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| | Barbey d'Aurevilly (1808-1889) | |
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Auteur | Message |
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Prince d'Aquitaine Animation
Nombre de messages : 2948 Age : 34 Localisation : Maromme, Seine-Maritime Date d'inscription : 29/05/2009
| | | | Kervinia pilier
Nombre de messages : 3822 Age : 35 Localisation : Seine-et-Marne Date d'inscription : 04/04/2010
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 18 Juin 2010, 19:29 | |
| - Marie kiss la joue a écrit:
- Chaque nouvelle se savoure, moi qui d'habitude ne suis pas très friande de ce genre, alors là je suis conquise .
J'ai, pour l'instant, un faible pour "Le rideau cramoisi", mais "Le bonheur dans le crime", que je suis en train de lire, me plaît beaucoup aussi, notamment le magnifique passage sur la "confrontation" entre la comtesse et la panthère . Je suis exactement dans le même cas, concernant les nouvelles. ^^ Je tire d'autant plus mon à l'auteur. Ah, "Le Bonheur dans le crime"... _ | |
| | | chtip habitué(e)
Nombre de messages : 22 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/05/2010
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Dim 12 Sep 2010, 16:02 | |
| Je viens de finir "L'ensorcelée", que j'ai presque lu d'une traite, entrainée par le récit et la plume de l'auteur. Le style, comme plusieurs d'entre vous, parfois pompeux, est, je trouve, le plus souvent sublime et fulgurant. Et puis cette façon de décrire la Normandie, ma région d'enfance, les Normands et leur patois... j'ai trouvé ça délectable! | |
| | | Hexagone pilier
Nombre de messages : 524 Age : 53 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 15/11/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Dim 12 Sep 2010, 18:38 | |
| J'attaque ce soir " Le chevalier Destouches " | |
| | | Hexagone pilier
Nombre de messages : 524 Age : 53 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 15/11/2009
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 17 Sep 2010, 03:51 | |
| J'ignorais tout de cet auteur jusqu'à il y a peu. Bien décidé à entreprendre l'oeuvre, le hasard m'a mis dans les mains ce livre. Dès les premières pages j'ai bien senti que j'abordais quelque chose qui allait m'emmener plus loin qu'un simple plaisir de lecture. Barbey d'Aurevilly a cet indéniable talent de pouvoir en quelques mots bien choisis et placés de planter un décor, une ambiance, un fait d'arme. Comment ne pas tomber sous le charme de ces descriptions de cette ville de Normandie pluvieuse et ténébreuse. Le conciliabule, au coin du feu de ces vieillards, qui fait la trame du roman vaut à lui seul la lecture. Les descriptions des visages, des tempèraments pénétrent le lecteur et impriment une ambiance qui enveloppe le récit d'un charme envoûtant. J'ai eu le sentiment d'être au carrefour de la littérature. Est-ce Jules qui emprunte ou tous les autres qui se sont inspirés de lui ? Je l'ignore, mais il est certain que cet auteur trop peu connu, à mon sens, mérite toute notre attention. On peut lire ce livre de plusieurs manières, roman historique, roman d'aventures, roman de résitance. Car on sent bien dès le début que ces vieillards vont nous enseigner qu'ils sont les témoins d'un passé héroique mais révolu. Que l'histoire en marche a écrasé ces résistants qui ont lutté pour des idées qui n'ont pas triomphé. Roman sur la fidélité d'un groupe à un homme, d'un peuple à son histoire, fidélite au son roi jusqu'à la mort. Oui décidément un beau livre, une belle leçon de courage et d'amour. | |
| | | Kervinia pilier
Nombre de messages : 3822 Age : 35 Localisation : Seine-et-Marne Date d'inscription : 04/04/2010
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 15 Jan 2011, 13:11 | |
| Il y a deux ans, j'ai lu Le Chevalier des Touches ; l'année dernière, Les Diaboliques ; ne dit-on pas : "Jamais deux sans trois ?" J'ai lu tout récemment avec beaucoup de plaisir L'Ensorcelée. Je ne m'attarderai pas sur une présentation de l'œuvre ; beaucoup a déjà été dit. Je vous propose toutefois quelques extraits qui m'ont marquée : Maman, je m'occupe des méchants en mode hard core... - Citation :
- Alors, avec ce sang-froid de la tête qui ne trouble pas les plus impétueuses palpitations de nos coeurs, elle coucha une hache sur le pli de son bras nu, et prenant avec les deux mains, le vase de terre dans laquelle la soupe bouillait :
- Bonhomme ! cria-t-elle à travers la porte, voici votre soupe ; mais j'ai les deux mains chargées, ouvrez-moi ! Le brigand, son couteau à la main, vint lui ouvrir pour se jeter sur elle ; mais, cruelle jusque dans sa vaillance, elle lui jeta dans les yeux cette soupe bouillante qui l'aveugla et le fit hurler de douleur. Puis, saisissant la hache au pli de son bras, elle l’en frappa dans le front, adroite comme un boucher qui frappe le bœuf entre les cornes et l’abat, le front fendu, d’un seul coup. Elle laissa la hache dans la blessure et sauta par-dessus le corps du bandit, tombé dans une mare de sang, comme elle eût sauté une touffe d’églantiers au bout d’un buisson. Elle respirait toutes les qualités de son pays dans son action. Prévoyante autant qu’inspirée, elle ferma la porte au verrou, poussa contre cette porte la grosse table de la cuisine, et, décrochant le fusil de son père au manteau de la cheminée, elle monta en haut, sans plus s’inquiéter de ce corps vautré dans son sang et qui râlait son agonie. Une fois montée, elle arma son fusil, ouvrit la fenêtre, et attendit. Deux brigands parurent. Ils allèrent d’abord à cette porte, qu’ils trouvèrent fermée, à leur grand étonnement ; puis, levant les yeux, ils l’aperçurent. - Ouvre-nous la porte, fillette ! lui crièrent-ils. Mais la fillette les coucha en joue et les menaça de faire feu s’ils ne se retiraient pas. Eux se moquèrent de cette jeunesse, et, comme ils essayaient de forcer la porte, l’un d’eux tomba frappé dans le cœur. L’autre crut venger son complice en envoyant une balle à cette jeune fille, qui rechargeait le fusil de son père. La balle emporta la coiffe de linon de Louisine, qui resta décoiffée, et que les gens du château, en revenant de la messe, trouvèrent à la fenêtre, son fusil armé, les joues aussi ardentes que le ruban de fil rouge qui retenait à sa tête son abondant chignon, blond comme une gerbe d’épis mûrs. Le brigand s’était sauvé, et, s’il y en avait d’autres dans le voisinage, la fin de la messe s’avançant, ils n’avaient pas osé venir. C’était depuis cette aventure mémorable que la Louisine avait été traitée au château comme une enfant gâtée, ou comme une sultane favorite. Moi qui me suis comparée à Presea sur le bar de janvier, j'aurais tout aussi bien pu me comparer à Louisine-à-la-hache. xD - Citation :
- La jeune fille en elle voilait l'amazone de ses timidités rougissantes.
...ou comment réinvestir pour la millième fois le thème de la fausse ingénue. Dans un registre beaucoup plus pathétique... - Citation :
- - Tenez, tenez, mère Clotte, dit l'enfant, écoutez : voici l'agonie !
Et, en effet, le vent qui venait du côté de Blanchelande apportait les sons de la cloche qui sonnait le trépas de Jeanne-Madelaine avec ces intervalles sublimes toujours plus longs à mesure qu’on avance dans cette sonnerie lugubre qui semble distiller la mort dans les airs et la verser par goutte, à chaque coup de cloche, dans nos cœurs. Rien, à ce moment, dans les campagnes toujours si tranquilles d’ailleurs, n’empêchait d’entendre les sons poignants de lenteur et brisés de silence qui finissent par un tintement suprême et grêle comme le dernier soupir de la vie au bord de l’éternité. Le matin, gris avant d’être rose, commençait de s’emplir des premiers rayons d’or de la journée et retenait encore quelque chose du calme sonore et vibrant des nuits. Les sons de la cloche mélancolique, toujours plus rares, passaient par la porte laissée ouverte derrière la petite Ingou et venaient mourir sur ce grabat, où un cœur altier, qui avait résisté à tout, se brisait enfin dans les larmes et allait comprendre ce qu’il n’avait jamais compris, le besoin brûlant et affamé d’une prière. Pour ceux que ça intéresse, j'ai vu que le roman était en libre accès sur Wikpedia. | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 29 Juil 2011, 17:03 | |
| Juste pour vous avertir qu'il y a un challenge Jules Barbey d'Aurevilly,chez http://leslecturesdecharly.blogspot.com/2011/07/relisons-barbey-daurevilly.htmlpour le moment, nous sommes 3 a y participer, si vous voulez vous joindre à nous, nous commençons en octobre/novembre 2011. (dans la pléiade) tome 1 : Le Cachet d'onyx ; Léa ; L'Amour impossible ; La Bague d'Annibal ; Une Vieille maîtresse ; L'Ensorcelée ; Le Chevalier des Touches ; Un Prêtre marié.tome 2 : Les Diaboliques ; Une Histoire sans nom ; Une Page d'histoire ; Ce qui ne meurt pas ; Du Dandysme et de George Brummel ; Memoranda ; Poèmes ; Pensées détachéesbonne journée | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 30 Juin 2012, 08:38 | |
| Début de lecture des diaboliques le 20 juillet, avec À un dîner d'athéespour les 5 autres nouvelles, voir si nous avons envie de les lire à la suite les unes des autres où si l'on fait une pause pour naviguer vers d'autres auteurs du patrimoine. Qu'en pensez-vous ? | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 30 Juin 2012, 08:57 | |
| Comme dirait Diderot à propos de ses pensées : - Citation :
- J’abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l’allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’œil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune...
je cède aux tentations successives de lecture, sans être prisonnier d'un plan de lecture (comme on dirait un "plan de carrière"). Je pratique la marche en avant, les bonds de côté, et les retro-pédalages, mais les trajectoires se croisent, et on aura donc des rencontres communes aux postes de ravitaillement | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 30 Juin 2012, 09:47 | |
| - rotko a écrit:
- Comme dirait Diderot à propos de ses pensées :
- Citation :
- J’abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l’allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’œil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune...
je cède aux tentations successives de lecture, sans être prisonnier d'un plan de lecture (comme on dirait un "plan de carrière"). Je pratique la marche en avant, les bonds de côté, et les retro-pédalages, mais les trajectoires se croisent, et on aura donc des rencontres communes aux postes de ravitaillement envie de grapiller de l'un à l'autre en ce moment... l'étagère des classiques en pléiade s'étoffe depuis quelques temps au rythme des fêtes. | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 13 Juil 2012, 12:14 | |
| terminé À un dîner d'athées pas mal, me fait penser un peu à Balzac avec La duchesse de Langeais. En bref, un dîner de mécréants blasphémant et racontant leur guerre d'Espagne et ses horreurs. je passe à le bonheur est dans le crime pour accompagné Rotko ensuite je lirai sans doute le Rideau cramoisi grosse tentation pour Le Plus Bel Amour de Don Juan (déjà rencontré chez Balzac), | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 13 Juil 2012, 13:49 | |
| - mazel a écrit:
- terminé À un dîner d'athées
pas mal, me fait penser un peu à Balzac avec La duchesse de Langeais. En bref, un dîner de mécréants blasphémant et racontant leur guerre d'Espagne et ses horreurs. pas moyen de m'interesser à ce début ronflant du dîner d'athées page 3. Avec le bonheur dans le crime, je m'adapte mieux, car s'il y a encore une certaine complaisance à se regarder écrire, on peut l'attribuer au narrateur soucieux de se rendre intéressant auprès de son auditeur (le "je" du récit). c'est certes "vilain de dire du mal" d'un auteur reconnu, mais un peu de sacrilège sied bien pour ses personnages, - Citation :
- "Il n'avait pas la bosse du respect, et même il prétendait que là où elle est sur le crâne des autres hommes, il y avait un trou dans le sien".
(le docteur Torty in le bonheur dans le crime) et donc pour le lecteur ! | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 13 Juil 2012, 13:54 | |
| il me semble que Barbey était aussi critique littéraire et pas vraiment tendre dans ses commentaires. Vais essayer de retrouver ça. une nouvelle passablement ennuyeuse, j'espère avoir plus de chance pour la suivante. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 14 Juil 2012, 06:44 | |
| oui, un personnage peu sympathique, selon mes impressions.
le bonheur dans le crime :
1/2
je lance le sujet ! une nouvelle réussie, me semble-t-il, bien précédée par l'épisode de la panthère, et la suite :
- la formation d'Eulalie, l'admiration et la curiosité qu'elle attire dans cette petite ville "aux grands airs" : car il faut bien avouer que ces aristocrates provinciaux se situent eux-mêmes et sans grand mérite, tout en haut de l'echelle ! est-ce désapprouvé par Barbey ? pas sûr, il semble aimer les attitudes provocantes et les "vieilles valeurs"...
- l'affaire amoureuse, les masques, et le forfait accompli, une virtuosité dans la prestation, et des âmes bien trempées dans le Mal, foncièrement mauvaises, et objets d'une certaine admiration horrifiée, mais esthétique. on pourra en discuter.
Ici encore je retrouve Barbey dans son personnage de Torty : désireux de faire la lumière sur le comportement et le manège des amants, très attiré par les caractères fondamentaux des personnages (comtesse comprise) jusqu'à sonder la crédulité de la victime et surtout la nature profonde des protagonistes sous deux aspects : l'attachement aux valeurs aristocratiques, et l'enracinement profond dans le Mal. D'où les allusions à l'étude de la conscience chez les humains. | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 14 Juil 2012, 08:14 | |
| victimes portent des noms illustres : Victor Hugo, George Sand, Madame de Staël, Jules Michelet, Mérimée, Ernest Renan, Théophile Gautier, Flaubert, les Goncourt, Émile Zola. Les Parnassiens, les bas-bleus, l'école naturaliste ont fait les frais de sa plume. Il est également l'auteur de plusieurs pamphlets contre Buloz, l'Académie française, et Sainte-Beuve - à travers Goethe et Diderot77. Les rééditions d'auteurs classiques lui donnent l'occasion de stigmatiser la philosophie des Lumières, responsable du positivisme, du matérialisme et de l'idéologie dominante du progrès, qui heurtent son catholicisme et son idéal. Mais il voit juste lorsqu' il défend Les Fleurs du mal (Baudelaire), Madame Bovary (Flaubert), les œuvres de Balzac et celles de Stendhal, Emaux et camées (Gautier), A rebours (Huysmans). Au fait, tombée sur le mot lovelace, (le rideau cramoisi) ... comme dans Balzac (le bal de Sceaux ?) | |
| | | mahiwan pilier
Nombre de messages : 1135 Age : 76 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 01/03/2011
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 14 Juil 2012, 09:03 | |
| Je suis en train de terminer la lecture de " A un dîner d'athées " .
J'aime beaucoup cette atmosphère campagnarde , de notabilités potagères , d'ambiance de révoltés de salon !
Je termine au plus vite et j'en parle .
| |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Sam 14 Juil 2012, 09:15 | |
| D'accord Mahiwan, alors je finis mon petit post pour le bonheur dans le crime2/2 L'histoire est intéressante, mais Barbey, ou du moins son personnage, s'avance trop sur le devant de la scène : il nous coupe l'émotion et la surprise sous le pied ! ce cabotin de Torty ne ressemblerait-il pas à Barbey ? - Citation :
- Le docteur fit ce qu’on appelle un temps, voulant faire un effet car en tout il était rusé, le compère
Barbey, via Torty, commente plus qu'il ne raconte. Or j'aime bien avoir mes propres réactions, sans qu'on me les souffle. Que de redondances dans les yeux de panthère d'Eulalie, jusque dans sa démarche ... - Citation :
- Ma parenthèse est longue..
dit Torty. Oui, bref, c'est mieux, l'impact en est plus fort. | |
| | | Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Juil 2012, 07:37 | |
| J'ai lu Le Rideau cramoisi hier soir. J'ai découvert la plume de l'auteur avec une réelle gourmandise. Une belle profondeur, un beau talent de conteur, par exemple lorsqu'il évoque les impressions du voyageur (je m'y suis retrouvée). Une note de lecture cite Les Fenêtres, de Baudelaire : - Citation :
- Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vit, rêve la vie, souffre la vie.
Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que suis ? Beaucoup de malice dans sa façon de conter, mais aussi dans les dialogues, la manière qu'a le narrateur de tirer, l'air de rien mais très lucidement, les vers du nez de son interlocuteur. En revanche, je n'y vois pas la misogynie qu'on lui prête parfois. Au contraire, ici, la femme est "masculinisée" (par rapport à l'époque), allant même jusqu'à avoir les "cheveux coupés à la Titus", un empereur romain (rien de moins) dont elle a aussi toute l'audace. Et c'est plutôt l'homme qui en prend pour son grade, pauvre créature craintive et désemparée sous ses airs "plastronnants". Je m'interroge sur la référence au tableau de Velasquez, L'Infante à l'épagneul, pour décrire Albertine. Faut-il y voir une des nombreuses évocations de l'inceste ? J'aime bien, aussi, ces lectures grâce auxquelles j'apprends plein de choses : Joseph et Potiphar, le busc, le gril de St-Laurent... J'ai vu qu'au début de ce fil, il était question de Sade et de Laclos, je pense aussi à Mirbeau. D'Aurevilly le dandy en profite aussi pour égratigner les Romantiques. Enfin, j'ai relevé une bien jolie phrase : - Citation :
- La veille d'un être humain - ne fût-ce qu'une sentinelle -, quand tous les autres êtres sont plongés dans cet assoupissement qui est l'assoupissement de l'animalité fatiguée, a toujours quelque chose d'imposant.
| |
| | | Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Juil 2012, 07:43 | |
| - troglodyte a écrit:
- Il me fait penser à un Salvador Dali triste.
Bien vu ! | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Juil 2012, 09:23 | |
| Les Diaboliques - j'en suis à la vengeance d'une femme... il me semble qu'une partie de l'histoire est basée sur un fait réel (au moyen-âge ?), je vais rechercher. Le début de la nouvelle est une critique sur la littérature moderne, on voit que Barbey était aussi critique littéraire. | |
| | | mahiwan pilier
Nombre de messages : 1135 Age : 76 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 01/03/2011
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Juil 2012, 13:25 | |
| J'ai mis mon commentaire sur Barbey d'Aurevilly dans " lecture commune de Juillet " . Je m'a gouré ? | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Mer 18 Juil 2012, 15:02 | |
| - mahiwan a écrit:
- J'ai mis mon commentaire sur Barbey d'Aurevilly dans " lecture commune de Juillet " . Je m'a gouré ?
je ne crois pas, je vais aller le lire, bonne journée | |
| | | mahiwan pilier
Nombre de messages : 1135 Age : 76 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 01/03/2011
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Jeu 19 Juil 2012, 11:24 | |
| Je viens de terminer " A un dîner d'athées "
La scène se déroule dans une " ville dévot ".
Pourquoi un petit homme , après des années d'absence , se trouve t'il planté debout devant un confessionnal au fond de la chapelle ? Cet homme demeure chez son père, le vieux Mesnilgrand. Un vieillard riche et avare , fier de son fils qui avait fait les guerres de l'empire.
Ce vieillard organisait des dîners " comme le diable peut seul en tripoter pour ses favoris .......tout ce que la ville et l'arrondissement ont de gueux et de scélérats se trouvaient là marmottaient les royalistes et les dévots, qui avaient encore les passions de 1815. " Les domestiques colportaient des bruits abominables par la ville sur ce qu'on disait en ces ripailles.
" La femme est l’éternel sujet de conversation des hommes entre eux , surtout en France, le pays le plus fat de la terre ....et chacun amena les anecdotes, et chacun raconta la sienne ...... ce fut comme une confession de démons ".
Chacun des convives de raconter son histoire, entre autre l'abbé Reniant - un nom fatidique : " il était comme le derrière de Satan , car le derrière de Satan, malgré l'enfer qui le chauffe est très froid, disent les sorcières qui le baisent à la messe noire du Sabbat "
Le coeur de toute ces histoires sera celle de Mesnilgrand fils , que je vous laisse découvrir avec sa moralité ! Une histoire de femme bien sûr, que l'on a baptisé Pudica par dessus le marché.
Ces histoires sont loin d'être réellement Diaboliques , à peine grivoises. L'ambiance est bien décrite tout du long , avec des expressions originales :
- Conversations à bâtons rompus et à vitres et à verres cassés - des sujets de conversation à tempêtes et à tintamarres _ ils pelaient en riant la réputation comme ils pelaient un pêche
Un bon récit , d'une lecture façile, une histoire courte qui vaut le détour . " Servez la café "
| |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 20 Juil 2012, 18:32 | |
| j'ai donc lu le rideau cramoisi, ma nouvelle préférée, le plus bel amour de Don juan, le bonheur dans le crime, bien apprécié, et j'ai boudé le dîner d'athées. Pour moi, Barbey d'A reussit ses nouvelles quand le materiau de son histoire tient le lecteur en haleine, et quand il peut faire passer ses effets d'attente sur le compte d'un narrateur cabotin. Ses propos scandaleux, et ses plaisanteries gaillardes dans le rideau cramoisi donnent du sel à des histoires dont il maîtrise bien le déroulement. Toutefois la coquetterie du "raconteur" et un style qui affectionne les mots désuets énervent ses interlocuteurs, - et moi aussi par la même occasion. On piaffe d'énervement (les auditeurs le disent expressément), et son attitude réactionnaire ne plaide pas en sa faveur, à mon avis ! je n'aime pas sa hargne et ses jugements outranciers contre le Hugo de l'année terribleBarbey d’Aurevilly, estimant que L’Année terrible est trop tendre pour les vaincus, apostrophe Hugo en ces termes : - Citation :
- « Vous pouvez renoncer à la langue française qui ne s’en plaindra pas, car depuis longtemps vous l’avez éreintée. Écrivez votre prochain livre en allemand »
. | |
| | | mahiwan pilier
Nombre de messages : 1135 Age : 76 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 01/03/2011
| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) Ven 20 Juil 2012, 19:09 | |
| L'apostrophe de Barbey envers Hugo est le reflet même de Barbey d'Aurevilly !
Que des certitudes ! Des anathèmes! Des provocations !
J'aime bien . | |
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| Sujet: Re: Barbey d'Aurevilly (1808-1889) | |
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| | | | Barbey d'Aurevilly (1808-1889) | |
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