Camus, le premier homme.

Nicyrle a écrit:

La lettre à l’instituteur est belle, sobre et digne. Avant de refermer Le premier homme, ne manque pas de lire dans les notes ce qui aurait, à coup sûr, été repris dans le roman et qui concerne la mère unie à la terre d’Algérie :

elle est aussi pleine de tendresse pudique et de reconnaissance. Elle me touche beaucoup pour des tas de raisons.

Je ne sais pas si quelqu'un peut me répondre, c'est juste un détail mais qui m'a un peu choquée.
Jacques aurait dû rentrer en apprentissage après le primaire donc vers 10 ans, d'après ce que j'ai compris.
Et son frère n'a commencé à travailler qu'à 16 ans ? est-il allé dans le secondaire (je n'ai pas compris quel était le diplôme qu'il a passé à 14 ans.) ? Pourquoi Jacques/Albert n'aurait-il pas fait des études si ça avait été possible pour son frère ?

j'ai compris que Lucien allait en apprentissage, et aidait même par la suite à financer les études d'Albert (jacques dans le texte) - dont l'accès au secondaire n'a été obtenu que par la démarche de Germain auprès de la grand mère.

Il faut se rappeler que depuis Jules Ferry, l’instruction primaire était obligatoire et gratuite jusqu’à 13 ans révolus (14 ans à partir de 1936) et sanctionnée par un examen, le Certificat d’Etudes Primaires. Ensuite, le jeune entrait souvent en apprentissage ou était mis au travail, ce fut le cas de Lucien, le frère aîné de Jacques/Albert.
Les enfants doués, en général repérés par leur enseignant, étaient exceptionnellement présentés au concours des bourses (difficile) qui ouvrait les portes du lycée, donc des études secondaires. Ce fut le cas de Jacques/Albert, âgé seulement de dix ans, préparé gratuitement par son institueur ; il est entré au lycée en 24. Rappelons au passage que l’examen d’entrée en sixième fut créé en 1933 précisément pour introduire (mais avec une sérieuse barrière !) la gratuité dans le secondaire aussi, payant jusque-là, et donc peu accessible aux enfants d’origine modeste.
La mère de Camus, pour la première fois, s’est rebellée contre sa propre mère, hostile à la poursuite d’études d’Albert, et a considéré que, puisque son fils aîné allait travailler, il était possible d’envisager le lycée pour le cadet avec une bourse. Peut-on en conclure que Lucien, le frère, a aidé à financer les études d’Albert ?

nicyrle a écrit:

Peut-on en conclure que Lucien, le frère, a aidé à financer les études d’Albert ?

c'est ce que dit Bachi...

rotko a écrit:

nicyrle a écrit:

Peut-on en conclure que Lucien, le frère, a aidé à financer les études d’Albert ?

c'est ce que dit Bachi...

Je m'en doutais !   Pour moi, c'est une vision un peu biaisée.

Merci de vos réponses, Nic et Rotko.
J'ai eu l'impression que les 2 frères n'étaient pas très proches. Je sais ce n'est pas essentiel.Mais c'est une impression que j'ai et qui me dérange un peu.
Sinon, j'ai beaucoup apprécié ce livre. Je découvrais à la fois l'Algérie et une époque.
Les positions de Camus sur le racisme transparaissent un peu quand il fait protéger l'Arabe lors de l'explosion et quand il va à Mondovi dans le village où il est né.
Je reviendrais un peu plus tard !