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 Claude Esteban

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coline
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MessageSujet: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyMer 08 Nov 2006, 14:53

Claude Esteban

Né en 1935. Poète, préfacier et essayiste et traducteur de l'espagnol, il a écrit une quarantaine d'ouvrages. Il a fondé et dirigé pendant plusieurs années la collection Poésie chez Flammarion.
Lauréat du Prix Goncourt de poésie en 2001 pour Morceau de ciel presque rien.
Il entretenait un lien étroit avec la peinture qu'il a défini dans l'Ordre donné à la nuit (2005), à propos d'une peinture de Caravage : "Tout langage de poésie, et la peinture en est une des plus pures manifestations, unit de manière insécable le signifiant et signifié, la lettre et l'esprit qui l'anime et s'agissant d'une image peinte, le paraître et ce qu'il donne à voir, ce qu'il propose et ce qu'il suggère, tout se lie et lit et se revèle conjointement."
Il est mort en avril 2006.


Bibliographie succinte :

Poésie :

Le jour à peine écrit, Gallimard, 2006

Morceau de ciel presque rien, Gallimard, 2001

Sur la dernière lande, Fourbis, 1996

Quelqu'un commence à parler dans une chambre, Flammarion, 1995

Sept jours d'hier, Fourbis, 1993

L'insomnie, journal, Fourbis, 1991

Élégie de la mort violente, Flammarion, 1989

Le Nom et la Demeure, Flammarion, 1985

Conjonctures du corps et du jardin, Flammarion 1983

Terres, travaux de coeur, Flammarion, 1979

Essais :

D'une couleur qui fut donnée à la mer, Fourbis, 1998

Le Travail du visible, Fourbis, 1992

Soleil dans une pièce vide, Flammarion, 1991

Le Partage des mots, Gallimard, 1990

Critique de la raison poétique, Flammarion, 1987

Traces, figures, traversées, Galilée, 1985

Un lieu hors de tout lieu, Galillée, 1979

L'immédiat et l'inaccessible, Galilée, 1978
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coline
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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyMer 08 Nov 2006, 14:54

Ce sera le soir, la même heure
du soir, les colombes
commenceront à se poser sur les branches,
quelqu'un dira, comme
l'herbe est haute, allons nous asseoir,
racontons-nous

pour passer le temps une histoire un peu folle,
celle d'un roi

qui croyait tout savoir et qui perdit
tout, quelqu'un

dira, c'en est fini des fables
tristes, oublions-les,

comme le soleil se couche lentement.

. . . . .

Tout sera fini, nous regarderons
un petit arbre rose
et les pétales tomberont sur nous
doucement, il y aura

du soleil et sans doute au loin la forme
vague d'un nuage

comme pour dire que les choses
ne pèsent plus et ce sera
comme si le malheur était une histoire
vieille,

si vieille que personne ne se souvient.

(Poème extrait de Un certain accent, anthologie de poésie contemporaine, atelier des brisants, 2002 )
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coline
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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyMer 08 Nov 2006, 15:06

lundi des Poètes

Lundi 13 novembre 2006

Hommage à Claude Esteban

l'Hôtel Claret / 44 bd de Bercy / Paris 12e (Métro Bercy)

à 19 heures précises (durée : 1 heure environ)
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MessageSujet: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyMar 19 Juin 2007, 04:22

« Qui songerait, même au soir de la plus vive attente, à reconnaître dans ses mots un sillage de ce qui fut ? À peine écrit, le jour appelle un autre jour et nous distance. Sur les pouvoirs de la parole, trop de soupçons, depuis longtemps, ont pesé. Il faut vivre avec eux. Mais le matin est là, l'heure nouvelle est urgente. À tous ces riens de l'air, à ces présences sans profil, il faut un corps qui les accueille, un nom aussi, par-delà tous les signes effacés. »
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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyMar 19 Juin 2007, 04:33

Claude Esteban Esteb10
clic !


Citation :
Le jour à peine écrit (1967-2002), aux éditions Gallimard, cherche à rendre compte, par de longues séquences, d’une trajectoire d’écriture qui se manifeste et se confirme à travers quatre livres majeurs de Claude Esteban, écrits entre 1967 et 1992 : Terres, travaux du cœur, Le Nom et la Demeure, Elégie de la mort violente, Quelqu’un commence à parler dans une chambre
.
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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyJeu 21 Juin 2007, 18:13


la mort à distance
est le poème-testament, ou le testament poétique, de Claude Esteban, poème terrible et magnifique, écrit avant, pendant et après son hospitalisation – juste avant sa mort.

Sa construction parfaite en cinq parties, faisant alterner des récits en vers minimalistes avec des poèmes courts ou des proses poétiques, sa langue épurée et musicale témoignent de l’extrême lucidité de l’auteur devant la mort qui vient.

Claude Esteban Esteba10


Citation :
Le mensonge est le recours des consciences obscures, celles qui prétendent ne douter jamais. Qu’ai-je à craindre maintenant que la nuit tombe ? Mes livres sont achevés, peut-être dureront-ils un peu, mais les signes vieillissent déjà sur la page ...
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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyJeu 12 Nov 2009, 13:15

Ce soir, même une feuille
qui bouge
fait trop de bruit.

Au premier mot
j'ai compris que je faisais fausse route
dans ma bouche

Ni l'équerre ni le compas
n'ont pu mesurer
un arbre .

N'ajoute pas de la poussière
à la poussière
laisse devant la chambre tes souliers.

peut-être qu'on respire encore
sous les racines
et que le ciel oublie

Quelqu'un crie
que tout est noir , mais c'est dans sa tête
qu'il se cogne

Dans la mémoire des autres
nos blessures
guérissent toujours

J'ai compté sept gouttes de pluie
sur un pétale
sept bonnes pensées

Je porterai
le temps sur l'épaule
pour marcher mieux

la lumière qu'on cherchait
ensemble
n'est plus jamais revenue

A moi, rien qu'à moi
je ne partage avec personne
querelle de moineaux

ce papillon je l'ai vu
dans un autre rêve
il y a mille ans

A ne désaltérer que l'absolu
l'eau
devient sèche

Il se trompe le soleil
il écrit chaque jour
de droite à gauche

Et sur le mur
cette ombre
qui n'appartient à personne

Cette rumeur , c'est peut être
une étoile
tombée dans l'herbe

Au temps de l'encrier
même les mots
avaient une odeur violette

Avant de quitter le jardin
il embrassa
l'écorce d'un saule.

(Ecorces, in Morceaux de ciel, presque rien)
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Luca
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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyJeu 27 Sep 2012, 16:54

Je ne l'avais jamais lu et je viens de faire une magnifique promenade en sa compagnie.

L'ordre donné à la nuit (2005) est publié dans la collection Verdier L'Image. Chacun des auteurs de cette collection évoque une image unique ayant occupé ou occupant encore une place essentielle au cœur de sa réflexion, de ses rêveries ou de sa création. Pour Claude Esteban, il s'agit de la toile La Vocation de saint Matthieu, peinte il y a quatre siècles par Le Caravage.

Claude Esteban Vocati10
CLIC
L'auteur nous offre une balade intime en sa compagnie lors de laquelle il discute de l'art, de la peinture en particulier, mais aussi des mots, de l'inspiration créatrice et enfin de la poésie. On a l'impression de marcher à côté en l'écoutant sagement. Même si je ne partage pas tout ce qu'il dit, notamment au sujet des courants de peinture formalistes (car j'ai l'impression qu'il oublie ce que suggère Rimbaud : « Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. »), j'ai apprécié le voyage et l'invitation à la réflexion, presque un dialogue imaginaire.

Sur La Vocation de saint Matthieu :
Citation :

Au laconisme du récit, à l’obéissance immédiate du publicain, paradigme parfait pour l’âme chrétienne, Caravage substitue une dramaturgie des passions autrement complexe, toute nimbée de mystère, de vacillement, de perplexité. Et le tableau lui-même, par la distribution spatiale des personnages, la dissymétrie délibérée de la composition, et plus flagrante aux yeux, la bataille que semblent se livrer ici les ombres et la lumière, traduit ces atermoiements d’un homme devant sa destinée. D’une part, surpris dans leurs calculs ou leurs plaisirs, les protagonistes du monde profane, vieillards cupides penchés sur une table, jeunes garçons paradant avec nonchalance dans leurs costumes chamarrés, jouant aux dés ou comptant des pièces de monnaie, n’importe, mais prisonniers de leurs gains, de leur goût du lucre, prêts, s’il le faut, à quelque querelle de spadassins – crépitement de couleurs vives –, et d’autre part, surgissant de la ténèbre fuligineuse, et le corps comme occultés derrière une silhouette sombre [Pierre], cette figure imposante qui ne se révèle que par un profil, un bras tendu, un doigt qui se dirige, telle une flèche inflexible, vers l’homme qui ne peut comprendre, lui, le collecteur d’impôts, le protecteur de l’usure et de la lésine, qu’il est requis d’abandonner son poste et ses profits pour suivre celui dont il ignore même le nom. Autour, rien que le confinement d’une chambre, et surplombant tous les acteurs, l’opacité d’une fenêtre qui ne s’ouvre plus sur le jour.

Sur les mots :
Citation :
J’avais dû subir le partage permanent entre deux idiomes qui se combattaient en moi, et ce dédoublement verbal avait accru ma défiance à l’endroit du langage et de ses capacités à rendre compte, à tout le moins, d’une couleur, d’un instant de ciel, de l’objet le plus modeste qui réclamait que je le nomme. Presque toujours, il me fallait choisir, c’est-à-dire, privilégier, aux dépens d’un autre, tel aspect, telle incidence, telle émotion ressentie que tantôt le français, tantôt l’espagnol cernait de façon plus probante. Mais ce n’était là qu’une approche fragmentaire, insuffisante, sans cesse à reprendre. Chaque langue m’imposait sa version des choses, et je ne parvenais à les conjoindre que par le truchement de translations éprouvantes, d’approximations, d’équivalences provisoires où la solidité et le substrat du monde se dérobaient à mon désir. Avais-je les moyens de rompre avec ce maléfice, de convoquer dans les vocables plus qu’une ombre, ou devais-je me résoudre à cette altération comme irrémédiable de la réalité, sitôt que je tentais de m’en saisir avec une poignée de signes, rassemblés au hasard et qui ne m’appartenais pas ? J’ai longtemps imaginé qu’il n’y avait pour moi d’autre issue qu’une parole toujours fautive ou le mutisme, et que l’écriture m’était interdite, puisque je ne parvenais pas à la soustraire à « l’universel reportage », tel que le définit Mallarmé, où ces mots ne sont plus qu’une monnaie d’échange dans le commerce du quotidien, une sorte de troc hasardeux des consciences qui s’ignorent.
Et sur la poésie :
Citation :
Tout comme le visage, une fois questionné, harcelé par Giacometti, et même saccagé par Francis Bacon, résiste aux mandements négatifs, aux interdits, aux blasphèmes, je pense que la poésie peut échapper aux contraintes qu’on lui inflige, à cette insularité qui la protège des atteintes du dehors et qui l’étouffe. Il lui appartient, de par ses origines orales, de faire entendre derechef une voix, celle qui s’élève hors des paroles écrites, et qui lui restitue une ampleur qui excède la page et la seule intervention des yeux qui lisent. Car la voix, tout autant que le visage pour Giacometti, est en vérité un geste de la parole tourné vers autrui, un élan volitif qui se dirige, lui aussi, vers l’étranger reconnu dans son identité, exigeant de moi que je l’admette dans sa différence, et m’adressant à lui, que je me confirme dans mon être personnel.


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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptyMar 12 Fév 2013, 07:38

Extrait de La mort à distance, sa dernière œuvre, la toute première, peut-être?

"Un arbre
n'est jamais plus vrai
que dans le rêve de ce jardin fou
qu'on invente."

Et encore ceci, écrit en italique :

l'épaisseur d'un cheveu métallique
entre la mort et moi

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MessageSujet: Re: Claude Esteban   Claude Esteban EmptySam 16 Fév 2013, 08:25

Dans son autobiographie Le partage des mots, le poète issu d'une mère française et d'un père espagnol revient sur son bilinguisme et d'une manière générale sur le langage :

"La sémiotique a beau nous en assurer, le langage ne constitue pas pour l'enfant cette belle ordonnance de signes qui permet de comparer, de classer, de hiérarchiser les significations éparses; il est une illumination, une épiphanie du Sens, indissociable de l'Etre, à travers les mot consentis."
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MessageSujet: "Dieu transparent"    Claude Esteban EmptySam 02 Mar 2013, 09:07

Ecrit de 1976 à 1978, ce recueil de Claude Esteban reflète un mysticisme qui ne dit pas son nom et qui en apparence refuse une transcendance -d'où le titre Dieu transparent, qui témoigne pourtant d'une recherche. La poésie, aux aspirations aériennes, est partagée entre l'appel du ciel et l'attraction de la terre, ce qui donne de très beaux poèmes.

J'ai retenu celui-ci :

Etoilement parmi les signes
de l'espace.
Flamme
au-delà des feux.

Voici que chaque mur
vacille
et cherche l'ombre informulable
pour survivre.

Un astre - et le matin
s'accroît.
Une pensée

- et la houle l'emporte vers sa gloire.

Le ciel n'a pas failli.

Libre le coeur, , légitime soudain
l'usure dans l'immense.
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