Ce roman a été sélectionné pour le
Prix 2013 du Meilleur Roman des Lecteurs de Points. Les éloges qui ont fusé à son sujet et se poursuivent augurent favorablement de l’épreuve. D’abord, ceux de
Philip Roth : « Il y a une vingtaine de très bons romanciers américains dans les générations qui me suivent.
Le plus grand est Jonathan Franzen. » Puis ceux de la presse : « Freedom est un vrai roman du XXIe siècle, l’un des tout premiers », assure un excellent quotidien, et un autre en loue « un pouvoir d’addiction assez formidable ». Nous avouons ne pas savoir ce que serait un « roman du XXIe siècle », et encore moins « un pouvoir d’addiction », aussi nous sommes-nous lancés dans la lecture de celui-là.
Freedom est une saga familiale qui s’étend sur plusieurs décennies. Le récit n’est pas linéaire mais on revient sur l’histoire familiale de chacun des parents, en passant par leur rencontre, les différentes étapes de leur vie de couple et de famille. Le propos de
Jonathan Franzen est double. D’une part il dépeint une histoire de l’Amérique contemporaine avec cette famille. Relations de couple, relations toxiques, amitié, sport de haut niveau, vie universitaire : nombreuses sont les facettes de la vie à l’américaine qui sont égratignées avec ce roman. Pourquoi le titre de
Freedom ? Parce que Jonathan Franzen analyse cette liberté chère aux Etats-Unis et ce que les gens font avec. Et ce n’est guère brillant. Mais là où Jonathan Franzen tape fort c’est quand il décrit cette famille démocrate pendant
les années Bush. Années où l’hypocrisie est à son comble : il est utile de devenir un Républicain de circonstance pour faire des affaires avec le gouvernement et les bonnes causes en apparence se révèlent au service de l’industrie pétrolière. Ce sont aussi les années où le gouvernement a matraqué ce terme de freedom sur toutes les ondes. Les frites ont même été renommées Freedom fries au lieu de French fries quand les Français ont refusé de suivre les Américains en Irak.
Décrit comme ça, Freedom peut donner l’impression de traiter d’un sujet aride mais le talent d’écrivain de Jonathan Franzen est indéniable. Cet auteur sait écrire des histoires et en plus il fait
passer ses messages. Impossible de s’ennuyer à la lecture de Freedom car le narrateur alterne les points de vue. Le narrateur omniscient cède même sa place pendant une bonne partie du roman à un des personnages qui écrit son autobiographie sur les conseils de son thérapeute. On suit tantôt Patty tantôt Joey. Les personnages possèdent de multiples facettes, ils sont très humains dans leurs forces et leurs faiblesses. Et avouons-le, le voyeur en nous est satisfait de découvrir au fur et à mesure du roman les petits secrets des uns et des autres. Un très bon mélange de légèreté et de profondeur.
Où plutôt une légèreté qui cache une grande profondeur. Freedom est le genre de livre dont
on ferme la dernière page à regret.