Marguerite Yourcenar

Mon expérience de lecteur pour Yourcenar avec les "mémoires d'Hadrien" décidera peut-être les réticent(e)s : au départ je trouvais le ton très sérieux, voire froid.

L'empereur Hadrien envisageait sa charge avec toute la gravité voulue et d'autre part, pas de folklore historique ! le contexte est vécu de l'intérieur, que ce soit les pbs de la sécurité des territoires, des rites religieux ou la conception de l'histoire. On vit donc l'époque, comme la vit et la voit Hadrien, d'un homme qui veut marquer son temps de son empreinte.

Puis le déclic s'est produit avec l'arrivée d'Antinous, belle scène de rencontre amoureuse. A partir de ce moment, Hadrien homme public et privé s'est mis à vivre sous mes yeux. J'ai compris et aimé ses élans de passion, ses chagrins, ses préoccupations, son recul face à sa charge et à ses courtisans.

Pas de pathos, mais une écriture parfaite qui frémit. Un très beau souvenir de lecture. je préfère de loin les Mémoires d'Hadrien à l'Oeuvre au Noir.

Pour la petite histoire, Yourcenar avait commencé le roman sur Hadrien puis l'avait abandonné.

Bien plus tard elle retrouve le manuscrit totalement oublié dans une de ses malles et l'étincelle jaillit. Elle reprend son travail initial, et avec quel brio !

Fleuve profond, sombre rivière : les negro spirituals
ouvrage
de Marguerite Yourcenar chez Gallimard. 1964. Elle a assuré elle-même les traductions. Certains ont été chantés par Colette Magny, notamment.

Anna, soror...

Oeuvre de jeunesse, mais déjà...
La magnifique chronique d'un amour incestueux, au XVIème siècle, dans la langue classique et admirable de Marguerite Yourcenar.

Les trois volumes d'autobiographie (ou plutôt d'autofiction ?) sont aussi passionnants.

Les mémoires d'Hadrien que je dois relire ... prochainement !!!

Un grain sans aucun doute !

Moi aussi !
Rerelecture dans les projets pour plus tard

Un grain !

Il y a des rencontres sublimes et tardives. Voilà 20 ans que j'ai ce livre dans ma bibliothèque et c'est seulement maintenant que je le lis !

Un pur bonheur, déjà l'écriture de M. Yourcenar, et alors ces contes ou légendes sont ... magnifiques, d'humour, de poésie, de philosophie !

Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar
Collection : L'Imaginaire chez Gallimard



Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles Orientales forment un édifice à part dans œuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement.

Nouvelles orientales (suite)

Orientales, toutes les créatures de Marguerite Youcenar le sont à leur manière, subtilement. L'Hadrein des Mémoires se veut le plus grec des empereurs, comme Zénon, dans la quête de son Oeuvre au Noir, paraît souvent instruit d'autres sagesses que celles de l'Occident.

L'auteur elle-même, cheminant à travers Le Labyrinthe du Monde, poursuit une grande méditation sur le devenir des hommes qui rejoint la pensée bouddhiste.

Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l'Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l'esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d'ailleurs.

Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, " qui aimait l'image des choses et non les choses elles-mêmes ", font écho à l'amertume du vieux Cornelius Berg, " touchant les objets qu'il ne peignait plus ". Marko Kralievitch, le Serbe sans peur qui sait trompait les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d'un roman japonais du XIe siècle, par l'égoïsme du séducteur aveugle à la passion vraie, comme l'amour sublime de sacrifice de la déesse Kâli, " nénuphar de la perfection ", à qui ses malheurs apprendront enfin l'inanité du désir... "



Les nouvelles sont courtes, les raconter dévoilerait trop du charme de leur lecture mais ill y a une superbe et passionnante postface dont j'essaierai de vous donner un aperçu.

"Légendes" est le seul que je n'aie pas...

Ben oui, c'est une passion de famille Yourcenar : ma mère, ma fille et moi

J'ai relu , il y a peu "mémoires d'Hadrien", il faut que je relise les autres..
Pourquoi y -a-t-il si peu d'heures et tant de tentations ?

ah oui," les memoires d'hadrien" !! j'ai oublié de le citer dans Ecriture et homosexualité chez les sciences humaines, mais c'est aussi un vrai roman d'amour et de deuil. Ses acccents les plus personnels et les plus émouvants sont à mon avis dans cet épisode

Personne n'a lu l'oeuvre au noir ? Bien envie de le lire...

Si,si! J'ai lu L'oeuvre au noiret j'ai adoré! je ne me perdrai pas en commentaires superflus, trois mots suffisent: lis le vite!
c'est vraiment magnifique, tant au niveau de la langue, de la narration, de la description des personnages (le héros -si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi, lui le refuserait sûrement!- est une personnalité vraiment incroyable, une sorte synthèse des penseurs humanistes de son temps)et des lieux. C'est en plus une peinture très vivante, très fouillée et extrêmement bien documentée d'une époque si trouble et troublée en Europe.

pour faire rapide : idem Varda

Je l'ai acheté parce que j'aimais beaucoup l'illustration de couverture du folio (très mauvaise raison, je sais), et tout comme Varda et fontelle, j'ai beaucoup beaucoup aimé, tout en m'en voulant car je sais que je suis passée à côté de plein de choses, tant c'est complexe et érudit.
C'est un bouquin que j'aurais aimé étudier au lycée, tiens.

L'érudition de l'Oeuvre au noir est impressionnante, certains dialogues entre Zénon et le prieur sont parfois difficiles à saisir, mais j'ai vraiment aimé. Le style de M.Yourcenar est admirable; cela dit, sa froideur m'a un peu déroutée au début.
Zénon est fascinant, il incarne vraiment bien la période entre le MA et la Renaissance; il est déjà tourné vers l'individu en particulier, et non plus vers la masse des humains.
A lire et relire, sans doute: )

J'avais lu, au temps ou j'étais un brin monomaniaque,
son bouquin sur Mishima :


J'avais bien aimé... mais ça date un peu pour ma mémoire défaillante.

On reproche à yourcenar un certaine froideur au début de ses récits. Pourtant le texte s'anime assez vite, et on y voit de la passion contenue. C'est le cas pour les Memoires d'Hadrien

Je me demande si pour lire Mishima ou la vision du vide il faut bien connaître l'auteur japonais.

C'est sans doute une difficulté d'accès aux livres de Yourcenar que les connaissances sous jacentes qui sont nécessaires pour une bonne lecture.

Une nouvelle exposition aubritish museum bat en brèche l'image d'Hadrien donnée par Yourcenar

Citation :

Marguerite Yourcenar.a donné de lui l’image d’un poète voyageur, rendu encore plus humain par l’amour tragique qui le liait au jeune Antinoüs.
Après d’autres historiens, Thorsten Opper récuse cette «fiction». Il ne saurait tenir grief à l’auteur d’avoir usé de cette liberté dans ce chef-d’œuvre de la littérature.
Mais il lui reproche d’avoir cédé à «l’académisation» de cette prose romanesque, par des ajouts pseudo-scientifiques lui donnant un vernis historique. Riche de son érudition sur la question, elle estimait «n’avoir employé» à son monument «que des pierres authentiques».

Or précise liberation

Citation :

Avant tout, c’était un chef de guerre, un jeune milicien adopté par l’empereur Trajan, un combattant des guerres du Danube, un général qui passa l’essentiel de sa vie sur les routes, un homme sans scrupule capable de mettre à mort un roi venu lui rendre allégeance, pour annexer sa province, ou de faire assassiner des sénateurs mécontents de son accession au pouvoir.

Pour Soussou et Utopie, une invitation à lire cette petite nouvelle.

Comment Wang-Fo fut sauvé des eaux, première des nouvelles orientales, (L’imaginaire, Gallimard) viendrait d’un « apologue taoïste de la vieille Chine ».

Citation :

« Le vieux peintre Wang-Fo et son disciple Ling erraient le long des routes du royaume de Han ».

On leur emboîte le pas, pour remonter à leur rencontre, et vivre leurs aventures picturales : savoir regarder pour bien exprimer ce qu’on voit.

C’est une méditation sur l’Art et la beauté , en même temps que l’apprentissage d’un regard et d’une conception esthétique du monde.

Chacun en tirera une leçon, je propose une piste, mais ce n’est pas la seule.

Mieux vaut être un artiste que l’Empereur de Chine. Pour lui, selon une formule qu’on dirait tirée de Shakespeare,

Citation :

« Le monde n’est qu’un amas de taches confuses, jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes »

Jugement de Ling sur l’Empereur et la cour :

Citation :

« Ces gens-là ne sont pas faits pour se perdre à l’intérieur d’une peinture »

L’écriture de Yourcenar, merveilleusement sobre, épurée, s’accorde avec la leçon esthétique de cette nouvelle.

rotko a écrit:

Pour Soussou et Utopie, une invitation à lire cette petite nouvelle.

Comment Wang-Fo fut sauvé des eaux, première des nouvelles orientales, (L’imaginaire, Gallimard) viendrait d’un « apologue taoïste de la vieille Chine ».

Je les ai lus ... un pur bonheur et tu en parles très bien !

Citation :

L’écriture de Yourcenar, merveilleusement sobre, épurée, s’accorde avec la leçon esthétique de cette nouvelle.

Oui, j'en ai plusieurs à lire et je relirai avec plaisir "Les nouvelles orientales" mais aussi "Les mémoires d'Hadrien", ses livres sont à lire et à relire à mon idée.

Rotko, cette description des Mémoires d'Hadrien me donne envie de retenter l'expérience. A l'époque, je m'étais précipitée sur cet ouvrage, après avoir lu et adoré Anna, Soror, pensant retrouver le style de Maguerine Yourcenar avec la même exaltation, mais j'avais été désappointée par les premières pages... J'y ai souvent repensé depuis, car je n'aime pas abandonner un ouvrage entamé sans l'avoir achevé, quand bien même il me déplaît ou m'ennuie...

bienvenue à toi, Lune, et tiens-nous au courant de ta progression dans les memoires d'hadrien.

Il y aussi dans ce livre une conception de l'histoire bien différente de la nôtre, et j'espère que tu apprécieras les moments où cet homme cultivé et intelligent, touché par un chagrin intime, en vient a recourir à des charlatans pour adoucir sa blessure

slt tout le monde je ss nouveau sur ce chat et j'adore deja....et bien en parlant de yourcenar...on remarque que dans presque la plupart de ses romans il y a la thamatique de l'homosexualite...elle etait lesbienne en fait...et bien je lui trouve bcp de courage de parler de maniere aussi ouverte et je dirais meme detachée ..je viens de finir ALEXIS OU LE TRAITE DU VAIN COMBAT qui est la confession d`un mari a sa femme quant a sa nature...c`est tres bien ecrit...il y a une emotion contenue, temperee....c tres beau...je ss entrain de lire LE TEMPS CE GRAND SCULPTEUR.....je m"ensors assez bien pour le moment...car il est vrai qu'il faut parfois relir les phrases deux fois pour saisir le sens.

J'avais lu Mémoires d'Hadrien, il y a quelques années et laissé tomber.
Je viens de tenter L'oeuvre au noir et à la moitié, rien à faire, je ne m'y fais toujours pas.

Ce n'est pas l'histoire, qui est évidemment édifiante, mais ce style rocailleux, certes savant, mais rocailleux (ben, je ne trouve pas d'autre mot !) me repousse toujours autant.

Je n'ai eu "accès" qu'à ses Nouvelles Orientales... Plus épurées.


Cela m'agace...