Brett Easton Ellis

Brett Easton Ellis : « Moins que zéro » Christian Bourgeois éditeur
Le retour d’un jeune narrateur à Los Angeles fait entrer dans une revue de papier glacé, peur diffuse en plus, où le lisse des personnages interchangeables témoigne du vide des personnalités.
Echantillon des communications :

Citation :

Il frotte sans arrêt les lèvres et quand je comprends qu’il n’a pas l’intention de me répondre, je lui demande ce qu’il a fait.
« C’que j’ai fait ? »
« ouais »
« Zoné »
« Zoné où ? »
« où ? dans le coin. Passe-moi donc le joint la-bas sur la table de nuit »

Le narrateur a plus de consistance :

Citation :

« La maison est pleine de jeunes garçons qui semblent occuper toutes les pièces et paraissent interchangeables : corps graciles et bronzés, cheveux blonds coupés courts, yeux bleus au regard vide, mêmes voix atones, et je commence à me demander si je suis exactement comme eux. J’essaie d’oublier çà, je me sers un verre… ».

des souvenirs rapportés en italique retracent ses réactions passées :

Citation :

Le metteur en scène a parlé de la mort d’un cascadeur sur le tournage d’un de ses films. Il a raconté comment il avait loupé son coup. Comment il était tombé sur le trottoir en contrebas. « C’était un garçon formidable. Il n’avait que dix huit ans »
Mon père a ouvert une autre bière.
Mon grand-père a baissé les yeux, il semblait triste. « Comment s’appelait-il » il a demandé.
« Quoi ? Le metteur en scène l’a regardé».
« Comment s’appelait-il ? Quel était le nom de ce gamin ? »
Il y a eu un long silence. Je percevais seulement le vent du désert, le bourdonnement du chauffage du jacuzzi, le bruit de vidange de la piscine, Franck Sinatra qui chantait « summer wind », et j’ai prié pour que le metteur en scène se rappelle ce nom. Bizarrement, cela me paraissait très important. Je désirais désespérément que le metteur en scène se souvienne de son nom. Le metteur en scène a ouvert la bouche et dit « j’ai oublié ».

Pas facile de connaitre ton opinion rotko

Suffit de demander ! j'aime dans moins que zero ces dialogues brefs, incisifs et denses qui révèlent les personnages, leur absence de communication. Leurs paroles sont juxtaposées, et quand ils pourraient se rencontrer, c'est une impuissance à établir un contact ou une aide qui se révèle.

J'ai apprécié American psycho qui décrit au scalpel le monde des yuppies. La violence du livre m' a semblé metaphorique des rapports financiers ou des appetits de pouvoir de ces adeptes de l'argent -roi. Il se croient tout permis, et fantasment à leur guise.

Bateman est le batman de Wall street, et délire. Bien des scènes sont des fantasmes. Un moment il est cerné par la police. Page suivante, il est libre comme l'air et on ne parle plus de rien d'inquiétant.

J'avais lu dans le magazine litteraire que ces episodes excessifs d'american psycho étaient dans la volonté de BEE d'une nature comique. En fait je lis actuellement Lunar Park, et je m'inscris en faux contre ces affirmations. On en reparlera avec plaisir.

American psycho donnerait dans le genre roman d'horreur, Lunar Park se rattacherait par certains côtés du récit fantastique. très interessant, à beaucoup de points de vue.

Brett Easton Ellis, Lunar Park, Robert Laffont
2221104110
Cauchemars dans un milieu anxiogène.

On se douterait que l'autobiographie de l'auteur d'"American psycho" ne serait pas sereine. Dans une région où les disparitions d'enfants sont monnaie courante, où la surprotection des établissements scolaires huppés alimente fantasmes et culpabilité, Brett superstar vit ses cauchemars. Lunar Park en tient le journal, glissant sans peine du thriller au roman fantastique, avec une touche de loufoque pour éviter le mélo.

On ne quitte pas le livre, il présente trop d'intérêt. Un retour sur "American psycho" pp.157-158
"

Citation :

C'était un livre sur mon père (sa rage, son obsession du statut social, sa solitude) que j'avais transformé en serial killer imaginaire [...] Explorer ce genre de violence avait été "intéressant" et "excitant", et tout était "métaphorique" de toute façon - du moins pour moi à ce moment de ma vie"...

Il ne se débarrasse pas d'ailleurs d'un tel livre, dont la fiction tend à devenir réalité, avec des crimes en série qu'il aurait inspirés.

La "famille" qui entoure ou cerne l'écrivain souffre de tous les maux de Brett Easton Ellis dont l'égocentrisme est dévastateur et contagieux. Tout évolue donc vers une vie cauchemardesque, entre drogues, tranquillisants, alcools, et angoisses personnelles.

Derrière le récit, un maître d'oeuvre plein de sang-froid joue sur la corde de "la maison Usher" et de souvenirs de Stephen King. A la fin du roman , on craindrait un moment une overdose de fantastique : l'écrivain multiplie alors les récapitulations de faits étranges qui l'accablent. Mais il reprend vite son lecteur en mains, le conduit à bon port et le quitte sur un morceau de bravoure : la dispersion des cendres paternelles.

Dis donc Rotko tu parles vachement bien de moi dis donc !!!
Je serais donc un yuppie américain, financier sanguinaire dont les seules passions sont les fringues et masque de beauté et de dépecer mes victimes...

De plus je serais completement paranoiaque car soumis a hallucinations chroniques ... je t'assure que j'étais bien poursuivi par les flics mais que j'ai réussi a leur échapper par un gros coup de bol...
Mes victimes ? toutes aussi charmantes les unes que les autres... surtout leurs fringues... que des saloperies achetées aux puces pour pas un rond. Le comble du mauvais gout, j'te dis. Rien de bon a garder chez elles. Autant les éliminer ...

Quoi je suis cruel ? Mais non non non, je suis juste un artiste darwinien qui sélectionne les individus qui ne méritent pas de rester sur terre. La finance me permet de mettre en oeuvre un principe de sélection biologique: pas de trace pas d'ennui... ils n'ont vécu que pour mourrir... s'ils se sont reproduits, un autre prendra ma place...

j'espère que le message est bien passé. Quant à BEE comme tu l'appelles, il est tordu. Me créer pour assouvir ses fantasmes relève de l'hopital psychiatrique... Lunar Park, je l'ai fréquenté oui et je n'y ai pas vu que de jolies choses ....

sur American psycho


Terrible !!! Tout commençait relativement doucement , c'était plutôt soft , mais après ... :puker: flippant et horrible !
Patrick Bateman apparaît tout ce qu'il y a de plus normal au yeux des autres, mais en fait cet homme est inhumain , dénué de sentiments et de compassion et de surcroit pervers ! Quelle violence gratuite ! Tout est basé sur le paraître(,Des signes ne trompent pas , Pat a parfois des réminescences de folie! (d'où les descriptions détaillées , qui sont très importantes pour le personnage, sans cela il est mal tout comme ça vie qui est réglée comme du papier à musique , il y a des récurrences comme par exemple le Patty Winter Show).
Par moment tout comme le personnage on se sent perdu , certains passages apparaissent incohérent, s'agit-il du vrai du faux? Un long délire de Pat Bateman?
En tout les cas c'est à lire on y voit une critique de la société américaine qui sent le fric à plein nez, tout n'est qu'apparence, on se bat pour entrer dans le dernier resto à la mode, on fait de la gonflette. On méprise les sans abris, (jeux cruels que de tendre un billet sous les yeux des sans abris sans leur donner)
Enfin bref ( comme disait Pépin ) je vais m'arrêter ici. lol
Je vous invite vivement à le lire! Wink

là dans ma bibliothèque trône Lunar Park...

Bien que je n'aime pas cet auteur, j'ai lu American Psycho et Lunar Park (partiellement, j'en ai eu marre). Ses livres sont faciles à lire, il ne se passe pas grand chose. Quoiqu'il y a quelque légère critique du mode de vie des américains, il y a surtout des passages inutiles, car sans impacts réels pour l'histoire, qui s'intercallent comme pour remplir la vacuité de ses romans. Je n'ai pas des difficultés à ne pas apprécier ses oeuvres. En lisant Bret Easton Ellis, j'ai le sentiment de lire un adolescent qui essait d'attirer l'attention par quelques vulgarités. Certes, il decrit avec acuité des passages que le "peuple" juge "choquants", mais est-ce que ça suffit dire ce que les gens ne veulent entendre pour faire parler de soi ? Malgré ce qu'il a pu dire dans Lunar Park, je le trouve excessivement commercial.

bienvenue à toi H.P, et crois bien que ta franchise rejoint des avis assez répandus, bien que je ne les partage pas (rire).

La "légère critique" de la vie americaine devient effrayante quand il s'agit des milieux "privilégiés" et paranoiaques décrits par BEE dans Lunar Park.

Mais le livre est à mon avis, plus qu'un regard sur l'Amerique ou sur la vie de BEE.

le magazine lire avait fait de lunar Park le meilleur livre de l'année. je donne le references d'un article. Ciel ! qu'il est long !

http://www.lire.fr/portrait.asp/idC=49300/idR=198/idG=4

Mais chacun reste libre de ses interpretations, et de ses appréciations

re-Bonsoir, H.P. Heureusement que tu trouveras des nombreux adeptes de ce genre de litterature sur GDS, car ce n´est pas mon rayon, mais je lis toujours vos commentaires, au cas où je me laisserais séduire un jour.
Merci d´avoir quand même trouvé un instant pour poster, je sais que tu es très occupé. Bon courage!

à savoir que le film d'american psycho est nul à c.... !

Sur imdb.com il est noté par les spectateurs 6.9/10 (30,848 votes)

http://www.imdb.com/title/tt0144084/

mais je n'irai pas le voir, vu des echos personnels defavorables.

Personnellement, j'ai plutôt aimé le film. Bien plus que le bouquin en tout cas.

j'ai trouvé le film super aseptisé et pas assez dynamique à on goût!

Mais oui, mais justement. Le roman est aseptisé, les décors, les personnages, etc.
Je sais qu'il y en a eu plusieurs, mais il n'y a qu'à voir la couverture de la collection "Points". Sobre et immaculée.
Et cette aseptisation est également l'un des signes qui permettent de réaliser que la majorité du récit n'est qu'un délire de Bateman.

je ne trouve pas le roman aseptisé ou alors on n'a aps la même conception, le roman est tout de même cru, cynique. Le film lui ne dégage rien de tout cela.

ice-in-my-eyes a écrit:

je ne trouve pas le roman aseptisé ou alors on n'a aps la même conception, le roman est tout de même cru, cynique.[...]

oui certaines scenes ne sont pas à mettre sous tous les yeux

mais l'incoherence des évènements/épisodes entre eux indique suffisamment qu'il s'agit de scenes fantasmées.
C'est net à la fin du livre puisque Bates encerclé prétendument par la police continue ensuite à vivre un quotidien sans problèmes, de la même manière qu'après un cauchemar, on boit, tel Xian, sereinement son café

Aseptisé n'est pas incompatible avec violent ou sanglant. Un hopital ou un cabinet de dentiste est un lieu aseptisé par excellence. Pourtant, il s'y déroule parfois une vraie boucherie
Le roman est aspetisé à l'image de son héros Bateman qui cherche à se débarasser de toute impureté. Comme, par exemple, sa petite crise lorsqu'il va récupérer ses chemises tachées chez son teinturier.

sinon a écrit:

Aseptisé n'est pas incompatible avec violent ou sanglant. Un hopital ou un cabinet de dentiste est un lieu aseptisé par excellence. Pourtant, il s'y déroule parfois une vraie boucherie
Le roman est aseptisé à l'image de son héros Bateman qui cherche à se débarasser de toute impureté. Comme, par exemple, sa petite crise lorsqu'il va récupérer ses chemises tachées chez son teinturier.

astucieux ! mais où trouves-tu l'asepsie ?
Dans Lunar park, Brett Easton Ellis repond qu'il "detruisait les microbes" de la presence paternelle. les guillements indiquent non pas une citation, mais une définition de l'asepsie qui conviendrait... à l'écriture !

Il me semble avoir déjà répondu à la question, rotko.
Je pense que American Psycho ne se lit pas comme un Stephen King ou un James Ellroy (où là, au contraire, rien n'est aseptisé). Mais cela reste un roman et, comme le dit ice-in-my-eyes, chacun peut l'imaginer de façon différente.

je n'ai lu que Lunar Park, l'écriture m'a plu, grâce à elle je suis allée jusqu'au bout...car quasi cinématographique dans l'action et l'émotion pour les scènes fantastiques
de l'histoire ce sont les rapports père-fils ( BEE et son père, BEE et son fils) qui m'ont le plus accrochée
quant aux élucubrations cauchemardesques de BEE : ce sont pour moi des caprices d'enfant gâté

Pour ceux qui verraient dans BEE une jet setteur ou un serial killer, un entretien accordé au magazine lire:http://www.lire.fr/portrait.asp/idC=49300&idTC=5&idR=198&idG=4

J'aime beaucoup Ellis, et en particulier deux oeuvres dont il n'est pas question sur ce forum, le recueil Zombies, nouvelles écrites avant Moins que zéro, et d'après ce que j'ai cru comprendre son travail qu'il juge le plus abouti, et Les lois de l'attraction. Il n'y procédait pas encore au lance-flammes: pas de pyrotechnie, pas de meurtres en cascade ni d'attentats terroristes (mais bien entendu du sexe et de la drogue, mais personnellement je n'y vois rien de provocateur: ce sont des données fondamentales de la société qu'il décrit). Dans Zombies, que j'ai lu il y a deux ans, la nouvelle dans laquelle un père tente de reprendre contact avec son fils est ce que j'ai lu de plus fin. Elles est remplie de ces "dialogues brefs et incisifs" dont parle Rotko. JE FOURNIRAI quelques citations dans un prochain message si ça peut intéresser quelqu'un.

Oui je serais ravi de te lire sur cet auteur que j'apprécie beaucoup également.

j'ai juste survolé les messages mais en gros je suis assez rassurée par l'interprétation al plus répandue ici (du livre et du film) : effectivement j'ai toujours pensé que Bateman se fait des trips, qu'il ne tue pas vraiment les gens mais fantasme ses meurtres, et voir que vous pensez la même chose (alors que j'en ai discuté avec d'autres qui inteprètent le personnage comme un meurtrier qui passe à l'acte et que je n'étais pas d'accord).

Le film est sympa quand même, il est moins "touffu" que le roman mais c'est assez logique vu l'espace réduit du temps d'un film, par contre il y a des détails qui ne figurent pas dans le film, mais qui sont dans le bouquin et qui permettent de beaucoup mieux voir que le perso se fait des trips et ne tue pas réellement (comme les saignements de nez dûs à l'abus de coke par exemple, qui expliquent le sang sur les draps)

mais je n'ai lu qu'American Psycho donc je connais mal l'univers de l'auteur.