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| | Les écritures du vent | |
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+7Seuguh Yaelle Provence marie chevalier swallow Utopie rotko 11 participants | |
Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 12:30 | |
| honneur à verlaineLa bise se rue à travers…La bise se rue à travers Les buissons tout noirs et tout verts, Glaçant la neige éparpillée Dans la campagne ensoleillée. L'odeur est aigre près des bois, L'horizon chante avec des voix, Les coqs des clochers des villages Luisent crûment sur les nuages. C'est délicieux de marcher A travers ce brouillard léger Qu'un vent taquin parfois retrousse. Ah ! fi de mon vieux feu qui tousse ! J'ai des fourmis plein les talons. Debout, mon âme, vite, allons ! C'est le printemps sévère encore, Mais qui par instants s'édulcore D'un souffle tiède juste assez Pour mieux sentir les froids passés... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 12:32 | |
| Et mon cher Verhaeren !
Le Vent Sur la bruyère longue infiniment, Voici le vent cornant Novembre, Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et se démembre, En souffles lourds, battant les bourgs, Voici le vent, Le vent sauvage de Novembre. Aux puits des fermes, Les seaux de fer et les poulies Grincent ; Aux citernes des fermes, Les seaux et les poulies Grincent et crient Toute la mort, dans leurs mélancolies. Le vent rafle, le long de l’eau, Les feuilles mortes des bouleaux, Le vent sauvage de Novembre ; Le vent mord, dans les branches, Des nids d’oiseaux ; Le vent râpe du fer Et peigne, au loin, les avalanches, Rageusement, du vieil hiver, Rageusement, le vent, Le vent sauvage de Novembre. Dans les étables lamentables, Les lucarnes rapiécées Ballottent leurs loques falotes De vitres et de papier. — Le vent sauvage de Novembre ! — Sur sa butte de gazon bistre, De bas en haut, à travers airs, De haut en bas, à coups d’éclairs, Le moulin noir fauche, sinistre, Le moulin noir fauche le vent, Le vent, Le vent sauvage de Novembre. Les vieux chaumes, à cropetons, Autour de leurs clochers d’église, Sont ébranlés sur leurs bâtons ; Les vieux chaumes et leurs auvents Claquent au vent, Au vent sauvage de Novembre. Les croix du cimetière étroit, Les bras des morts que sont ces croix, Tombent, comme un grand vol, Rabattu noir, contre le sol. Le vent sauvage de Novembre, Le vent, L’avez-vous rencontré le vent, Au carrefour des trois cents routes, Criant de froid, soufflant d’ahan, L’avez-vous rencontré le vent, Au carrefour des trois cents routes, Criant de froid, soufflant d’ahan, L’avez-vous rencontré le vent, Celui des peurs et des déroutes ; L’avez-vous vu, cette nuit-là, Quand il jeta la lune à bas, Et que, n’en pouvant plus, Tous les villages vermoulus Criaient, comme des bêtes, Sous la tempête ? Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent hurlant, Voici le vent cornant Novembre. | |
| | | Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 12:42 | |
| Un texte que j'adore mais qui est en chanson, si il n'a pas sa place n'hésitez pas je le déplacerai La femme du ventParoles et Musique: Anne Sylvestre Maman, le vent me fait la cour Le vent me trousse et m'éparpille Le vent me souffle des discours Pardi c'est ennuyeux ma fille Ça l'est bien plus encor Maman Car le grand vent est mon amant {Refrain:} Fille folle amante du vent Boucle ton corset Baisse bien la tête Méfie-toi qui aime le vent Engendre la tempête Engendre la tempête. Maman le vent partout me suit Le vent me presse et me bouscule Il pousse mes volets la nuit Pardi tu seras ridicule De quoi ma fille a-t-on bien l'air En accouchant d'un courant d'air {Refrain} Maman le vent m'aime si fort Que je dois ouvrir les fenêtres Il ne veut plus coucher dehors Et je crois qu'un enfant va naître Fille je m'en irai avant D'être la grand-mère du vent {Refrain} Maman mon fils est né ce soir J'en suis restée toute meurtrie N'ai pas eu le temps de le voir Il m'a laissé à ma folie Et le voici parti Maman Aux trousses de son père le vent Mes amours ne sont que du vent Est-ce aussi le vent que j'ai dans la tête Puisque tu me fuis mon enfant Je suivrai la tempête Je suivrai la tempête. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 12:53 | |
| un petit coup d'oeil sur ce blog qui a le merite de presenter des dessins de Hugo. cherchez dans les travailleurs de la mer deuxieme partie : gilliat le marin, livre III chapitre 2 les vents du large II, III, 2 voici le debut - Citation :
- D'où viennent-ils ? de l'incommmensurable. il faut à leurs envergurees le diamètre du gouffre. Leurs ailes demesurées ont besoin du recul infini des solitudes.
Voici la fin trois pages plus loin - Citation :
- ils petrissent comme avec des millions de mains la souplesse de l'eau immense.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 13:01 | |
| un passage juste avant la fin du chapitre. - Citation :
- Les vents courent, volent, s'abattent, finissent, recommencent, planent, sifflent, rient; frénétiques, lascifs, effrénés, prenant leurs aises sur la vague irascible. Ces hurleurs ont une harmonie. Ils font tout le ciel sonore. Ils soufflent dans la nuée comme un cuivre. Ils chantent dans l'infini, avec toutes les voix amalgamées des clairons, des buccins, des olifants, des bugles et des trompettes, une sorte de fanfare prométhéenne.
Qui les entend écoute Pan. Ce qu'il y a d'effroyable, c'est qu'ils jouent. Ils ont une colossale joie composée d'ombre. Ils font dans les solitudes la battue des navires. Sans trêve, jour et nuit, en toute saison, au tropique comme au pôle, en sonnant dans leur trompe éperdue, ils mènent, à travers les enchevêtrements de la nuée et de la vague, la grande chasse noire des naufrages.
Ils sont des maîtres de meutes. Ils s'amusent. Ils font aboyer après les roches les flots, ces chiens. Ils combinent les nuages, et les désagrègent. Ils pétrissent, comme avec des millions de mains, la souplesse de l'eau immense. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 13:03 | |
| Chanson d'automne O.V. de L. Milosz du Poeme des Decadences (1899)
Ecoutez la voix du vent dans la nuit, La vieille voix du vent, la lugubre voix du vent, Malediction des morts, berceuse des vivants . . . Ecoutez la voix du vent. Il n'y a plus de fleurs, il n'y a plus de fruits Dans les vergers detruits. Les souvenirs sont moins que rien, les espoirs sont tres loin. Ecoutez la voix du vent.
Toutes vos tristesses, o ma Dolente, sont vaines. L'implacable oubli neige sinistrement Sur les tombes des amis et des amants . . . Ecoutez la voix du vent. Les lambeaux de l'ete suivent le vent de la plane; Tous vos souvenirs, toutes vos peines Se disperseront dans la tempete muette du Temps. Ecoutez la voix du vent.
Elle est a vous, pour un moment, la sonatine Des jours defunts, des nuits d'antan . . . Oubliez-la, elle a vecu, elle est bien loin. Ecoutez la voix du vent. Nous irons rever, demain, sur les ruines D'Aujourd'hui; preparons les paroles chagrines Du regret qui ment quotidiennement. Ecoutons la voix du vent. | |
| | | swallow pilier
Nombre de messages : 820 Localisation : Espagne Date d'inscription : 16/03/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 18:21 | |
| J´ai bien ecouté les voix de ces vents que vous nous envoyez, sauvage en Novembre ou vent de printemps "sévère encore". Je crois que c´est l´amusante image de Rotko " mouchoirs et vêtements se font de signes" qui m´avait donné envie de voir comment s´y prenaient les "grands" pour modeler le vent avec de simples mots. Merci à tous! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 18:34 | |
| Hugo l'homme qui rit
Mais cette cloche vient de la terre. – Cette cloche, dit le docteur, vient de la mer.
Il y eut un frisson parmi ces hommes hardis. Les faces hagardes des deux femmes apparurent dans le carré du capot de cabine comme deux larves évoquées. Le docteur fit un pas, et sa longue forme noire se détacha du mât. On entendait la cloche tinter au fond de la nuit.
Le docteur reprit : – Il y a, au milieu de la mer, à moitié chemin entre Portland et l'archipel de la Manche, une bouée, qui est là pour avertir. Cette bouée est amarrée avec des chaînes aux bas-fonds et flotte à fleur d'eau. Sur cette bouée est fixé un tréteau de fer, et à la traverse de ce tréteau est suspendue une cloche. Dans le gros temps, la mer, secouée, secoue la bouée, et la cloche sonne. Cette cloche, vous l'entendez.
Le docteur laissa passer un redoublement de la bise, attendit que le son de la cloche eût repris le dessus, et poursuivit : – Entendre cette cloche dans la tempête, quand le noroit souffle, c'est être perdu. Pourquoi ? le voici : si vous entendez le bruit de cette cloche, c'est que le vent vous l'apporte. Or le vent vient de l'ouest et les brisants d'Aurigny sont à l'est.
Vous ne pouvez entendre la cloche que parce que vous êtes entre la bouée et les brisants. C'est sur ces brisants que le vent vous pousse. Vous êtes du mauvais côté de la bouée. Si vous étiez du bon, vous seriez au large, en haute mer, en route sûre, et vous n'entendriez pas la cloche. Le vent n'en porterait pas le bruit vers vous. Vous passeriez près de la bouée sans savoir qu'elle est là. Nous avons dévié. Cette cloche, c'est le naufrage qui sonne le tocsin. Maintenant, avisez !
La cloche, pendant que le docteur parlait, apaisée par une baisse de brise, sonnait lentement, un coup après l'autre, et ce tintement intermittent semblait prendre acte des paroles du vieillard. On eût dit le glas de l'abîme. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 18:41 | |
| Le chercheur d'or JMG la clezio
La pluie cascade maintenant dans les combles, et je pense à nos vieux journaux, nos livres, tout ce que nous aimons qui va être détruit. Le vent a pulvérisé les lucarnes et traverse les combles en hurlant, fracasse les meubles. Dans un bruit de tonnerre, il arrache un arbre qui écrase la façade sud de la maison, l'éventre. Nous entendons le bruit de la varangue qui s'écroule. Mam nous entraîine hors de la salle à manger à l'instant où une branche énorme traverse une des fenêtres.
Le vent entre par la brèche comme un animal furieux et invisible, et pendant un instant, j'ai l'impression que le ciel est descendu sur la maison pour l'écraser. J'entends le fracas des meubles qui s'écroulent, des fenêtres qui se brisent. Mam nous entraîne je ne sais comment de l'autre côté de la maison.
Nous nous réfugions dans le bureau de notre père, et nous restons là, blottis tous les trois contre le mur où il y a la carte de Rodrigues et un plan du ciel. Les volets sont fermés, mais malgré cela le vent a brisé les vitres et l'eau de l'ouragan coule sur le parquet, sur le bureau, sur les livres et les papiers de notre père. Laure essaye maladroitement de ranger quelques papiers, puis elle se rasseoit découragée.
Dehors, à travers les fentes des volets, le ciel est si sombre qu'on croirait la nuit. Le vent file autour de la maison, tourbillonne contre la barrière des montagnes. Et sans arrêt, le fracas des arbres qui se brisent autour de nous. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 18:45 | |
| shelley Ode to the West Wind
I
O wild West Wind, thou breath of Autumn's being, Thou, from whose unseen presence the leaves dead Are driven, like ghosts from an enchanter fleeing,
Yellow, and black, and pale, and hectic red, Pestilence-stricken multitudes: O thou, Who chariotest to their dark wintry bed
The winged seeds, where they lie cold and low, Each like a corpse within its grave, until Thine azure sister of the Spring shall blow
Her clarion o'er the dreaming earth, and fill (Driving sweet buds like flocks to feed in air) With living hues and odors plain and hill:
Wild Spirit, which art moving everywhere; Destroyer and preserver; hear, oh, hear !
je vous ferai une traduc plus tard. c'est un poeme tres connu en Angleterre. | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 20:11 | |
| VIVE LE VENT
Vive le vent, vive le vent, vive le vent d'hiver qui s'en va sifflant, soufflant dans les grands sapins verts. Vive le temps, vive le temps, vive le temps d'hiver boules de neige et jour de l'an et bonne année grand-mère.
Sur le long chemin tout blanc de neige blanche un vieux monsieur s'avance avec sa canne dans la main et tout là-haut le vent qui siffle dans les branches puis souffle la romance qu'il chantait petit enfant Joyeux joyeux Noël aux mille bougies qu'enchantent vers le ciel les cloches de la nuit. Vive le vent, vive le vent, Vive le vent d'hiver qui rapporte aux vieux enfants un souvenir d'hier.
Et le vieux monsieur descend vers le village C'est l'heure où tout est sage et l'ombre danse au coin du feu Mais dans chaque maison il flotte un air de fête partout la table est prête et l'on entend la même chanson | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Lun 12 Fév 2007, 20:12 | |
| Hugues Aufray La reponse est dans le vent
Combien de routes Un garçon peut-il faire Avant qu'un homme il ne soit ? Combien l'oiseau Doit-il franchir de mers Avant de s'éloigner du froid ? Combien de morts Un canon peut-il faire Avant que l'on oublie sa voix ?
Ecoute mon ami, Ecoute dans le vent, Ecoute la réponse dans le vent.
Combien de fois Doit-on lever les yeux Avant que de voir le soleil ? Combien d'oreilles Faut-il aux malheureux Avant d'écouter leurs pareils ? Combien de pleurs faut-il A l'homme heureux Avant que son coeur ne s'éveille ?
Combien d'années Faudra-t-il à l'esclave Avant d'avoir sa liberté ? Combien de temps Un soldat est-il brave Avant de mourir oublié ? Combien de mers Doit franchir la colombe Avant que nous vivions en paix ? | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mar 13 Fév 2007, 07:44 | |
| - marie chevalier a écrit:
- Hugues Aufray
La reponse est dans le vent Qui n'est autre que la traduction de la superbe chanson de Bob Dylan Bowin'in the Wind (The Freewheelin' - 1963) How many roads must a man walk down Before you call him a man? Yes, ’n’ how many seas must a white dove sail Before she sleeps in the sand? Yes, ’n’ how many times must the cannon balls fly Before they’re forever banned? The answer, my friend, is blowin’ in the wind, The answer is blowin’ in the wind. How many times must a man look up Before he can see the sky? Yes, ’n’ how many ears must one man have Before he can hear people cry? Yes, ’n’ how many deaths will it take till he knows That too many people have died? The answer, my friend, is blowin’ in the wind, The answer is blowin’ in the wind. How many years can a mountain exist Before it’s washed to the sea? Yes, ’n’ how many years can some people exist Before they’re allowed to be free? Yes, ’n’ how many times can a man turn his head, Pretending he just doesn’t see? The answer, my friend, is blowin’ in the wind, The answer is blowin’ in the wind. | |
| | | swallow pilier
Nombre de messages : 820 Localisation : Espagne Date d'inscription : 16/03/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mar 13 Fév 2007, 08:44 | |
| Shelley. « Ode au vent d´ouest » (1819).
(IV) Si j´étais feuille morte que tu pusses emporter ; Si j´étais nuage rapide et fuyais avec toi ; Vague, pour palpiter sous ta puissance,
Et partager l´impulsion de ta vigueur, Moins libre que toi seul, imdomptable ! Si même Ainsi qu´en mon enface, je pouvais être
Le compagnon de ton vagabondage au ciel, Comme en ce temps où dépasser ton vol celeste Semblait à peine une vision, je n´aurais point avec toi
Ainsi lutté, te suppliant dans ma detresse. Oh, emporte-moi, comme une vague, une feuille, un nuage ! Sur les épines de la vie, je tombe et saigne !
Le lourd fardeau des heures a enchaîné et courbé Un être trop pareil à toi : indompté, vif et fier. | |
| | | swallow pilier
Nombre de messages : 820 Localisation : Espagne Date d'inscription : 16/03/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mar 13 Fév 2007, 08:49 | |
| Rotko: ce soir je placerai la TRADUCTION ( de M.L. CAZAMIAN) de la première strophe que avais choisie, pour cette magnifique Ode au vent d´Ouest de Shelley. | |
| | | Yaelle habitué(e)
Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mer 21 Fév 2007, 07:55 | |
| - swallow a écrit:
- Rotko: ce soir je placerai la TRADUCTION ( de M.L. CAZAMIAN) de la première strophe que avais choisie, pour cette magnifique Ode au vent d´Ouest de Shelley.
LE VENT DANS L’ÎLE Le vent est un cheval : écoute comme il court à travers mer et ciel. Pour m’emmener : écoute comme il parcourt le monde pour m’emmener au loin. Cache-moi dans tes bras, cette nuit solitaire, tandis que la pluie blesse à la mer, à la terre, innombrable, sa bouche. Entends comme le vent m’appelle en galopant pour m’emmener au loin. Ton front contre mon front, ta bouche sur ma bouche, nos deux corps amarrés à l’amour qui nous brûle, laisse le vent passer, qu’il ne m’emporte pas. Laisse courir le vent d’écume couronné, qu’il m’appelle et me cherche en galopant dans l’ombre, tandis que moi, plongé au fond de tes grands yeux, cette nuit solitaire, amour, reposerai. Pablo Neruda | |
| | | Seuguh pilier
Nombre de messages : 2575 Age : 47 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 17/05/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mer 21 Fév 2007, 14:25 | |
| - Citation :
- Pourquoi le vent souffle ? Qu'y a-t-il en Extrême-Amont ? Sur ce thème, ma fois, je ne voyais plus ce que Caracole pouvait encore inventer.
Caracole est le troubadour de La Horde du contrevent (Alain Damiaso). - Citation :
- Il nous en avait raconté des centaines [...] Des histoires d'éléphants en fuite, hauts comme pas imaginable, battant l'air de leurs oreilles, d'outres géantes en peau de ciel percées par des archers, des histoires de hordes de péteurs imbus d'eux-mêmes qui avançaient devant nous et nous lâchaient les gaz, des oiseaux par flopées, poursuivant à tire-d'aile le soleil et qui généraient les souffles... Des histoires de dieux agitant un éventail, de dieux baillant ou sifflant un air, secouant leurs draps, mettant des gifles à leurs enfants [...]
- Citation :
- Parmi ce farrago semé, celui que j'aimais le plus était le conte de la nuée d'anges. "Tu me l'as inspiré" m'avait-il glissé. Un ange pour chaque être, qu'il racontait Caracole, un pour chaque animal aussi... Et ces anges, gentiment, sans penser à mal, nous soufflaient dessus avec leurs petites joues puissantes parce que nous étions pour eux des braises, un feu clos en train de s'éteindre et qu'en l'attisant un peu, à la régulière, ils pensaient nous mettre à nouveau en flammes, pour se rséchauffer un peu sans doute, ou peut-être, je me souviens qu'il disait ça, peut-être parce que nous étions plus jolis à regarder avant, lorsque nous étions des torches, des torches vives aujourd'hui couvantes, demain simples cendres.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mer 21 Fév 2007, 18:00 | |
| Il est des lieux où meurt l'esprit pour que naisse une vérité qui est sa négation même. Lorsque je suis allé à Djémila, il y avait du vent et du soleil, […].
[…] le vent souffle sur le plateau de Djémila. Dans cette grande confusion du vent et du soleil qui mêle aux ruines la lumière, quelque chose se forme qui donne à l’homme la mesure de son identité avec la solitude et le silence de la ville morte.
Camus, le vent à Djemila, in Noces 1938), folio 16.
Dernière édition par le Mer 21 Fév 2007, 18:06, édité 1 fois | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mer 21 Fév 2007, 18:03 | |
| Dans une splendeur aride, nous avions erré toute la journée. Peu à peu, le vent à peine senti au début de l'après-midi, semblait grandir avec les heures et remplir tout le paysage. Il soufflait depuis une trouée entre les montagnes, loin vers l'est, accourait du fond de l'horizon et venait bondir en cascades parmi les pierres et le soleil.
Sans arrêt, il sifflait avec force à travers les ruines, tournait dans un cirque de pierres et de terre, baignait les amas de blocs grêles, entourait chaque colonne de son souffle et venait se répandre en cris incessants sur le forum qui s'ouvrait dans le ciel.
Je me sentais claquer au vent comme une mâture. Creusé par le milieu, les yeux brûlés, les lèvres craquantes, ma peau se desséchait jusqu'à ne plus être mienne. Par elle, auparavant je déchiffrais l'écriture du monde.
Il y traçait les signes de sa tendresse ou de sa colère, la réchauffant de son souffle d'été ou la mordant de ses dents de givre mais si longuement frotté du vent, secoué depuis plus d'une heure, étourdi de résistance, je perdais conscience du dessin que traçait mon corps. Comme le galet verni par les marées, j'étais poli par le vent, usé jusqu'à l'âme.
Camus, le vent à Djemila, in Noces 1938), folio 16 | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Mer 21 Fév 2007, 18:04 | |
| J'étais un peu de cette force selon laquelle je flottais, puis elle enfin, confondant les battements de mon sang et les grands coups sonores de ce coeur partout présent de la nature. Le vent me façonnait à l'image de l'ardente nudité qui m'entourait. Et sa fugitive étreinte me donnait, pierre parmi les pierres, la solitude d'une colonne ou d'un olivier dans le ciel d'été.
Ce bain violent de soleil et de vent épuisait toutes mes forces de vie. A peine en moi ce battement d'ailes qui affleure, cette vie qui se plaint, cette faible révolte de l'esprit. Bientôt répandu aux quatre coins du monde, oublieux, oublié de moi-même, je suis ce vent et dans le vent, ces colonnes et ces arcs, ces dalles qui sentent chaud et ces montagnes pâles autour de la ville déserte. Et jamais je n'ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde.
Camus, le vent à Djemila, in Noces 1938), folio 16 | |
| | | Yaelle habitué(e)
Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Les écritures du vent Ven 23 Fév 2007, 19:51 | |
| L'OURAGAN
L'ouragan arrache tout autour de moi Et l'ouragan arrache en moi feuilles et paroles futiles. Des tourbillons de passion sifflent en silence. Mais paix sur la tornade sèche, sur la fuite de l'hivernage !
Toi, Vent ardent, Vent pur, Vent-de-belle saison, brûle toute fleur, toute pensée vaine
Quand retombe le sable sur les dunes du coeur. Servante, suspends ton geste de statue, et vous enfants, vos jeux et vos rires d'ivoire.
Toi, quelle consume ta voix avec ton corps, qu'elle sèche le parfum de ta chair La flamme qui illumine ma nuit comme une colonne, comme une palme.
Embrasse mes lèvres de sang, Esprit, souffle sur les cordes de ma kôra Que s'élève mon chant, aussi pur que l'or de Galam.
LEOPOLD SEDAR SENGHOR Chants d'ombre | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Ven 23 Fév 2007, 20:09 | |
| Ouvrez les gens, ouvrez la porte, Je frappe au seuil et à l’auvent, Ouvrez les gens, je suis le vent Qui s’habille de feuille mortes.
Emile Verhaeren | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Les écritures du vent Ven 23 Fév 2007, 20:18 | |
| - Citation :
Ils marchaient sans bruit dans le sable, lentement, sans regarder où ils allaient. Le vent soufflait continûment, le vent du désert, chaud le jour, froid la nuit. Le sable fuyait autour d'eux, entre les pattes des chameaux, fouettait le visage des femmes qui rabattaient la toile bleue sur leurs yeux. Les jeunes enfants couraient, les bébés pleuraient, enroulés dans la toile bleue sur le dos de leur mère. Les chameaux grommelaient, éternuaient. Personne ne savait où on allait.
Le soleil était encore haut dans le ciel nu, le vent emportait les bruits et les odeurs. La sueur coulait lentement sur le visage des voyageurs, et leur peau sombre avait pris le reflet de l'indigo, sur leurs joues, sur leurs bras, le long de leurs jambes. Les tatouages bleus sur le front des femmes brillaient comme des scarabées. Les yeux noirs, pareils à des gouttes de métal, regardaient à peine l'étendue de sable, cherchaient la trace de la pisteentre les vagues des dunes.
Il n'y avait rien d'autre sur la terre, rien, ni personne. Ils étaient nés du désert, aucun autre chemin ne pouvait les conduire. Ils ne disaient rien. Ils ne voulaient rien. Le vent passait sur eux, à travers eux, comme s'il n'y avait personne sur les dunes. Le Clezio, Désert. | |
| | | marie chevalier pilier
Nombre de messages : 6350 Age : 123 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: Les écritures du vent Ven 23 Fév 2007, 20:47 | |
| Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure;
Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deça, delà Pareil à la Feuille morte. verlaine | |
| | | Rechab pilier
Nombre de messages : 41 Date d'inscription : 27/04/2012
| Sujet: debout au vent Dim 01 Juil 2012, 18:29 | |
| - L es terres balayées, griffées des Causses neigeux, chapeautés de gris vert, c’est en silence Qu’elles comptent les saisons Et que les arbres en patience, marquent la distance
Secoués de notre absence, secoués de la main large Du souffle froid régnant sur les domaines désertés Là haut Et , lui, recroquevillé en résistance
Le petit chêne blond au milieu des stries bleues Des pentes grises, qui , d’une volonté tenace Peut-être en prémonition de visite A refusé de laisser ses feuilles partir au vent…
Et accueille malgré tout la lumière
R Chabrière ( texte et photographie ) - 22 Janvier 2012 | |
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