Grain de sel - Forum littéraire et culturel
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 Guy Goffette

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coline
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MessageSujet: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyJeu 04 Jan 2007, 23:45

"La poésie est le journal intime d'un animal marin qui est sur terre et qui veut voler".

Plus de vingt recueils de poésie et deux biographies poétiques : Verlaine d'ardoise et de pluie (1995) et Elle par bonheur et toujours nue (1998) consacré au peintre Bonnard au travers de Marthe son modèle, sa femme sur le tard.

Un court roman: « Un été autour du cou », l’aura fait mettre dans un halo de lumière, grâce à un parfum de scandale autour de l’initiation sexuelle d’un jeune campagnard Simon. (Guy Goffette lui-même?... même s’il affirme : « je ne suis pas totalement Simon ».

Né à Jamoigne, en Lorraine belge. Il sera instituteur pendant 28 ans à Harnoncourt.
Il se lance dans l’aventure de l’imprimerie et de l’édition de revues. Il sera même un temps critique littéraire.

"Je me disais aussi : vivre est autre chose que cet oubli du temps qui passe et des ravages de l'amour, et de l'usure (...)". Il fallait fuir aussi la cruauté de l’amour."

A Paris vers l’année 2000, il lit pour les éditions Gallimard.

Sa poésie:

Le jardin est entré dans la cuisine
avec le cheval ivre et le ruisseau lointain
parce que la table était ouverte
à la page la plus blanche de l’été
là où convergent toutes ces routes
que tisse le poème
pour l’aveugle immobile
mains posées sur le bois
la pointe du couteau fichée dans la mémoire
.

(Extrait de “Eloge pour une petite cuisine de province”)


"Couteau et peigne sur la table
l'un près de l'autre avec
le silence sur eux
plus profond que la mer
Entre ces phares l'histoire d'une femme
Qui trancha seule
Les amarres du jour
"

Ses textes lui permettent de continuer encore"un dialogue avec son âme profonde, une fulgurance".
Et il use des mots « pour nommer la calamiteuse détresse de ces jours mal endimanchés, de ces dimanches mal emmanchés ».


« Le temps d'apprivoiser les mots
les oiseaux sont partis
reste la paille
dans l'oeil du paysage
».


"Puis la nuit brusquement
retire son échelle
et comme s'il tombait de plus haut
le mot amour dans les vitrines
éclabousse comme du sang
le visage du matin
La nuit en province tombe dans les yeux bien avant l'âge
comme si la musique bleue autour du temps
devenait plus insupportable à cause de l'aventure
des branches des oiseaux saouls de vertige
- et leurs voiles tissés d'attentes de regrets
les veuves en garnissent le front ridé des fenêtres
dont les plis se resserrent encore au passage des filles peintes: trame
d'une vie jetée comme la nuit
dans un bas sans couture."



« à toutes les musiques errantes, à tous les temps des âmes vacantes, à tous les souffles des lointains reconquis et abandonnés ».


« l’on ne sait plus
si c’est le temps qui passe ou nous
qui passons à travers lui, les mains vides,
comme un train somnambule à travers
la campagne endormie
(…) ».

Goffette vit le "déchirant bonheur d'être nu parmi les ronces".

«Est-ce qu'on peut retenir un nuage en lui attachant les ailes aux pieds de la table?», «Capturer l'ombre qui bouge en lui sautant dessus?...»,

« Au fond, les vrais voyages sont immobiles. Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. Souvent, ils commencent dans une chambre où l’on est enfermé parce qu’il pleut. »


« Il était une fois dans une chambre d’hôtel un homme à sa fenêtre qui attendait la mer. »

Cette « impression de n’avoir jamais commencé, d’être là depuis toujours à attendre que ça veuille bien se mettre en branle. Quoi ? je n’en sais rien. La vie promise, peut-être. »

Ce que j'ai voulu, je l'ignore. Un train
file dans le soir: je ne suis ni dedans
ni dehors. Tout se passe comme si
je logeais dans une ombre
que la nuit roule comme un drap
et jette au pied du talus. Au matin,
dégager le corps, un bras puis l'autre
avec le temps au poignet qui bat. Ce que j'ai voulu, un train
l'emporte: chaque fenêtre éclaire
un autre passager en moi
que celui dont j'écarte au réveil
le visage de bois, les traverses, la mort.
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coline
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyVen 05 Jan 2007, 00:03

Guy Goffette, Solo d'ombres (1983)

« Maintenant c'est le noir »

Maintenant c'est le noir
Les mots c'était hier
dans le front de la pluie
à la risée des écoliers qui
traversent l'automne et la
littérature
comme l'enfer et le paradis
des marelles


Tu prêchais la conversion pénible
des mesures agraires
à des souliers vernis
des sabreuses de douze ans
qui pincent le nez des rues
et giflent la pudeur
des campagnes étroites


Tu prêchais dans les flammes
du bouleau du tilleul
à des glaciers qui n'ont
pas vu la mer encore
et qui la veulent tout de suite
et qui la veulent maintenant


Maintenant c'est le noir tu
changes un livre de place
comme s'il allait dépendre
de ce geste risible en soi
que le chanthyperbole de la poésie
–› ''maintenant c'est le noir''
–› impuissance créatrice,
d'où l'hésitation
entre poésie et prose te revienne
et détourne enfin
avec la poigne de la nuit
le cours forcé
de ta biographie
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyLun 18 Aoû 2008, 15:46

Guy Goffette Gof10
clic !



Il arrive qu'aux femmes sous le boisseau
le vent d'automne apporte les noms mêlés
des enfants qu'elle n'a pas eus,
que se gonflent soudain
leurs vêtements et les cases vides
de l'armoire à photographies
fermée à double tour.
Cependant le miroir les surprend
toujours le peigne à la main
ne sachant de quel côté prendre cette chevelure
pour dénouer sans heurt
la nuit de ses cordages.
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyDim 28 Déc 2008, 08:17

Elle, par bonheur, et toujours nue chez Folio

Guy Goffette Gof10

Citation :
« Entre la beauté que vous, Pierre Bonnard, m'avez jetée dans les bras, sans le savoir, et celle que vous avez aimée au long de quarante-neuf années, il y a un monde, ou ce n'est pas de la peinture.
Il y a un monde et c'est l'aventure du regard, avec ses ombres, ses lumières, ses accidents et ses bonheurs. Un monde en apparence ouvert et pourtant fermé comme une vie d'homme. Les clés pour y pénétrer ne sont pas dans les livres, pas dans la nature, mais très loin derrière nos yeux, dans ce jardin où l'enfance s'est un jour assise, le coeur battant, pour attendre la mer.

C'est là qu'il faut aller.

C'est là que Marthe m'a rejoint dans le musée à colonnade et m'a sauvé de la solitude et de l'ennui où je mourais. »
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyDim 28 Déc 2008, 08:24

Auden ou l'oeil de la baleine chez Gallimard.

Ce livre raconte la rencontre entre le poete français et William Auden, le poète anglais.

j'en extrais ce passage qui interessera ceux qui aiment les baleines

Citation :
Ici c’est Talknafjordur, une station baleinière de la côte nord de l’Islande :[…]
L’étal de boucherie est à ciel ouvert : cinq baleines halées sur la berge rocheuse, cinq grandes baleine bleues dans lesquelles des hommes en bras de chemise ou le torse nu, ruisselant de sueur, pataugent en craint ; cinq montagnes de chair rose ou blanche qu’ils fendent à coups de pic, de croc, de hache, d’écarteur, et le sang gicle et les plaisanteries fusent, qu’ils se renvoient comme des ouvriers du bâtiment d’un échafaudage l’autre.

Et tout autour, il y a la mer qui saigne tant qu’elle peut, éclaboussant les museaux intacts, et plantés à l’écart comme des statues, ces trois témoins qui crient à gorge nouée.

Et dans leur dos une radio qui joue à plein tube I want to Be Bad, pendant qu’un canari invisible s’évertue à combler les blancs de deux trois notes, toujours les mêmes inlassablement répétées.
Guy Goffette, Auden ou l'oeil de la baleine chez Gallimard.
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyJeu 08 Oct 2009, 16:48

Guy Goffette Frauaufdemsoeller


L’attente


Si tu viens pour rester, dit-elle, ne parle pas.
Il suffit de la pluie et du vent sur les tuiles,
il suffit du silence que les meubles entassent
comme poussière depuis des siècles sans toi.

Ne parle pas encore. Écoute ce qui fut
lame dans ma chair : chaque pas, un rire au loin,
l’aboiement du cabot, la portière qui claque
et ce train qui n’en finit pas de passer sur mes os.

Reste sans paroles : il n’y a rien à dire.
Laisse la pluie redevenir la pluie
et le vent cette marée sous les tuiles,
laisse le chien crier son nom dans la nuit,
la portière claquer, s’en aller l’inconnu
en ce lieu nul où je mourais.


Reste si tu viens pour rester.


(La vie promise, in Eloge pour une cuisine de province)
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyDim 22 Nov 2009, 10:13

L'heure vient où l'enfant refuse
de se coucher tant que le jour
reste assis dans le pommier
muet depuis l'hiver.
Lui dire que la terre a basculé
pour voler au soleil l'eau courbe et la palette des fruits
revient à combler un fossé
qui n'existe pas

(Eloge pour une cuisine de province)
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyVen 09 Déc 2011, 15:02

La prisonnière

Non, vraiment la douceur des mots t'égare
et la pluie ritournelle d'automne contre le vitre
fait dérailler lentement le train où je ne peux voyager
avec toi
sauf en rêve car ici est une voie de garage
et si l'herbe ne pousse pas encore entre mes jambes
c'est que je reste debout et piétine comme une jument
impatiente d'attraper la mer qui baîlle entre les
collines
où je n'enfante que mirage de verre, de murs blancs,
de lessives
Non, la cuisine que tu chantes n'est pas de mon sang
sa voix de sucre candi m'arrache la gorge - et si tu
n'entends pas mon cri
sache au moins que c'est lui qui me porte avec toi
contre toi -
et la glu de ses bras me coule dans le dos et me tache.
Regarde mon tablier: toutes les fleurs sont fanées
et je ne garde rien de l'odeur des près
où j'aurais tant voulu mourir contre toi avec l'été.
Vois cette ombre plutôt qui grandit sur le papier réglé
quatre sur quatre
(papier-musique à dissonance sans autre musicien
que l'angoisse)
qui grandit à mesure que les invités s'en vont
et qui tombe sur moi d'un coup et m'écrase de tout
son poids
de montagne rabotée basse et stérile - ah, ces désirs
dans la chair à vif qui rentrent leur ongles! -
c'est elle la marâtre qui de l'aube à la nuit me livre
entre ces quatre murs, à ses amants de passage
qui m'écartèlent entre l'évier et le buffet
et mon corps comme à l'estrapade sur la table se sépare
et j'ai dix mains tout à coup, dix oreilles
et la fleuve de voix, des rires, me traverse
sans que j'y puisse même tremper les lèvres
et boire ce filet de ciel égaré dans l'oeil de mes enfants
et quand le fleuve tarit (il est neuf heures déjà)
je reste avec un grand désert sur les bras
---- Toi, tu as passé les collines et tu ne sais plus rien.

Parti Nulle

Toujours une chaise manque au bonheur,
et la chambre est trop vaste (ou c'est la main
soudainement avide qui tâtonne dans la lumière)
et tous nos subterfuges n'y changent rien,
comme d'ajouter une plante dans le coin mort,
un napperon sous le vase _ les fleurs fraîches
ont dans leurs plis quelque chose de trop vif:
un air de reproche, de douloureux défi
qui fausse nos moindres élans. Dehors même,
il nous faut marcher l'amble plus longtemps,
soudés l'un à l'autre, pour que s'estompe,
avec nos ombres sur l'asphalte,
le bruit des pièces à jamais perdues.




Guy Goffette Images?q=tbn:ANd9GcT9Ip9scfAfUXwbLdzZF4K6rF1nbnswFYZlSmpIIgnMG-w1KZR55A
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptySam 13 Avr 2013, 05:51

Guy Goffette Gg10

Simon, le narrateur d' Un été autour du cou, devenu adulte, recompose le passé de son père et l'histoire de ce qui les a si longtemps séparés. Devant le cercueil de cet homme qu'il n'a pas vu mourir, Simon se souvient d'un père rude, exigeant, incapable d'exprimer son affection, dont il aura attendu en vain un geste, un mot capable de lui donner confiance. Comment retrouver la tendresse de l'amour qu'on croyait perdu ?
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MessageSujet: Re: Guy Goffette   Guy Goffette EmptyLun 06 Mai 2013, 15:32

rotko a écrit:
Guy Goffette Gg10

Simon, le narrateur d' Un été autour du cou, devenu adulte, recompose le passé de son père et l'histoire de ce qui les a si longtemps séparés. Devant le cercueil de cet homme qu'il n'a pas vu mourir, Simon se souvient d'un père rude, exigeant, incapable d'exprimer son affection, dont il aura attendu en vain un geste, un mot capable de lui donner confiance. Comment retrouver la tendresse de l'amour qu'on croyait perdu ?

Je découvre Guy Goffette par ce roman. Je ne sais pas pourquoi, jusqu'à présent je n'avais rien lu de lui. Géronimo me plaît vraiment beaucoup, je suis ravie de le découvrir. J'ai jeté un coup d'oeil aux poèmes qui ont été reproduits ici et je dois dire qu'eux aussi me plaisent. Je ne manquerai pas d'acheter l'un ou l'autre volume de ses poèmes, question de voir. Ceci est ma première intervention sur le forum, que je trouve très plaisant. Merci donc pour cette rencontre.
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