rotko pilier
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| Sujet: HOAI HUONG NGUYEN Mar 24 Déc 2013, 10:09 | |
| Un livre à conseiller ! 1954, la guerre d'Indochine touche à sa fin. Dans un hôpital militaire français de Hanoï, Mai, une jeune Annamite qui aide les équipes médicales, croise le regard de Yann, un soldat breton blessé à la poitrine. C'est le coup de foudre. La fougue, la candeur, la jeunesse leur font croire qu'ils pourront vivre librement leur passion. Mais le père de Mai, juge influent, l'a promise à un autre. Elle s'insurge, elle est bannie de la famille... c'est une histoire d'amour tragique, dans un contexte de guerre. Yann est originaire de belle-Ile et Mai vit à Hanoï. Le récit de leurs amours est ponctué de poèmes, Aucun dialogue, tout est rapporté en style indirect, ce qui donne toute liberté au narrateur pour une lecture publique bien mise en scène. on écoute p 60-61 les arguments embarrassés, et entrecoupés de silences, de Mai refusant un mari imposé, les élans d'amour de Yann qui doit partir au front, à Dien bien Phu, - Citation :
- Il déposa des baisers sur ses yeux, ses épaules, ses mains, ses cheveux -j'ai tant besoin de toi- douceur et violence de l'amour -passionné -étrangeté de découvrir son corps -voilà le creux de ses épaules - la courbe de sa taille -vacillante -je ne peux vivre sans to i- mon amour, mon fragile amour, mon amour éternel -yann était comme plongé dans une rivière qui l'emportait vers d'autres paysages...
L'armée française ne doute pas de triompher des insectes indochinois... - Citation :
- De part et d'autre, il y avait une appréhension qui grandissait avec le désir d'en finir - le goût du sang et de la mort - le maigre espoir de vaincre et de rester vivant -ou du moins de mourir vite - et d'en tuer un maximum - parfois l'homme se transforme en bête avec les meilleures raisons du monde.
Les soldats du Viet-minh étaient bien mieux préparés que par le passé, ils étaient déterminés, prêts à se battre, ils étaient redoutables, car ils n'avaient rien à perdre. C'étaient des paysans et des gamins des rues, des miséreux qui n'avaient rien d'autre que de la colère et une vie qui ne pesait pas grand chose. Des phrases scandées, capables de montrer l'hypocrisie du discours d'un général promettant la libération d'un prisonnier, le désespoir d'une amoureuse esseulée, le retour au pays d'un soldat perdu... L'ombre douce est le chant funèbre de Yann et Mai, ces Roméo et Juliette aux prises avec la mort. Très beau livre, on pense à Ophélie, à ces destinées mythiques - et bouleversantes, d'amoureux sacrifiés. La langue est à la hauteur du thème. On rêve de l'entendre mis en scène. | |
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