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| | Guy Goffette | |
| | Auteur | Message |
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coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Guy Goffette Jeu 04 Jan 2007, 23:45 | |
| "La poésie est le journal intime d'un animal marin qui est sur terre et qui veut voler".
Plus de vingt recueils de poésie et deux biographies poétiques : Verlaine d'ardoise et de pluie (1995) et Elle par bonheur et toujours nue (1998) consacré au peintre Bonnard au travers de Marthe son modèle, sa femme sur le tard.
Un court roman: « Un été autour du cou », l’aura fait mettre dans un halo de lumière, grâce à un parfum de scandale autour de l’initiation sexuelle d’un jeune campagnard Simon. (Guy Goffette lui-même?... même s’il affirme : « je ne suis pas totalement Simon ».
Né à Jamoigne, en Lorraine belge. Il sera instituteur pendant 28 ans à Harnoncourt. Il se lance dans l’aventure de l’imprimerie et de l’édition de revues. Il sera même un temps critique littéraire.
"Je me disais aussi : vivre est autre chose que cet oubli du temps qui passe et des ravages de l'amour, et de l'usure (...)". Il fallait fuir aussi la cruauté de l’amour."
A Paris vers l’année 2000, il lit pour les éditions Gallimard.
Sa poésie:
Le jardin est entré dans la cuisine avec le cheval ivre et le ruisseau lointain parce que la table était ouverte à la page la plus blanche de l’été là où convergent toutes ces routes que tisse le poème pour l’aveugle immobile mains posées sur le bois la pointe du couteau fichée dans la mémoire.
(Extrait de “Eloge pour une petite cuisine de province”)
"Couteau et peigne sur la table l'un près de l'autre avec le silence sur eux plus profond que la mer Entre ces phares l'histoire d'une femme Qui trancha seule Les amarres du jour"
Ses textes lui permettent de continuer encore"un dialogue avec son âme profonde, une fulgurance". Et il use des mots « pour nommer la calamiteuse détresse de ces jours mal endimanchés, de ces dimanches mal emmanchés ».
« Le temps d'apprivoiser les mots les oiseaux sont partis reste la paille dans l'oeil du paysage».
"Puis la nuit brusquement retire son échelle et comme s'il tombait de plus haut le mot amour dans les vitrines éclabousse comme du sang le visage du matin La nuit en province tombe dans les yeux bien avant l'âge comme si la musique bleue autour du temps devenait plus insupportable à cause de l'aventure des branches des oiseaux saouls de vertige - et leurs voiles tissés d'attentes de regrets les veuves en garnissent le front ridé des fenêtres dont les plis se resserrent encore au passage des filles peintes: trame d'une vie jetée comme la nuit dans un bas sans couture."
« à toutes les musiques errantes, à tous les temps des âmes vacantes, à tous les souffles des lointains reconquis et abandonnés ».
« l’on ne sait plus si c’est le temps qui passe ou nous qui passons à travers lui, les mains vides, comme un train somnambule à travers la campagne endormie (…) ».
Goffette vit le "déchirant bonheur d'être nu parmi les ronces".
«Est-ce qu'on peut retenir un nuage en lui attachant les ailes aux pieds de la table?», «Capturer l'ombre qui bouge en lui sautant dessus?...»,
« Au fond, les vrais voyages sont immobiles. Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. Souvent, ils commencent dans une chambre où l’on est enfermé parce qu’il pleut. »
« Il était une fois dans une chambre d’hôtel un homme à sa fenêtre qui attendait la mer. »
Cette « impression de n’avoir jamais commencé, d’être là depuis toujours à attendre que ça veuille bien se mettre en branle. Quoi ? je n’en sais rien. La vie promise, peut-être. »
Ce que j'ai voulu, je l'ignore. Un train file dans le soir: je ne suis ni dedans ni dehors. Tout se passe comme si je logeais dans une ombre que la nuit roule comme un drap et jette au pied du talus. Au matin, dégager le corps, un bras puis l'autre avec le temps au poignet qui bat. Ce que j'ai voulu, un train l'emporte: chaque fenêtre éclaire un autre passager en moi que celui dont j'écarte au réveil le visage de bois, les traverses, la mort. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: Guy Goffette Ven 05 Jan 2007, 00:03 | |
| Guy Goffette, Solo d'ombres (1983)
« Maintenant c'est le noir » Maintenant c'est le noir Les mots c'était hier dans le front de la pluie à la risée des écoliers qui traversent l'automne et la littérature comme l'enfer et le paradis des marelles
Tu prêchais la conversion pénible des mesures agraires à des souliers vernis des sabreuses de douze ans qui pincent le nez des rues et giflent la pudeur des campagnes étroites
Tu prêchais dans les flammes du bouleau du tilleul à des glaciers qui n'ont pas vu la mer encore et qui la veulent tout de suite et qui la veulent maintenant
Maintenant c'est le noir tu changes un livre de place comme s'il allait dépendre de ce geste risible en soi que le chanthyperbole de la poésie –› ''maintenant c'est le noir'' –› impuissance créatrice, d'où l'hésitation entre poésie et prose te revienne et détourne enfin avec la poigne de la nuit le cours forcé de ta biographie | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guy Goffette Lun 18 Aoû 2008, 15:46 | |
| clic ! Il arrive qu'aux femmes sous le boisseau le vent d'automne apporte les noms mêlés des enfants qu'elle n'a pas eus, que se gonflent soudain leurs vêtements et les cases vides de l'armoire à photographies fermée à double tour. Cependant le miroir les surprend toujours le peigne à la main ne sachant de quel côté prendre cette chevelure pour dénouer sans heurt la nuit de ses cordages. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guy Goffette Dim 28 Déc 2008, 08:17 | |
| Elle, par bonheur, et toujours nue chez Folio - Citation :
- « Entre la beauté que vous, Pierre Bonnard, m'avez jetée dans les bras, sans le savoir, et celle que vous avez aimée au long de quarante-neuf années, il y a un monde, ou ce n'est pas de la peinture.
Il y a un monde et c'est l'aventure du regard, avec ses ombres, ses lumières, ses accidents et ses bonheurs. Un monde en apparence ouvert et pourtant fermé comme une vie d'homme. Les clés pour y pénétrer ne sont pas dans les livres, pas dans la nature, mais très loin derrière nos yeux, dans ce jardin où l'enfance s'est un jour assise, le coeur battant, pour attendre la mer.
C'est là qu'il faut aller.
C'est là que Marthe m'a rejoint dans le musée à colonnade et m'a sauvé de la solitude et de l'ennui où je mourais. » | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guy Goffette Dim 28 Déc 2008, 08:24 | |
| Auden ou l'oeil de la baleine chez Gallimard. Ce livre raconte la rencontre entre le poete français et William Auden, le poète anglais. j'en extrais ce passage qui interessera ceux qui aiment les baleines - Citation :
- Ici c’est Talknafjordur, une station baleinière de la côte nord de l’Islande :[…]
L’étal de boucherie est à ciel ouvert : cinq baleines halées sur la berge rocheuse, cinq grandes baleine bleues dans lesquelles des hommes en bras de chemise ou le torse nu, ruisselant de sueur, pataugent en craint ; cinq montagnes de chair rose ou blanche qu’ils fendent à coups de pic, de croc, de hache, d’écarteur, et le sang gicle et les plaisanteries fusent, qu’ils se renvoient comme des ouvriers du bâtiment d’un échafaudage l’autre.
Et tout autour, il y a la mer qui saigne tant qu’elle peut, éclaboussant les museaux intacts, et plantés à l’écart comme des statues, ces trois témoins qui crient à gorge nouée.
Et dans leur dos une radio qui joue à plein tube I want to Be Bad, pendant qu’un canari invisible s’évertue à combler les blancs de deux trois notes, toujours les mêmes inlassablement répétées. Guy Goffette, Auden ou l'oeil de la baleine chez Gallimard. | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Guy Goffette Jeu 08 Oct 2009, 16:48 | |
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L’attente
Si tu viens pour rester, dit-elle, ne parle pas. Il suffit de la pluie et du vent sur les tuiles, il suffit du silence que les meubles entassent comme poussière depuis des siècles sans toi.
Ne parle pas encore. Écoute ce qui fut lame dans ma chair : chaque pas, un rire au loin, l’aboiement du cabot, la portière qui claque et ce train qui n’en finit pas de passer sur mes os.
Reste sans paroles : il n’y a rien à dire. Laisse la pluie redevenir la pluie et le vent cette marée sous les tuiles, laisse le chien crier son nom dans la nuit, la portière claquer, s’en aller l’inconnu en ce lieu nul où je mourais.
Reste si tu viens pour rester.
(La vie promise, in Eloge pour une cuisine de province) | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Guy Goffette Dim 22 Nov 2009, 10:13 | |
| L'heure vient où l'enfant refuse de se coucher tant que le jour reste assis dans le pommier muet depuis l'hiver. Lui dire que la terre a basculé pour voler au soleil l'eau courbe et la palette des fruits revient à combler un fossé qui n'existe pas
(Eloge pour une cuisine de province) | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Guy Goffette Ven 09 Déc 2011, 15:02 | |
| La prisonnièreNon, vraiment la douceur des mots t'égare et la pluie ritournelle d'automne contre le vitre fait dérailler lentement le train où je ne peux voyager avec toi sauf en rêve car ici est une voie de garage et si l'herbe ne pousse pas encore entre mes jambes c'est que je reste debout et piétine comme une jument impatiente d'attraper la mer qui baîlle entre les collines où je n'enfante que mirage de verre, de murs blancs, de lessives Non, la cuisine que tu chantes n'est pas de mon sang sa voix de sucre candi m'arrache la gorge - et si tu n'entends pas mon cri sache au moins que c'est lui qui me porte avec toi contre toi - et la glu de ses bras me coule dans le dos et me tache. Regarde mon tablier: toutes les fleurs sont fanées et je ne garde rien de l'odeur des près où j'aurais tant voulu mourir contre toi avec l'été. Vois cette ombre plutôt qui grandit sur le papier réglé quatre sur quatre (papier-musique à dissonance sans autre musicien que l'angoisse) qui grandit à mesure que les invités s'en vont et qui tombe sur moi d'un coup et m'écrase de tout son poids de montagne rabotée basse et stérile - ah, ces désirs dans la chair à vif qui rentrent leur ongles! - c'est elle la marâtre qui de l'aube à la nuit me livre entre ces quatre murs, à ses amants de passage qui m'écartèlent entre l'évier et le buffet et mon corps comme à l'estrapade sur la table se sépare et j'ai dix mains tout à coup, dix oreilles et la fleuve de voix, des rires, me traverse sans que j'y puisse même tremper les lèvres et boire ce filet de ciel égaré dans l'oeil de mes enfants et quand le fleuve tarit (il est neuf heures déjà) je reste avec un grand désert sur les bras ---- Toi, tu as passé les collines et tu ne sais plus rien. Parti NulleToujours une chaise manque au bonheur, et la chambre est trop vaste (ou c'est la main soudainement avide qui tâtonne dans la lumière) et tous nos subterfuges n'y changent rien, comme d'ajouter une plante dans le coin mort, un napperon sous le vase _ les fleurs fraîches ont dans leurs plis quelque chose de trop vif: un air de reproche, de douloureux défi qui fausse nos moindres élans. Dehors même, il nous faut marcher l'amble plus longtemps, soudés l'un à l'autre, pour que s'estompe, avec nos ombres sur l'asphalte, le bruit des pièces à jamais perdues. |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Guy Goffette Sam 13 Avr 2013, 05:51 | |
| Simon, le narrateur d' Un été autour du cou, devenu adulte, recompose le passé de son père et l'histoire de ce qui les a si longtemps séparés. Devant le cercueil de cet homme qu'il n'a pas vu mourir, Simon se souvient d'un père rude, exigeant, incapable d'exprimer son affection, dont il aura attendu en vain un geste, un mot capable de lui donner confiance. Comment retrouver la tendresse de l'amour qu'on croyait perdu ? | |
| | | Fleurdebitume neophyte
Nombre de messages : 3 Age : 67 Date d'inscription : 06/05/2013
| Sujet: Re: Guy Goffette Lun 06 Mai 2013, 15:32 | |
| - rotko a écrit:
Simon, le narrateur d' Un été autour du cou, devenu adulte, recompose le passé de son père et l'histoire de ce qui les a si longtemps séparés. Devant le cercueil de cet homme qu'il n'a pas vu mourir, Simon se souvient d'un père rude, exigeant, incapable d'exprimer son affection, dont il aura attendu en vain un geste, un mot capable de lui donner confiance. Comment retrouver la tendresse de l'amour qu'on croyait perdu ? Je découvre Guy Goffette par ce roman. Je ne sais pas pourquoi, jusqu'à présent je n'avais rien lu de lui. Géronimo me plaît vraiment beaucoup, je suis ravie de le découvrir. J'ai jeté un coup d'oeil aux poèmes qui ont été reproduits ici et je dois dire qu'eux aussi me plaisent. Je ne manquerai pas d'acheter l'un ou l'autre volume de ses poèmes, question de voir. Ceci est ma première intervention sur le forum, que je trouve très plaisant. Merci donc pour cette rencontre. | |
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