvres avancées, Tu prépares pour l'apaiser, A l'habitant de mes pensées La nourriture d'un baiser,
Ne hâte pas cet acte tendre, Douceur d'être et de n'être pas, Car j'ai vécu de vous attendre, Et mon coeur n'était que vos pas.
Extrait de Poésies - Charmes | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Valéry Jeu 06 Déc 2007, 17:15 | |
| je connais par coeur des vers et des strophes de Valéry, mais franchement, a-t-il du souffle ? il essaie de dynamiser (oui, le mot est horrible, j'en conviens) des vers abstraits et des préoccupations intellectuelles par une sensualité que je sens forcée. En dehors de quelques réussites ponctuelles, ce theoricien interessant de la poésie, fut-il vraiment poète ? je serais tenté de dire non, et ce ne sont pas les explications savantes qui peuvent convaincre du contraire ! à mes yeux elles rajoutent souvent des considérations savantes à des vers pédants, et j'oserais même dire que ces poètes si en vogue dans les explications universitaires y trouvent leur terrain d'élection parce qu'ils correspondent tout à fait à ce type d'utilisation. On peut penser le contraire, je le crois bien, et je l'admets volontiers, bon, j'arrête | |
| | | Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: Valéry Jeu 06 Déc 2007, 17:36 | |
| Heureux les simples d'esprit, qui sans se torturer, apprécieront ce poème Je ne le connaissais pas et j'aime ce poème, merci Clmemont ! Envie de l'illustrer avec des empreintes ... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Valéry Dim 10 Aoû 2008, 07:39 | |
| Paul Valéry - Les Grenades
Dures grandes entr'ouvertes Cédant à l'excès de vos grains, Je crois voir des fronts souverains Eclatés de leurs découvertes !
Si les soleils par vous subis, O grenades entre-bâillées, Vous ont fait d'orgueil travaillées Craquer les cloisons de rubis,
Et que si l'or sec de l'écorce A la demande d'une force Crève en gemmes rouges de jus,
Cette lumineuse rupture Fait rêver une âme que j'eus De sa secrète architecture. | |
| | | L'émane pilier
Nombre de messages : 506 Age : 31 Localisation : Angers Date d'inscription : 20/05/2009
| Sujet: Re: Valéry Jeu 25 Juin 2009, 15:26 | |
| Paul Valéry - Le cimetière marin
Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes ; Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée Ô récompense après une pensée Qu'un long regard sur le calme des dieux !
Quel pur travail de fins éclairs consume Maint diamant d'imperceptible écume, Et quelle paix semble se concevoir ! Quand sur l'abîme un soleil se repose, Ouvrages purs d'une éternelle cause, Le temps scintille et le songe est savoir.
Stable trésor, temple simple à Minerve, Masse de calme, et visible réserve, Eau sourcilleuse, OEil qui gardes en toi Tant de sommeil sous une voile de flamme, Ô mon silence !... Edifice dans l'âme, Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit !
Temple du temps, qu'un seul soupir résume, A ce point pur je monte et m'accoutume, Tout entouré de mon regard marin ; Et comme aux dieux mon offrande suprême, La scintillation sereine sème Sur l'altitude un dédain souverain.
Comme le fruit se fond en jouissance, Comme en délice il change son absence Dans une bouche où sa forme se meurt, Je hume ici ma future fumée, Et le ciel chante à l'âme consumée Le changement des rives en rumeur.
Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change ! Après tant d'orgueil, après tant d'étrange Oisiveté, mais pleine de pouvoir, Je m'abandonne à ce brillant espace, Sur les maisons des morts mon ombre passe Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.
L'âme exposée aux torches du solstice, Je te soutiens, admirable justice De la lumière aux armes sans pitié ! Je te rends pure à ta place première : Regarde-toi !... Mais rende la lumière Suppose d'ombre une morne moitié.
Ô pour moi seul, à moi seul, en moi-même, Auprès d'un coeur, aux sources du poème, Entre le vide et l'évènement pur, J'attends l'écho de ma grandeur interne, Amère, sombre, et sonore citerne, Sonnant dans l'âme un creux toujours futur !
Sais-tu, fausse captive des feuillages, Golfe mangeur de ces maigres grillages, Sur mes yeux clos, secrets éblouissants, Quel corps me traîne à sa fin paresseuse, Quel front l'attire à cette terre osseuse ? Une étincelle y pense à mes absents.
Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière, Fragment terrestre offert à la lumière, Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux, Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres, Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres ; La mer fidèle y dort sur mes tombeaux !
Chienne splendide, écarte l'idolâtre ! Quand solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Eloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux !
Ici venu, l'avenir est paresse. L'insecte net gratte la sécheresse ; Tout es brûlé, défait, reçu dans l'air A je ne sais quelle sévère essence... La vie est vaste, étant ivre d'absence, Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.
Les morts cachés sont bien dans cette terre Qui les réchauffe et sèche leur mystère. Midi là haut, Midi sans mouvement En soi se pense et convient à soi-même... Tête complète et parfait diadème, Je suis en toi le secret changement.
Tu n'as que moi pour contenir tes craintes ! Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes Sont le défaut de ton grand diamand... Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, Un peuple vague aux racines des arbres A pris déjà ton parti lentement.
Ils ont fondu dans une absence épaisse, L'argile rouge a bu la blanche espèce, Le don de vivre a passé dans les fleurs ! Où sont des morts les phrases familières, L'art personnel, les âmes singulière ? La larve file où se formaient les pleurs.
Les cris aigus des filles chatouillées, Les yeux, les dents, les paupières mouillées, Le sein charmant qui joue avec le feu, Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, Les derniers dons, les doigts qui les défendent, Tout va sous terre et rentre dans le jeu !
Et vous, grande âme, espérez-vous un songe Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici ? Chanterez-vous quand serez vaporeuse ? Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse, La sainte impatience meurt aussi !
Maigre immortalité noire et dorée, Consolatrice affreusement laurée, Qui de la mort fais un sein maternel, Le beau mensonge et la pieuse ruse ! Qui ne connaît, et qui ne les refuse, Ce crâne vide et ce rire éternel !
Pères profonds, têtes inhabitées, Qui sous le poids de tant de pelletées, Etes la terre et confondez nos pas, Le vrai rongeur, le ver irréfutable N'est point pour vous qui dormez sous la table, Il vit de vie, Il ne me quitte pas !
Amour, peut-être, ou de moi-même haine ? Sa dent secrète est de moi si prochaine Que tous les noms lui peuvent convenir ! Qu'importe ! Il voit, Il veut, il songe, il touche ! Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche, A ce vivant je vis d'appartenir !
Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d'Elée ! M'as-tu percé de cette flèche ailée Qui vibre, vole, et qui ne vole pas ! Le son m'enfante et la flèche me tue ! Ah! Le soleil...Quelle ombre de tortue Pour l'âme, Achille immobile à grands pas !
Non, non !...Debout ! Dans l'ère succesive ! Brisez, mon corps, cette forme pensive ! Buvez, mon seil, la naissance du vent ! Une fraîcheur, de la mer exhalée, Me rend mon âme..Ô puissance salée ! Courrons à l'onde en rejaillir vivant.
Oui ! Grande mer de délires douée, Peau de panthère et chlamyde trouée, De mille et mille idoles du soleil, Hydre absolu, ivre de ta chair bleue, Qui te remords l'étincelante queue Dans un tumulte au silence pareil.
Le vent se lève !... Il faut tenter de vivre ! L'air immense ouvre et referme mon livre, La vague en poudre ose jaillir des rocs ! Envolez-vous, pages tout éblouies ! Rompez, vagues ! Rompez d'eaux réjouies Ce toit tranquille où picoraient des focs ! | |
| | | Kervinia pilier
Nombre de messages : 3822 Age : 35 Localisation : Seine-et-Marne Date d'inscription : 04/04/2010
| Sujet: Re: Valéry Lun 24 Mai 2010, 16:07 | |
| Récemment, j'ai lu son recueil intitulé La Jeune Parque et poèmes en prose. Je me suis rarement autant ennuyée, et j'ai trouvé cette poésie pédante au possible... | |
| | | Mile Animation
Nombre de messages : 934 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 08/09/2010
| Sujet: Re: Valéry Mer 08 Sep 2010, 14:34 | |
| "La Jeune Parque" est l'un des textes les plus obscurs de la poésie française. Valéry n'en a pas disconvenu. Il s'en est expliqué dans un autre poème "Le philosophe et "La Jeune Parque" - trop long pour être cité en son entier. Cette obscurité est celle de chacun d'entre nous :
"Mais je ne suis en moi pas plus mystérieuse Que le plus simple d'entre vous..."
.../...
"Connaissez donc en vous le fond de mon discours : C'est de vous que j'ai pris l'ombre qui vous éprouve. Qui s'égare en soi-même aussitôt me retrouve".
| |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Valéry Mer 08 Sep 2010, 15:56 | |
| - Kervinia a écrit:
- j'ai trouvé cette poésie pédante au possible...
je suis assez d'accord avec cette opinion. En gros les amateurs de Valéry utilisent d'autres termes comme poésie "cérébrale" ou "savante" Certains poèmes de Charmes restent pourtant très accessibles, même si, à mes yeux, la sensualité m'y paraît un peu laborieuse. | |
| | | Mile Animation
Nombre de messages : 934 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 08/09/2010
| Sujet: Re: Valéry Mer 08 Sep 2010, 15:58 | |
| Aujourd'hui, on peut trouver ceci dans l'oeuvre de Valéry :
GOÛTER DE VITAMINES
De vos fruits, Jeanne, amande, pêche ou fraise, On sait la tendre et puissante saveur : Ils sont de ceux gonflés par ta ferveur Qu'on presse, on croque, on suce, on boit, on baise.
Le jus Tendresse et puis le suc Amour Tandis que l'âme avec l'âme roucoule, Des fruits pressés, l'un jaillit, l'autre coule, Et l'autre et l'un, dans ton soyeux séjour.
"Coronilla" - Editions de Fallois. 2008 | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Valéry Mer 08 Sep 2010, 18:02 | |
| Je vous trouve sévères pour Valéry en général et La jeune Parque en particulier. Son but, a dit le poète était de : - Citation :
- faire un chant prolongé, sans action, rien que l'incohérence aux confins du sommeil ; y mettre autant d'intellectualité que j'ai pu le faire et que la poésie en peut admettre sous ses voiles : sauver l'abstraction prochaine par la musique, ou la racheter par des visions.
Personnellement, je suis sensible à cette musique et à ces visions. Il faut, je crois, se laisser porter (ou emporter ?)par le poème. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Valéry Mer 08 Sep 2010, 18:35 | |
| - Citation :
- Je vous trouve sévères pour Valéry en général et La jeune Parque en particulier
oui, possible ! (rire). Le petit poème mis par Mile est assez sympa. | |
| | | Mile Animation
Nombre de messages : 934 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 08/09/2010
| Sujet: Re: Valéry Jeu 09 Sep 2010, 07:01 | |
| Sur "La Jeune Parque", on peut lire, outre les commentaires d'Alain, les entretiens de Paul Valéry avec Frédéric Lefèvre ( pas le porte-parole de l'UMP). Il y explique les causes de l'obscurité du poème (1-la difficulté du sujet à traiter 2- les contraintes de la poétique classique 3- le travail prolongé ) et son thème : " Songez que le sujet véritable du poème est la peinture de substitutions psychologiques, et en somme le changement d'une conscience pendant la durée d'une nuit". A cela, il faut ajouter - autre facteur d'obscurité - la capacité sensible du lecteur éminemment variable dans le temps. Il n'est pas toujours l'heure de lire "La Jeune Parque". Comme dirait Simone Weil ( pas la ministre académicienne mais la philosophe ), il faut lire ce dont on a faim, quand on a faim, et alors dévorer. | |
| | | Mile Animation
Nombre de messages : 934 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 08/09/2010
| Sujet: Re: Valéry Ven 10 Sep 2010, 14:44 | |
| "Deux jours de jeûne Deux jours sans pain Sans vous, sans toi, sans nous Sans une main sur tes genoux C'est du temps perdu dans l'espace C'est de la vie au rien qui passe Jetée, et c'est l'or de l'amour Dissipé, car il n'est de jour Que pour l'idée ou la tendresse : Telle est l'incorruptible LOI, Et tout ce reste qui nous presse, Ce reste est mort devant qu'il soit."
"Coronilla" - Editions de Fallois -2008 | |
| | | Feral pilier
Nombre de messages : 304 Age : 46 Localisation : Dans l'étang Date d'inscription : 19/08/2011
| Sujet: Re: Valéry Ven 19 Aoû 2011, 11:52 | |
| Ce qui est interessant de relever dans la critique de rotko, c'est ce sentiment "technique" à la lecture de la poésie de Valéry. Lui-même faillit en devenir fou en 1892 lors de sa "Crise de Gênes", parce qu'entre autre il ne parvenait pas à atteindre le talent de Rimbaud ou Mallarmé. Ce ne sera d'ailleurs qu'en 1917 qu'il reviendra à la publication de poésie avec "Le jeune Parque".
Entre temps, dans ses cahiers, se retrouvent des bribes de poésies perdues en prose, avec quelques petites trouvailles pas trop mal qu'il ne publia jamais, par exemple :
"Lit, Horizon de délice et de douleur avec ses masses blanches suspendues son profil d'ombre écrue."
"Une tendre richesse délaissée, troublée comme la vue de l'or dans l'eau m'a laissé voir sa rougeur primitive au fond d'un souvenir."
"L'univers n'est qu'un geste enveloppant et dans l'intérieur de ce geste - toutes les étoiles"
On peut lire ses autres poésies en prose dans : "Poésie perdue - Les poémes en prose des Cahiers"
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| | | | Valéry | |
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