Je viens partager mon dernier coup de coeur pour les "Contes Myalgiques" de Nathalie Dau, dont les textes appartiennent à ce qu'on peut appelle les littératures du merveilleux.
Pour situer le recueil, voici le texte de la 4ème de couv.:
Il était une fois… des récits fantastiques qui empruntaient au patrimoine folklorique mondial et à la mythologie incisive de leur conteuse. Comme ils aimaient les belles histoires, ils se marièrent et enfantèrent un beau recueil.
Laissez-les vous convier à un voyage entre ombre et lumière, où le merveilleux se mêle à l’affliction, où les épreuves forgent des âmes de miel comme de fiel.
Qu’ils soient issus de légendes indiennes, sibériennes, celtiques ou provençales, ces contes vous enchanteront et vous terrifieront, vous apaiseront et vous lancineront.
N’espérez pas sortir indemne d’une plongée dans l’imaginaire de Nathalie Dau : ses créatures féeriques ne vous veulent pas que du bien.
Personnellement, en lisant le premier conte «La femme, la sorcière et l’amour», j’ai pensé au «Siddhartha» d’Hermann Hesse, inspiré d’un conte indien revisité par l’auteur allemand. Mais là où H. Hesse décrit le cheminement d’une âme à la recherche d’une sagesse, Nathalie Dau plonge aux racines de la vie, où le bleu de l’azur se mêle au rouge sang.
La vraie poésie de ces contes, outre la beauté parfois cruelle et le rêve qu’ils déroulent dans l’esprit du lecteur, est dans le pouvoir créateur des mots. Les métaphores créent de nouvelles significations, ouvrent sur de nouvelles dimensions de sens. Les mots ne se contentent pas de raconter une histoire mais créent véritablement l’histoire.
S’y ajoute ici et là la poésie de termes dont je me suis demandé s’ils remontaient d’une langue plus ancienne ou d’un pli de l’imagination de l’auteur : enfançon, étherbelle…
Si je devais choisir mon texte préféré comme Nathalie invite à la faire sur son forum, je n’en choisirais pas un mais plusieurs :
Tous les textes sont magnifiques du point de vue du style, de la richesse des images. Comme l'écrit Jean Milleman dans la Postface, tout y est à sa juste place. Dès lors, mes choix indiquent les contes qui m'ont le plus fait vibrer, m'ont ému ou ont excité mon imagination : «La femme, la sorcière et l’amour», «Aenor», «Le violon de la fée», «Désespérée», «Demain les trottoirs», «Vale frater».
La couverture du recueil est une composition - magnifique - d'une jeune illustratrice, Magali Villeneuve. La maison d'édition, Griffe d'Encre, est une toute jeune maison d'édition française publiant des romans, des recueils thématiques et des novellas.
Sur le site de l'éditeur se trouve un fichier PDF contenant le début de chaque histoire, histoire de vous mettre l'eau à la bouche. Voici le lien: http://www.griffedencre.fr/catalog/pub/contes-myalgiques_extrait.pdf
Voici le début de l'un de ces contes, "Aenor":
"C’ÉTAIT UNE FEMME DES FÉES, dressée comme une pierre à la pointe du cap, du temps où la falaise étirait plus avant ses doigts vers l’océan. Fière autant qu’un peulvan affrontant la tempête, ses cheveux dénoués mêlés aux spirales d’écume, elle offrait aux regards un visage impavide, aussi froid que la pierre dont elle semblait issue.
Pareille aux gardes du palais, ceux qui s’abstiennent de sourire et de ciller, Aenor veillait à la pérennité du cap. Tant qu’elle serait debout, à fixer l’horizon, les vagues hésiteraient avant de drosser les navires sur les écueils en contrebas, et elles se retiendraient de grignoter la côte en ce seul endroit de l’Armor.
Du moins, c’était ce que l’on prétendait dans les chaumines, près d’un maigre feu de bruyère, ces nuits où le vent et la pluie soulevaient les flots démontés, les armaient à l’assaut de la terre ; ces nuits où le fracas des éléments furieux donnait à croire aux anciens contes, aux mâchoires des monstres, aux vengeances des dieux ; quand s’ouvraient les écluses du ciel, quand les volets tirés grinçaient comme roues de charrettes et quand l’âtre exhalait les souffles d’Anaon."