William Faulkner

cafeine a écrit:

En fait je t'indique les deux seuls dans lequel j'ai trouvé un peu de lumière, avec une préférence pour le premier.

Je note, merci !

sousmarin a écrit:

« Elle était arrivée au sol avec sa robe, que le vent avait déchirée ou libérée des courroies du parachute, remontée jusqu'aux aisselles, et elle avait été traînée le long du terrain jusqu'à ce qu'elle fût rejointe par une foule hurlante d'hommes et de jeunes gens, au centre de laquelle elle était maintenant étendue à terre, vêtue seulement, des pieds à la ceinture, de boue, des courroies du parachute et de ses bas. »

Pylône De William Faulkner


Très belle écriture, l’image est parfaite mais trop travaillée pour être émotionnellement touchante…

que te manques tu dans cette image?

Citation :

une foule hurlante d'hommes et de jeunes gens, au centre de laquelle elle était maintenant étendue à terre, vêtue seulement, des pieds à la ceinture, de boue, des courroies du parachute et de ses bas. »

Citation :

ça dérape à "au centre de laquelle"

et "au milieu desquels", ça t'irait ?

difficile de se prononcer sur une phrase traduite et isolée du contexte.

Imagine (hypothèse gratuite) qu'il veuille en faire un tableau, comme celui d'un calvaire, cela justifierait ce "au centre de laquelle" ?

Faut voir ; personnellement, je serais plus sensible à une retenue d'émotion, à une apparente froideur, qu'à un surplus de pathos...

queenieinlove a écrit:

j'avais été bouleversée par Le bruit et La fureur. Un livre remarquable, une véritable oeuvre d'art. Moins convaincue par Lumière d'août (mais je vais l'avouer, je pense l'avoir lu trop vite, trop frénétique d'avoir à nouveau faulkner dans les mains)

donc il faut que je m'y remette également !!! à tous prix

Fontelle : moi aussi Hemingway m'a bien moins fait d'effets...

Je viens de finir la premier partie du bruit et la fureur,c'est assez ardu d'arriver jusque là mais j'avoue que je suis intéréssé de lire la suite,mais il faut franchement etre hyperconcentré du fait que faulkner ne nous acccompagne pas du tout et passe allègrement d'un personnage d'une époque à une autre!!

L'invaincu

Il ne semble pas être le livre le plus connu de Faulkner pourtant il ne faut pas passer à côté.
Je l'ai lu cet été.
Thème : la guerre de Sécession.
Mode narratif : la grande Histoire vécue à travers la petite histoire de deux adolescents, un Blanc et un Noir, élevés ensemble, comme frères, avec une trame familale constituée de personnages forts.
La grand-mère : une battante, prête à fuir la guerre, à affronter les militaires, impavide. Sorte de pilier central, remarquable de bravoure et de détermination.
Le père : engagé dans le combat. Une sorte de héros inaccessible, jusqu'au-boutiste. Un idéaliste qui lutte pour le Sud.
Les Tuniques bleues : plutôt courtoises dans le livre (là, Faulkner édulcore...)
Les 2 ados : perplexes face à une réalité dramatique qui leur échappe. On voit tout à travers leurs yeux. Avec leurs mots.

Et les Noirs...
Paumés. Victimes. Misérables. Ne sachant à quel saint se vouer. Faulkner démontre admirablement que cette guerre de Sécession ne règle pas la question de l'esclavage (elle est d'ailleurs très politique à l'origine, même si le 13è amendement de la Constitution Américaine en sera le fruit ...).

Certaines scènes très émouvantes comme les déplacements nocturnes et silencieux de ces colonies d'Africains, quittant leurs maîtres, pour s'en aller crever au fond d'un ravin ou tenter d'atteindre ce Nord pas si salvateur que ça.

De grande pages cruelles et si sensibles...

L'auteur ne polémique pourtant pas sur la question raciale, plus intéressé à bâtir des tempéraments d'acier.

Une autre vision de la guerre...





"Cette fois, nous couchâmes dans la charrette, tous les trois. J’ignore quelle heure il était, mais je m’éveillai brusquement. Déjà Granny s’était à demi redressée dans la charrette. Je pouvais apercevoir la silhouette de sa tête sur le fond de branches et d’étoiles. Et tout à coup nous nous trouvâmes tous les trois assis dans la charrette, écoutant. Ils arrivaient par la grande route.
Une cinquantaine, eût-on dit ; nous pouvions entendre leurs pas précipités et une sorte de murmure haletant. Ce n’était pas à proprement parler un chant ; ce n’était pas à pleine voix.
Ce n’était qu’un son, un souffle, une sorte de soupir, une mélopée chuchotée et les pieds qui passaient rapidement, avec un bruit étouffé, dans la poussière épaisse. J’entendais également des femmes, puis, tout à coup, je commençai à sentir leur odeur.

- Des nègres, dis-je à voix basse. Chut ! Chut !"



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Il a été démontré depuis longtemps que Faulkner trouva l'inspiration de son «faible d'esprit» le plus célèbre, Benjy Compson du Bruit et la fureur (1929), dans un homme blanc d'une trentaine d'années nommé Edwin Chandler.

Chandler, que Faulkner avait souvent observé enfant, beuglant et trépignant derrière le portail en fer de la grande demeure coloniale où sa riche famille habitait en centre-ville, souffrait apparemment du syndrome de Down, et les ressemblances sont flagrantes.

extrait de cet article sur SLATE. qui parle des "autistes" chez Faulkner.

Modiano a écrit:

Et bien moi j'ai failli agoniser en lisant Tandis que j'agonise: une histoire trop compliquée et un style que j'ai détesté... J'ai trouvé ça un peu trop expérimental, ce genre de phrases qui n'ont pas de fin ou de chapitres d'une phrase du genre "ma mère est un poisson"...

C'est vrai qu'il est très difficile à lire, mais je crois que c'est le genre de roman qu'il ne faut surtout pas lire pour l'histoire et prendre au premier degré. Il questionne clairement la notion de réalité, puisqu'on voit un même voyage à partir de différents points de vue, et notamment de personnages considérés comme fous.
Ca se rapproche grandement des romans 'métaphysiques' qui se sont faits dans les années 1980-90, qui questionnent la notion de réalité dans la fiction.
Dans Faulkner on en arrive à la question: Pourquoi est ce que la vision des gens dits 'sains' est-elle plus 'réelle' que celle d'un fou? Qu'est ce qu'il fait qu'une perception est considérée comme vraie?

Pour bien apprécier le roman je pense qu'il faut dès le départ prendre du recul par rapport à l'intrigue qui au fond est imagée (imagaire? je ne suis pas sûre que ce mot existe en français :/).

imagaire n'existe pas, mais tes propos sont justes. veux-tu dire imaginaire ?

On a lu Sanctuaire en lecture accompagnée, ie de manière attentive en partageant nos interrogations et les difficultés rencontrées. C'est ici : sur ce fil

En fait ce que je voulais dire, c'est que les évènements de l'intrigue n'ont pas vraiment de signification au premier degré, car comme le faisait remarquer Cafeine en 1ère page, des tas de significations parallèles se superposent à l'intrigue (comme l'odyssée) et lui donnent son sens.

Je ne sais pas si ce que je raconte est très clair.