Poirson-Dechonne Marion

La Guerrière du Nouveau Monde éditions Rouge Safran

L'éditeur :

Une femme, Catalina de Erauso (1592-1650), veut devenir un homme. Elle ne désire pas seulement s'habiller en homme, son désir est d'en être un ; plus encore, elle se perçoit comme tel. Ce dessein la conduit à fuir son couvent, à endosser un vêtement de garçon, et à mener une vie aventureuse au cours de laquelle elle explore l'Amérique du Sud, de la Cordillère des Andes à l'Eldorado. La guerrière combat, tue, fait de la prison, est sauvée par des personnages étonnants tel frère Tibulle.
Elle est promue Affilez dans l'armée espagnole sous le nom d'Alfunso Diaz. Sa volonté de reconnaissance la conduira à rencontrer le roi Philippe IV puis le pape Urbain VIII qui l'autorisera à porter des vêtements masculins. La postérité la fera connaître sous le nom de La monja Afferez, La nonne lieutenant. Sujet tour à fait contemporain, sauf que l'histoire se passe au début du XVIIe siècle, sur fond de colonisation de l'Amérique par l'Espagne.

L'auteur :

Ce personnage, très dur, je ne l'ai pas adouci, je n'ai rien édulcoré de sa personnalité puissante, farouche, hantée par l'idée de fuir toujours plus loin pour échapper à l'enfermement. Je l'ai traitée comme le héros d'un roman picaresque... Le choix de Catalina s avère à la fois très lointain et très proche. Il rejoint la problématique du genre et annonce les luttes féministes, pour lesquelles les femmes doivent pouvoir disposer de leur corps et décider de leur destin... Le décor de l'Amérique latine représente pour moi un fabuleux livre d'images, dans lequel j'ai aimé puiser. Il est nourri des films et des livres qui ont enchanté ma jeunesse, Amado, Asturias, Isabel Allende, Borges, Carlos Fuentes, Gabriel Garcia Marquez, et surtout La Harpe et l'ombre d'Alejo Carpentier. M.P.D.


C'est avec plaisir qu'on (re)découvre ce personnage historique, bien que 2 films aient été tournés sur elle, il y a sans doute bien des gens (comme moi jusqu'à présent) qui n'en n'ont jamais entendu parler.
Sous l'écriture très agréable de Marion nous voyageons à la suite de Catalina du couvent basque vers l'Amérique du sud, dans la cordillère des Andes, souffrant de la faim, dans des estaminets malfamés et sur les champs de bataille.
On a peine à croire qu'elle ait pu passer pour un homme pendant toute cette période, en prison, dans les campements, à l'infirmerie quand elle était blessée. Pourtant c'est la version officielle d'après ce que j'ai pu lire sur elle sur le net.
Un petit bémol sur le livre :  la quantité de mots "savants" n'ayant pas de notes de bas de page (vivement la lecture augmentée dont parle Rotko), je suis allée bien souvent sur le net  chercher des explications.

un personnage historique, qui suscite encore des interrogations :

Elle pourrait avoir été un hypospadique hermaphrodite, selon une étude du Dr Nicolás León, et fut considérée à son époque comme un eunuque par certains. Son autobiographie utilise pour elle-même plutôt le genre masculin. Elle fantasmait sur certaines femmes et participait aux fantasmes de certaines.

Je ne sais pas grand-chose de ce personnage historique. Merci, Suzanne, pour ton commentaire   et merci, Rotko, pour les précisions  

Rotkp a écrit:

Son autobiographie utilise pour elle-même plutôt le genre masculin

Oui dans sa biographie (perdue d'après ce que j'ai compris mais repris par d'autres auteurs) elle se considère comme un homme, elle occulte le fait qu'elle est ( peut-être)une femme sauf en de rares moments de son existence.
Qu'elle soit un homme me parait aussi bizarre qu'elle pu cacher qu'elle était une femme, dans des moments de promiscuité.
D'après l'auteur, on a vérifié plusieurs fois sa virginité, à mon avis on se serait rendu compte de quelque-chose, non ?

Elle me rappelle jeanne d'Arc, dont on ne creuse pas assez le cas.

Citation :

un témoignage sur Jeanne d'Arc valait d'être mentionné : celui de jean d'Aulun, compagnon d'armes de la belle. A l'entendre, Jeanne d'Arc n'aurait pas "eu les habituels ennuis des femmes", et n'aurait ressenti aucune attirance pour les garçons.

Grâce à toi, Suzanne, je viens de terminer la lecture de La guerrière du nouveau monde. Bien qu'il soit présenté comme un roman, pour moi c'est surtout la biographie d'un étonnant personnage historique. Sa vie a connu bien des péripéties dont le lecteur a parfois du mal à accepter la vraisemblance.
Par ailleurs, elles sont si nombreuses qu'on a l'impression d'un récit en accéléré, heureusement rendu agréable par une très belle écriture. Les aller-retour dans le temps ne sont pas toujours faciles à suivre et, comme toi, Suzanne, j'ai buté sur certains mots et expressions, des notes supplémentaires auraient été bienvenues. Je trouve également dommage qu'on n'en apprenne pas davantage sur Frère Tibulle alors qu'il apparaît à plusieurs reprises, il reste un personnage relativement flou qui, pourtant, suscite la curiosité.
Au final, je trouve que ce livre invite à se poser des questions sur cette Catalina si étrange qu'elle en paraît désincarnée. Je l'ai refermé, un peu déconcertée... Peut-être est-il impossible d'en savoir davantage sur elle   

Il est donné pour roman pour ados.
Je l'ai aussi considéré plutôt comme un roman biographique.
C'est vrai que frère Tibulle aurait mérité une plus grande place. Mais je ne sais pas qui a inspiré ce personnage, je n'ai rien trouvé sur lui, sur le net. Est-il totalement imaginaire ou inspiré par un autre personnage historique. Faudrait poser la question à l'auteur.
J'ai fait beaucoup de recherches sur elle (Catalina) sur le net.